La chapelle de Pallon d'ARNAVILLE
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par J. BONIS
 
 
  Le Miracle de Pallon
 
 

LA CHAPELLE "ENTRE LÉGENDE ET RÉALITÉ."


Cette construction dont l’existence en même temps qu’une église au sein du même village constitue une exception en Lorraine est dédiée à Notre Dame du Mont Carmel.
La tradition populaire nous rapporte que:
Au sud du village est une antique chapelle du règne de Louis XI sur le rocher dédié à la Sainte Vierge; on y tinte encore l’angélus comme au temps où ce roi voulait, pour le rétablissement de sa santé, que tout français récitât cette prière à Marie.
Il y avait au départ une construction ne comportant que le chœur actuel: espèce d’oratoire bâtit avant 1500 par Louis XI à la suite d‘une épidémie de peste qui avait du épargner sa personne ou des êtres chers.

 
Il est dit ensuite qu’une petite statue haute de vingt centimètres environ, en bronze, que l’on donne encore aujourd’hui à baiser aux fidèles à l’offrande en lieu et place de la traditionnelle patène,aurait été trouvée dans les branches d’un sureau à proximité de ce qui n’avait alors que la taille du chœur actuel. Elle y fut amenée mais le lendemain elle était revenu au même endroit. On répéta plusieurs fois la même opération et inlassablement elle reprenait le chemin du sureau.
 
On se décida alors d’adjoindre une nef à l’édifice. La critique des érudits alla bon train:
‘’ La partie ajoutée n’a de forme que celle d’une grange immense et sans goût’’ .
La nef remplit malgré tout son rôle et abrita les fidèles lors des offices religieux, principalement les enterrements car le nouveau cimetière était arrivé tout autour.
L’ouverture en œil de bœuf au dessus de la porte principale comporte encore l’inscription bien visible ’’Reparata 1737’’. Cette date pourrait facilement correspondre à l’agrandissement mais le terme latin ‘’reparata’’ nous ferait plutôt pencher vers une remise en état d’un édifice existant. De plus lorsque l’on observe la nef de l’intérieur, il semble que cette partie de bâtiment ait été construit en deux étapes au moins en raison du décrochement visible vers le milieu. Le doute subsiste!
Il faut cependant penser à d’autres pistes plus sérieuses pour expliquer la présence de l’édifice religieux. Comme cela a été le cas dans beaucoup d’endroits, les églises et autres édifices de cultes chrétiens sont venus s’installer aux points remarquables où autrefois nos ancêtres adoraient leurs dieux ou un chêne, une roche etc.
La chapelle a été l’objet d’une dévotion toute particulière à la Sainte Vierge.
Au début du XIX° siècle elle était encore fréquemment visitée par des mères de famille qui venaient implorer la vierge pour obtenir la guérison d’un enfant malade ou infirme. Cette croyance était liée à la présence de la célèbre statue déposée dans le chœur:
‘’Les prières faites à ses pieds obtenaient, entre autres miracles, la résurrection d’enfants mort-nés ‘’
L’usage voulait que cette statue parlât à certaines occasions. D’autres l’avaient même entendue chanter! C’est dire l’aura entourant cette statuette.
 
Le miracle de Pallon le 9 juillet 1719 (*) fut le point de départ de la Confrérie de Notre Dame du Saint Scapulaire érigée en la chapelle de Pallon. On sait peu de choses sur cette confrérie. Son rôle fut, semble-t-il, d’aider à l’officialisation du miracle en déposant une requête en ce sens auprès des autorités religieuses. Le Maître et les associez de cette assemblée organisaient également les pieuses cérémonies & dévotions enveloppant les commémorations chaque troisième dimanche de juillet. Henry-Charles Du Cambout, Evesque de Metz avait ordonné qu’une procession autour du hameau de Pallon au cours de laquelle on chantera le ’’ Te deum ’’, soit effectuée tous les ans à perpétuité en remerciement du ciel. Cette procession était encore d’actualité dans la deuxième partie du XX° siècle et correspondait avec la date de la fête patronale du village située en Pallon.
Autre point à aborder: la cloche de la chapelle, en raison de son titre en argent, possédait un timbre tellement particulier qu’il coupait les orages en deux. La grêle étant l’ennemie juré des vignes qui peuplaient une grande partie du ban, il n’était pas rare, avant la première guerre mondiale, de l’entendre sonner à d’autres heures que les offices.
Des anciens de ‘’ 14/18 ‘’ m’en ont parlé comme s’ils n’avaient jamais cru à cette histoire.
 
On raconte encore que jusqu’au milieu du XIX° siècle lorsque un orage s’approchait, une bonne femme avait la charge, jour ou nuit, d’aller sonner la cloche. Ainsi, à chaque orage et tant que durait celui ci, on pouvait entendre ce tintement si singulier qui rassurait la corporation de Saint Vincent. L‘époque des vendanges arrivée, la malheureuse, hotte sur le dos, allait de cuvelle en pressoir pour toucher son salaire. Si la récolte était abondante, elle recevait de chaque vigneron un à deux gros de vin (**)
 

Le cuivre et l’étain dont l’industrie de l’armement est friande sont les éléments essentiels d’alliage d’une cloche; c’est pourquoi comme cela s’est produit dans tous les villages occupés au cours du premier conflit mondial, l’unique cloche a été déposée pour être fondue par l’occupant allemand.
La cloche actuelle dont le fondeur est Armand Blanchet à Paris, porte les inscriptions suivantes:
en haut sur deux lignes circulaires
‘’ j’ai pour parrain le Lt-colonel Harang, Officier de la Légion d‘Honneur‘’.
Curé Aubriot‘’.
‘’Dédiée en reconnaissance par ma marraine, Marie Pichon‘’.
‘’Dédiée à notre dame du Mont Carmel‘’.
Du côté Arnaville: ‘’ Je me nomme Marie Thérèse‘’. ( accompagné des armoiries du Pape avec sa tiare )
Du côté Bayonville: ‘’La Sainte vierge‘’.
Du côté Rudemont: un ostensoir.
Du côté Rupt de Mad: Une croix .

(*) se reporter à l’acte de reconnaissance du miracle par l’évêque, en annexe.
(**) mesure de vin correspondant à deux litres environ

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Le PALLON

SITUATION
Le Pallon est situé a l’ouest du village d’Arnaville duquel il a été longtemps séparé comme le montre le cadastre napoléonien et s’étend entre Rudemont et Rupt de Mad
Lepage précise en 1845 dans le dénombrement des communes de la Meurthe:
‘’ Il y a, sur le territoire d’Arnaville et touchant à cette commune, un hameau nommé Pallon, ne faisant, avec ce village, qu’une communauté qui s’étendait sur les bans Saint-Pierre, Saint Vanne et Saint-Gorgon, dont le dernier appartenait à l’abbé de Gorze. En 1719, le hameau de Pallon, où se trouve une chapelle, fut le théâtre d’un grand miracle en l’honneur duquel M. de Coaslin, évêque de Metz, y établit à perpétuité une procession solennelle. Ce hameau est indiqué dans les divisions de 1790. ‘’
Actuellement, le nom de Pallon n’intervient que pour le nom d’une rue (du Pallon, bien entendu) nommée rue du grand Pallon dans le cadastre de 1961
Le ban de Pallon ne semble pas avoir existé. et aucun des actes ou cadastres consultés ne nous permet de situer un territoire ‘’ pallonièn ‘’.

Les rues le desservant sont:
La rue du Pallon ou grand Pallon
La rue des Juifs nommée ainsi en raison de l’existence d’une communauté juive aujourd‘hui disparue. Celle ci y était installée au moins depuis le XIV° (présence de vestiges de deux synagogues encore visibles).
La rue de Flavigny. Peut être du nom d’un de ses habitants de renom.
La rue de la Chapelle

Vue aérienne du Pallon (2004)


ORIGINES
Le Pallon est au dire des spécialistes d’origine très ancienne, les premiers hommes vécurent sur les hauteurs du Rudemont dont la défense était aisée mais la vie rude.
A l’époque de Hallstatt, les envahisseurs celtes se mêlèrent aux peuplements établis et il s’en suivi une redistribution des aires de vie. En clair les habitants du Rudemont migrèrent vers la vallée plus hospitalière mais beaucoup moins bien défendable naturellement que les hauteurs délaissées.
Entre autres lieux stratégiques, ils choisirent le Pallon, en particulier l‘emplacement du cimetière actuel, véritable éperon rocheux avec de fortes pentes sur deux façades au moins.
Cet emplacement particulier a du vraisemblablement constituer pour ces premiers habitants ou leurs successeurs immédiats une zone sacrée comportant un lieu de culte (païen bien sûr).
De par sa configuration, cet endroit est défendable avec la possibilité de guet. De plus, il permet à la fois la culture, la pêche et l’élevage.
Ce ’’vicus’’, le plus ancien de la vallée précédant même celui de Novéant sur Moselle, fut certainement le premier a former un véritable village.
De même Goulainvaux qui a pu être un écart de Pallon, était déjà peuplé par les Celtes qui y ont défriché la terre. Ces vicus furent dévastés au V° siècle par les barbares. La terre de Goulainvaux fut exploitée également par les Gallo-Romains qui y ont laissé de nombreux vestiges , en particulier des thermes encore visibles au XIX° siècle, paraît-il. Le captage des eaux pour la commune d’Arnaville à la fin du XIX° et la création d’étangs artificiels vers 1970 ont fait disparaître à tout jamais les traces de cette implantation.

Une route reliait le Pallon à Gorze par le col de Jouy ( également nommé: col de Rudemont ) où elle croisait le chemin de Goulainvaux à Novéant. Le nom de la forêt avoisinante : ‘’Quarailles’’, renforce encore l’idée de croisement et de carrefour . Le pallon et Goulainvaux étaient également reliés par une route.
Sous l’occupation romaine se créa le fundus de Pallo-Dunum qui a peut être fait partie de celui de Noviantum.
Habituellement le fundus est la cellule fondamentale autour de laquelle s’est développé le noyau des futures paroisses et communes, ce qui n’a pas été le cas pour le pallon


ÉTYMOLOGIE
Le toponyme ‘’Pallon’’ ou ‘’Palon’’ est composé de la racine latine ‘’Pal’’, signifiant ou ayant un rapport certain avec pieu ou palissade et du suffixe gaulois ‘’on‘’ qui donna un peu plus tard ‘’ Pallo-Dunum ‘’.
De l’avis général ce toponyme provient sans aucun doute du fait que le quartier était ceint d’une palissade formée de pieux ou palanques liés les uns aux autres.
Les hommes d’alors savaient bien construire ce type de remparts de troncs car les mêmes enceintes existaient auparavant sur le Rudemont et un peu plus tard à Goulainvaux. D’autres orthographes n’ont pas retenu l’attention de l’ensemble des spécialistes: des actes datant de 1232 et 1253 font état de noms de lieux comme ‘’el Pesle‘’, ‘’el Pelle’’ et ‘’on Palle’’ pouvant se rapporter à Pallon. Cette hypothèse ne remet pas en cause l’origine précisée précédemment, il s’agit vraisemblablement d’une prononciation différente compliquée par la liberté qu’on toujours pris les scribes d’alors avec l’orthographe. De plus aucun autre hameau qui aurait pu correspondre à ces toponymes n’a pu être identifié.
Le chevalier Hugues de Gorze fait don d’une partie du douaire qu’il a constitué pour son épouse Agnès et dont l’Abbé de Gorze pourra jouir après le décès de celle ci. L’acte original précise :
‘’ Je, sire Ugues de Gorze, chevaliers, faiz coinissant a toz, que je ai assignei, et donei, a dame Agnès ma fame, ma maison el Pesle cui je ai aquestée a toz mes hers entièrement por doaire, … etc.
Ce même texte retranscrit dans le deuxième cartulaire de Gorze indique ‘’el Pelle’’ au lieu de ‘’el Pesle‘’ :
‘’ma maison el pelle cui je ay acquesté à tous mes hoirs entierement pour doaire,’’ ... etc
Un autre acte sous le sceau de Jacques de Lorraine, évêque de Metz ( 1239/1260 ) confirme cette donation post mortem:
‘’ Connue chose soit à tous ceulx qui ces lettres voiront et oyront, que tout ce que dame Agnel, femme le seigneur Ugon, le chevalier de Gorze qui fuit, a retenu de l’eritage que li sire Hugue devant dit donnet en aulmoneà l’eglise de Gorze: c’est assavoir la maison on Palle, et le meix derrier, et le meix delès Grant-Prey*, et les vignes de nonviant... etc
(*prés situés sous Waville)

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Le miracle de Pallon le 09 juillet 1719


A Henry-Charles Du Cambout,

Par la permission de Dieu , Evesque de Metz , Prince du Saint Empire , Duc De Coislin, Pair de France, Baron des anciennes Baronnies de Pontchâteau & de la Rochebernard, pair & Préfident né des Etats de Bretagne, Premier Baron de Champagne, Comte de Crécy, & autres lieux, Premier Aumonier du Roy, & Commandeur de l'Ordre du Saint Efprit

Veu la Requête à nous préfentée par les Maître & affociez de la Confrérie de Nôtre- Dame du Saint Scapulaire, érigée en la Chapelle de Pallon, Hameau dépendant du Village d' Arnaville de nôtre Diocefe, à ce qu'il Nous plaife permettre de faire informer des Faits par eux expofez, concernant la confervation miraculeufe d'un Scapulaire dans fon entier au milieu du Feu, pendant un Incendie arrivé audit Lieu.
Nôtre Decret du deuxiéme Décembre dernier, portant Commiffion au Sieur Effelin Curé de Bayonville, pour informer defdits Faits, circonftances & dépendances; en dreffer Procez Verbal, pour iceluy à Nous raporté, être ftatué ce qu'au cas apartiendra. Autre Requête préfentée par lefdits Maître & Affociez de ladite Confrairie audit Sieur Effelin, pour être par luy préfigé jour, lieu & heure, pour faire affigner les Témoins qu'ils défirent faire entendre, & nommer un Sergent commis pour donner les Affignations. Décret dudit Sieur Effelin du quinziéme Decembre dernier, portant défignation du vingt-uniéme dudit mois, à dix heures du matin & deux heures de relevée, & de la Maifon Curiale d'Arnaville, entendre lefdits Témoins ; & commission à Jean Eftienne Habitant d'Arnaville, pour faire tous Actes & Significations. Procez Verbal d'Information faite par ledit Sieur Effelin, au lieu d'Arnaville, ledit jour vingt-uniéme Decembre dernier, compofée des Dépofitions de vingt-un Témoins : Tout confidéré,
Le Saint Nom de Dieu invoqué; & après avoir eu l'Avis de plufieurs Theologiens versez dans la fcience des Dogmes Catholiques & des Saints Canons ; NOUS Avons Declaré et Declarons par ces prefentes, qu'il y a preuve fuffifante en l'Information , que le neuvième Juillet dernier dans le Fort de l'Incendie arrivé audit Hameau de Pallon, un Scapulaire ayant été jetté au milieu du Feu qui confumoit la Maifon du nommé Didier Naudin, ledit Scapulaire étant refté dans le Feu pendant plus d'une demie heure, fut confervé entier , & retiré d'une poutre embrafée, fans avoir été aucunement brûlé ny endommagé, que toutes les circonftances de ce Fait prouvent folidement que Dieu a voulu récompenfer la foy & la confiance en l'Interceffion de la Bienheureufe Vierge Mere de Dieu, par un miracle public & dûëment averé : Et defirant que la memoire d'une fi infigne faveur du Ciel, foit confervé & ferve à l'édification des Fideles, & à l'augmentation du Culte de la Tres-Sainte Vierge, fi bien étably par toute la Tradition de l'Eglife ;
Nous Ordonnons que tous les ans à perpetuité, on ajoûtera, le fecond Dimanche de Juillet, aux pieufes Ceremonies & Devotions qui fe pratiquent par lefdits Maître & Associez de ladite Confrairie, audit Lieu de Pallon, une Proceffion autour dudit Hameau, au retour de laquelle on chantera le Te deum en Actions de Graces de ce Miracle, dont il a plû à la Divine Bonté d'honorer ledit Lieu, & fortifier la foy & la Devotion de ceux qui recourent à luy par une loüable Confiance à l'Interceffion de la Bienheureufe Marie ; Et feront les prefentes enregiftées en nôtre Chambre Epifcopale. Données à Metz en nôtre Palais Epifcopal, fous nôtre Seing, le Scel ordinaire de nos Armes, & le Contrefeing du Secretaire de nôtredite Chambre, le douziéme Janvier mil fept cens vingt.

Henry-Charles du Cambout, Evesque De Metz, Duc De Coislin
_ par Monseigneur , C.H.Dolze ___


A Metz , De l' Imprimerie de Brice Antoine , Imprimeur du Roy , & de Mondit -Seigneur

Archives départementales M. & M.

Le lieu du miracle ne fait aucun doute, puisque le document ci dessus le situe a plusieurs reprises " en Pallon " et ne fait mention d'aucune " maison aux arcades ".


Une monographie de 1888 de Bernard Martin instituteur, (cf http://www.auburtin.org/genealogie/villes ) situe la maison de Didier Naudin comme "celle aux arcades" prés de la maison d'école, c'est à dire en face de l'église au cœur du village. La maison d'école qui est devenue mairie, n'existait pas en 1719


Cette maison "aux arcades" à vu sa façades alignée au début du XXième siècle (vers 1906) et par conséquent perdre ses arcades.
Jusqu'en mai 2007, cette nouvelle façade présentait une statue de la vierge à l'enfant faisant référence à un incendie éteint en 1719

Plan d'alignement suite au tracé de la RN52 bis daté de 1885 (archives de M.M.)

   
 
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