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MEXIQUE

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Dimanche 9 juillet 2006

Cet après-midi c'est la finale de la coupe du monde et je ne peux pas la voir puisqu'on est dans l'avion, un brin cossu avec tous les sièges en cuir et beaucoup de place pour les jambes, qui nous emmène de La Havane à Cancun au Mexique. Je sens que Chantal est déçue de ne pouvoir y assister elle non plus. Non, non je rigole !

Une fois débarqués et ne souhaitant pas séjourner à Cancun, nous prenons des billets pour le bus de Tulum qui part dans cinq petites minutes. Pas un instant à perdre donc.

On a juste le temps de jeter nos sacs à dos dans la soute à bagages et de monter dans le car bondé avant que celui-ci ne démarre. Quelqu'un se lève pour nous laisser ses deux places. Nous l'en remercions gentiment puis je place le sac contenant les guides et le sac photo dans le porte bagages juste au dessus de notre tête. La jungle que l'on traverse est monotone, seulement entrecoupée par les trop nombreuses entrées tape-à-l'oeil des palaces de bord de plage. Après environ trente minutes de trajet, le chauffeur s'arrête sur le bord de la route et demande, en les brusquant un peu, à deux individus de bien vouloir quitter le bus. Ceux-ci s'exécutent, sans un mot, chacun un baluchon sur l'épaule. Arrivés à Tulum, je reprends les deux sacs avec moi, puis vais récupérer nos deux sacs à dos dans la soute. J'étais en train de charger mon fourbis sur le dos quand Chantal me demande pourquoi j'ai laissé mon sac photo entrouvert. Mon sang ne fait alors qu'un tour. Catastrophe ! Le sac a été visité. Le Minolta Dynax 7D, le zoom téléobjectif , le zoom grand angle, batteries, chargeur, divers fils de connexion électronique, prises internationales, pratiquement tout a disparu ! Je suis complètement anéanti. Je veux remonter dans le bus m'en prendre au chauffeur qui, c'est sûr, est dans le coup, mais mon espagnol est vraiment trop limité, même pour l'insulter.

Dans mon malheur, j'ai tout de même un peu de chance. Ils ont oublié de voler mon ordinateur Apple, mon iPod, une carte mémoire et quelques babioles. Je sais pertinemment que l'assurance ne va pas marcher pour ce genre de matériel et je n'ai aucune envie d'aller porter plainte chez les policiers mexicains, réputés comme étant parmi les plus corrompus au monde, et me faire taxer en plus !

Chantal est peut-être encore plus furieuse que moi, si telle chose est possible. On décide pourtant de partir en quête d'un logement pour cette nuit. Arrivés dans la rue principale, je vois avec stupeur plein de touristes passablement éméchés, criant, chantant, se tapant dans le dos et portant bien haut le drapeau italien. Et, en plus, la France a perdu !!! Vraiment la journée pourrie, quoi ! Zizou, si tu m'entends...

On a tous les deux envie de pleurer, mais nous n'y arrivons pas.........

 

 

Lundi 10 juillet 2006

Aussi bien Chantal que moi n'avons fermé l'oeil de la nuit. Disons qu'on était un peu trop énervés pour ça. Même le petit-déjeuner, commandé dans un petit bouiboui nickel et pourtant très appétissant avec son gros yaourt fait maison, ses fruits, ses céréales et une sorte de milk-shake aux fruits, a du mal à passer. Enfin bon, on ne va pas lâcher si tôt, mince ! Chantal me remonte le moral comme elle peut. Les enfants, joints par internet, nous obligent à nous ressaisir. C'est vrai que nous ne devons pas les décevoir. Ils étaient tellement heureux de nous voir réaliser ce rêve dont on avait si souvent parlé ensemble...

C'est décidé, je rachèterai   du matériel photo plus tard, aux USA par exemple, et en attendant nous nous servirons du petit Olympus de Chantal.

Nous partons en taxi vers le temple de Tulum distant de quelques kilomètres du village. Évidemment, je trouve plein d'images à faire ! Et je n'ai plus d'appareil ! Le petit Olympus suffit à peine... Ce sera le leitmotiv de chacun des jours passés au Mexique.

Pour oublier un peu tout cela mais aussi pour nous rafraîchir car il fait vraiment très chaud, nous plongeons, Chantal jusqu'aux mollets et moi tête la première, dans la mer turquoise qui vient lécher les pieds du temple. Et ce bain nous requinque vraiment.

Un resto sympa, une bonne Corona et une grosse enchilada plus tard, le moral est remonté !

 

 

 

11, 12, 13 et 14 juillet 2006

Ce matin, après un petit-déjeuner au même endroit qu'hier mais qui descend nettement mieux, nous partons en bus pour Merida. Les quatre heures de bus beaucoup trop climatisé, à travers un paysage monotone, est heureusement agrémenté par le film Les Choristes en version originale (en français, donc).

Arrivés dans cette jolie ville coloniale, on se met en quête de cordons informatiques et autres prises internationales que nous dégotons dans une petite boutique. C'est bon, nous pourrons désormais recharger les batteries de l'appareil de Chantal. Nous entrons aussi chez un opticien et dénichons une sorte d'écran solaire qu'on peut fixer sur la monture de vue de ma plongeuse préférée. Le vendeur très sympa découpe les verres à la bonne taille. Chantal, elle, est moins emballée du résultat sur son beau visage, mais, vu la luminosité intense du pays, cela la soulagera tout de même.

Nous allons, de bonne heure le matin, rôder du côté de marché municipal où l'animation est à son comble. Les étals regorgent de légumes, de fruits, d'épices, de morceaux de viande empilés en petits tas, d'abats crus ou grillés, de chaussures, de vêtements et autres babioles. Nos yeux ne sont pas assez grands pour tout voir, mais nos oreilles, elles, le sont ! Une musique disco-latino diffusée par une mauvaise sono poussée à fond nous assourdit. Nous nageons pourtant dans le bonheur au milieu de cette foule bigarrée. Les gens d'ici sont plus souriants qu'à Tulum, et cherchent sincèrement à nous faire plaisir.

On ressort de ces halles colorées et odorantes avec un gros poulet rôti et des petites patates dont on se régalera ce soir.

Les débuts de soirée sont passés sur le zocalo où toute la ville a l'air de s'être donnée rendez-vous. Je passe de longs moments à regarder les cireurs de chaussures se disputer les meilleurs emplacements aux entrées de la place, les vendeurs de hamacs aborder inlassablement les groupes de touristes, les jeunes rappeurs mexicains avec leur casquette américaine vissée sur la tête et leur pantalons bien trop grands exécuter avec une certaine maestria des figures acrobatiques, et les femmes, petites, aux longs cheveux noirs, élégantes dans leur robe noire et leur boléro, déambuler, une ribambelle de gamins pendue aux bras.

La visite des sites mayas de Chichen Itza et de Uxmal nous enthousiasme. Les deux fois, nous avons la chance que notre bus arrive avant ceux qui déversent des flots de touristes bruyants et parfois indisciplinés, nous laissant ainsi le temps d'explorer les différents lieux presque tranquillement avant que la chaleur ne soit trop étouffante. Seul regret : aux deux endroits, l'escalade de la pyramide principale est interdite.

En montant dans le bus pour le site de Uxmal en ce 14 juillet, nous tombons sur un groupe de jeunes étudiants français. L'ambiance est plutôt sympa et quelqu'un commence à entonner une Marseillaise bientôt reprise en choeur par tous les Français du bus, devant des Mexicains amusés. Je pense que, désormais, vous n'aurez plus aucun doute sur l'authenticité de mon diplôme de beauf obtenu à Cuba !

 

 

15 et 16 juillet 2006

Après deux heures de bus réfrigéré nous arrivons à Campeche,ville adorable aux ruelles bordées de petites maisons coloniales rénovées et peintes de couleur pastel et au croquignolet zocalo dominé par une imposante église.

Notre hôtel ne déroge pas à la mode locale avec sa façade colorée et ses chambres hautes de plafond et ornées de mobilier, lui aussi, peint de toutes les couleurs ! Au prime abord, la tenancière des lieux n'est pas des plus aimables mais, après quelques plaisanteries, cela va beaucoup mieux.

On a lu dans les bouquins que le terme campechano est utilisé, en espagnol mexicain, pour désigner une personne affable, cordiale. Et bien, nous vous le disons tout net, cela ne s'est pas du tout vérifié lors de notre passage à Campeche !!

Lors d'une balade dans les ruelles, on remarque la hauteur des trottoirs, impressionnante. La bordure nous arrive aux genoux et c'est réellement un sport lorsqu'il faut traverser la rue. On est en train de se poser la question « mais pourquoi une telle hauteur » lorsqu'une averse tropicale inonde littéralement la rue. Et soudain, c'est un torrent au milieu de la ville. On s'amuse d'un jeune touriste italien, très coquet et tortillant du derrière, qui tente désespérément de quitter sa voiture un costume à la main. Les chaussures en cuir sont sous l'eau, le beau pantalon rouge taille basse est mouillé jusqu'à mi-cuisse, la chemise blanche est collée sur la peau, les accroche-coeurs de sa coiffure dégoulinent sur son visage , et je ne vous parle pas du costume qu'il essaie obstinément de ne pas laisser traîner dans le torrent. Chantal et moi sommes pliés en deux devant la cocasserie de la scène !

En ce qui me concerne, j'inaugure le beau capuchon que j'ai acheté en France avant de partir et je dois avouer qu'il est très efficace... Pas franchement joli, mais efficace....

Après une excellente nuit dans notre chambre rigolote et un petit déjeuner copieux dans une cantina populaire, nous allons assister à la sortie de la messe sur le zocalo . Petits et grands se retrouvent pour ce qui semble être une kermesse scolaire avec danses folkloriques exécutées par les enfants, vente de colliers de nouilles (ils y ont droit eux aussi !), de gâteaux cuisinés par les petits (enfin, j'espère, vu la forme qui tient plus de la galette que de la génoise !), et morceaux de tissu brodé (je confirme,   ce doit être la fabrication des enfants...).

On remarque aussi que les grands s'occupent avec bienveillance de leurs petits frères et soeurs pendant que les parents papotent entre eux sans nous adresser le moindre regard. Adios Campeche, demain on part pour Palenque.

 

 

17, 18 , 19, 20 et 21 juillet 2006

Le bus qui nous emmène vers Palenque traverse une région plus jolie que celle du Yucatan et beaucoup plus vallonnée. Le temps du trajet est agrémenté une nouvelle fois par les Choristes . Ce doit être le film du mois dans les bus mexicains. J'adore cette oeuvre mais point trop n'en faut tout de même !

Chantal, pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, fond en larmes à la descente du bus ses sacs à dos à la main, puis se ressaisit après qu'on ait trouvé une mignonne petite chambre.

Tôt le matin suivant, nous partons pour le site maya perdu dans la montagne et la forêt tropicale. Dans le soleil levant, les temples émergent de la brume matinale. Des singes hurleurs, du haut des arbres, poussent des cris rauques et très puissants. Ce moment sublime, au milieu des ruines et de la jungle, restera dans les annales du voyage.

Pour rejoindre San Cristobal de las Casas, nous partons pour ce qui sera le trajet mexicain le plus pittoresque. La route toute en lacets est superbe et dégage de beaux panoramas sur cette région du Chiapas. Il a beau faire très chaud au départ de Palenque, nous prévoyons polaire et pantalon, la température à l'intérieur du bus devant être, une fois encore, proche de celle d'un réfrigérateur. Bien nous en a pris puisque, en plus de celle du bus, la fraîcheur à l'arrivée, l'après-midi, dans la vieille cité espagnole perchée à plus de 2 200 mètres d'altitude, nous surprend.

Une tentative d'arnaque, avortée, dans un restaurant pourtant bien coté dans le Routard , nous met en garde des coutumes locales envers les gringos , les touristes étrangers. Nous avons aussi remarqué que si nous nous adressons à eux, même avec notre espagnol plus que rudimentaire, les tarifs sont moins élevés que si nous leur parlons en anglais.

Le marché matinal est vaste et surtout fréquenté par les ethnies qui y vendent ou y achètent fruits, légumes et volailles. Un peu plus loin, dans les rues adjacentes, tissus bariolés, vêtements et autre bimbeloterie sont disposés avec goût sur de petits stands en toile, le brouhaha des transactions et des conversations étant, comme à Mérida, couvert par le vacarme des sonos poussées à leur maximum.

Une visite au musée de l'ambre nous apprend, entre autre, comment différencier le vrai du faux. Nous pouvons désormais vous certifier que tout l'ambre vendu à même les rues de San Cristobal est du toc, quelquefois assez bien imité !

Chantal et moi adorons déambuler dans la vieille ville avec ses maisons aux couleurs gaies et aux fenêtres ornées de grilles en fer forgé. Une petite place, nichée au pied d'une église, abrite quelques vendeurs ambulants et leur carriole débordante de fruits frais et de fleurs coupées. D'une chapelle s'échappent quelques notes d'un cantique qu'une chorale répète. Assis sur un banc, à l'ombre d'un arbre qui nous protège du soleil brûlant de début d'après-midi, nous savourons avec délectation la sérénité qui se dégage de ce quartier où, contrairement au centre, la pétarade des véhicules ne vient pas perturber le silence.

Après un repas copieux et chaud dans une chouette gargote, nous prenons pour la première fois de notre voyage un bus de nuit qui va nous emmener, en onze heures de temps, à Pochutla d'où nous prendrons un taxi pour rejoindre Puerto Angel. Dans le bus confortable mais surclimatisé, assis et serrés l'un contre l'autre pour se tenir chaud, nous nous endormons au son, je vous le donne en mille..... du film Les Choristes  !!!

 

 

22 au 27 juillet 2006

Vers 9 heures du matin, le taxi nous laisse en haut d'une petite montée qui coupe en deux ce charmant petit port qu'est Puerto Angel. L'océan Pacifique vient mourir sur le sable blanc de cette jolie petite anse coincée entre les collines verdoyantes. Au moment même où nous sortons du taxi, un coup de tonnerre d'une violence inouïe retentit et les premières gouttes d'une très grosse averse nous obligent à nous ramasser dans une quincaillerie tenue par un jeune couple mexicain. Après une heure d'attente et quelques plaisanteries avec les jeunes gens, je décide de m'équiper de mon capuchon et de mes tongs pour partir à la recherche d'un logement. Je veux redescendre la petite côte par laquelle on est arrivés, mais un torrent de boue qui va se déverser dans la mer toute proche bloque l'accès aux hôtels. Je remonte et décide de descendre de l'autre côté, vers la seconde partie du village. Je me retrouve de nouveau bloqué, avec de l'eau à la hauteur des genoux et ne pouvant plus progresser. De retour à la quincaillerie, je retrouve Chantal et les deux jeunes bien amusés de me voir attifé de la sorte. Ils me conseillent un petit hôtel situé pratiquement en haut de l'escalier qui part de chez eux et qui grimpe jusqu'à une église.

Ce petit hôtel tenu par une jeune famille, agréable et pas trop cher, dominant le port et la plage, se révèlera être une des excellentes adresses de notre parcours au Mexique.

Nous y resterons donc quelques jours.

Le lendemain de ce violent orage tropical, la mer est redevenue limpide après avoir été couleur café au lait et incite de nouveau à la baignade.

Les petites barques de pêcheurs rentrent au port, peu après le lever du soleil, de manière assez sportive. Elles s'élancent, plein gaz, de manière à surfer sur les rouleaux et, la vague se retirant, se retrouvent ainsi échoués sur le sable tout en haut de la plage ! Les femmes se précipitent alors pour acheter thons, espadons et autres marlins que des mains expertes découpent aussitôt. Un groupe d'une trentaine de pélicans qui squatte la plage se dispute le reste des carcasses, et c'est aux enfants que revient le nettoyage de l'embarcation.

Sur la jetée du petit port qui jouxte la plage, nous assistons médusés à une pêche que je n'avais encore jamais vue ailleurs et que toute la famille (jeunes, vieux, femmes, hommes) pratique. Elle consiste à jeter et à ramener à la main un simple hameçon trident, nu de tout appât, attaché à un fil de nylon. Et, comme par miracle, une fois sur deux, un poisson ressemblant à un petit mulet est ramené, l'hameçon planté au hasard, dans la bouche, dans les ouies ou bien encore dans la queue !!!

Avant d'aller nous gaver de succulentes quesadilla préparées par une mère et sa fille à même le trottoir, nous prenons l'habitude de savourer une Corona bien fraîche (ça y est, c'est définitif, Chantal ne boira plus d'eau de tout le voyage à cette heure de la journée !), les pieds dans le sable, dans un des petits restos posés sur la plage où nous ferons la connaissance d'un jeune couple de Français qui, comme nous, savourent la beauté de l'endroit..

C'est avec un petit pincement au coeur qu'on quittera Puerto Angel pour se diriger, tous les quatre, vers Oaxaca.

 

 

28, 29 et 30 juillet 2006

Levés à 6 heures, nous prenons le bus pour Oaxaca à Pochutla. Malheureusement, la climatisation, après laquelle nous râlons tout le temps, ne marche pas et les vitres sont impossible à ouvrir. La température devient, de ce fait, très vite suffocante. Je ne me sens pas très bien et, devinant que je vais tourner de l'oeil, confie ma ceinture banane à Chantal. Juste derrière nous, un gamin vomit. Le chauffeur tente de faire marcher la ventilation mais c'est encore pire. Comme dans les dessins animés, je vois des chandelles blanches danser devant mes yeux. Et le gamin derrière qui continue de vomir ! En fin de compte, la puanteur me fait reprendre quelque peu les esprits. Je me lève et me dirige vers le fond où quelqu'un a réussi à ouvrir la trappe d'aération située sur le toit du bus. Tout de suite je vais mieux et les relents du vomi s'atténuent. Je l'ai échappé belle !

Au bout d'une heure de trajet, le chauffeur s'arrête dans une petite ville où l'on échange notre car pour un autre plus confortable et climatisé.

À 19 heures, nous arrivons enfin à Oaxaca, grosse ville très animée.

Le centre, dont on devine les beaux édifices, est d'architecture coloniale espagnole. Je dis « dont on devine » car nous arrivons dans une ville à feu et à sang suite à des revendications sociales et à l'élection présidentielle dont on entend qu'elle aurait été truquée. Des barricades, certaines encore fumantes, barrent quelques rues du centre ville. Depuis le mois de mai, il y a eu onze tués et beaucoup de viols. Le zocalo , tout enrubanné de banderoles contestataires, est toujours occupé par les manifestants qui dorment sur place.

Nous pourrons, malgré tout, et en se faisant discrets, visiter pratiquement tout ce que nous souhaitions voir.

On se régalera de tacos épicés juste comme il faut et mangés sur le pouce autour du marché couvert. Un autre soir, la chance veut que nous passions devant une petite cantine toute proprette qui nous fait immédiatement envie. Nous nous y arrêtons et commandons à la serveuse de copieux tortas pollo très frais et peu chers. Une dame, que nous pensons être la patronne, très gentille, nous fait comprendre que c'est aujourd'hui l'ouverture ! C'est donc pour ça que c'est si propre !

Le lendemain soir, nous y retournons une seconde fois tellement c'était bon la veille. C'est la serveuse qui tient boutique (c'est elle, fille de la dame d'hier soir, qui est en fait la patronne). Elle nous reconnaît immédiatement, nous sert deux énormes tortas pollo , et engage la conversation. Nous devons lui paraître sympas puisqu'elle nous prend en photo, nous ses premiers clients, et décide de nous faire un petit cadeau. Elle s'absente quelques instants et revient avec un petit paquet qu'elle s'empresse de nous tendre. Confus, nous acceptons en la remerciant beaucoup. Devant son insistance, nous ouvrons ledit paquet et découvrons avec stupeur son contenu : des chapulines (des sauterelles grillées !!). Je vois bien qu'il est impossible de s'enfuir tellement la pauvre fille semble heureuse de nous faire plaisir ! J'allais lâchement demander à Chantal de les goûter quand, devant son regard paniqué, je comprends tout de suite que c'est à moi de m'y coller... Je me sacrifie donc, un peu écoeuré, (ah ! l'amour....) et à mon grand étonnement, je ne vais pas vous dire que j'adore, mais c'est mangeable ! Je sens Chantal toute proche de l'apoplexie tellement elle se contient d'éclater de rire, puis j'aperçois le sourire mi-interrogateur mi-crispé de la jeune fille se détendre. Me voyant ainsi encouragé, j'en reprends tout de suite une seconde poignée......

Quelques instants plus tard, le paquet de chapulines à la main, nous allons nous faire exploser les tympans dans un bar bondé et fréquenté par les jeunes Mexicains. L'ambiance est chouette et, pour une fois, la musique rock sympa et la sono, quoique très forte, plutôt bonne. Marina et Bruno, les Français de Puerto Angel, nous y retrouvent et nous dégustons, ensemble, du mezcal, spécialité de Oaxaca, et de la tequila. J'avoue ne plus me souvenir lequel je préfère... mais je me rappelle leur avoir proposé de mes sauterelles et, je ne sais pas pourquoi, personne n'en a voulu !!

 

 

31 juillet, 1 er , 2 et 3 août 2006

Le trajet en bus de Oaxaca à Mexico commence bizarrement. Les bagages et nous-mêmes sommes fouillés et, une fois tout le monde installé à sa place, la police monte à bord et filme soigneusement chacun des voyageurs. Vu le contexte, ça nous rassure un peu, bien qu'on ait pas eu peur un seul instant à Oaxaca. Le long du chemin, on distingue nettement les volcans de la région, dont le fameux Popocatépelt qui culmine à 5 230 mètres. À l'arrivée, la station de bus est immense et, chacun notre tour, nous attendons un taxi. Le nôtre nous conduira à l'hôtel, tout proche du Zocalo , qu'une voyageuse nous avait recommandé. Il se révèlera très correct pour le prix, très bien situé, à l'écart du bruit.

Comme à Oaxaca, le Zocalo est occupé entièrement par les manifestants et leur campement, Des banderoles flottent près du Palacio Nacional dont les différentes entrées sont gardées par des militaires, la mitraillette au poing, qui nous en empêchent l'accès. Je suis énormément déçu, car j'ai souhaité venir à Mexico principalement pour voir les fresques de Diego Rivera qui s'y trouvent. D'autres musées près du Zocalo sont eux aussi fermés au public pour un temps indéterminé. On n'a vraiment pas eu de chance sur ce coup-là.

Autour du Zocalo , nous ne sommes pas plus rassurés que ça. Une sorte de braderie avec son lot de déballages et de stands ambulants a lieu. Il y a foule et énormément de policiers avec casque, genouillères, matraque, pistolet, gilet pare-balle et boucliers patrouillent et nous dévisagent constamment.

Nous décidons de quitter un moment ces lieux un peu trop inquiétants aux yeux de Chantal pour une des choses qui me tient le plus à coeur : la visite de Museo Casa Frida Khalo où cette célèbre artiste peintre est née, a vécu avec Rivera et reçu, en autres célébrités, Trotski. C'est aussi dans cette maison bleue que le film Frida a été tourné. On y trouve de nombreuses peintures, dessins et, malheureusement, quelques copies de ses toiles les plus célèbres, son bel atelier, la fameuse cuisine, magnifique, son lit d'infirme, émouvant...

De plus, l'ancien village de Coyoacan, où se trouve cette jolie demeure, aujourd'hui englouti par la mégapole, est resté le repère des artistes. On se croirait un peu à Montmartre. L'ambiance bohème confère à l'endroit un charme certain où il fait bon flâner sur le petit zocalo joliment fleuri et dans les ruelles bordées de vieilles propriétés retapées et de parcs aux grands arbres.  

Une autre fois, nous nous aventurons en métro jusqu'aux jardins flottants de Xochimilco. Après un trajet d'une heure en métro aérien, une longue marche sous la chaleur et quelques difficultés à trouver notre chemin, nous arrivons enfin devant les embarcadères des fameuses lanchas (barques fleuries). Pratiquement toutes sont à quai, entassées les unes contre les autres dans un méli-mélo chamarré. Quelques bateliers nous proposent leurs services, plus par habitude que par conviction. Après quelques photos nous repartons, un peu déçus de notre balade, vers les deux basiliques de la Guadelupe.

À la sortie du métro, après avoir traversé une longue allée de camelots ne vendant que des bondieuseries de pacotille, pris dans le flot humain, nous débouchons sur l'immense parvis des basiliques : la plus ancienne penche sérieusement tandis que la plus moderne accueille la foule des fervents venus se recueillir devant un suaire sacré.

Une visite enrichissante au Museo nacional de Antropologia et une dernière promenade dans les rues de la capitale concluent notre voyage au Mexique.

Nous quittons demain matin ce pays qui nous laissera une drôle d'impression.

Quel changement en effet, lorsque, comme nous, on arrive de Cuba ! On y retrouve plein de choses qu'on avait oubliées là-bas : des boutiques bien approvisionnées, des immeubles neufs, des voitures récentes, un peu de publicité au bord des routes... Par contre, où sont passés les rires et sourires, les regards complices, les bienvenidos cubains ? Était-ce dû au contexte post-électoral ? Peut-être.......

Avant de partir, j'aimerais aussi pouvoir oublier les ennuis de notre arrivée pour ne garder en souvenir que la bonne humeur de cette jeune et jolie vendeuse de tortas de Oaxaca, la gentillesse des petits serveurs de la plage de Puerto Angel, et plein de petites choses comme celles-là qui font la saveur des voyages......

Adios Mexico, adios !