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CUBA

Samedi 10 juin 2006

Arrivés tôt le matin à l'aéroport de Fort-de-France et après avoir embrassé et remercié une dernière fois Catherine venue nous accompagner, à nouveau, notre vol est retardé de deux heures. Deux escales plus tard (une en Guadeloupe et une autre à Saint Domingue), nous arrivons en fin de journée à la Havane sous une pluie battante ! Et faire le trajet de l'aéroport au centre ville sous le déluge, dans un taxi brimbalant, roulant sur de larges artères désertes,   passant par des quartiers construits de vilains immeubles délabrés en béton, à la nuit tombante, a quelque chose de lugubre, d'angoissant même. De plus, ni Chantal ni moi ne connaissons un mot d'espagnol, et on ne peut pas dire que l'anglais soit une langue très pratiquée ici ! Mais le chauffeur est un gars sympa qui fait de son mieux et nous dépose devant la casa particular qu'on a repéré dans notre « guide du Routard ».

 

 

11, 12 et 13 juin 2006

De grandes balades à pied à travers cette capitale que, personnellement, je trouve très belle dans sa décrépitude sont au programme de ces journées.

Le quartier de Habana Vieja avec ses immeubles coloniaux aujourd'hui rénovés ou en réfection, ses vieux palaces et bars mythiques, ses placettes abritées, son Capitole, est de loin le quartier le plus attrayant et le plus animé. Il faut évidemment y adjoindre le Malecon bordé d'immeubles aux façades décrépies mais du plus grand charme.

 

Chantal et moi adorons flâner dans les rues et ruelles et regarder la façon dont les gens vivent, la manière qu'ont les chauffeurs de vélo-taxis d'éviter les enfants qui jouent au base-ball au milieu de la rue, de sourire du déhanchement des grosses femmes cubaines une cigarette au coin des lèvres et les bigoudis sur la tête ressemblant ainsi aux petites statuettes grotesques qui ornent la devanture des magasins de babioles, et plein d'autres choses encore. Il suffit souvent de s'écarter de quelques dizaines de mètres d'un lieu fréquenté par la masse des touristes pour trouver la réalité de la vie quotidienne, même dans le centre d'une capitale.

Mais on ne boude pas pour autant les lieux touristiques, bien au contraire. De ce fait, on aura bien sûr goûté au fameux mojito à la Bodeguita del Medio et autre daïquiri au Floridita sur les traces du Cubain de coeur le plus célèbre, Hemingway. On aime bien se retrouver, également, à la tombée de la nuit, après avoir assisté au coucher de soleil sur la mer depuis le Malecon, à la terrasse d'un bar, devant une cerveza (mon premier mot espagnol retenu !) bien fraîche à écouter cette musique cubaine, si réputée, distillée   par de vieux musiciens quelquefois un tantinet caricaturaux. Mais le charme de cette atmosphère surannée opèrera toujours sur nous.

Chantal, à ce stade du voyage, boit toujours de l'eau à cette heure de la journée..... !

C'est aussi à la Havane que nous suivrons le premier match de l'équipe de France à la Coupe du monde de football, accoudés au comptoir d'un vieux bar de la Plaza Vieja, en compagnie d'un jeune Vénézuélien arborant un magnifique maillot bleu floqué du nom de Zidane, et de sa copine française. Bon, ce France-Suisse ne restera pas dans les annales, mais assister à ce spectacle depuis l'étranger a quelque chose de particulier et de franchement sympa, les locaux se régalant de nous voir bondir sur notre tabouret et s'enhardissant à venir   nous taper sur l'épaule en rigolant ...

 

 

Mercredi 14 juin 2006

Ce matin, on doit prendre possession de notre voiture de location réservée depuis la France avant de partir. Je passe toujours par Autoescape lorsque je dois louer un véhicule à l'étranger : depuis le temps que je le fais, je n'ai pour l'instant jamais eu de problèmes et, en plus, ils sont efficaces et très sympas au téléphone (je vous assure que je ne touche pas un euro pour dire ça !)

Une petite Hyundai gris métalisé nous attend dans une agence près du port (sans bateaux !). Le gars nous demande si l'on a une carte.... Oui, oui, pas de problème, on en a acheté une recommandée par le Routard dans une librairie du centre ville. Vous devrez mettre de l'essence car le réservoir est vide... OK, no problemo...... La station est un peu plus loin vers le sud... C'est bon, on s'y arrêtera...   Et vous continuerez votre chemin vers le sud-est par l' autopista 1 ..... Consciencieux, il me fait répéter en espagnol le sésame pour obtenir de l'essence, ce que je fais assez facilement (je me surprends tout seul !). Nous voilà parés, prêts à quitter la Havane pour Playa Larga. Il est 10 heures, il fait beau, le ciel est bleu, le soleil brille de tous ses feux et la voiture possède la clim... Youppie !!!.......

Ce qu'avait omis de nous dire le charmant garçon, c'est qu'à Cuba il n'y a pas de panneaux routiers ou bien alors très, très peu. Donc, dès le premier croisement, je dois faire un choix, relativement facile cette fois puisqu'il faut aller vers le sud-est et qu'il n'y a qu'une possibilité. Mais dès le second, l'affaire se corse. Sur notre carte très détaillée (il faut au moins ça), les stations essence sont notées, étant tellement peu nombreuses à travers le pays. On repère la plus proche et Chantal m'y conduit tant bien que mal. Alors là, je suis sidéré ! Chantal a réussi à déchiffrer la carte ! Impensable ! Quelques instants plus tôt, on se chamaillait encore dans la voiture quant à la position du soleil. Elle le voyait au Nord et moi, patiemment, je tentais de lui expliquer que ce n'était pas possible ! Têtus tous les deux, on en est là, chacun campé sur sa position, lorsqu'on aperçoit la fameuse station service.

Un Buenos dias ... Gazolina por favor, senor... Gracias... Una agua mineral... Gracias... Hasta luego plus tard, on reprend la route par laquelle on est arrivés. Théoriquement, d'après la carte, sur notre gauche, on devrait pouvoir rattraper l'autopista n°1. Un peu plus loin qu'on le pensait, une route, en effet, coupe la nôtre. Je tourne donc à gauche et la prends, tout content. On roule à bonne allure depuis pratiquement 30 minutes sur cette grande route pas trop mauvaise et pratiquement déserte, lorsque je décide de m'arrêter. J'ai tout de même un sérieux doute. J'ai le soleil dans le dos, alors que je devrais l'avoir dans les yeux ! Et là de sortir la boussole de mon sac photo.

Il faut, auparavant, que je vous raconte une anecdote. Le soir de notre arrivée à la Havane, à la casa particular , nous avons fait la connaissance d'un couple de Suisses qui nous ont refilé quelques tuyaux et adresses, et nous ont raconté leurs déboires routiers : multiples crevaisons et, surtout, égarements dus... à la soi-disant défaillance de leur boussole ! Et bien, vous me croirez si vous voulez, mais lorsque je vois que l'aiguille de la mienne indique le nord-ouest, je dois avouer qu'un instant j'ai pensé qu'elle non plus ne marchait pas ! Mais après quelques instants de réflexion, je dois me rendre à l'évidence : elle fonctionne très bien et, par conséquent, on est complètement paumés ! On a en fait contourné La Havane par le sud pour, en fin de compte, se retrouver complètement à l'ouest. Pourquoi ? Parce que la station dans laquelle nous nous sommes arrêtés n'était pas celle que l'on croyait ! Alors, tu vois, Chantal, je t'avais bien dit que c'était pas la bonne direction !!!.... Je devrais me taire, on se trouvait bien sur la bonne route mais on s'est tout bêtement arrêtés trop tôt, dans une station même pas répertoriée sur notre super carte. Alors, tu vois, Alain, pour quelqu'un qui veut toujours avoir raison, t'es pas mal non plus, n'arrête pas de me répéter Chantal !...... Génial ! Ça promet...

Toujours est-il qu'à midi passé, après avoir tourné en rond pendant plus de deux heures, nous quittons enfin la Havane par l' autopista 1, elle aussi, pratiquement déserte.

Nous arrivons dans l'après-midi à Playa Larga, trouvons un logement sympa chez l'habitant et partons, après toutes ces péripéties, nous détendre dans l'eau limpide de la petite plage toute proche. Ce soir on mangera de la tortue.........

 

 

15, 16 et 17 juin 2006

Remis de nos émotions de la veille, nous allons nous balader en voiture dans la région en évitant, tant que c'est possible, les très nombreux crabes qui traversent la chaussée ! Il y en a des quantités incroyables et de toutes les tailles. On s'arrêtera sur de   petites plages seulement fréquentées par de rares touristes cubains (si, si, ça existe : ce sont souvent de bons citoyens, comprenez par là ce que vous voulez !), on essuiera un gros orage en fin de journée, la lumière lui succédant faisant vite oublier le désagrément de cette pluie diluvienne, et on terminera la journée par de magnifiques langoustes dans notre assiette et...... autour de nous, une grosse nuée de moustiques dont Chantal fera les frais. Au moment de reprendre la voiture le lendemain matin pour partir vers Cienfuegos, on s'aperçoit qu'on a un pneu à plat. On nous indique un petit atelier de campagne pas loin. Le garagiste, nous voyant arriver au ralenti, abandonne immédiatement sa tâche pour venir avec un empressement non feint nous secourir. Et c'est avec un large sourire que 15 minutes plus tard il nous souhaite bonne route en ramassant son petit billet. Un peu plus loin, nous prenons une autostoppeuse avec nous. Bien que nous ne parlions pas espagnol, on a compris qu'elle allait donner des cours à Cienfuegos. Elle nous sera, en fait, d'un bon secours pour nous guider à l'arrivée en ville. Elle nous quitte à proximité d'un quartier calme où se trouvent pas mal de casa particulares . On passe l'après-midi à visiter le coin et cette belle cité coloniale.

Pendant un tour du monde, on doit souvent composer avec les envies naturelles. Cienfuegos restera, pour Chantal, comme la première et la plus mauvaise expérience « toilettes publiques » de tout notre périple.

Je ne sais pas si c'est cet épisode qui lui a coupé l'appétit, mais, au dîner, la belle langouste trônant dans son assiette a été pour moi

Et excellente, en plus !

Après une série de photographies au lever du jour dans ce quartier typique, un excellent petit-déjeuner et le regonflage de nos pneus (on le fera désormais systématiquement avant de reprendre la route, par précaution), armés de notre carte et notre boussole nous prenons la direction de Trinidad qu'on atteindra en début d'après-midi. On choisit un logement dans une casa ancienne particulièrement jolie avec son patio et ses très nombreux meubles d'époque. Notre chambre a d'ailleurs été photographiée pour National Geographic . Par contre, pour la première fois à Cuba, il va falloir qu'on trouve à manger en dehors de la casa , car ils ne font pas la cuisine. Le soir arrivé, on se met en quête d'un petit resto sympa. Quelques-uns sont répertoriés dans notre guide, mais tous sont fermés. Ici, la saison est en effet déjà terminée. N'empêche qu'on a faim, n'ayant rien mangé depuis le petit déjeuner. On commençait à se décourager lorsqu'une femme nous interpelle. Elle nous propose un repas concocté par ses soins. Après avoir accepté, elle nous conduit vers un paladar complètement clandestin dans une petite ruelle mal éclairée. On y a mangé mal et cher, j'en est sorti furieux de m'être laissé avoir comme un débutant, mais, au moins, on s'en souvient encore aujourd'hui !!!

 

 

Dimanche 18 juin 2006

Ca y est ! Je l'ai ! J'ai même reçu la mention bien. Aujourd'hui, je suis fier. Je viens d'obtenir mon diplôme de « beauf » ! À un rot près, j'avais mention très bien... Dommage.

J'étais à la recherche d'un endroit à Trinidad où regarder le match de foot France - Corée, lorsque je passe devant un bar où trône une vieille télé dans une salle déjà bien animée. En y entrant, j'entends, en français, un jeune chevelu s'exclamer en regardant l'écran: « Regarde, il y a drapeau breton ! ». Mon sang ne fait qu'un tour, je m'approche de lui et de son copain à qui il s'adressait et me présente. Ce sont deux Bretons, eux aussi, en vadrouille depuis six mois à travers le monde et qui arrivent au terme de leur voyage. Du coup, je prends un tabouret et me plante devant la télé en leur compagnie, Chantal se tenant un peu plus loin, à l'écart. Elle et le foot n'ont rien à voir ensemble ! Mais c'est sympa de sa part de m'accompagner. Déjà, quelques jeunes Cubains s'agglutinent à sa table et tentent de tester leur anglais rudimentaire appris en feuilletant des magazines oubliés (?) par des étrangers de passage.

Arrive le moment des hymnes d'avant match, et là, une bière à la main, nous nous levons tous les trois et entonnons à tue-tête la Marseillaise. Je me retourne alors vers Chantal et vois son regard à la fois ahuri et incrédule... Je sais à ce moment précis que viens d'obtenir mon diplôme avec mention ! Le match par lui-même n'a pas été génial, mais au moins on aura passé un super moment entre nous au milieu de ces Cubains qui venaient nous saluer à grand coup de « Zizou, verrrry good » !!

Auparavant, nous avons vécu un autre grand moment lorsque nous nous sommes promenés à l'écart des centres d'intérêt de Trinidad. Il suffit de s'éloigner un petit peu de ces lieux où rôdent les rabatteurs pour trouver des endroits où les gens viennent vers vous vous serrer la main, voire vous embrasser, vous proposer de rentrer dans leur pauvre demeure et de vous y offrir un verre du fameux rhum local ou d'y fumer un bon cigare de fabrication maison (ce que j'ai poliment refusé, ayant réussi à arrêter). Je ne sais pas si c'est parce que c'est dimanche, mais l'humeur dans la rue est plutôt joyeuse, les radios cassettes rafistolées diffusant des airs de rumba ou de son sur lesquels dansent des personnes de tout âge.

Dommage que cette journée se termine avec un infâme sandwich à manger (eh, oui, c'est dimanche, les restos sont de nouveau fermés !)

On règle notre petit radio réveil à 7 heures 45, car demain on se repose un peu.....

 

 

19, 20 et 21 juin 2006

La sonnerie retentit, on se lève, les gros volets en bois de notre casa sont encore fermés, il fait noir. Chantal passe dans la salle de bain et j'ai les paupières plus que lourdes... Tu parles, il est seulement 1 h 15 !!!!   Chantal revient de la douche en pleine forme. Il faut tout de même que je lui dise...... Après un long fou rire, on se recouche.

On reprend la voiture aujourd'hui pour s'enfoncer dans Valle de los Ingenios et dans Sierra del Escambray, régions de plantations sucrières où jusqu'à 12 000 esclaves suèrent sang et eau. On découvre aussi une campagne avec ses cowboys, tout droit sortis des films américains, déambulant sur les routes et chemins sur leur monture fatiguée, ses tracteurs n'étant pas utilisés dans les champs mais sur les routes comme transport en commun avec leur remorque bondée de personnes se tenant debout tassées les unes contre les autres, ses maisons toute décrépies et ses rares immeubles en ruine mais habités. Sur le bord de la chaussée, des vautours à tête rouge s'acharnent sur le cadavre d'un veau mort et ne s'envolent même pas à notre approche... Seules quelques cabanes en bois couleur pastel avec leur petit jardin bien entretenu abritant une famille entière égaient la campagne pourtant jolie et vallonnée.

La route est agréable jusqu'à notre prochaine étape Sancti Spiritus, jolie petite ville provinciale avec ses maisons colorées et ses grilles en fer forgé. En se promenant dans les ruelles, un vieil homme à moitié aveugle, assis sur le pas de sa porte, nous invite à le prendre en photo. Il nous remercie longuement d'être venus visiter son pays. De cette émouvante rencontre, la photo prise restera, parmi les portraits, une de mes préférées.

 

 

 

22, 23, 24 et 25 juin 2006

Après une brève étape à Camagüey, nous filons à vive allure, sur une autoroute où les véhicules sont rares, vers Santiago. Parfois la large bande asphaltée s'arrête tout net laissant la place à un chemin de terre poussiéreux avant de continuer, à nouveau bitumée, quelques kilomètres plus loin. Et toujours sans panneaux ! On ne sait pas quel village ou quelle ville on traverse, mais on arrive tout de même à Santiago..... L'entrée dans la ville est plus ardue : rues barrées, peu de nom de rues, absence de pancartes. Je m'énerve tout de même un peu à nous voir repasser plusieurs fois au même endroit toutes les 15-20 minutes ! Je prends alors une rue en descente et me fais arrêter quelques dizaines de mètres plus loin par un jeune policier tout content de bien faire son travail. Vous n'allez pas me croire : on est en sens interdit ; le seul panneau de la ville et je ne l'ai pas vu !!! Je vous jure qu'à ce moment précis, je ne comprends plus un seul mot d'espagnol ! Et ça marche. Devant ma totale (?) incompréhension, découragé, il me fait signe de circuler !

On finit par trouver la casa où l'on désirait séjourner, mais la pauvre mamie qu'on a sortie de sa sieste ne peut nous indiquer le prix et nous demande d'attendre son fils. Une demi-heure plus tard,   ne voyant personne venir, nous décidons de chercher un autre hébergement alentour. Tant pis pour la mamie, mais de toute manière elle redort déjà ! Bien nous en a pris, car la famille qui nous accueille est des plus gentilles et attentionnées. Les jus de mangue qu'on boit dans cette maison auront été les meilleurs de tout notre voyage. Excellentissimes.....

On aime bien Santiago avec sa petite place de la Cathédrale entourée de vieux bâtiments coloniaux. Le matin, vers 9 heures, on y croise bon nombre de personnes plutôt âgées, habillées de rouge, qui se laissent volontiers photographier avant d'entamer la conversation avec nous. On adore aussi errer dans les rues, se reposer quelques instants sous les arbres et écouter quelque vieux guitariste chanter sur de vieux airs cubains repris en choeur par une foule se déhanchant et battant les mains en rythme. Une journée à observer l'animation de la rue n'est pas ennuyeuse du tout et passe en fait très rapidement, seulement interrompue vers 17 heures par un orage quasi quotidien d'une trentaine de minutes qui provoque la plupart du temps des coupures de courant.

Il nous faut pourtant quitter cette ville charmante et animée pour continuer vers Baracoa notre étape suivante. Nous traversons deux types de paysages : le premier, le long de la mer, plat et aride, puis le second montagneux et luxuriant. Un orage soudain déverse sur nous des tonnes d'eau pendant une trentaine de kilomètres de route très sinueuse. Ce que je crains le plus n'est pas la circulation, inexistante, mais un glissement de terrain, la force de l'eau détachant de gros blocs de pierre des falaises. Mais tout se passe bien et nous arrivons sans encombres dans cette petite ville charmante et paisible. Pourtant, son Malecon est bien triste. Un front de mer comme celui-ci vaudrait une fortune en France, mais ici, ce ne sont qu'immeubles, encore une fois, plus que défraîchis et détritus qui le longent. Le centre ville, avec ses deux ou trois rues principales et sa petite place, est pourtant très coquet, bâti de vieilles demeures en bois repeintes de couleurs vives.

Une petite plage sympa, à environ vingt kilomètres de piste pas trop mauvaise à travers une forêt de palmiers géants bordée alternativement de beaux villages en bois et de nombreuses grottes, nous attend avec une eau limpide et chaude.   Pendant ma baignade quelques barracudas viennent me tenir compagnie.

Ce soir, dans notre assiette, on aura droit aux langoustes et poisson au lait de coco, et au petit déjeuner demain matin, avec les traditionnels et merveilleux jus de mangue, à l'excellent chocolat local, Baracoa étant le seul endroit de Cuba où pousse le cacaoyer.

 

26, 27 et 28 juin 2006

À partir d'aujourd'hui, nous entamons notre remontée vers la Havane. Nouvelle étape à Camagüey où se déroule ce soir le carnaval. Toute la ville se retrouve dans la rue, dans une cacophonie infernale, admirant les cortèges de danseurs et danseuses enguirlandés de paillettes et de strass précédant leur fanfare. Cela nous ramène soudainement quarante ans en arrière lorsque, gamins, nous assistions ravis et obéissants au défilé des chars pendant la kermesse communale, une sucette à la main. C'est la même ambiance bon enfant que l'on retrouve ce soir.

Le lendemain, après quelques chamailleries dans la voiture à propos de la route à prendre et une halte à Santa Clara devant la statue d'Ernesto Che Guevara, on file vers Remedios que je souhaite atteindre avant le match France-Espagne. On y dégote une superbe petite casa coloniale rien que pour nous, les jeunes propriétaires adorables habitant juste la maison d' à côté. L'intérieur nous semble bien kitch avec ses tableaux de biches dans la forêt, ses bouquets de grosses fleurs rouges en plastique et ses images pieuses épinglées au mur. On a rencontré ce genre d'intérieur pratiquement dans toutes nos casa et on n'y fait plus très attention, mais là il faut avouer qu'ils ont mis le paquet !

Après le match regardé dans une autre casa en compagnie d'un couple de belges flamands et qui m'a coûté une tournée de mojitos puisque la France a gagné, nous nous aventurons dans les rues de ce petit village paisible en fin d'après-midi lorsque tout le monde se retrouve sur le pas de sa porte à papoter avec le voisin. L'ambiance y est joviale et les  bienvenido fusent. On en profite pour les prendre en photo et nous nous dépêchons de les leur monter ce qui provoque rires ou moqueries polies. Tous et toutes veulent passer devant l'objectif ce à quoi nous nous plions avec plaisir. Certains nous invitent à rentrer chez eux. À 19 heures, les rues se vident, les télés s'allument et toute la famille s'agglutine autour de l'écran pour ne manquer, sous aucun prétexte, le nouvel épisode d'une des nombreuses novelas diffusées. Cette soirée qui restera comme un des meilleurs moments de notre parcours à Cuba se termine par une excellente soupe et un énorme poisson chacun.

Au petit-déjeuner, on nous amène café, pancakes, jus de fruit frais, six belles bananes et une mangue d'au moins un kilo ! La journée commence plutôt bien. Aujourd'hui, on a décidé d'aller sur un cayo : le cayo Santa Maria.

On a d'abord un peu de mal à trouver la bonne route, puis on arrive enfin au péage policé de la digue. Pour atteindre cet îlot, il faut en effet rouler sur une digue de cinquante kilomètres, posée sur la mer, que seuls les étrangers et les quelques Cubains travaillant dans les hôtels de luxe peuvent emprunter ! On s'installera, absolument seuls, sur une grande plage de sable blanc, bien à l'écart des trois palaces de l'île. Je vais passer la majeure partie de la journée nu dans l'eau !

On en profite car, demain, une longue journée de route vers Viñales nous attend....

 

 

29 et 30 juin 2006

Une fois de plus, on est complètement paumés dans les faubourgs de la Havane. Chantal donne pourtant le meilleur d'elle-même, la carte sur les genoux, la boussole dans une main et l'oeil rivé sur le compteur de distance. Dans trois kilomètres, on devrait tourner à gauche.... OK, d'accord, t'es sûre que c'est pas celle-là ?.... Ben non, on n'a fait que deux kilomètres....... Oh zut (et je suis poli !), ça fait plus d'un kilomètre maintenant qu'on devrait avoir tourné.... Bon, allez, je prends celle-ci......... On a de nouveau mis plus de deux heures avant de trouver la bonne direction,   mais on roule désormais sur une large autoroute qui nous emmène vers l'ouest.

L'arrivée à Viñales est magnifique. La petite route de campagne offre de magnifiques panoramas sur la vallée des mogotes et les plantations de tabac (à cette époque de l'année, ce sont malheureusement d'autres cultures).

Nous allons dénicher, presque par hasard, celle prévue étant complète, la casa la plus sympa de notre périple cubain. Cette cabane en bois, d'une grande propreté. est pourtant très rustique avec son petit perron où trônent deux rocking-chairs fatigués. Mais Alberto et Nora ont l'air si charmants qu'on décide d'y loger pour la nuit. Le repas concocté par Alberto est vraiment délicieux. Il nous propose pour le lendemain les services de son fils pour aller faire une petite randonnée à travers la campagne environnante.

Après une bonne nuit de sommeil et un succulent petit-déjeuner, on part, tranquille, sous un soleil radieux, sur les chemins encore un peu humides de la rosée matinale. Le sentier serpente au milieu des champs et des petites propriétés. On croise quelques chars à boeufs qui emmènent leur chargement au village, quelques cowboys se rendant, eux aussi, à Viñales, quand, à un moment, il faut enjamber une barrière. Après être passé sans encombres avec le fils d'Alberto, c'est maintenant au tour de Chantal. Je pense que vous avez déjà compris.... Oui, oui,.... C'est ça !... Glissade sur le bois mouillé et grosse gamelle, la tête la première arrivée en bas, heureusement dans les hautes herbes ! Résultat : hématomes et diverses éraflures sur les bras ! Bon, on en rigole maintenant, mais sur l'instant on a eu un peu peur. Quatre heures plus tard, nous rentrons heureux, crottés et bien fatigués de cette belle balade qui nous a conduits dans des grottes creusées dans les mogotes, à travers une campagne magnifique avec ses flamboyants, ses caféiers, ses manguiers, ses goyaviers et ses petites maisons paysannes en bois peint et toit de palmes.

Après une virée à Pinar del Rio pour envoyer un peu de nos nouvelles par internet (chose relativement difficile et chère, les autorités ne désirant manifestement pas que les Cubains puissent échanger avec l'étranger !), Nora et Alberto nous accueillent pour le souper avec un énorme poisson chacun à manger. On décide à ce moment de rester un peu plus longtemps chez eux, tellement ils sont sympas. En plus ce qu'il y a de bien avec Alberto, c'est que, ne parlant pas anglais, il s'efforce de nous parler très lentement en espagnol. Et nous arrivons à le comprendre. Les conversations vont donc bon train (enfin, c'est beaucoup dire tout de même !) le soir assis sur les rocking-chairs...

 

 

Samedi 1 er juillet 2006

Cela fait un mois que nous avons quitté la France et le temps passe très, très vite.

Ce matin on se lève tôt pour aller faire des photos, mais l'éclairage n'est pas terrible. On continue donc vers Puerto Esperanza, petit port à 25 kilomètres de là. Après avoir traversé de jolis paysages de mogotes, nous arrivons dans un village aux rues complètement défoncées, et aux bâtiments disloqués. Le patelin semble abandonné. On y croise pourtant quelques personnes âgées qui nous saluent gentiment. Bon, ça s'appelle Puerto quelque chose, mais il n'y a pas un seul bateau, à part quelques-uns parqués et inaccessibles. C'est vrai que la Floride n'est pas bien loin et que les autorités préfèrent qu'il n'y ait pas trop de liaisons maritimes à surveiller, des fois que...

L'une des choses qui nous aura le plus frappés à Cuba est le vide : les routes désertes ou presque, la mer sans un bateau (on n'avait et on a jamais vu ça ailleurs) et le ciel sans avion. Mais le vide le plus impressionnant aura sans aucun doute été celui des boutiques et des marchés. Imaginez un instant un supermarché vide de marchandises excepté un rayon débordant de bouteilles de rhum local et un autre rempli de produits tels que le savon et le shampoing (je n'arrive d'ailleurs toujours pas à comprendre pourquoi les mendiants dans la rue nous demandent encore du savon). Le plus émouvant est de voir ces colonnes de plusieurs centaines de personnes attendant sagement, devant les portes surveillées, un hypothétique avitaillement.

Après notre déception de Puerto Esperanza, un peu trop lugubre à notre goût, on retourne à Viñales. J'ai, en effet, demandé à Alberto hier si je pouvais regarder le match France-Brésil dans sa cuisine. J'arrive donc pour le début du match, Chantal faisant la sieste sous la véranda affalée dans le vieux rocking-chair. La cuisine est archi bondée, les voisins n'ayant pas la télé étant venus nombreux voir ce match où, c'est certain, le Brésil va venger leur honneur bafoué hier par l'Allemagne qui a éliminé l'Argentine, leur favorite. On m'offre pourtant la plus belle place, sur une chaise, en me jetant des regards amusés. En fin de compte, j'ai le stress devant tous ces gens. Et lorsque Zidane marque un but, tous se tournent vers moi qui n'ai pas bougé d'un poil. Quel contrôle de moi, j'ai pourtant une sérieuse envie de crier ma joie ! Je leur fais comprendre (ou croire ?!) que je suis désolé pour eux. À la fin du match, tous se lèvent pour venir me féliciter et me serrer la main. Verrrry good Zizou ! Et avant qu'ils ne partent, j'offre, une nouvelle fois, une tournée d'exquis mojitos préparés par Alberto. Encore un merveilleux souvenir...

 

 

2 et 3 juillet 2006

Ce matin, la lumière est bonne et Chantal m'accompagne prendre des photos dans la campagne environnante. Puis on décide d'aller à Cayo Jutias distant d'une cinquantaine de kilomètres. Après un premier arrêt pour noter le numéro d'immatriculation de la voiture, des policiers nous arrêtent une seconde fois pour payer l'équivalent de 6 euros chacun et ainsi avoir le droit de pénétrer sur le cayo ! À peine arrivés sur un semblant de parking, on veut nous taxer un CUC (peso cubain convertible, monnaie crée pour les touristes, et qui vaut 25 de leurs pesos) pour garder la voiture et trois pour un parasol dont on ne veut pas ! Trop, c'est trop, et on repart immédiatement. À quelques centaines de mètres de là, un chemin nous mène sur une merveilleuse plage où une vieille Chevrolet de 1951, toute cabossée mais repeinte d'un beau jaune vif, est garée. Nous stationnons notre petite Hyundai juste à côté. L'effet visuel est saisissant !

J'ai prêté mon masque et mon tuba à César et Rafaël, les propriétaires de la Chevrolet qui, en retour, nous offrent du rhum en brique (comme pour le lait !) qu'il est impossible de refuser, malgré la chaleur.... L'eau du lagon est tellement calme que Chantal s'y baigne pratiquement tout le temps passé là.

Ce soir, Alberto nous a préparé du boeuf, et, par peur de délation, tous les volets sont clos ! Il nous explique qu'il n'a pas le droit d'en posséder et, à fortiori, d'en cuisiner !

Le lendemain, on reste flâner dans ce petit village qu'on aimerait ne pas quitter. On aime tout ici : notre casa, Alberto, Nora et leur petite Daniela, le paysage, la quiétude de l'endroit, la gentillesse des gens rencontrés. D'ailleurs, à chaque fois que cela aura été possible, nous aurons pris des autostoppeurs dans notre petite voiture. Je me souviens d'une fois, parmi d'autres, d'une mamie et d'un papy tout endimanchés qui se rendaient à la messe au village voisin. Ils nous ont remercié avec tant de dévotion qu'ils m'ont presque ému aux larmes...

 

 

Mardi 4 juillet 2006

On doit rejoindre aujourd'hui La Havane, car la location de la voiture se termine demain matin. C'est vraiment à regret que l'on quitte Viñales qui restera, c'est certain, une étape marquante de notre tour du monde.

Nous avons donc effectué une boucle de 4 000 kilomètres à travers Cuba, le tout sans problème majeur, à part une crevaison et des pneus qui, malgré un regonflage quotidien, avaient l'air bien fatigués à la fin de la journée. L'absence de panneaux a aussi été pénible en certaines occasions.

Et c'est justement cette signalisation qui va me coûter la bagatelle d'un mois de salaire de fonctionnaire (30 CUC, environ 34 euros). Je vois l'agence de location à environ 200 mètres devant moi, mais un sens interdit (ne vous frottez pas les yeux, vous avez bien lu, il y avait un panneau !!) en empêchait l'accès. Deux options sont possibles. Je choisis de prendre sur ma droite. Mauvaise pioche, évidemment ! Je décide de faire demi-tour pour prendre la deuxième option. Mal m'en a pris. Un des rares agents de la circulation de La Havane est là, juste derrière moi, et je ne l'ai pas vu. Coup de sifflet strident... Je me retourne. Oui, oui, c'est bien pour moi... Ne t'affole pas Chantal, on va refaire le coup de Santiago : on ne va rien comprendre...

Sauf que celui-ci connaissait tout de même quelques rares mots d'anglais, importants pour exercer son métier et plumer des touristes comme nous, parce que, des demi-tours, tous les chauffeurs de la ville en font  : stop please, driving licence, passport, location contract, U-turn, stay here ... Voyant notre stratégie partie en fumée, j'accepte, de mauvaise grâce, les papiers qu'il me tend avant de nous laisser repartir. Un instant, je pense m'en être pas si mal tiré.

Arrivés devant l'agence de location, nous décidons de rendre le véhicule maintenant au lieu d'être obligés de venir le ramener de bonne heure demain matin. Le gardien, à la remise des clefs, me demande de lui redonner tous les papiers. Nous n'avions pas remarqué que le flic avait noté l'amende sur le contrat de location. Impossible d'y échapper ! Nous avons dû régler cette petite « taxe » sur le champ pour éviter tout problème !

Les sacs à dos sur les épaules, nous partons vers la même casa qu'à notre arrivée et où nous avons réservé une chambre pour ce soir. La proprio semble un peu gênée de nous revoir. Tu vas voir le coup ! Eh oui !... Mama, malade..... On comprend vite qu'elle préfère avoir des clients qui vont rester plusieurs nuitées. C'est vrai qu'on n'avait retenu la chambre que pour une nuit, mais on savait qu'on allait y rester jusqu'à notre départ. Devant tant de mauvaise foi de sa part, et ne souhaitant pas lui dire qu'on voulait rester en fait cinq nuits, on s'apprête à partir lorsqu'elle nous propose de nous faire loger, pour le même prix, dans une casa de ses relations. On accepte de visiter. Son mari nous y emmène. La rue est complètement défoncée, la cage d'escalier croule sous les gravats et pourtant nous montons jusqu'au dernier étage. On sonne, la porte s'ouvre et c'est alors le ravissement. On est dans un palais ! C'est magnifique, il a dû être retapé il n'y a pas longtemps. D'ailleurs, par le patio, on aperçoit des ouvriers s'affairer à l'étage juste en dessous. Bien sûr qu'on va s'installer là, au même prix que l'autre, mais en dix fois plus joli ! Quand le mari de Mama, malade nous entend réserver pour 5 nuits, on croit bien qu'il va s'évanouir ! Il nous regarde d'un air complètement incrédule. Avec Chantal, on est plié de rire !!! Ça nous fait le plus grand bien après toutes les émotions de la journée...

Et puis, fallait pas se ficher de nous !

 

5, 6, 7 et 8 juillet 2006

Le matin, dans le superbe patio, on fait la connaissance de trois copines espagnoles qui viennent d'arriver la veille pour passer leur mois de vacances à Cuba. On leur refile plein de petits tuyaux pour leur séjour.

Le petit-déjeuner est très copieux et les jus de fruits délicieux. C'est fou la chance qu'on a d'avoir trouvé cette casa magnifique ! On n'en revient encore pas. J'aimerais tout de même savoir si le prix qu'on nous applique est le même pour tout le monde, parce que, si c'est le cas, ce doit être le meilleur qualité-prix de La Havane...

Aujourd'hui, on va essayer de visiter une fabrique de cigares. Il nous faut d'abord aller réserver les visites dans un palace situé pas très loin de là. On s'y rend, l'achat des billets est possible mais les visites sont malheureusement complètes pour la journée. On prend donc deux tickets pour demain. Voyant qu'on est Français, la jeune femme de l'accueil me propose d'aller regarder la demi-finale France-Portugal sur le grand écran du bar climatisé. On n'a pas le droit de refuser une offre pareille !

Par politesse, Chantal prend une bouteille d'eau (pour le moment, elle est toujours à l'eau, je vous l'ai déjà dit !) et je commande un café pour moi ! Vu les prix pratiqués, on se contentera de ça ! Évidemment, le bar est comble et absolument tout le monde est pour le Portugal. J'aperçois pourtant un homme qui réagit plus devant les exploits des Bleus que devant ceux des Portugais. L'ambiance est tendue, la fumée des cigares me gêne un peu et Chantal regarde le match !!! Il va pleuvoir, Chantal regardant un match de foot, c'était du domaine de l'utopie ...

Et, en effet, un orage éclate !! Dehors d'abord, avec la traditionnelle averse de l'après-midi, dans le bar, ensuite, lorsque la France marque le but qui va nous qualifier pour la finale. Tout le monde râle, sauf ce petit homme accroupi pratiquement sous l'écran. Comme chez Alberto, je dois contenir ma joie pour ne pas attirer le regard attristé de mes voisins. La France gagne enfin. Tout le monde est déçu. Le petit homme part, un sourire aux lèvres. Pour la première fois depuis le début de la compétition, je n'offre pas la tournée de mojitos  et je ne m'en plains pas, vu l'endroit !

Chantal me propose d'aller sur le Prado, que j'aurai cru plus fréquenté en cette fin de journée, avant d'aller prendre un bon demi (ça y est, elle s'y met !) à la terrasse d'un bar sur la plaza Vieja. On se laissera aussi tenter par des brochettes de porc grillées sur le feu de bois juste devant nous. Un groupe de papies jouent une excellente musique cubaine. Dommage qu'à un moment ils se sentent obligés de reprendre des standards internationaux mixés à leur sauce !

Le lendemain matin, nous partons donc visiter la fabrique de cigare Partagas, intéressante malgré l'obligation d'accélérer le pas et l'interdiction de prendre des photos. Quelques petits rusés tentent, à la sortie de l'usine, de nous vendre des Cohiba fabriqués par les apprentis avec des feuilles de bananier.

Un peu plus loin, une vieille femme propose aux passants, sur un vieux carton posé à même le sol, un tube de dentifrice, deux barrettes pour les cheveux et trois cigarettes.

À quelques encablures de là, les fameuses belles américaines des années 50 dont la majorité sert maintenant de taxis, sont rassemblées autour d'une place. Crachant fréquemment une épaisse fumée noire, ces Chevrolet, Cadillac, Mercury et autres Buick et Studebaker 48 sont entretenues avec amour par des bricoleurs de génie, à même la rue. Les nouvelles n'arrivant qu'au compte-goutte et tellement chères, ils doivent les faire durer ces vieilles guimbardes. On en trouve cependant quelques-unes, plantées sur des pieux ou des petits tas pierres, rouillées et qui semblent abandonnées ou en attente d'une hypothétique réparation. Si Cuba est au menu de notre voyage, ces vieilles bagnoles y sont pour beaucoup. J'avais une envie folle de les photographier avec leur couleur acidulée et les chromes bien briqués. J'imagine qu'un jour elles disparaîtront complètement, en compagnie des vieux side-cars, des rues de la Havane ou de Santiago. Ce jour-là, quoiqu'il arrive entre temps car les Cubains dans leur grande majorité souhaitent un grand changement, Cuba ne sera plus tout à fait Cuba.

Adios Cuba   ....

 

 

carte de notre parcours à Cuba