1. Le dieu serpent à plumes.

- Nous étions la plus fameuse équipée depuis des lustres, voire des générations, à nous être aventurés aussi loin dans la jungle mystérieuse. Mais parler donne soif...
- Je t'offre à boire, compère. Mais n'arrête pas là ton récit.
- Des araignées grosses comme le poing, des serpents venimeux, des singes criards et carnivores, des trolls d'eau, rien ne nous aura été épargné, et même des créatures monstrueuses sorties d'un autre âge et grandes comme des maisons...
- Reprend un verre. Comment cela a-t-il commencé, et qui étiez-vous ?
- Il y avait là la fine fleur des chasseurs de la région. Nous avons étés embauchés comme porteurs et guides par les seigneurs de la quête du renouveau en personnes !
- Qui étaient-ils ?
- Des prêtres et des chevaliers d'Aana. Il y avait aussi une magicienne, et une prêtresse de Mara, ainsi qu'un nain...
- Reprend un verre. Tu ne te souviens pas des noms ?
- Je me souviens du nom d'un guerrier. Il mesurait au moins sept pieds de haut. Il s'appelait Georg. Je m'en souviens parce qu'il nous offrait souvent à boire de son vin le soir. Pas comme certains de ma connaissance...
- J'ai compris. Holà tavernier ! Encore du vin !
- Et du bon vin encore...
- C'est bon. Tavernier ! Pas du clairet ! Du cacheté !

La scène se déroule une nuit dans une taverne de Tirlili. Un homme raconte ses exploits contre des tournées.

- Et jusqu'où êtes vous allés ?
- Nous avons tourné pendant des semaines. Toute la jungle nous était hostile ! Mais nous ne sommes pas des lâches ! Nous avons résisté pendant tout ce temps...
- Reprend à boire. Quand êtes vous rentrés ?
- Un jour nous avons étés attaqués par des sauvages. Ils portaient leurs terrifiantes peintures de guerre qui rendent fous leurs ennemis. En quelques secondes, ils ont dévasté notre campement. Puis ils se sont retirés comme ils sont venus, laissant quelques uns des nôtres à terre.
- Et le seigneur Georg ?
- Il semblait comme fou lui aussi, et les a poursuivis, seul. Pas mauvais ce cacheté, j'en reprendrai bien...
- Et après ?
- Les seigneurs de la quête l'ont appelé, en vain, il n'est pas revenu. A la nuit, les porteurs ont décidé de fuir.
- Et pas toi ?
- Il faut avouer que j'ai été piqué par un mille-pattes venimeux, et mes compagnons m'ont laissé pour mort.
- Et ensuite ?
- Au matin j'ai été soigné par la prêtresse de Mara. Puis ils m'ont fabriqué un brancard.
- Et de porteur tu es devenu porté. Et ensuite ?
- Encore à boire... Merci. J'ai déliré pendant des jours et des jours. Il semblait que toutes les mouches, moustiques et araignées, s'étaient ligués contre moi...
- Et ?
- J'en viens à la partie la plus extraordinaire de mon aventure. J'ai repris conscience dans un village de huttes. Il y avait là plusieurs sauvages morts. Les seigneurs, qui avaient retrouvé Georg. Il avait le torse nu et la poitrine recouvert des mêmes peintures que les sauvages.
- Les mêmes, vraiment ?
- Cela brouillait l'esprit de la même façon quand on les regardait trop longtemps.
- Et ? Ne nous fais pas languir plus ! Reparle nous donc de ton serpent !
- Il mesure plus de dix pieds de haut, flotte dans l'air par magie surnaturelle, et a de grandes ailes blanches dans le dos, comme celles d'un aigle. Je crois que nous sommes les premiers à avoir soutenu son regard, messieurs dames. Les seigneurs formaient un cercle autour de lui et l'interrogeaient à propos de leur quête. Mais j'ai encore soif...
- Reprend donc à boire, Et parle-moi encore de ce que tu as vu et entendu.
- Il paraît qu'il est capable d'avaler dix hommes d'un seul coup de gueule, Et il crache le feu. Dans les tribus du sud, il est vénéré comme un dieu.
- Mais que vous a-t-il répondu donc, ton fameux dieu ?
- Il a donné un nom, et nous a dis de repartir, et... mais la tête me tourne...
- Quel nom ?
- Il a dit... je ne me souviens plus... Laissez-moi dormir !

L'homme s'écroule sous la table : ivre. Son compère interroge du regard l'homme qui se tenait coi au bout de la table. Celui-ci hoche la tête. Un sourire aux lèvres, le compère va dans l'arrière salle. Il en revient avec un seau d'eau, qu'il lance sur l'infortuné porteur.

- Quoi ? Qu'est-ce qui passe ?
- Réveille-toi ! Il est déjà matin !
- Déjà ? Mais la tête me tourne encore...
- Fais un effort ! Tu ne te rappelles pas du nom qu'a donné le dieu serpent à plumes ?
- Bob... Bob des marais...

Puis l'ivrogne sombre de nouveau dans le sommeil.

- Qu'en pensez-vous, messire Arnus ?
- Tu as bien fait de me prévenir, Jack. Ils semblent se débrouiller aussi bien sans moi. Tu vas immédiatement aller avertir notre prince de l'avancée de la quête.

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