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le tableau des 16 paradoxes (s'ouvre dans une fenêtre réservée) |
Dans les analyses, les effets paradoxaux sont systématiquement divisés en deux catégories : les effets analytiques (numérotés avec un "a") et les effets synthétiques (numérotés avec un "s").
On a dit qu'un paradoxe est la mise
ensemble de deux termes contradictoires qui par nature s'excluent l'un l'autre.
Un paradoxe "fait avec" cette impossible cohabitation, mais il ne peut
la réussir vraiment, puisqu'elle est par nature impossible. Les
expressions dites analytiques et les expressions dites synthétiques
correspondent aux deux façons "d'évoquer sans y parvenir"
le fonctionnement d'un même paradoxe.
L'expression de type analytique :
Elle consiste à exposer côte à côte chacun
des deux termes inconciliables, et à laisser la perception lire
tour à tour ces deux termes pour ressentir en nous ce que cela fait
que de les confronter. On appelle "analytique" cette façon de faire
jouer le paradoxe, car elle consiste à le décomposer, puis
à étaler ses deux termes côte à côte.
+ | ||
débandade incommensurable en tous sens des formes intérieures | + | synchronisation dans un losange qui dessine le périmètre extérieur |
Dans la Vénus de Lespugue par exemple, c'est le cas de la forme
en losange pour dire le synchronisé, qui s'oppose à la débandade
dans tous les sens et dans toutes les courbures variées des arrondis
qui génèrent la forme de la Vénus (expression a3
du synchronisé / incommensurable) : il n'est pas question de parcourir
des yeux le mouvement complexe de ces surfaces internes, et en même
temps de parvenir à lire la forme losangique du périmètre
externe dans laquelle elles se tiennent.
Notre perception fait tour à tour ces deux observations, puis
elle en tire la conclusion : c'est étonnant que toute cette complexité
interne ait comme résultat global de former un losange.
L'expression de type synthétique :
Cette fois c'est dans la même lecture que surgissent simultanément les deux aspects contradictoires de l'effet paradoxal concerné. On appelle "synthétique" cette expression, puisqu'une seule forme, ou un seul jeu de formes, parvient à faire la synthèse des deux aspects du paradoxe.
plus la courbe se rassemble
sur elle-même de façon serrée,
plus elle se sépare
simultanément de la suivante
Dans la Vénus de Lespugue par exemple, c'est le cas de la suite
de courbes qui rassemblent et qui séparent de façon de plus
en plus serrée depuis les pieds jusqu'aux fesses, faisant en sorte
de nous faire lire que "plus c'est rassemblé plus c'est séparé"
(expression s15
du rassembler / séparer).
C'est la lecture du resserrement progressif de la courbe qui nous entraîne
à lire simultanément de la coupure : plus la courbe est resserrée,
plus il est difficile en effet de passer visuellement en continu à la forme suivante.
Comparaison des deux effets :
On pourrait croire que seule l'expression "synthétique" est vraiment
paradoxale, car elle seule parvient à faire tenir ensemble les deux
termes contradictoires.
En fait il n'en est rien, car fondamentalement cette expression renonce
à exposer leur caractère foncièrement contradictoire.
Dans l'exemple que l'on vient de donner, les courbes des jambes ne rassemblent
pas réellement, elles amorcent seulement cet effet, et ce n'est
que la tête (qui n'intervient pas dans cet effet) qui rassemble vraiment
toute sa surface dans une figure fermée. Et elles ne parviennent
pas non plus à se séparer vraiment l'une de l'autre : elles
restent attachées et forment toujours une surface que l'on peut
lire en continu en passant de l'une à l'autre.
L'effet synthétique parvient donc à suggérer l'effet
réel du fonctionnement paradoxal, c'est-à-dire la combinaison
réelle de ses aspects contraires, mais c'est au prix de l'abandon
du caractère foncièrement contradictoire de ses parties.
Quant à lui, l'effet analytique renonce à être lui-même directement paradoxal, mais cela lui permet en revanche de garder intacte la virulence de l'antagonisme de ses composants : dans l'exemple donné les formes courbes partent vraiment dans des directions incommensurables l'une par rapport à l'autre (non mesurables l'une par rapport à l'autre), et elles parviennent vraiment à se synchroniser dans une forme losangique régulière.
Ni l'expression analytique ni l'expression synthétique ne parviennent
donc à amadouer complètement le paradoxe et à rendre
compte de l'ensemble de ses aspects contradictoires. C'est bien la moindre
des choses, puisque si elles y arrivaient il n'y aurait plus rien de paradoxal
dans leur effet ! Et c'est pour cela aussi qu'il faut toujours chercher
dans une oeuvre la présence de ces deux types d'effets, puisque
seule leur combinaison permet de conserver simultanément l'instabilité
(synthétique) et la virulence (analytique) du paradoxe en cause.
Il n'est pas de paradoxe "pur" :
Aucune expression paradoxale ne peut être réellement réussie,
et, pour tenter d'y parvenir, chacune doit donc combiner un aspect analytique
avec un aspect synthétique.
Mais cette impossibilité d'atteindre précisément
un effet paradoxal a aussi pour conséquence que tout effet "tombe
un peu à côté de lui-même", c'est-à-dire
que tout effet paradoxal est intrinsèquement bancal et tombe du
côté de l'un des 15 autres effets paradoxaux existants.
Pour chaque effet paradoxal, il existe donc 15 expressions de type analytique, et 15 expressions de type synthétique, que j'ai
numérotées de 1a
à 16a
et de 1s à
16s.
Le lien en haut à droite de la page vous mènera à un tableau qui, à son tour, vous mènera à chacune des 16 listes qui regroupent
des exemples qui rendent compte de la totalité de ces expressions analytiques et synthétiques.
dernière mise à jour de cette page : 20 octobre 2007
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