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INDONESIE
Bali
Dimanche 28 janvier 2007
Il est vingt et une heures précises le samedi soir lorsque nous montons dans le bus qui va nous ramener à Makassar . Nous dormons bien quand le chauffeur nous réveille devant l'aéroport. Il est quatre heures et demie et les premières lueurs de l'aube apparaissent à l'horizon. À peine le temps de descendre, encore dans les vapes, les bagages jetés en vrac par terre que déjà il est reparti. J'espère que nous n'avons rien oublié, sinon nous sommes mal !
L'avion tout neuf de Lion Air atterrit en douceur sur la piste de Denpasar à Bali.
Nous voilà donc revenus ici pour la troisième fois ! Lors de nos deux précédents séjours, nous sommes tombés amoureux de cette île, justement surnommée l'île des dieux. Ici, tout est en effet réuni pour passer un séjour agréable : superbes paysages de rizières en terrasse, us et coutumes encore bien vivaces, toutes les sortes d'art, hôtellerie et restauration pour toutes les bourses sans exception, et, surtout, l'exceptionnelle gentillesse de la population.
Cette fois-ci pourtant, une petite déception nous attend dès que nous posons le pied sur le tarmac : l'odeur ! D'habitude, arrivant directement de Paris, une odeur puissante de riz et d'encens mêlés frappaient nos narines dès l'ouverture des portes de l'avion. Aujourd'hui, point ! Nous sommes en Asie depuis trop longtemps, et tous les jours nous respirons l'odeur du riz. Vous pensez bien que notre odorat a eu le temps de s'accoutumer ! Mais bon, j'aimais bien ces effluves à l'aéroport ! Cela nous mettait en condition !
Comme à chaque fois que nous sommes venus, un taxi nous emmène directement à Ubud, notre village préféré. Pour rayonner dans l'île, c'est en effet un des meilleurs points de chute. Nous avons la chance de trouver un hôtel familial en plein centre, à deux pas du marché, au calme, joli et pas cher pour les prestations fournies.
Après une douche salutaire dans notre grande salle de bains, nous partons faire un tour dans les rues d' Ubud . Rien n'a vraiment changé depuis notre dernier passage il y a cinq ans. Peut-être les restaurants du centre sont-ils devenus un peu plus cossus et agencés un peu plus au goût des touristes. Certains d'entre eux ont d'ailleurs l'air d'être tenus par des étrangers. En passant devant notre ancien logement, nous ne résistons pas à la tentation de visiter le petit temple qui lui sert d'écrin. Les bungalows sont aujourd'hui en pleine rénovation et il faut avouer qu'ils en avaient bien besoin ! Plus loin dans le village, nous achetons des sarongs (paréos locaux) dans la même boutique que les deux autres fois. Le patron nous croit sur parole quand nous le lui racontons, et nous fait un bon prix pour les deux !
Pour terminer l'après-midi, nous retournons à l'hôtel passer une petite heure au bord de la piscine coincée dans un renfoncement du jardin entre le temple familial et un haut bâtiment de trois chambres. Chaque jour, un immense thermos de thé est mis à disposition sur la table de notre terrasse. Avec quelques gâteaux achetés dans un petit supermarché, nous en buvons une grande tasse. Le soir, pour fêter notre arrivée, nous mangeons dans un restaurant plus chic que d'habitude et qui se révèlera en fait très bon. Et lorsque nous nous couchons dans notre grand lit à baldaquin, la berceuse est totalement inutile !
Lundi 29 janvier 2007
Après un très bon et copieux petit-déjeuner, nous avons hâte de retrouver l'animation, les couleurs et les odeurs du marché central. Rien n'a changé, nous croyons même reconnaître une vieille femme qui vend toujours ses corbeilles tressées, en feuille de cocotier, qui serviront pour les offrandes. La cour et la halle sont envahies de légumes, de fleurs, de volailles... Malgré le tourisme, ce marché pittoresque a su garder toute son âme. Les locaux viennent nombreux des environs faire le plein de provisions pour s'entasser ensuite dans les bemo, les bras chargés de victuailles, et regagner leur village.
Je m'arrête quelques instants devant le temple où des femmes viennent déposer leurs offrandes quotidiennes. Elles honorent chaque autel d'un petit panier tressé dans lequel sont disposés quelques grains de riz cuit, une friandise, des pétales de fleur et un bâton d'encens. Devant le dernier autel, elles s'agenouillent et, avec des gestes d'une grâce infinie, bénissent de quelques gouttes d'eau une ou deux fleurs parfumées de frangipanier qu'elles ajustent ensuite dans leur chevelure.
Je suis en train de prendre un vieil homme en photo dans la rue lorsque celui-ci s'approche pour nous annoncer une crémation qui aura lieu cet après-midi. Pour l'instant, nous n'avons jamais assisté à ce genre de cérémonie. Une première fois, l'attente trop longue nous a fait partir avant le début, une seconde fois, il ne restait pratiquement plus personne devant les cendres encore fumantes lorsque nous sommes arrivés. Pour aujourd'hui, c'est décidé, nous prendrons le temps ...
Le soleil cogne dur lorsque nous atteignons l'endroit de la cérémonie. Quelques personnes sont là en tenue traditionnelle. En ce qui nous concerne, nous sommes en sarong, chose obligatoire pour assister à des funérailles. Au bout de la rue, la tour décorée d'étoffe et de papier qui va servir à amener le corps jusqu'ici est prête. Quatre touristes français, avertis en ville eux aussi, se joignent à nous.
Soudain, un vacarme de cris et de gamelan nous parvient : le cortège est en marche. Une nuée d'hommes amènent, perchée sur leurs épaules, la tour en la secouant et en la faisant tourner dans tous les sens afin que l'âme ne soit pas tentée de retrouver le chemin de son ancienne existence . Le corps est ensuite transféré dans un sarcophage en forme de poisson-éléphant. Nous en déduisons qu'il s'agit d'un sudra (une personne de la caste inférieure). Chaque caste a droit à un animal différent : un taureau pour la caste supérieure, un lion pour la moyenne. Après toute une série de rites religieux, le feu est mis au sarcophage de papier à l'aide ...de lance-flammes reliés à des bouteilles de gaz ! On n'arrête pas le progrès !!! Puis avec un gros bambou, deux hommes trifouillent dans l'armature grillagée maintenant mise à nue et font tomber le cadavre dans le brasier. Je ne vous raconte pas notre surprise. J'avais lu auparavant qu'on brûlait les morts au minimum quarante-deux jours après le décès et, le plus souvent, plusieurs mois ou années après, le temps de récolter la somme nécessaire. À Bali, une crémation coûte en effet le prix d'une voiture ou d'une maison. Lorsqu'on a vu le corps tomber dans les flammes, nous avons donc été très surpris ; choqués serait même plus approprié. Nous qui nous attendions à voir des os ...!
Les yeux rivés sur la scène de ce cadavre rôtissant et prenant la couleur d'un vulgaire morceau de viande sur le barbecue, un des Français à côté de nous ne se sent pas bien du tout ! Ce n'est qu'à ce moment que nous nous apercevons qu'une majorité de l'assistance a déjà abandonné les lieux. Pour les Balinais, la chair ne sert que d'enveloppe à l'âme et ne présente donc aucun intérêt. Dès les premières volutes de fumée, l'âme quitte son enveloppe charnelle et commence alors son Grand Voyage. Pas besoin pour eux de rester plus longtemps. Pour nous non plus, d'ailleurs ! Sans tarder, encore sous le choc émotionnel et avec la sensation d'être soudain très seuls, nous retournons vite reprendre nos esprits en ville.
Pour le souper, nous décidons de retourner dans un petit warung perdu au fond d'une improbable ruelle et que nous fréquentions lors de nos précédents passages. La vieille dame est toujours là à accueillir les clients et son mari toujours à la cuisine. Malgré une carte plus restreinte, nous dînons d'un plat simple et du dessert pour lequel nous sommes revenus ici : le délicieux riz noir au lait de coco et à la banane.... Hhmmmm...... !
30 janvier au 5 février 2007
Nous louons en ce début de matinée une moto pour aller nous promener dans la campagne environnante. Nous n'avons pas de carte, mais les souvenirs sont là et nous retrouvons sans peine la route de Tampaksiring . Les rizières de Tegallalang sont toujours aussi belles et aussi photogéniques même si les cocotiers qui ont grandi cachent un peu plus les terrasses.
Nous arrivons sans problème au temple de Gunung Kawi . Pour y accéder, il nous faut revêtir notre sarong et traverser, par un sentier dallé, un paysage de rizières parfois minuscules taillées à flanc de colline. Dévalant toute la vallée, elles viennent d'être repiquées et sont parfois plantées de cocotiers qui les aident à se maintenir en consolidant leurs bordures. Le temple est coincé au fond, divisé en deux parties par une rivière. Des mausolées taillés dans le roc sont encastrés dans des niches de plusieurs mètres creusées elles-mêmes dans la falaise. Nous y croisons un couple de Canadiens à la retraite avec qui nous avons déjà parlé hier en attendant la cérémonie. Après une courte pose, il nous faut remonter les deux cent trente marches pour atteindre le parking où nous avons garé notre moto. C'est ruisselants de sueur tous les deux que nous nous remettons en route pour sillonner, sans véritable but, une campagne vraiment très belle à cet endroit.
Dans un village réputé pour ses sculpteurs de Garudas , les oiseaux fabuleux de la mythologie indienne, des hommes plutôt jeunes exercent leur art méticuleusement en travaillant sur d'imposants morceaux de bois noble. Certaines pièces peuvent atteindre plus de deux mètres de hauteur et être ciselées dans un seul tronc. Elles atteignent alors des sommes que seuls les plus grands musées du monde peuvent acheter. Le Garuda que notre hôte nous présente avec une fierté non feinte ne sera terminé que dans une année alors que déjà une grande partie paraît achevée !
Quel contraste à quelques kilomètres de là, sur le bord de la route et sous une toile tendue en guise de toit, avec cet artisan qui sculpte sans relâche des masques de bois tendre pour satisfaire les touristes en mal de souvenirs typiques !
La balade terminée, nous retrouvons dans Ubud les deux couples de touristes français d'hier. Remis de leurs émotions, nous allons passer tous ensemble une excellente soirée devant des assiettes de cochon grillé.
Lorsque Chantal se couche ce soir, pour la première fois depuis qu'il sont apparus, les boutons de son zona ont pratiquement disparu et ne lui font plus mal.
Après un petit déjeuner toujours aussi bon et aussi bien servi, nous partons un peu au hasard direction sud-ouest vers le Tanah Lot . En cours de trajet, nous nous arrêtons prendre en photo une file de femmes avec des offrandes sur la tête. Remontés sur la moto, je décide alors de les précéder au temple non loin de là. À l'affût tel un chasseur guettant sa proie devant l'entrée du temple, je patiente un bon moment armé de mon Nikon, mais, peine perdue, elles ne viendront jamais jusque là.
Nous les retrouvons en fait devant une maison particulière où d'autres convives attendent avant d'entrer. De jeunes adolescents viennent discuter avec nous et nous invitent à rentrer nous aussi. Il s'agit d'une cérémonie de limage de dents et d'un mariage.
Incroyable la chance qu'on a !
Un orchestre de gamelan joue la musique typique de Bali, reconnaissable entre toutes. Les deux soeurs en habit et tiare dorés, dont on termine à l'instant le limage des quatre incisives et des deux canines du haut sans anesthésie, viennent de faire à l'occasion de ce rituel un peu barbare leur entrée dans le monde adulte. L'une d'entre elle va même se marier dans quelques instants. Mais elles viennent d'abord, chacune à leur tour, nous souhaiter la bienvenue. Les parents, quant à eux, nous apportent boissons et victuailles. Nous restons ainsi presque trois heures assister aux différents rites de la noce. Un moment impressionnant est celui où le prêtre jette aux pieds de Chantal, assise au premier rang, un poussin qu'il vient tout juste de décapiter avec ses doigts. Durant quelques instants encore, le poulet battra encore des ailes et Chantal ne pourra retenir un petit cri ! Nous préférons partir après avoir chaleureusement remercié la famille quand, la fête religieuse nous semblant terminée, les invités se sont regroupés autour du festin. Notre place n'est plus là. Même si c'est un honneur pour eux d'accueillir des étrangers, nous ne voulons déranger plus longtemps ces gens si généreux...
Nous ne nous arrêtons pas à Mengwi visiter le temple local. Nous l'avons déjà fait les deux fois précédentes. Par contre, pour la troisième fois, nous filons vers le célèbre temple de Tanah Lot , planté sur son rocher battu par les flots. Le site a beau être un des sites les plus visités de l'île, il est trop tôt pour qu'il y ait foule. C'est en effet au coucher de soleil que le site prend toute sa mesure. Les fidèles viennent faire leurs offrandes sur la plage et l'îlot se découpe de façon magistrale dans le ciel rougeoyant. Le spectacle est évidemment suivi par des hordes de touristes de tous horizons. Mais aujourd'hui, pour être rentrés avant la nuit, nous ne devons pas rester trop tard. Il nous faut une bonne heure de route pour retourner sans nous arrêter à Ubud.
De bonne heure le matin suivant, je pars seul en moto dans les rizières autour de la ville. La campagne s'éveille et il fait encore bon. En longeant des ruisseaux d'irrigation, je tombe sur des scènes de toilette matinale. Les salles de bains étant absentes des habitations, chacun vient jusqu'à la rivière pour se laver. Je me sens gêné de les surprendre ainsi dans leur intimité et je file les yeux rivés sur la roue avant de la moto ! Mais que la campagne est belle à cette heure, baignée dans la lumière dorée des premiers rayons. Je crois que je ne m'en lasserai jamais.
Je retrouve Chantal à l'hôtel et après un petit tour au marché nous partons pour le mont Batur, son volcan et le lac du même nom. Une bonne heure et demie plus tard, nous arrivons à Penelokan, le village d'où la vue est la plus jolie. Mais, à plus de mille cinq cents mètres d'altitude nous n'avons pas chaud en t-shirt et bermudas. Nous insistons pourtant et longeons la caldera sur plusieurs kilomètres avec des vues grandioses sur le volcan et sur le lac.
Redescendus à Ubud , nous nous arrêtons au Neka Museum temple de la peinture de Bali. Ce musée très intéressant regroupe les oeuvres de peintres balinais ou étrangers ayant vécu sur l'île.
Dans la ville, nous avons repéré un bar qui fait wifi gratuit pour ses clients. Le plan est sympa, car dans plusieurs centres internet les connexions rapides sont relativement chères. Et c'est en dégustant une bière rafraîchissante sur la terrasse que nous avons grâce à Skype la famille et les copains au téléphone.
Et pour une fois ce soir, nous allons attendre d'abord plus d'une heure dans un premier restaurant que nous quittons un peu énervés de ne pas avoir pu passer commande, puis quarante minutes chez notre mamy au riz noir avant d'être servis de deux avocats et de deux mie-goreng !
S'il y a un temple que nous adorons, c'est bien celui de Bratan Ulu Danu . C'est lui que nous retournons voir lorsque nous partons dans la nuit noire à cinq heures et demie. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que dans la nuit, je ne reconnais évidemment rien du tout ! Nous tournons un peu en rond pour trouver la bonne route mais, quand le jour pointe à l'horizon, nous filons à vive allure dans la bonne direction. Plus malins, nous avons mis notre polaire et nous la supportons bien. Le soleil n'est pas encore levé que déjà les routes sont encombrées de femmes qui se rendent au marché du village leur panier sur la tête. Lorsque les premiers rayons du soleil apparaissent derrière les montagnes, ce sont les jeunes écoliers auxquels il faut faire attention. Ils marchent par petits groupes, sur le bas-côté de la route, tous vêtus de la tenue traditionnelle de leur école : sarong, chemise et turban pour les petits garçons ou fleurs dans les cheveux pour les petites filles. C'est un véritable ravissement que de les regarder, sérieux, avec leur cartable ou sac à dos Mickey sur les épaules ! Je regrette de ne pouvoir m'arrêter mais j'aimerais arriver le plus tôt possible au temple.
Il est sept heures lorsque nous arrêtons notre moto devant ce majestueux temple posé sur l'eau. Du moins, l'était-il ! Car en quelques années le niveau a sérieusement baissé. Alors qu'en 2001 il baignait entièrement dans le lac, aujourd'hui il n'est plus qu'au bord de l'eau, comme déposé sur une pelouse trop bien entretenue. Mais son élégance, elle, n'a pas changé. Dédié à la déesse des Eaux, ce temple avec son meru à onze toits inspire toujours calme et sérénité.
Un petit-déjeuner pris au village de Bedugul nous requinque avant d'entamer une balade sur les hauteurs du cratère qui domine le lac et la région. De nombreux groupes de singes envahissent les bas-côtés de la route sinueuse. Dans la campagne, les clous de girofle et les grains de café sèchent au soleil, étalés sur des morceaux de toile et embaument agréablement l'air déjà chaud. Puis nous entamons la longue descente de soixante-dix kilomètres jusque Ubud . En cours de route nous faisons un grand détour par les rizières sur la route de Penebel. Superbe !
De retour à Ubud, nous passons la fin de l'après-midi à l'hôtel sur les transats de la piscine en buvant notre thé.
Une grosse averse (la première depuis que nous sommes arrivés à Bali et pourtant on est théoriquement en pleine saison des pluies) nous retient un peu avant d'aller dîner. Pour ce soir, nous avons choisi un warung tenu par de jeunes balinais où les plats sont joliment présentés dans des feuilles de bananier. C'est excellent et pas cher du tout : l'idéal quoi !!
Le lendemain nous ne bougeons pas, sinon pour faire un tour sur le marché et nous promener tranquillement. Nous aurions aimé acheter une toile naïve d'un peintre balinais. Après plusieurs galeries, il faut nous rendre à l'évidence, elles ont littéralement explosé au niveau du prix depuis six ans. Et de toutes manières, comment aurions-nous fait pour la ramener en France ? En fait, je dis juste ça pour me consoler, car j'aurai évidemment très bien pu la glisser, une fois repliée, dans un paquet expédié aux enfants. Mais, nous ne sommes pas parvenus à nous mettre d'accord avec le vendeur, alors aucun regret à avoir...
Lors de notre promenade, nous tombons par hasard sur un restaurant français. Pour ce soir, ce sera donc lapin aux pommes de terre. C'est fou comme une recette aussi simple peut nous sembler si bonne à des milliers de kilomètres du bercail. Même si nous adorons manger local, un bon plat de chez nous, une fois de temps en temps, nous fait beaucoup de bien à l'estomac et au moral !
Il y a des jours comme ça où, dès que vous faites quelque chose, tout réussit. Nous décidons en ce dimanche matin de partir à pied dans les environs proches. Pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas pris mon sac photo. Par cette chaleur, il est vraiment trop lourd à porter.
Après un bon kilomètre, le son harmonieux du gamelan nous fait entrer dans une sorte de temple. Il y a là, tout un orchestre d'hommes en superbe tenue traditionnelle en soie et fils d'or, des caméras et une des portes du temple décorée d'une multitude de fleurs, et surtout personne d'autre ! Je demande à l'un des musiciens ce qu'il se passe et il m'apprend qu'ils tournent un clip de danse kebyar. Un homme en effet très efféminé arrive et entame une danse gracieuse où chaque geste et mimique ont leur importance. Et dire que je n'ai pas mon appareil ! Le musicien me confirme que le danseuse (!) répète un peu avant que le tournage ne commence. Ni une, ni deux, je laisse Chantal sur place et file en courant à l'hôtel chercher mon sac. Si j'arrive après la fin, elle aura de toute manière pris quelques clichés avec le sien. Je dois avouer que depuis que j'ai arrêté de fumer il y plus de cinq ans je m'épuise moins vite qu'auparavant. Mais de là à pulvériser mon record d'il y a trente ans comme aujourd'hui je viens certainement de le faire....!!! Quelques instants plus tard, je me retrouve de nouveau au coté de Chantal qui écarquille les yeux grands comme des billes, ne voulant pas croire à mon exploit ! Je ne dois pourtant pas être difficile à croire : je suis trempé de sueur et au bord de l'asphyxie générale !! J'ai de la chance, le tournage vient à peine de débuter et nous sommes toujours les seuls avec les deux danseurs, les musiciens et les techniciens. Un spectacle entier, dans un décor de rêve, avec, nous a-t-on dit, les deux meilleurs danseurs et l'orchestre de gamelan le plus réputé de Bali, en lumière naturelle, et tout ça gratos, rien que pour nous deux ! Le bol, je vous dis, le bol ! Et dire que j'allais acheter des billets pour le spectacle de danse de ce soir ! Il y des jours comme ça.....
Nous sommes encore sous l'émotion du spectacle que nous tombons , à quelques pas de là, sur une école de danse lelong et de très jeunes gamines qui apprennent les bases des pas et gestes. Là aussi, nous restons un long moment dans la cour abritée du soleil à admirer la gestuelle gracieuse de ces bouts de choux. La tradition n'est pas encore prête de disparaître ici. Tant mieux pour eux, mais aussi tant mieux pour nous qui venons tout de même de si loin pour voir cette culture encore bien vivace et pas encore trop « touristique ».
Mardi 6 février 2007
Aujourd'hui, nous partons pour Sanur . C'est avec beaucoup de regrets que nous quittons cet endroit qui nous emballe littéralement à chaque fois. L'atmosphère un peu bohème, les artistes, le côté culturel avec les danses et les traditions, les paysages des rizières toute proches, tout ici est séduisant. Mais il faut bien qu'on bouge, on ne peut pas rester indéfiniment ici.
Direction Sanur donc, et son bord de mer que nous connaissons déjà pour y avoir passé deux jours quelques années auparavant. Nous trouvons un petit hôtel sympa tenu par toute une famille. Après Ubud , il nous est difficile de nous plaire ici : tout paraît fade. À part la plage, il n'y a rien à faire. Nous passons le reste de l'après-midi sur la terrasse de notre chambre à faire du Sudoku pour Chantal et à trier mes photos pour moi.
Ce soir nous rentrons dans un restaurant au moment où un gros nuage noir éclate au-dessus de nos têtes. D'une table en terrasse nous passons sous une sorte de kiosque en bambou. Les serveuses nous servent, avec des parapluies, le fameux rijstafel. Il s'agit d'une invention hollandaise, la table de riz, avec des recettes indonésiennes : légumes, viande, poisson, oeufs, volaille, le tout disposé autour d'une montagne de riz accompagnée de banane, de piments, de cacahuètes, de concombre mariné, de beignets de crevettes. Rien que pour les yeux, cela vaut la peine d'en commander un ! Quand les serveuses viennent débarrasser la table un peu plus tard, tous les plats sont vides ! Et, cette fois-ci, pas besoin de parapluie, plus une goutte ne tombe. Et lorsque nous quittons le restaurant, rien ne laisse penser qu'il a plu des cordes une heure auparavant : tout est déjà sec !
7 au 10 février 2007
Je me lève avant le soleil pour aller contempler tranquillement son lever depuis la promenade du front de mer. Devant les couleurs absolument magnifiques dont se teinte le ciel, je suis pratiquement seul. Un barman balaie déjà un coin de la plage pour y aligner impeccablement ses transats. Des touristes en mal de sport effectuent un décrassage matinal tandis que quelques balinais honorent les dieux en déposant leurs corbeilles d'offrandes sur le sable. Un pêcheur à la ligne revient de son activité nocturne un panier à la main. De bleu violacé, le ciel est devenu rouge puis rose avant de laisser place aux premiers rayons du soleil. Au loin, la silhouette de plus de trois mille mètres du volcan Gunung Agung se découpe, majestueuse, dans le ciel du matin...
Lorsque je rentre à l'hôtel encore ébloui par le spectacle que Dame Nature vient de m'offrir, Chantal, qui a préféré rester au lit, a déjà commandé les petits-déjeuners et préparé les sacs. Puisqu'il n'y a rien à faire de spécial ici, nous avons décidé hier soir de nous rendre à Nusa Lembongan, une petite île à une heure de bateau, juste en face de Sanur.
À l'embarcadère, je discute pour négocier des billets pas trop chers. J'y parviens, mais le vieux bateau local pour lequel j'ai réservé les deux places est remplacé, au dernier moment et pour le même prix, par une superbe embarcation rapide ! Bien joué, Alain !... Sauf que, avec la vitesse, il saute de vague en vague. Personnellement j'adore, mais Chantal, qui avec sa phobie de l'eau a tenu à s'abriter dans la petite cabine pour ne rien voir, ne se sent pas bien du tout !
Notre hôtel de quelques chambres est tenu par deux Français venus s'installer ici. La chambre est simple mais mignonne. La salle de bain est quant à elle surprenante : un large bénitier fait office de lavabo et la baignoire en béton est incrustée d'innombrables coquillages qui font malheureusement mal aux pieds. De toute manière, l'eau est froide ce qui abrègera encore un peu plus le temps de la douche ! De la terrasse en bois qui tient lieu de restaurant, nous pouvons reconnaître, au loin, le seul hôtel à étages de Bali, tout proche de l'embarcadère d'où nous sommes partis ce matin.
Devant nous s'étendent les jardins d'algues qui sont en train de révolutionner l'économie de l'île. Depuis notre passage en 2001, ceux-ci ont pris énormément d'importance. La pêche et la construction navale sont désormais pratiquement abandonnées au profit de la culture des algues, beaucoup plus lucrative...
Si nous avons tenu à venir ici, c'est pour voir ces cultivateurs. Nous partons donc le long de la plage à leur rencontre. Le travail est pénible, lié à l'heure des marées. Une journée commence souvent avant le lever du jour et se termine la plupart du temps après le coucher du soleil. Les femmes les plus jeunes font le va-et-vient entre les barques et les cabanes en portant les lourds paniers d'algues sur la tête, tandis que les plus anciennes s'occupent du séchage en les étalant et en les retournant inlassablement sur d'immenses toiles posées sur le sable. Les hommes, quant à eux, utilisent une palanche et parviennent ainsi à porter en un seul voyage deux paniers remplis d'algues fixées sur des cordes. Ces « tuteurs » sont plantés dans les champs marins à marée basse, avant d'être recueillis quelques temps plus tard lorsque les algues ont suffisamment grandi. Même si ce travail harassant n'est pas cher payé en égard de sa pénibilité, il rapporte pourtant bien plus que la pêche qui était, il n'y a pas encore si longtemps, la ressource principale de ces gens.
En revenant vers l'hôtel, nous restons nous amuser avec des gamins qui nous offrent, à qui mieux mieux, des tonnes de coquillages ramassés sur la plage ou de petites éoliennes de leur fabrication !
Au dessert du repas traditionnel de ce soir, Chantal craque pour une crêpe bretonne au nutella qu'elle trouvera absolument exquise, la gourmande !!!
Juste avant le lever du soleil, une intense activité règne déjà sur la plage. La marée est descendante et il reste encore assez d'eau pour que les barques à fond plat puissent transporter sans trop de difficulté les paniers jusqu'aux lieux de plantation. Deux prahus rentrant d'une nuit en mer sont poussés sur le sable et les pêcheurs jettent au sol leurs filets remplis de maquereaux frétillants. Ce matin, les gens me reconnaissent et m'accueillent très gentiment. Ils n'apprécient pas trop, en effet, les touristes qui ne restent qu'une heure ou deux sur leur île avant de repartir s'amuser dans les boites de Kuta . Ils aiment, comme tout le monde, qu'on s'intéresse à leur travail. Certains m'emmènent avec eux visiter leurs champs d'algues. Quand la mer n'est pas entièrement retirée ou lorsque le lieu de culture est trop avancé dans la mer, ils travaillent alors une bonne partie de la journée les jambes et les bras toujours dans l'eau. Dur métier, mais que ces gens sont charmants !
La matinée est déjà terminée lorsque je reviens à l'hôtel, et la faim me tenaille l'estomac. Parti trop tôt, je n'ai pas pu prendre mon petit-déjeuner ce matin. Mais le patron, très sympa, accepte de m'en servir un. Je retrouve Chantal sur la terrasse face à la mer, allongée sur un transat à l'ombre d'un cocotier, à lire des bouquins en français que des touristes ont laissé ici avant de partir. Je la rejoins et savoure avec délice, allongé sur la chaise longue, les bons moments que nous sommes en train de vivre.
Pour le dîner, nous commandons la spécialité de la maison : le jacket fish , poisson pêché uniquement au harpon. Lorsqu'on nous apporte les assiettes, nous sommes tous les deux effrayés par la taille des bêtes. Pourtant accompagné d'une succulente concassée de tomates, Chantal ne peut pas finir le sien. Je suis breton, donc un peu têtu quand même, je parviendrai à terminer le mien ! Mais ce soir pas de crêpes ! Le patron français nous communique, au moment de partir nous coucher, le poids des poissons à la chair ferme et délicate : un kilo tout rond pour celui de Chantal et un kilo deux cents pour le mien !!! Vous comprenez maintenant pourquoi nous ne pouvons plus rien avaler d'autre !!!...
Le lendemain nous partons à pied faire un tour dans l'île. Six ans auparavant, nous dînions d'un poisson grillé sur les braises de noix de coco à même le sable devant les petits bungalows au confort rustique. Aujourd'hui la plage est sale, jonchée de détritus, de sacs plastiques et d'algues mortes qui ne sentent pas toujours très bon. De nombreux hôtels ont été construits. Les Japonais et les Australiens ont colonisé le lieu et les bungalows de luxe dévalent désormais la colline jusqu'à à la mer. Et c'est loin d'être terminé puisque de nombreux autres sont en construction. Le contraste est énorme, et même choquant, avec les habitations faites de bric et de broc du village des agriculteurs.
Le snorkeling , un peu à l'écart des champs d'algues, est riche et magnifique. Les nombreux bancs de poissons colorés se détachent merveilleusement bien sur les coraux dans une eau claire et chaude. Des langoustes tentent d'échapper aux mains agiles d'un plongeur local en se réfugiant dans une anfractuosité. De jeunes surfers s'éclatent sur les belles vagues toute proches qui déferlent sur la barrière de corail. Une belle mangrove encore sauvage, au bout de l'île, abrite de nombreux crabes. Pour un petit séjour au calme, très loin de l'activité stressante de Kuta , cette petite île est idéale. Les vacanciers commencent d'ailleurs à y venir de plus en plus nombreux....
Au restaurant ce soir, je réitère mon choix d'hier. Chantal, elle, préfère un plat moins conséquent pour pouvoir prendre une crêpe nutella au dessert !
10 et 11 février 2007
Pour plus de sécurité, nous préférons traverser le bras de mer aujourd'hui, ce qui nous laisse une journée de battement sur Bali avant notre vol demain vers Bangkok . On se plait beaucoup sur Nusa Lembongan et retourner à Sanur ne nous emballe pas plus que ça, mais imaginons que la mer soit mauvaise demain, la liaison matinale avec Bali serait alors annulée et le vol partirait sans nous. Pour éviter le problème, nous montons donc dans la vedette locale pour une bonne heure et demie de traversée. Chantal préfère largement l'inconfort de celle-ci que la vitesse de celle de l'aller.
Vu la faible activité touristique du moment, nous retrouvons sans peine la même chambre dans notre petit hôtel familial de Sanur . Quittant l'Indonésie demain, nous ne voulons pas rechanger d'argent juste pour aujourd'hui. Nous choisissons de passer l'après-midi sur la plage à bouquiner et, pour ce soir, nous dégotons un très bon warung, pas cher du tout, aux plats copieux et goûtés servis avec le sourire.
En pénétrant dans le hall de l'aéroport de Denpasar à l'heure de midi, le vol pour Singapour est indiqué sur le grand tableau lumineux. Une escale de deux heures est prévue avant de prendre un autre vol sur Bangkok . Au moment d'enregistrer nos bagages, le contrôleur nous annonce que notre vol n'existe pas. Quoi ? Qu'entends-je ? Qu'ouïs-je ? Je veux lui faire constater que le vol est bien indiqué sur le tableau, mais il n'y apparaît plus !!! Je lui explique que j'ai acheté mes billets pratiquement un an auparavant, il me rétorque que le vol n'existe plus depuis pratiquement ce moment-là. Appelé par téléphone, un chef cravaté (bon signe !) arrive et nous promet un arrangement. Longtemps, j'ai cru qu'on allait pouvoir monter dans l'avion d'une autre compagnie dont ils viennent de retarder le départ. Mais non, au dernier moment, on nous apprend qu'il est complet. Le prochain vol pour Singapour n'est que pour ce soir et, de là, le suivant pour Bangkok seulement demain matin. Aïe, ça se complique. Heureusement le chef qui s'occupe de nous revient au bout d'un petit moment un large sourire aux lèvres. Il nous a réservé deux places sur un vol pour Bangkok qui part dans peu de temps. Nous le remercions vivement, car, en plus de la commodité du vol direct, nous arriverons en Thaïlande plus tôt que prévu !!!