1. La poule et l'œuf.

Cette année les enfants apprennent des rudiments de magie. Ils font aussi de l'escrime et du tir à l'arc. La licorne Poly est dispensée de ce dernier, à la place elle fait du saut d'obstacle avec Erès, le centaure. La fée Mélusine est la plus douée en magie, Poly en escrime (avec sa corne), et Dale, l’enfant humain éduqué par des elfes, en archerie. Le lutin Guiliguili est le plus cancre, mais toujours le plus farceur.

- Pourquoi n’ai-je pas mon œuf ce matin ? s’étonne Dale au lever. D’habitude j’en ai toujours un, et là ça fait plusieurs jours de suite que je n’en ai plus.
- Parce qu’il n’y en a pas, lui répond Elinoëe.
- Vous n’en avez pas vous ?
- Tu sais bien que cet œuf t’es réservé en priorité : à toi, l’enfant du village. Mais cette fois-ci Foloë et moi n’avons pas réussi à trouver celui de la poule unique du village.
- Peut-être est-ce la faute du coq ? s’interroge grand-père Belnomë, le roi des elfes.
- Je ne pense pas, intervient grand-mère Alvina, la reine des elfes.
- Alors c’est la faute de la poule si elle ne pond plus, et il faudra se résoudre à…
- Oui, peut-être. Mais c’est un sujet trop grave pour être abordé devant un enfant.
- D’accord, sortons pour en discuter.

- Et alors grand-père a dit qu’elle était peut-être trop vieille, et qu’il fallait la remplacer, dit Dale à ses amis à la récréation.
- Il l’a dit devant toi ? lui demande Poly.
- Non, mais j’ai l’ouïe fine.
- Et que deviendra l’ancienne poule ?
- Et bien, il ne peut y en avoir qu’une seule au village…
- La pauvre ! C’est trop triste ! s’exclame Mélusine.
- Il faut la sauver, la cacher. Je ne sais pas moi ! Trouvez quelque chose ! rajoute Guiliguili.
- Peut-être a-t-elle caché ses œufs pour qu’on ne les mange plus ? suggère Poly
- Et comment ? Foloë est le meilleur chercheur d’œuf du village ? répond Dale.
- Elle a peut-être trouvé une vraiment bonne cachette cette fois-ci ? dit Mélusine avec espoir.
- Comment être sûrs ? demande Guiliguili.
- J’ai une idée, je vais la suivre avant et après l’école. Je finirais bien par connaître toutes ses allées et venues, propose Dale.
- Et entre les récréations ? demande Poly.
- Hihihi ! Il suffit que nous prétextions un mal de ventre pour nous absenter à tour de rôle… suggère Guiliguili.

Ainsi font-ils pendant les trois jours suivants, durant lesquels la poule ne pond toujours plus d’œufs. Mais un autre souci vient perturber le village : une épidémie de coliques sévit chez les enfants, et on suspecte les mûres de la mère Margëe, au grand dam de celle-ci, à moins que ce ne soit la salade du père Gorë ?

- J’ai trouvé ! s’exclame Dale le quatrième matin.
- C’est vrai ? La poule est sauvée ? demande Mélusine.
- Je ne sais pas encore…
- Mais termine ton histoire ! dit Poly.
- Vite ! Hihihi ! renchérit Guiliguili
- Tous les matins, à peu près une heure après le lever du soleil, la poule pousse un objet  rond depuis son nid vers ce recoin. Je n’étais pas sûr parce que le sol a beaucoup été foulé à cet endroit, et…
- C’est l’œuf ?
- Je ne sais pas encore. Je vous attendais avant de regarder. Sa cachette serait derrière ce tas de planches…

Dale passe le bras.

- Oui ! Je le sens ! Et il y en a plusieurs !
- Montre !
- Oh !

Les enfants découvrent dans la main de Dale… Un œuf à la coquille jaune métallique !
- C’est un œuf d’or ! Comme dans la légende ! La poule est sauvée !
- Mais pourquoi le cachait-elle ?

A cet instant survient l’intéressée. Elle semble affolée à la vue des enfants et de son œuf.

- Je vais l’interroger, dit Mélusine.
- Mais comment ? Nous n’avons appris cette année que le sortilège permettant de parler le langage des mammifères ? demande Poly.
- Vous souvenez-vous que Merlin m’a retenue hier soir après la classe ?
- Oui, je pensais que c’était parce que tu avais fait une bêtise… dit Poly.
- Ou parce que tu avais trop souvent la colique, hihihi ! dit Guiliguili.
- Non, il m’a trouvé tellement douée qu’il m’a appris le sortilège permettant de parler aussi aux oiseaux…
- que te faudrait-il ? demande Dale.
- Un grain d’avoine, ou un ver de terre
- J’ai trouvé le ver de terre ! déclare Guiliguili.
- J’ai trouvé le grain d’avoine ! déclare Poly.
- Nous allons donc laisser le ver de terre tranquille. Va petit !

Puis Mélusine présente le grain à la poule, tout en prononçant les mots du charme. Elle s’approche et picore dans sa main.

- Petite poule, gentille petite poule, poule unique du village, me diras-tu pourquoi tu cachais tes œufs ?
- Hélas ! Vous m’avez découverte ! Et maintenant les elfes vont me tuer, comme dans la légende de la poule aux œufs d’or !
- Comment connais-tu cette légende ?
- J’écoute souvent par la fenêtre de la classe Merlin vous raconter des contes.
- Tu comprends donc ce que dit Merlin ?
- Je suis la poule unique du village, je ne suis pas sotte !
- Mais as-tu songé que si tu ne ponds plus d’œuf, les elfes vont te remplacer ?
- Au secours ! Je vais finir à la casserole ?
- Cachez vous vite ! J’entends quelqu’un qui vient ! dit Dale.

C’est Foloë qui vient nourrir la basse-cour.

- Petite poule! Gentille petite poule ! Poule unique du village ! Où es-tu ?
- Toujours rien ? dit celui-ci en inspectant son nid. Je me demande bien ce qui ne marche pas…

Soudain Dale aperçoit quelque chose.

- Foloë ! Nous t’avons découvert ! Tout ceci est de ta faute !
- Mais non ! Que racontez-vous ?
Celle-ci vient picorer les grains que lui jette l’elfe.
- Les grains, ils ont la même couleur métallique que les œufs ! regardez !
- Oh ! Oh ! On dirait bien que ça a marché alors…

Arrivent alors dame Alvina et Elinoëe, que Poly est allé chercher.

- Foloë, que signifie tout ceci ? lui demande la reine des elfes.
- Je plaide coupable ! Je voulais juste vérifier si le conte de Merlin pouvait être vrai, et j’ai saupoudré d’or la nourriture de la poule.
- Mais où as-tu trouvé tout cet or ? demande le roi Belnomë. Il ne me semble pas sage que nous en ayons autant, cela pourrait attiser les convoitises des humains.
- Tout est donc bien qui finit bien ! déclare Elinoëe.
- C’est un chercheur d’or de cette race qui m’a donné un sac de cette poudre en récompense d’un service que je lui ai rendu : je l’avais libéré d’un groupe d’orques en maraude. Et ne me regardez pas comme cela, il ne m’en reste plus maintenant. !
- Une chose ne me paraît cependant pas claire, ajoute Foloë. Il me semble que j’avais moins d’or  que ce que doit en contenir ces œufs ?
- Et alors ? Tu veux percer le gésier de la poule pour être sûr ? lui rétorque Elinoëe.
- Ben…
- Il n’en est pas question !

Tous rient de la réaction de la demi-elfe.

- Pourquoi riez-vous ?
- Pardon ma petite fille, lui répond dame Alvina, mais je crois que tu ne connais pas encore assez bien Foloë. Tu ne vois pas qu’il plaisante ?

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