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Java
Samedi 13 janvier 2007
Nous profitons d'une escale de deux heures à Jakarta pour aller faire nos visas indonésiens à la douane. Ceux-ci sont établis dans la bonne humeur générale et nous regagnons rapidement le hall d'embarquement.
Depuis deux semaines, une vague de catastrophes accidentelles (en plus des naturelles) a lieu en Indonésie. Un avion qui reliait Java à Sulawesi s'est abîmé en mer en faisant cent deux victimes. On vient seulement de localiser l'épave en mer au large de Makassar. Plusieurs ferries reliant Java à d'autres îles indonésiennes ont sombré corps et biens au cours des jours passés en faisant plusieurs centaines de morts....
Alors lorsqu'on apprend que notre vol est retardé, ça commence à gamberger un peu dans nos têtes. En plus, personne ne peut nous renseigner sur la salle exacte d'embarquement. Sur les tickets, on nous signale la salle x , mais c'est la y qui est ouverte. Renseignements pris auprès du personnel, une hôtesse nous indique lune salle, tandis qu'une de ses collègues nous en indique encore une autre !!! Je ne sais pas pourquoi, mais il règne dans cet aéroport une pagaille indescriptible !
Nous arriverons pourtant sans encombre à Yogyakarta dans la partie centrale et sud de Java. En attendant l'arrivée de nos bagages, nous engageons la conversation avec une jeune femme javanaise qui nous propose de nous emmener dans le centre ville avec sa voiture. Nous acceptons avec plaisir cette aide inattendue.
Le chauffeur nous dépose devant l'hôtel choisi un peu plus tôt dans le « Routard ». La jeune femme qui possède une galerie d'art nous accompagne jusqu'à la réception et attend de savoir si nous prenons une chambre. L'hôtel nous plait et, après lui avoir offert un pot de remerciement, elle nous quitte en nous embrassant et en nous souhaitant bon séjour dans son pays.
Eh bien dites-moi ! Notre séjour en Indonésie comme plutôt bien, non ?
Notre chambre est mignonne et le cadre enchanteur avec le petit jardin planté autour de la piscine. Les traces du tremblement de terre du 27 mai 2006 sont désormais effacées (un des murs de la réception s'était effondré dans la piscine qui a dû être refaite), et c'est donc un hôtel fraîchement rénové qui nous accueille désormais. Le personnel est charmant et efficace. Les prix pratiqués sont en outre très légers pour la qualité fournie. Ce petit hôtel de famille fera partie de notre Top 5 une fois notre périple terminé.
À deux pas, un restaurant de quartier tenu par une vielle femme propose pour quelques rupiahs d'excellents petits plats. Nous en ferons d'ailleurs notre cantine. Ce soir, pour se mettre dans le bain, nous attaquons avec satays (petites brochettes cuites sur la braise et accompagnées de sauce aux cacahuètes) et nasi goreng (riz frit avec des oeufs, des petits morceaux de viande et de légumes). C'est simple, copieux et bon.
14 au 18 janvier 2007
La visite de la ville est au programme d'aujourd'hui. Nous nous rendons en premier lieu au Taman Sari où le sultan venait se baigner avec sa Cour dans les bassins en plein air. Une mosquée souterraine que l'on atteint par un dédale de ruelles et un souterrain peu engageant nous offre l'occasion de faire quelques photos graphiques.
Au Kraton , appelé aussi le Palais du Sultan, nous assistons au son du gamelan (sorte de xylophone traditionnel) à des danses royales interprétées par des jeunes filles aux tenues de cérémonie. Lorsqu'elles ont terminé, je demande à l'une d'entre elles de poser avec la figurine de Mam'Goudig dans les mains. Je pense qu'elle a cru que je lui l'offrais et lorsque je lui l'ai reprise, c'est avec une infinie tristesse qu'elle m'a regardé. Elle ne comprenait pas. Aïe, je n'aurai pas dû l'embêter avec ça, la voilà déçue maintenant....
Un jeune garçon nous aide ensuite à découvrir les différents bâtiments du palais et le village royal attenant. Les familles (environ cinq mille personnes) du personnel travaillant pour le sultan sont en effet logées à l'intérieur l'enceinte. Cela rappelle un peu la Cité Interdite de Pékin ou la Citadelle de Hué, mais la comparaison s'arrête là tant les murs et les maisons d'habitation sont ici modestes, et le côté grandiose absent.
De là, nous partons flâner sur le marché aux oiseaux. Il y en a de toutes les couleurs. Et c'est peu dire ! Des poussins peints en fluo piaillent, tassés dans leurs boites en carton. Il y en a des verts, des bleus, des roses, des jaunes. On nous explique que c'est plus vendeur ! On se s'attardera pas trop longtemps dans le coin, tout ce qu'on a dit sur la grippe aviaire nous revenant brusquement à l'esprit. Et avouons que l'hygiène et l'odeur, plus encore que les on-dit sur la maladie, nous font quitter un peu précipitamment les lieux.
Un conducteur de becak, le cyclopousse local décoré de peintures naïves, nous emmène de l'autre côté de la ville et nous dépose devant un atelier de fabrication de batik , le célèbre tissu indonésien. Ce n'était pas prévu dans la balade. Nous rendant immédiatement compte que nous sommes en train d'être manipulés par un rabatteur et quelques intermédiaires, nous fuyons littéralement, les laissant médusés à l'entrée de l'atelier.
Par contre pour revenir à pied vers le centre, c'est un peu la galère. Au bout d'une demi-heure, nous sommes dans un petit supermarché de la rue Malioboro, la rue commerçante, à acheter des fruits et une paire de tongs pour moi. Et des supermode en plus ! Jaune et noir, avec le bout qui relève ! Avec ça, j'espère que je me cognerai moins les orteils dans les morceaux de béton des trottoirs défoncés. J'en ai plus que marre du gros orteil régulièrement en sang et des moqueries de Chantal !!!
Il fait très chaud et nous décidons de retourner à l'hôtel pour profiter un peu de la piscine. Une bonne surprise nous y attend : thé et pâtisseries sont gracieusement offerts. Après avoir savouré toutes ces bonnes choses, nous louons une moto à la réception pour aller visiter un peu les alentours avant la tombée de la nuit.
Dès la sortie de la ville les rizières s'étalent devant nous. Il y règne un calme bienvenu. Les paysans profitent des derniers moments et de la douceur de la fin d'après-midi pour s'activer dans les champs. Nous stoppons la moto sur le bord d'un chemin caillouteux pour prendre des photos de ce bel endroit, et de partout les gens arrivent nous saluer. La plupart ne parlent pas anglais et c'est par gestes, sourires et rires que nous nous exprimons...
Le petit-déjeuner est franchement très bon et copieux avec en prime un service hyper efficace, ce qui est plutôt chose rare par ces contrées.
Sillonnant en ce début de matinée ensoleillée la campagne sur la moto que nous avons gardée, nous tombons sur les dégâts provoqués par le violent séisme de mai dernier. D'imposants bâtiments sont littéralement couchés sur le flanc, d'un bloc, à peine disloqués. Lorsqu'on arrive à Imogiri, un village qui abrite le mausolée royal que nous venons visiter, la majorité des habitations est détruite. Certaines d'entre elles, mais peu, sont en reconstruction. Ici, point d'assurance ; il faut attendre d'avoir un peu d'argent pour commencer les travaux. Certains ne les débuterons malheureusement sans doute jamais.
C'est l'âme en peine que nous gravissons les 345 marches qui mènent au mausolée. Enfin parvenus devant l'entrée du sanctuaire, lui aussi détruit en certains endroits, les gardiens du temple nous revêtent chacun de vêtements traditionnels. Je ne vous raconte pas comme on est beaux tous les deux... Beaux comme des coeurs ! Plus haut, il y a queue devant la chapelle ardente où repose le sultan. Les pèlerins venus se recueillir dans la crypte nous font malgré tout passer devant eux. Pour accéder au tombeau, il nous faut d'abord marcher accroupis dans un couloir obscur. Une fois à l'intérieur, à la lueur des maigres bougies et dans la fumée âcre de l'encens qui se consume, nous assistons avec intérêt aux dévotions de ces gens respectueux.
Pour rejoindre Prambanan et profiter tranquillement de la belle lumière de l'après-midi sur les temples hindouistes, nous devons maintenant repartir.
Après une trentaine de kilomètres à travers la campagne verdoyante et les rizières, nous voici devant les ruines remarquables du Candi Prambanan. Il n'y a pas grand monde en cette fin de journée et nous en profitons pour flâner au milieu des vieilles pierres. Nous ne pouvons malheureusement pas nous approcher comme je le souhaiterais des plus célèbres, pour des raisons évidentes de sécurité. Le tremblement de terre a sévi ici aussi et quelques pans de temples pourtant restaurés se sont écroulés au milieu de la place principale, tandis que d'autres menacent de le faire. La promenade s'avèrera malgré tout des plus agréables et la rencontre avec de jeunes Javanais en vacances plutôt rigolote.
Nous mettons un peu de temps pour rentrer sur Yogyakarta, tant la circulation est dense sur le long périphérique qui délimite en partie la ville. Nous roulons néanmoins sereinement, au milieu de la nuée de motos et de son tintamarre ininterrompu de klaxons, à environ quarante kilomètres à l'heure. Avant de retrouver le calme de l'hôtel, je m'égare à plusieurs reprises dans les faubourgs qui, à mes yeux, se ressemblent tous.
J'ai le site à mettre à jour sur l'ordinateur et nous décidons de rester par là toute la journée du lendemain.. Nous en profiterons pour nous prélasser et nous rafraîchir dans la piscine.
Tels des cavaliers surgis de la nuit partant à l'aventure, nous enfourchons la moto à cinq heures dans le noir absolu. Je souhaite en effet être arrivé sur le site du Borobudur le plus tôt possible. Trouver son chemin dans les rues non éclairées de Yogyakarta n'est pas la chose la plus aisée et les premières lueurs de l'aube apparaissent lorsque nous laissons enfin la ville derrière nous.
La température est douce et la circulation fluide.
Dans la lumière rosée de l'aurore, se découpe, somptueux avec son panache de fumée, le terrible Merapi , volcan le plus violent et le plus dangereux d'Indonésie. Du haut de ses trois mille mètres, il domine toute la plaine environnante. Il était en forte activité lorsque le tremblement de terre a fait ses dégâts l'année dernière. Aujourd'hui, seul le panache de fumée qui s'échappe de son cône indique qu'il peut se réveiller à tout instant.
Le soleil est déjà levé depuis un petit moment lorsque nous arrivons, après une cinquantaine de kilomètres, sur le site du plus grand monument bouddhique du monde. Des cars amenant des grappes d'écoliers rigolards arrivent en même temps que nous. Zut !... De toute manière, il ne fallait pas compter être seuls à grimper sur ce temple mondialement connu !
Le Borubudur est majestueux avec ses neuf terrasses, ses célèbres stupas ajourés et ses, dit-on, cinq kilomètres de bas-reliefs ! Chaque stupa abrite une statue différente de Bouddha. Nous nous asseyons près de l'un deux pour manger le petit panier repas que l'hôtel nous a donné avant de partir (quand je vous disais que le service était impeccable !). Moment d'intense bonheur en ce lieu tant de fois admiré sur le papier glacé des magasines ! Comme tous les écoliers du monde en visite scolaire, les jeunes ados javanais sont plus enclins à s'amuser qu'à écouter les explications des professeurs. Les plus téméraires viennent nous demander de poser avec eux pour une photo prise avec leur téléphone portable. Nous allons de nous-mêmes proposer aux plus timides de nous faire prendre en leur compagnie. Même les profs y sont passés ! Rien qu'en cette matinée, nos frimousses ont été enregistrées une bonne cinquantaine de fois sur la carte mémoire des portables ou les pellicules des appareils jetables... Je peux vous assurer que nous avons fait un tas d'heureux !
Une fois la visite terminée, nous filons, à environ soixante kilomètres de là, de l'autre côté de Yogya , vers le village de Kasongan réputé pour ses potiers. Suite au séisme, tout un secteur du village a été détruit, mais une grande partie de sa reconstruction est déjà terminée ou presque. Sur une petite place du village, une jeune femme étale ses potiches sur le sol à sécher au soleil, puis nous invite à pénétrer dans son atelier. C'est elle qui modèle les poteries, tandis que sa mère les décore adroitement à l'aide d'un ustensile rudimentaire. Nous allons ainsi, d'atelier en atelier, admirer l'adresse avec laquelle ces artisans façonnent leurs pots en terre, ceux-là même que l'on retrouvera plus tard dans nos magasins de déco exotique.
Nous retournons chercher la moto déposée dans la cour d'une maison à l'entrée du patelin. La famille qui a veillé sur elle pendant notre visite nous adresse de grands gestes d'adieu en nous regardant partir. Toutes ces marques d'affection et de gentillesse, ajoutées à celles de ce matin et des jours précédents, nous émeuvent beaucoup et nous font monter quelques larmes aux yeux. Si nous sommes littéralement tombés amoureux de l'Indonésie il y a six ans, lors de notre premier passage, nous savons pourquoi. Ces gens sont fabuleux...
Nous profitons de notre dernière journée à Java pour expédier en France les DVD de photos et les guides dont nous ne nous servons plus. Le second sac de Chantal pèsera ainsi moins lourd. Nous allons ensuite flâner sur un marché assez rustique, non loin de l'hôtel, où nous faisons un véritable tabac en prenant les gens en photo, puis en les leur montrant. La halle entière résonne du fou-rire général !
Nous rentrons à l'hôtel déguster nos pâtisseries et notre thé, piquer une tête dans la piscine, récupérer les billets d'avion que la réception nous a réservés (sans commission !) et préparer les sacs à dos.
Nous garderons franchement un excellent souvenir de ce petit hôtel calme et propre. D'abord pour la qualité de ses prestations, l'efficacité et la gentillesse de son personnel, et ensuite pour les prix pratiqués : 150 000 Rps (12,50 euros) pour nous deux, petits déjeuners et pâtisseries compris. Nous le recommandons vivement à tous ceux qui passent par là....
Selamat tinggal... Sampai jumpa lagi .... Au revoir... à bientôt Java