Arnaville au cours de l'histoire

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      Ephéméride par J. BONIS ( 851 / 1870 )
 
      Libération en 1944 par H. LEFEVRE
   
      La tête de pont en 1944 par C. FOX
   
   
  éphéméride par J. BONIS
         

Les documents qui auraient pu permettre aux historiens de faire leur travaux aisément sont pour ainsi dire inexistants jusqu'à la période gorzienne, donc postérieure à la création du village. La domination de Gorze sur la vallée du Mad a commencé au courant du X° siècle. Le point de départ de l'occupation de la vallée, et des flancs de la colline ne peut être donné avec précision mais remonte vraisemblablement à l'époque gauloise. Le III° siècle a pu voir la construction d'une villa à la limite entre Arnaville et Novéant sur les pentes Est du Rudemont. En effet les traces d'une villa gallo-romaine ont été mises à jour lors des importants travaux de terrassement réalisés par les "Chemins de fer de l'Est" pour la ligne Metz/Paris. Des études ont permis de définir que cette construction avait été pillée et brûlée au cours de l'an 386, certainement au cours d'une de ces nombreuses incursions barbares, signes précurseurs des grandes invasions.

En 851, Drogon, fils de Charlemagne, évêque de Metz et gérant de l'abbaye de Gorze, cède une terre et une vigne à Arnaville, contre deux terres à Beaumont, sur l'Orne. Il semble, en l'état des connaissances actuelles, qu'Arnaldi villa est cité pour la première fois dans cette charte. De plus, c'est un personnage illustre et fils du grand Charlemagne, qui porte Arnaville sur les fonds baptismaux. Quelques années plus tard, en 858, Advence évêque de Metz, en l'absence de l'abbé Betton, attribue divers biens de Novéant, d'Arnaville et de Scy, à l'entretien des autels de la vierge et de St Gorgon dans l'église de Gorze.

En 868, le prieur Walter, cède en échange une propriété à Arnaville. Commence alors une période trouble pour la région: les invasions normandes. 882, voit la défaite des messins et la mort de leur évêque; le pays est alors livré sans défense aux dévastations des barbares qui reviennent en 889, puis à nouveau en 891 et 892. Les chroniques de l'époque ne nous permettent pas de savoir si Arnaville a été touché directement par ces événements.

Lodowin, prieur de Gorze et peut être abbé, signa en 884, une transaction faite avec un chanoine de Saint Etienne, lui cédant plusieurs pièces de vignes à Ars pour une vigne d'Arnaville. L'abbé Rudolphe cède l'usufruit de biens donnés à Arnaville en 899. Sa signature suit celle de l'évêque de Metz, Robert. A la mort de Charles le Gros en 888, la Lorraine est tour à tour envahie par trois prétendants: zuentibold nouveau roi de Germanie, le roi de France, Charles le Simple qui y resta plusieurs années, et Conrad de Franconie qui ravagea le pays en tous sens deux années consécutives.

En 903, Willermus, cède des biens in Arnoldi villa. Là encore en absence de relevés, aucune précision ne peut être apportée sur la situation du village au cour de ces événements. Il en est de même pour les deux invasions hongroises de 953 et 954.

L'abbé Pierre de l'abbaye de Gorze, obtient en 1185, pour ses gens d'Arnaville, 'le dreit' de pâture dans les prés de Pagny. En 1179, la vente du prieuré d'Olley par L'abbaye de Saint Arnould à Sainte Marie des Bois près de Prény, provoque un différend sérieux entre les l'abbayes de Saint Arnould et de Gorze. La sentence de l'évêque de Metz, arbitre du conflit, détermina que Sainte Marie conservait ses propriétés sises sur le ban de Pagny. Saintes Marie prétendait y adjoindre quelques vignes du ban d'Arnaville appartenant au prieuré d'Olley. Malgré la forte opposition de l'évêque de Metz, la demande est entérinée et sanctionnée par un acte solennel de Bertram, abbé de Gorze, publié en 1202. Quatre sceaux authentifient cet acte ( l'abbé de Gorze, Saint Arnould, l'évêque et le chapitre de la cathédrale ). En 1229, une bulle du pape Grégoire IX, sanctionne le fait qu'en 1221, Conrad de Scharphenneck donne à l'abbaye, en nue propriété, l'église Saint Etienne d'Arnaville, dont le patronage leur appartenait de temps immémorial. Le ban Saint Gorgon vient d'être créé.

A la mort du curé d'Arnaville qui a conservé la jouissance des biens, l'abbaye demande et obtient du même pape, le bénéfice de la cure par une bulle d'approbation du 23 mai 1229. En 1227, Bayonville reçoit un pré situé au bord de la Moselle, non loin d'Arnaville. Ce pré est vendu à l'abbaye d'Orval par un certain Pierre de POUCE. Simon, curé de Bayonville, 17 ans plus tard, s'entend avec l'abbé pour acquérir ce bien. A cette époque Louis IX (Saint Louis) est roi de France. En 1230, Le comte Henri de Bar promet de libérer après la guerre entre Barrois et Lorrains, certains biens de Rezonville et d'Arnaville, précédemment achetés par Gorze. Au mois de septembre 1248, un acte de donation à l'Abbaye de Gorze établi par de Jean I° de Termes (en Ardenne), et de Poince sa femme, des hommes et des femmes qu'ils possèdent à Arnaville. Pour mémoire Jean l° est l'époux de Poincette de Cons, fille unique de Jacques de Cons. Il deviendra sire de Cons après la mort de son beau-père.

Retranscription de la donation (acte N° 163): " Je , Jehan, sire de Cons, et je, Poince, dame de Cons, femme monseigneur Jehan devant dit, fais cognissant a tous ceulx qui ces lettres voiront et oiront, que nous avons donné en aulmosne à l'abbaice de sainct Gorgoine de Gorze les hommes et les femmes que nous avons on Arnalville en tous prous et en tous us ainsi comme nous les avons tenus desques-ci. Et est assavoir que nous y retenons les fiés que Aubert, li fil Jehan de Beonville, tient de nous. Et pour ce que nous ne notre hoirs ne puissieus dorénavant neant reclamer en almone devant ditc, nous avons donné a l abbaice de Gorze devant dicte, ces lettres présentes sceleez en tesmoingnage de verité. Ces lettres furent faites quant li milliaire courroit par mil .CC. et XL VIII . ans on mois de septembre ". La donation a été entérinée le même mois par Mathieu (II), duc de Lorraine, le suzerain.(acte N° 164)

L'année 1286, voit l'armée de Bouchard d'Avesnes, l'évêque de Metz, assiéger Prény sans toutefois pouvoir s'emparer du château malgré les 4.000 fantassins et 100 cavaliers mis à disposition par les évêques et seigneurs rhénans. On ne trouve pas mention de l'état dans lequel se trouvait les environs après un tel passage.

En 1343, Nicolas BAUDOCHE qui possédait une tour à Onville, en fief de Gorze, réussit même à acquérir du duc de Lorraine Raoul des droits seigneuriaux sur Arnaville. En fait il s'agissait des droits de centaine et de conduits, c'est à dire la perception de taxes sur le transport de marchandises. En 1363, des aventuriers bretons, en mal de pillage depuis la paix de Brétigny, furent appelés au secours par le comte Henri de Vaudémont dans sa guerre avec les barrois et leurs alliés. Le chef des coureurs Arnauld de Servole, surnommé l'archiprêtre, mena sa bande dans la région à deux reprises; la deuxième fois le val de Metz fut ravagé jusqu'à Novéant. A nouveau, rien ne permet de dire si Arnaville subit des outrages à cette occasion.

En 1429, le duc Charles II de Lorraine faisant la guerre aux messins occupa Arnaville, dépendance de Gorze. Cette même année les habitants d'Arnaville furent punis pour avoir sonné, à plusieurs reprises, les cloches de l'église et fait ''haï haï haï'', pour prévenir les Lorrains de l'arrivée des Messins Les messins en prirent ombrage et deux hommes d'Arnaville avaient été pris par la garnison de Châtel Saint Germain. Les prisonniers ne purent être libérés qu'après la paix, signée le 30 décembre par la médiation de l'évêque de Metz et du comte de Salm. A la fin de 1434, à la suite de la reddition de Robert de Sarrebruck, seigneur de Commercy en lutte contre les messins avec un grand nombre d'alliés, le roi de France envoya des coureurs ravager le val de Metz de Novéant à Moulins. Ces coureurs revinrent l'année suivante. Tout le pays était en désordre. Alors, les alliés de 1434 firent à nouveau alliance pour se défendre contre les aventuriers dont les courses répétées devenaient un vrai fléau. Le traité d'alliance fut signé à Nancy, le 19 septembre 1435.

Pendant la période plus calme qui suivit l'abbaye acheta, le 13 août 1438, un bien d'Arnaville à Jean Traval, aman ( notaire ) de Metz. En février 1436, Robert de Commercy ravagea le val de Metz, en avril, le comte de Vaudémont prit le château de Haroué, en mai il s'installait en maître à Novéant. Des troupes françaises chargées de démanteler les pillards appelés par le comte de Vaudémont, chassèrent ces coureurs, et après l'occupation de Vaudémont se répandirent dans le pays et y causèrent mille ravages. Un de leurs capitaines nommé Panesach vint jusqu'à Novéant, le 4 février 1439, et pilla les villages voisins avant de continuer son périple. La guerre continua tout l'été, épuisant les parties en présence qui se décidèrent à la paix et signèrent à Metz un traité, le 13 octobre.

En 1543, au cours des guerres de religion, des bourguignons dévastèrent l'abbaye et le château de Gorze, ensuite ils se retirèrent à Dornot, Novéant et Voisage, d'où ils infestèrent tous les environs jusqu'en février 1544. L'abbaye et la terre de Gorze se trouvèrent alors rattachées au Luxembourg par le traité de paix de Crépy et Charles Quint y envoya même des troupes espagnoles pour y passer l'hiver. Ces troupes furent un lourd fardeau pour le pays et elles ne repartirent que dans les premiers jours d'avril 1545. Pour mémoire, l'Abbaye de Gorze dont Arnaville dépendait en partie, perdit l'un de ses meilleurs villages: Novéant. Le château de Novéant fut même érigé en fief en 1596; son châtelain s'appelait Regnault GOZ.

Le 18 décembre 1612 Charles de REMONCOURT, abbé de Gorze, créait un nouveau fief à Arnaville, et le donnait à Ferry CORCOL, son receveur à Prény. Le 05 octobre 1618, Louis de Guise, comte de Boulay, baron d'Apremont, les maires et communautés des villages de Pagny, Arnaville, Vandelainville firent un accord par lequel lesdits habitants, pour s'exempter de la banalité des fours du compte, promettent de lui payer 200 francs chaque année. En vertu d'un autre accord passé le même jour, ils obtiennent l'exemption de la banalité des pressoirs, à charge de payer le droit de pressoir à raison de deux setiers la taille.

Puis arriva une des époques les plus sombres de notre région avec la guerre de Trente Ans (1618/1648). Le long règne (1625/1675) du duc de Lorraine Charles IV, homme sans parole et comploteur à souhait, coïncidait avec cette période, la rendant encore plus difficile. Les eaux fortes de Jacques CALLOT baptisées " Misères et malheurs de la guerre " ont si bien su décrire les méfaits et les châtiments des soudards qui ravageaient alors la Lorraine jusqu'à en rendre des régions entièrement ruinées, dévastées, exsangues. Les chroniques de l'époque ne nous permettent pas de faire un récit continu des faits sanglants ayant affecté Arnaville; seuls ont été retenu les actions les plus importantes, certaines fois à l'échelle de la Lorraine. La narration des sacs et dévastations sera donc restreinte, ce qui n'en n'interdit pas l'existence même. Depuis 1632, les Français occupaient la Lorraine.

En 1635 les troupes du duc malmènent les mercenaires français sans pour autant en tirer avantage. Le maréchal de la Force contre-attaque, son armée dont une partie est composée d'Espagnols s'attaque à Arnaville qu'il saccage. Il fait ensuite le siège du château servant de refuge aux habitants. L'armée française perd plusieurs combattants dont un chef espagnol au cours de quelques mêlées. Malheureusement le château doit se rendre. La population est aussitôt réquisitionnée pour le détruire. A présent les habitations sont détruites, la citadelle ruinée et les cultures dévastées. Le traité du 21 mars 1641 entre Louis XIII et Charles IV instituait l'assujettissement de la Lorraine au roi de France. Cette situation amena le duc à comploter. La réaction fut immédiate: les troupes françaises menées par Du Hallier envahirent la Lorraine. Le village subit de nouveau une mise à sac, les maisons sont incendiées, le bétail et les réserves alimentaires pillés et il n'est plus possible de faire de la culture car les outils et les semences ont également disparus. Lorsque les survivants qui avaient pu se sauver reviennent, ils ne retrouvent que des ruines. La famine fit son apparition et des pauvres affamés erraient en mendiant car la grêle avait détruit les vignes et en 1642, le village avait été ruiné par les français. De plus l'hiver 1641 très rigoureux avait été catastrophique. En 1650 le maréchal Bonnegarde ravage à nouveau la vallée du Rupt de Mad.

En voir plus ! " Les habitants dudict arnaville a cause de leur grande pauvreté, n'ont payés depuis plusieurs années aucunes cens en vin, ny en (reiets), et quoy que lon les aient menassés de leur confisquer leurs heritages Ils ont declarés ne sen mettre en peine, et quils gagneront aussi bien leurs vies ailleurs par leur travail qu'au~ arnaville "
Comptes de l'an Mil six quarante deux que rend Monseigneur Vignier ... de l'abbaye de gorze de tout ce quil a peu touscher de rentes et revenus...

 

Cette guerre entre les protestants allemands et leur empereur déborda largement en Lorraine. La victoire demeurait catholique, cependant en 1622, les débris de l'armée vaincue, 25.000 hommes environ, sous les ordres de Ernest de Mansfeld et Christian de Brunswick quittèrent l'Alsace pour porter secours aux Hollandais, mais bifurquèrent brusquement et se jetèrent sur la Lorraine. Le 26 juillet ils arrivaient à Jouy et Corny. Le 27, la troupe traversa la Moselle à Novéant; la cavalerie passa à gué, l'infanterie sur un pont de planches. Cette armée se dirigea vers Mars la Tour via Gorze. Il n'existe aucune précision en ce qui concerne Arnaville, mais on est en droit de penser que sans recevoir le gros de la troupe, notre village a du supporter quelques exactions.

A tous ces tourments, de 1623 à 1625, vient s'ajouter une grave épidémie de peste qui achève encore de décimer la population. Il existe dans des villages voisins certaines zones réservées aux malades, les empêchant ainsi d'être contagieux, mais Arnaville n'en a pas gardé trace. Les troupes françaises occupèrent plusieurs fois Gorze, début avril 1633, puis fin août, période à laquelle elles s'établirent solidement en même temps qu'à Nancy. Elles purent ainsi de combats en représailles effectuer leur sale besogne. Fin septembre 1635, les Français après une retraite vers Metz occupèrent tous les villages situés entre Metz et Pont à Mousson, mais se trouvant en pays "ami", ils ne se montrèrent pas trop cruels.

A cette époque, les Suédois sévissaient vers le pays de Seille. Ils y brûlèrent un grand nombre d'églises et ne laissèrent après leur passage qu'un désert. Ils se dirigèrent alors vers Verdun. Bernard de Weimar, leur chef, choisit La Tour en Woëvre comme poste de commandement d'où ses bandes rayonnaient de Bar le Duc et Verdun, à Pont à Mousson et Novéant, ne laissant aucune demeure intacte sur leur passage. Thiaucourt et Chambley, dont les châteaux ne s'étaient pas rendus furent entièrement détruits. C'est alors que des corps de Lorrains et de Croates à la solde de l'Espagne, envahirent le pays de Metz. Vers le 20 avril 1636, 700 cavaliers partirent de Richemont pour attaquer Boulay, les bords de la Nied et de la Seille pour ensuite s'abattre sur Arnaville dont les maisons furent pillées et les habitants chassés. Le 25 avril, c'est Gorze qui fut mis à feu et à sang. La peste sévit encore jusqu'en mars 1637.

En 1654, Charles du Lis, lieutenant général du prince Charles de Lorraine, proposa l'établissement d'officiers de justice à Novéant, Onville, Vionville et Waville. Enfin le 28 février 1661 est signé entre la Lorraine et la France, le traité de Vincennes qui ramena la paix. Charles IV comme à l'accoutumée n'était pas satisfait de cet accord et pour se venger, créa des postes de douanes pour entraver le commerce avec les messins devenus français. Des octrois sont mis en place notamment à Arnaville (encore une fois ville frontière) et à Vandières pour prélever des taxes sur les marchandises et des droits de passage. Les français firent de même pour gêner le commerce lorrain. Le 8 octobre 1664, à la requête du procureur général, le parlement de Metz, rendit un arrêt qui défendait aux habitants de la Terre de Gorze, de reconnaître un autre souverain que le roi et de suivre aucune autre coutume que celle de Metz, sous peine d'être déclarés criminels de lèse majesté. L'arrêt visait spécialement, comme plus coupables, les villages de Tronville, Arnaville, Hagéville, olley et Villecey. L'apaisement se fit par crainte des représailles, mais il ne dura pas; car le parlement dut renouveler son arrêt le 4 septembre 1677. Il est aisé de comprendre que la situation devenait explosive et de plus les accrochages entre soldats des deux bords se multipliaient.

En 1670, la Lorraine fut de nouveau envahie par les 25.000 hommes du maréchal De CREQUI. Arnaville est à nouveau en première ligne et doit loger les soldats et subvenir à leurs besoins. Il s'en suit une grande désorganisation de la vie quotidienne et des institutions. En l'absence d'autorités, les élections annuelles ne sont plus organisées. Le prévôt et capitaine de Prény, Nicolas FOURNIER, arrive à Arnaville le 14 janvier 1673 pour renouveler le maire et les syndics. Le maire et les syndics sortants (respectivement Jacques ANTHOINE, Louis NICOLAS, Demange ESTIENNE et Simonin ESTIENNE ) font état des comptes de la communauté sur les deux dernières années. On procède ensuite à l'élection: Estienne BAZAILLE est choisi comme maire aux détriments de Christophe NAULDIN et de Jean HAMEL le jeune qui devient échevin.

Estienne VALTOS et Demange ESTIENNE sont nommés adjoints de justice et sont particulièrement chargés de faire respecter les coutumes de la Lorraine, d'en défendre les intérêts sans oublier la présence française. Celle-ci durera jusqu'en 1697. L'occupation reprendra à nouveau en 1701 pour peu de temps. Le traité de Paris signé le 21 janvier 1718 définit les limites Lorraine/France: Arnaville reste lorrain et ne deviendra français qu'en 1766, à la mort de Stanislas Leckzinsky.

A noter que les villages d'Onville, Waville et Villecey sur Mad quant à eux devinrent français. Depuis 1680, les habitants de Scy, Chazelles et Longeville se refusaient de payer, comme autrefois, la dîme de leur vin. Après bien des pourparlers, des plaidoiries et transactions, en 1762 un arrêt de la cour de Dijon , longuement motivé, donna force de loi à l'abbé de Gorze en condamnant les propriétaires à payer la dîme au vin. En 1706, survint la même difficulté à Arnaville; deux habitants: Martel et Saint André, prouvèrent que leur cens n'avait été ni versé ni réclamé depuis plus de 40 ans et conformément à un article fort clair de la coutume de Metz, le tribunal de cette même ville reconnut leur droit et débouta l'abbé de Gorze de sa demande par sentence du 6 mars 1708. Après avoir entendu le rapport du procureur général REGNIER, cette sentence fut confirmée en appel, le 11 juillet 1710, avec amende et dépens.

En 1747, par lettres patentes du 11 septembre, le roi de France, Louis XV, et du duc de Lorraine, Stanislas accordèrent à Mgr ArmandJules de Rohan tous les pouvoirs nécessaires pour renouveler le terrier de l'abbaye. Monsieur Pierre VILLAIN, arpenteur à Arnaville fut nommé pour diriger ce travail. Il fallait du temps pour parcourir la Terre de Gorze et toutes les localités en dehors de la Terre, où se trouvaient des biens abbatiaux. Il fallait surtout une étonnante persévérance au chef arpenteur pour réunir et entendre les intéressés, pour mesurer et noter tous les biens en détail avec leurs limites et leurs rapports, leur origine de droit et leur situation de fait. Cependant Pierre VILLAIN surveilla et exécuta souvent par lui même tout ce grand labeur. Il eut la joie de le mener à bonne fin, et il vécut assez pour en redire gaiement les fatigues. Ce terrier composé de 7 tomes, partagés en 19 volumes, nous apprend que l'abbé possédait des revenus ou droits dans 114 localités de France et des duchés de Bar et de Lorraine dont Arnaville en temps que seigneur partiel. Pour la France on peut citer Ancy sur Moselle, Dornot, Gorze, Novéant, Onville, Villecey et Waville, pour le duché de Lorraine, en dehors d'Arnaville, on relève Bayonville, Buxières lez Chambley, Charey, Lachaussée et Pagny sur Moselle, Le cadastre et tous les textes annexes datent de 1746/48.

A ce moment, le vicariat d'Arnaville dépendait du diocèse de Metz et de l'archiprêtré de Gorze, et vivait sous le patronage de l'abbaye. On rappelle également que le ban Saint Gorgon résultait d'une donation de Conrad de Scharphenneck en 1221, constatant le patronage immémorial et approuvée par Grégoire IX en 1229. Par ailleurs Arnaville sur Mad appartenait au duché de lorraine, Baillage de Nancy alors que les droits seigneuriaux sur le ban Saint Gorgon relevaient de l'abbé de Gorze qui avait également des parts de la dîme et divers cens. L'abbé possédait également un pré nommé " le Breux de Gorze " à Pagny sur Moselle mais que Pierre Villain rattache aux possessions arnavilloises.

Le 24 février 1766 le duc Stanislas Leczinski meurt dans son château de Lunéville ! La Lorraine a cessé d'exister en tant qu'état souverain ! Les gens d'Arnaville sont désormais français.

Pendant le blocus de 1814, Metz est assiégée, Ars-sur-Moselle est le quartier général des occupants russes commandés par le général Yousefowitz. Le 22 mars la garnison de Metz, au cours d'une sortie sous les ordres du général DURUTTE, les attaque et les force jusqu'à Arnaville, 300 soldats russes sont tués ou faits prisonniers. Pendant la seconde invasion (juillet 1815) , une attaque au départ de Metz sur Ars-sur-Moselle se termine à nouveau à Arnaville où les troupes françaises se " fusillent " par méprise et perdent 40 hommes.

L'année 1854 voit la fin des services de la Poste aux Chevaux qui fonctionnait depuis la fin du XV° siècle. Quelques années auparavant, une diligence avait été attaquée à Arnaville sur la route de Pagny.

En juillet 1870, commence la mobilisation générale, prélude à la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne ... La déclaration de guerre survient le 19 juillet 1870, La mobilisation a lieu ce même mois. Le 12 août les premiers cavaliers allemands sont visibles sur la colline d'Arry L'empereur Guillaume, le général Von MOLTKE et le prince Frédéric Charles logent à Pont-à-Mousson jusqu'au 23 août. Jusqu'au 16 août la II° armée prussienne du prince Frédéric Charles campe à Pagny et à Arnaville et rejoint la l'armée qui a traversé la Moselle près d'Ars. 16 août 1870, vers 20h3O, fin de la bataille de Gravelotte. Sedan capitule le 10 septembre, Metz le 27 octobre.

Conséquences de la guerre de 1870.

Déplacements de personnes: L'annexion d'une partie de la Lorraine, entraîne une forte migration vers les territoires restés français dont Arnaville fait partie bien entendu. Tout le monde a entendu parler des établissements Moitrier, conserveries alimentaires émigrées de Metz vers Bayonville ! Des personnes sont également venues s'installer dans notre village; un fabricant de flanelle de Metz, Monsieur Jean Fabius HENRION en est même devenu maire! L'entreprise Henrion/Blondin (Blondin, du nom de son épouse) fabriquait de la flanelle, des couvertures et des laines filées. Cette usine installée dans l'ancien moulin bas, réalisait les opérations de filage, teinture et tissage.

Occupation par l'ennemi: Le vainqueur imposa aux vaincus le paiement d'une très forte dette de guerre. Pour que cette dette soit réglée le plus rapidement possible, les envahisseurs deviennent des occupants. Nos villages sont donc occupés trois années par les Prussiens du 91° régiment d'infanterie, de la 19° division du lieutenant général Von TRESCHOW jusqu'au 02 août 1873. L'occupation aura duré trois longues années.

Décisions administratives de l'occupant: Monsieur LE GUAY, préfet du département a signé le 05 septembre 1872, une circulaire qualifiée de confidentielle, destinée aux maires, concernant les instructions à donner à leurs gardes champêtres pour l'ouverture de la chasse. Elle précisait en substance "qu'aucun chasseur ne doit se servir d'armes à feu s'il n'est porteur d'un permis de port d'arme délivré par l'autorité militaire allemande, permis qui est tout à fait différent du permis de chasse délivré par l'autorité française. Le permis de port d'arme est délivré dans les conditions suivantes: une demande doit être présentée par un lieutenant de louveterie, sous sa responsabilité personnelle et pécuniaire de la confiance que doit inspirer le pétitionnaire, ce dernier étant considéré comme son auxiliaire. Le permis n'est accordé par l'autorité allemande que dans le cas où l'autorité française considérerait l'octroiement de cette autorisation comme nécessaire pour la destruction des animaux nuisibles ( termes employés par le général von Treschow ). Les maires seront responsables de tous les abus qui pourraient se commettre soit de la part des permissionnaires, soit surtout de la part de porteurs d'armes à feu non autorisés. Veuillez donc, Monsieur le Maire d'Arnaville, dans votre intérêt, et pour éviter des amendes , peut-être même des logements militaires, faire exercer la surveillance la plus active sur les chasseurs de votre localité. "

Mise en place de la douane pour la nouvelle frontière: Cette frontière tracée par Bismarck entraîne la création d'un nouveau service dans la vallée du Mad: les douanes! En effet un cordon douanier dense s'installe

=> Une capitainerie à Mars la Tour,

=> Une lieutenance à Chambley,

=> Une brigade à Bayonville et à Onville,

=> Une sous lieutenance à Arnaville.

La Douane à ARNAVILLE

La présence de cet important dispositif sera effective jusqu'à la première guerre mondiale.

   

La frontière entre Arnaville et Novéant sur Moselle (carte postée en 1911)

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Libération d'ARNAVILLE en 1944 par H. LEFEVRE

 

Dès le début de septembre 1944 les bruits couraient que les Américains approchaient. Les Allemands étaient nerveux et pour être plus sûrs de la population, tous les hommes étaient obligés d'aller coucher à la salle d'œuvres et les sentinelles allemandes montaient la garde devant la porte. L'appel était fait par le secrétaire de mairie qui avait beaucoup de mal pour expliquer l'absence de l'un ou de l'autre.

LES AMÉRICAINS ARRIVENT...

Les troupes allemandes en déroute descendaient le village à pied, à bicyclettes, en automobiles " réquisitionnées ", en voitures à chevaux. M. Paul Welsch lut obligé de conduire une charrette d'Allemands, mais comme Il ne voulut pas dépasser Novéant, il fut tué le 31 août.

Le 3 septembre, les Américains de la Division Patton firent leur apparition et descendirent la grande rue sur leurs véhicules. Les Allemands avaient disparu. Tous les habitants acclamèrent leurs libérateurs et leur offrirent des bouteilles de vin gardées précieusement pour cette circonstance. Mais, tout-à-coup, une rafale d'obus tirés par des batteries situées Juste en face sur la côte d'Arry prirent la grande rue en enfilade et les Américains repartirent en vitesse vers Bayonville, laissant le village entre deux feux.

La première JEEP Américaine, rue du Pallon à Arnaville le 3 septembre 1944

 

... PUIS REPARTENT !

A la nuit, les Allemands réapparurent et demandèrent: " Qui était donc cette femme habillée de blanc qui acclamait les Américains devant l'école ?". Et Mme Louise Martin n'en menait pas large...

A la mairie, dès l'apparition des Américains le garde champêtre, M. Fouligny, avait hissé le drapeau et jeté à terre le portrait encadré du maréchal Pétain. Il avait fallu faire disparaître tous ces signes de réjouissance. D'ailleurs les Allemands avaient beaucoup à faire. Ils annoncèrent aux habitants qui étaient tous repartis dans leur cave, qu'ils allaient faire sauter le village. Mais ils se contentèrent de faire sauter à la dynamite la maison de M. ermend Collignon, maire d'Arnaville et celle de Mlle Grégoire qui était juste en face pour empêcher les véhicules américains de passer. Puis, ils minèrent les ruelles situées autour du village.

 

maisons Grégoire à gauche (et la voute) et Collignon à droite *

 

Le 4 septembre, le jeune Marcel Navel, 14 ans, qui revenait des Champs avec son père, fut blessé d'une balle allemande et mourut le même soir à minuit. Le même jour, 4 septembre, dans l'après-midi, une fusillade se fait entendre et résonne lugubrement dans la vallée encaissée.
Ce sont les F.F.I. qui précédent les Américains et contournent le village par le sud à travers bois. Quelques-uns apparaissent, sous le passage inférieur près du café de la Lorraine, mais sont accueillis par les tirs d'une mitrailleuse située dans la, maison des demoiselles Antoine. L'un des F.F.I., M. Tadeusz Markowski de Moineville, est tué net vers 18 heures. Des civils sont requis pour aller chercher son corps et le ramener au village.

Les Américains qui avaient creusé des abris, dans les bois entre Arnaville et Bayonville, canardaient sans arrêt, les positions allemandes situées sur le versant de la côte d'Arry. Puis, dans la nuit du 4 au 5 septembre, Ils réapparurent et occupèrent le village, mais avec précaution. Les Allemands avaient encore une fois disparu. Les civils aidèrent les Américains à déblayer la route des débris des maisons Collignon et Grégoire.

UNE LONGUE " CONVERSATION" AU DESSUS DE LA MOSELLE

Alors commença un duel d'artillerie entre les Américains et les Allemands qui tiraient au-dessus de la Moselle, duel qui dura jusqu'à Noël 1944.

Les batteries allemandes Placées sur la côte d'Arry furent rapidement réduites au silence. Mais, les Allemands tiraient aussi depuis les forts Saint-Blaise au-dessus de Corny et Jeanne-d'Arc, au-dessus d'Ars-sur-Moselle.

 

carte postée en 1905, vue d'Arnaville sur la Moselle

 

Les canons Allemands essayaient d'empêcher les Américains de construire des ponts sur la Moselle et de passer sur la rive droite. Ils y réussirent pendant environ deux mois. Ils tiraient aussi sur le village par rafales de 8 à 10 obus. Il fallait vite se mettre à l'abri : les projectiles n'étaient pas bien gros mais ils étaient très meurtriers. Rares sont les maisons qui n'en ont pas reçu; toutes avaient les vitres brisées et les toitures enfoncées, mais les obus ne descendaient pas beaucoup plus loin que les greniers ou les étages supérieurs.

DES VICTIMES PARMI LES CIVILS

il fallait surtout ne pas se faire surprendre par le premier obus de chaque rafale. C'est malheureusement ce qui arriva MM joseph Boudas et Louis Dillon, qui avaient cru être à l'abri du mur Braconnier, mais qui ont été tués le 13 septembre à midi. Puis, M. Alfred Laurent qui voulait voir l'éclatement des obus et qui fut tué le 5 novembre à 18 h 30, devant la maison Laumet.
Mme Ernestine Curicque, 80 ans, fut tuée le même jour à 19 heures 30 dans la Grande-Rue, devant sa porte d'où elle sortait pour se rendre à l'abri Braconnier.
A ces victimes civiles il faut ajouter Mme Marte Collon et M.Pierre Penazzato, qui ont été blessés mortellement par les mines posées par les Allemande dans les ruelles entourant le village. Bien d'autres ont été blessés ou sont tombés malades et ont été emmenés vers l'arrière et même jusqu'en Angleterre.
Enfin, les Américains réussirent à créer une tête de pont sur la rive droite et à chasser les Allemands des forts de Metz. En décembre, les habitants qui s'étaient enterrés dans l'abri Braconnier qui pouvait contenir 50 personnes en furent chassés par l'inondation et durent chercher refuge ailleurs. Heureusement, déjà à ce moment-là, les bombardements se raréfiaient.
Vers le 5 décembre, on avait appris que le fort Saint-Blaise était pris et les bombardements à vue cessèrent.
Il y eut encore bien des alertes au moment de l'offensive de Bastogne, car on entendait encore le canon et la nuit, le ronronnement de certaines d'avions alliés empêchaient de dormir. Puis cela se calma mais le village ne put vraiment respirer que vers Noël 1944.

TROIS MOIS D'ATTENTE... MAIS LA SOUPE ETAIT BONNE

les habitants ont donc été en état de siège pendant plus de trois mois. ils étaient à la merci d'un éclat d'obus et cependant, il fallait vivre. Depuis le début de septembre, il n'y avait plus d'électricité ; on était sans nouvelles (les, transistors n'existaient pas).
Heureusement, les champs étaient bons à récolter. Alors, on allait entre deux rafales,. arracher des pommes de terre. des carottes, couper des choux, cueillir des tomates, des haricots et ramasser les poules et les lapins victimes eux aussi des bombardements. Tout cela, en ce qui concerne l'abri Braconnier, était réuni dans une chaudière à cochons et constituait une excellente soupe surveillée par Mme Jeannerot et distribuée à toutes les personnes réfugiées dans l'abri.

H. LEFEVRE.

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* d'après M. JF Genet: "crédit photographique: Mr Marcel Quack" dont nous détenons des tirages anciens !!
 

 

 

La tête de pont d'Arnaville en septembre 1944 par C. FOX
Source: Nos villages Lorrains 6028/32 (autorisation de M. Michel Ney)
 

L'armée américaine passe la Moselle à Arnaville le 9 septembre 1944

 

Arnaville, meurtrie durant quatre années de 1914 à 1918 allait, en septembre 1944 se retrouver subitement, sans que rien ne l'ait laissé prévoir en première ligne.
C'est à Arnaville que les troupes US ont franchi pour la première fois la Moselle créant "La tête de pont d'Arnaville". Le terme apparaît dans tous les récits officiels américains, notre village se serait bien passé d'une telle renommée. Nous nous efforcerons de ne parler que des événements qui se sont déroulés près d'Arnaville, mais, pour leur bonne compréhension, il faudra parfois un peu dépasser ce cadre.
Après une extraordinaire progression de près de six cents kilomètres qui du 6 au 24 août 1944 l'avait menée d'Avranches aux confins de la Lorraine, il semblait que la 3ème Armée US du Général PATTON allait bousculer les arrière-gardes ennemies qui tentaient de retarder sa marche victorieuse vers l'Est et que la Moselle serait atteinte et dépassée dans les deux ou trois jours, le 20ème CA du Général WALKER n'était-il pas à VERDUN?

Le Lieutenant-Général Walton H. Walker

Mais, le 25 août 1944 la rapide avance des forces alliées a terriblement allongé les lignes de communication et le ravitaillement en essence commence à devenir difficile. Le Général EISENHOVER obligé de faire un choix, a décidé de porter l'effort principal au nord et a accordé priorité pour le ravitaillement en essence à la 1ère Armée au détriment de la 3ème qui va être pratiquement immobilisée du 1er au 5 septembre. Il est impossible de se porter en force vers la Moselle comme le désirait le Général PATTON ; ce délai permit aux Allemands de renforcer sérieusement la défense de METZ et de la Moselle.

Le 20ème CA vidait les réservoirs de certains engins pour en remplir d'autres et malgré sa chance d'avoir trouvé un dépôt allemand intact, ne peut durant ces jours n'envoyer que quelques patrouilles vers le nord et l'est. Le 3ème groupe de Cavalerie va s'y employer avec un élan et une hardiesse remarquables, des reconnaissances atteignent la région d'ARNAVILLE, mais le manque de carburant oblige la cavalerie à faire demi-tour. Dès le 3 septembre les patrouilles se heurtent à de nouvelles résistances et les renseignements des F.F.ï précisent que les Allemands se renforcent rapidement face à ARNAVILLE.
Le 4 septembre, le ravitaillement en essence commence à s'améliorer et les divers échelons de commandement peuvent envisager la reprise prochaine de la marche en avant, mais personne ne pense que les Allemands pourront résister sérieusement sur la Moselle.
Sautons au 6 septembre, de bonne heure la 7ème DB (1) déclenche, sur tous les itinéraires de fortes reconnaissances de combat suivies par les gros. Suivons seulement les éléments qui intéressent la suite de notre récit. La colonne nord du C.C.B bouscule l'ennemi à l'est de REZONVILLE, mais ne peut avec ses blindés poursuivre au delà du ravin de la Mance qui est miné et sous le feu de l'ennemi.
Dans la soirée le 23ème Bataillon d'infanterie portée rejoint la colonne, s'infiltrant dans les bois sud de GRAVELOTTE, il occupe le 7 au matin le Hameau et malgré les feux du Fort Driant, il parvient à nettoyer DORNOT mais ne peut franchir la Moselle.
Plus au sud une compagnie du même bataillon elle aussi s'est infiltrée dans les bois entre GORZE et ARNAVILLE et réussit à atteindre le canal entre ARNAVILLE et NOVEANT alors que les chars du sous-groupement sont bloqués par des mines et des obstacles devant GORZE; la compagnie est découverte au lever du jour par les Allemands qui l'accablent de leurs feux.
Dans la matinée du 7 une partie du C.C.B. nettoie le ravin de GORZE et rejoint le 23ème Bataillon d'infanterie, mais sans cesse contre-attaquées, écrasées par de violents tirs la situation des unités ayant atteint la Moselle reste précaire.
La 5ème Division d'infanterie avait serré au plus près derrière la 7ème DB, le général commandant le CA donne alors l'ordre de faire dépasser la 7ème DB par la 5ème DI et franchir la Moselle à DORNOT. Mais la 5ème DI est relativement dispersée et ses unités vont avoir beaucoup de mal pour avancer vers la Moselle, en particulier le 11ème RI désigné pour effectuer le passage à DORNOT. En effet les routes sont encombrées par les chars et les véhicules de la 7ème DB qui a été stoppée ; il faut aussi déminer et démolir les nombreuses barricades pour permettre au matériel de génie de rejoindre la Moselle.
Ce n'est qu'à la nuit que le 3ème Bataillon du 11ème RI atteint les hauteurs entre DORNOT et NOVEANT ; le 2ème bataillon arrivera un peu en arrière vers 4h.30 le 8, alors que le 1er occupe les hauteurs nord et sud d'ARNAVILLE et commence de descendre vers la Moselle.
Le début de la matinée du 8 est employé à remettre de l'ordre dans l'embouteillage de GORZE et à coordonner l'action des éléments de la 5ème DI et du CCB 7, enfin à la mise en place de l'artillerie et d'assurer ses liaisons avec l'infanterie.
Vers 13h.30 malgré un feu violent de mortiers deux compagnies du 2ème bataillon du 11ème RI et quelques éléments du 23ème Bataillon porté traversent la Moselle devant DORNOT. Le succès ne va pas durer, contre-attaqué violemment au pied des forts par le 2ème Bataillon du 37ème Panzergrenadier régiment, à la tombée de la nuit la tête de pont de DORNOT est bien réduite et tout espoir de lancer un pont évanoui. Aussi le Général IRWING commandant de la 5ème DI décide de tenter un passage plus au sud entre NOVEANT et ARNAVILLE. C'est le l0ème RI jusqu'alors en réserve qui est chargé de l'opération prévue dans la nuit du 9 septembre. Il bénéficiera du maximum d'appui d'infanterie et des feux des tanks destroyers. Son passage sera camouflé aux vues des forts par une émission de fumée faite par la 84ème Compagnie d'émetteurs de fumée qui s'installe aux environs du point de passage en fin de journée du 8.
C'est à 2 heures, le 9, que commence le passage des premiers éléments d'infanterie
par bateaux d'assaut; l'ennemi est surpris et ses réactions peu efficaces. A 7h.30 les compagnies de tête des 1er et 2ème Bataillons sont sur la rive Est et occupent l'objectif, c'est à dire pour le 1er bataillon la cote 386, pour le 2ème la côte 310 et le Bois de Gaumont.
L'ennemi réagit avec des chars et de l'infanterie, surtout depuis ARRY; de violents combats allant jusqu'au corps à corps se déroulent; les chars allemands sont arrêtés par les bazookas, mais vers midi une nouvelle contre-attaque en force fait céder le 1er Bataillon du 10ème RI; la situation ne peut être rétablie que grâce aux tirs de l'artillerie, des tanks destroyers et surtout par l'intervention des P 47 qui apparaissent opportunément dans le ciel.
La I7ème Panzergrenadiere Division ne ralentit pourtant pas son activité et, dans l'après-midi lance attaque sur attaque contre la tête de pont qui, en fin de journée est renforcée par les premiers éléments du 11ème RI.
Le vent ayant tourné le rideau fumigène avait été ramené vers l'ouest, la 84ème Compagnie réussit à changer les emplacements des générateurs et à la nuit la protection couvrait huit à dix kilomètres de vallée; d'ailleurs le lendemain il était possible de faire passer quatre générateurs sur la rive est et tous les jours de 5h.15 à 21h.30 l'écran sera tendu; il en sera ainsi jusqu'au 8 novembre date de la reprise de l'offensive.
Devant la réussite du l0ème RI et la précarité de la situation du 2ème Bataillon du 11ème RI dans la tête de pont de DORNOT contre laquelle l'ennemi lance des assauts continuels, au mépris des pertes et où avec une ténacité et un héroïsme incroyable une poignée d'Américains tient tête à quatre bataillons allemands, le commandant de la 5ème DI décide l'évacuation dans la nuit du 10 au 11 septembre. Le 2ème Bataillon du 11ème RI avait perdu presque tous ses officiers et trois cents hommes, le 23ème Bataillon porté avait lui aussi payé un lourd tribut.
A ARNAVILLE la construction d'un pont se révèle difficile, non seulement le site est sous le feu permanent de l'artillerie allemande et les sapeurs se heurtent à des problèmes successifs et compliqués. Il faut d'abord franchir le Canal, puis le Rupt-de-Mad et enfin un large espace découvert avant d'atteindre la Moselle. Aussi quand le jour se lève, le 11, aucun pont n'a pu être lancé malgré les efforts des sapeurs; seul un bac fonctionne et permet de faire passer quelques renforts dont des canons antichars qui vont se révéler rapide ment très utiles.
En effet, à l'aube les Allemands renouvellent leurs attaques contre la tête de pont portant leurs efforts sur la côte de Faye et au nord d'ARRY, le 2ème Bataillon du 11ème RI est très éprouvé mais tient quand même.
Dans les premières heures de la matinée le 11ème RI commence à passer à son tour à l'est de la Moselle et le général IRWÏNG lui prescrit d'enlever CORNY qui constitue un dangereux point d'appui sur le flanc nord de la tête de pont.
Dans l'après-midi, au prix de lourdes pertes le 3ème bataillon du 11ème réussit à prendre pied dans les premières maisons de CORNY.
La situation du 10ème RI s'améliore, quelques tanks destroyers et quelques chars sont venus rejoindre l'infanterie, de nombreux groupes d'artillerie peuvent intervenir et les avions du XIXème TAC agissent très efficacement sur CORNY, sur ARRY et sur de nombreuses batteries ennemies repérées.

Passage de la Moselle par une unité sanitaire

 
Enfin dans la nuit un pont est construit. Malgré l'écran de fumée il sera souvent atteint par l'artillerie ennemie mais, inlassablement, les sapeurs le répareront.
 

Type de pont métallique édifié sur la Moselle par le génie.

 

L'ennemi n'a pourtant pas perdu tout espoir de rejeter les Américains à la Moselle et le 12 septembre à 3h.30 un nouvel assaut plus puissant et plus furieux que jamais est lancé contre les lignes des 10ème et 11ème RI par des éléments de la 17ème SS Panzergrenadiere, de la 3ème et de la I5ème appuyés par une importante artillerie. Des combats acharnés se déroulent à la droite du 10ème RI et dans CORNY mais, au jour, les Américains ont à peu près mainte nu leurs lignes. A partir de midi le 31ème Bataillon de chars et un escadron de tanks destroyers rejoignent la tête de pont y apportant un accroissement de forces important.
La "TETE DE PONT D'ARNAVILLE" a tenu et tiendra. C'est de là que les forces destinées à encercler Metz par le sud s'élanceront. Les ponts tactiques ont été remplacés par des ponts de pilotis; la construction de celui d'Arnaville en octobre sera faite sous le feu permanent de l'artillerie allemande obligeant sans cesse d'interrompre le travail.
Peut-être quelques lecteurs de ces pages auront le désir d'aller se promener vers l'écluse d'ARNAVILLE, de méditer sur ces événements vieux de plus de cinquante ans et d'avoir une pensée pour ces G.I. venus de l'autre côté de l'Atlantique délivrer notre Lorraine.


Charles FOX
Source principale: Ch. FOX: "Le 20ème CA.US libère Metz 1er septembre/ 26 novembre 1944"
Etude à base de rapports officiels U.S. Un article en a été tiré pour la Revue Historique de l'Armée N° 1 - 1953.
 
(1) : (retour) Une DB (division blindée - comprend essentiellement trois Combat Command, CCA 1, CCA 2 autour d'un bataillon de chars CCR autour d'un bataillon de Tanks Destroyers (TD) anti-chars.
 
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