SAID IBN MABROUK . K

Question/Réponse - 126

 






Est-ce que le Musulman peut espionner, soupçonner et médire de son frère Musulman ?


Réponse :

Allah  Razza wa jal dit

« Ô vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair (de crainte) que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait ». (Sourate 49 verset 6)

« Ô vous qui avez cru! Évitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait- il manger la chair de son frère mort? (Non!) vous en aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux ». (Sourate 49 verset 12)


Explication approximative des versets et du Tafsir Ibn Kathir


Allah interdit aussi à Ses serviteurs croyants de conjecturer sur autrui en l’accusant d’une chose du moment qu’il en est innocent, car de telle conjoncture est un péché.

   Abdullah Ben Omar –qu’Allah l’agrée- a rapporte : «  J’ai vu le Prophète d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut-  faire la circumambulation autour de la Ka’ba en disant : « Comme tu es bonne et comme elle est bonne ta senteur. Comme tu es magnifique et comme il est magnifique ton caractère sacré. Par celui qui tient l’âme de Mohamed dans sa main, le caractère sacré du croyant auprès d’Allah le Très Haut  est plus précieux que le tien, ainsi que son sang et ses biens, et on ne doit penser de lui que du bien » (rapporté par Ibn Maja)

Abou Houraira –qu’Allah l’agrée- rapporte que le Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- a dit : «  Méfiez-vous du soupçon car le soupçon est plus mensonger que ce qui est vrai. Ne soyez pas indiscrets, n’espionnez pas, ne vous enviez pas les uns les autres, ne nourrissez pas la haine entre vous et ne vous détournez pas les uns des autres et soyez des serviteurs d’Allah frères » (rapporté par Boukhari et Malek). Dans une version rapportée par Anas, on trouve cet ajout : «  Il n’est plus permis à un Musulman de fuir son frère (coreligionnaire) au delà de trois jours »

Haritha Ben An-Nou’man –qu’Allah l’agrée- rapporte que le Messager d’Allah  –qu’Allah prie sur lui et le salut- a dit : «  Trois choses auxquelles s’attache ma communauté et qui sont : «  Le mauvais augure, la jalousie et le soupçon ». Un homme lui demanda : « Comment peut-on s’en débarrasser ô Envoyé d’Allah ? » Il répondit : «  Lorsque tu jalouses quelqu’un, implore le pardon d’Allah ; en cas de soupçon ne cherche pas à s’en assurer ; et lorsque tu tires mauvais augure d’une chose pars (sans s’en soucier) »

Aboul-Haytham rapporte que Doujain, le scribe de Ouqba, dit à ce dernier : «  J’ai des voisin qui boivent du vin, je veux leur appeler la police pour les appréhender ». Ouqba lui répondit : «  Non, ne le fais pas, mais exhorte-les en les menaçant ». Le scribe s’exécuta mais les voisins persévérèrent dans la consommation du vin. Il vint trouver son maitre et lui dit : «  Il ne s’en est pas abstenus. Je vais leur appeler la police ». – Malheur à toi, s’écria Ouqba, j’ai entendu le Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- dire : «  Celui qui dissimule le défaut d’un croyant c’est comme il a ressuscité une fille enterrée vivante » (Rapporte par Ahmed, Abou Daoud et Nassai)

«  Et n’espionnez pas » et ceci ne se fait que pour vouloir du mal à la personne épiée d’où la tâche criminel de l’espion.

« Et ne médisez pas les uns des autres » Les exégètes ont expliqué ce fait en se référant à ce hadith rapporté par Abou Daoud d’après Abou Houraira qui a dit : «  On a demanda : «  O Messager d’Allah, qu’est-ce que la médisance ? » Il répondit : «  Elle consiste à raconter les défauts de ton coreligionnaire qu’il répugne » - Et si mon frère, reprit –on, possède ces défauts ? » Et le Prophète   –qu’Allah prie sur lui et le salut- de répliquer : «  Dans ce cas tu auras médit de lui, et s’il ne les possède pas tu l’auras diffamé » (Rapporté par Abou Daoud)
   
   La médisance est interdite d’après l’unanimité des Ulémas et il n’y a exception qu’au cas où on cherche l’intérêt publique soit en récusant un témoin, soit en amendant une chose, soit en prodiguant de conseils. On cite à l’appui ces dires du Prophète d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- : «  Lorsque l’homme pervers avait demandé d’entrer chez lui, il dit à ses compagnons : « Laissez-le n’entrer quel mauvais frère de la tribu »

   Quand il a répondu à Fatima Bent Qais qui était demandée au mariage par Mou’awia at Abou Jaham : «  Quant à Mou’awia il n’est qu’un misérable, mais Abou Jaham est un homme violent (qui frappe les femmes) »

Comme l’interdiction de la médisance est catégorique et pour montrer sa gravité, Allah la ressemble à la dévoration de la chaire d’un homme mort : « L’un de vous aimerait- il manger la chair de son frère mort? Non, cela vous répugnerait » Un homme aurait sans doute horreur de manger le cadavre de son frère,  et le châtiment serait aussi plus sévère dans l’autre monde. Le Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- dans son pèlerinage d’adieu a souligné le fait que l’homme, tout homme, jouit d’une « immunité » morale dont tout autre doit la respecter. Il a dit : «  Votre sang, vos biens et votre honneur sont aussi plus sacrés que ce jour-ci, en ce mois-ci, dans votre jour-ci, dans votre pays-ci… »

    Dans un autre hadith rapporté par Abou Houraira, le Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut-  a dit : «  La personne du musulman est sacrée pour tout musulman comme ils sont : son honneur, ses biens et son sang. Il suffit à un homme de commettre un acte de mal envers son frère musulman en le méprisant » (rapporté par Abou Daoud et Tirmidhi).

   Et pour mettre en garde les croyants contre ce grand péché, Ibn Omar rapporte que le Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut-  a dit : «  O ceux dont la foi n’a pas encore pénétré dans leur cœur, ne medisez pas des musulmans. Que qui cherchent à décéler les défauts des autres musulmans sachent qu’Allah est capable de déceler leurs défauts même s’ils se trouvent chez eux… »

Abou Sa’id Al-Khudri rapporte : «  Nous demandâmes au Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- de nous raconter ce qu’il a vus dans son voyage nocturne et son ascension, il répondit : « … Puis Gabriel (Jibril) et moi partîmes pour rencontrer une foule innombrable de gens, hommes et femmes, confiés à des hommes qui les contraignaient à manger de la chair du cadavre d’un mort. En la prenant ils la trouvèrent  aussi dure que les semelles en essayant de la mastiquer. On leur dit : «  Mangez comme vous l’avez fait, au bas monde, en attaquant l’honneur de votre frère » Or ces gens-là magnaient en la répugnant tout comme ils répugnaient la mort. Demandai : «  O Gabriel, qui sont ces gens-là ? » Il me répondit : «  ce sont les moqueurs et les médisants invétérés qui calomniaient les autres » On dira à l’un d’eux : « L’un de vous aimerait- il manger la chair de son frère mort? Non, cela vous répugnerait » Alors qu’il sera contraint de le faire….. »

Al-Hafedh Al-Nayhaqi rapporte que Oubaid, l’affranchi du Messager d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- a raconté que, du temps du Prophète, deux femmes étaient en jeûne. Un homme vint lui dire : «  O Messager d’Allah, deux femmes qui jeûnent sont sur le point de mourir dans ce temps chaleureux ». Il se détourna de lui – ou suivant une variante : il garda le silence. A la deuxième fois, il lui répondit : « Amenez-moi ces deux femmes » Quand elles furent en présence du Prophète –qu’Allah prie sur lui et le salut-, il demanda  de lui apporter un verre vide et il dit a l’une d’elles : « Vomis ». Elle vomit jusqu'à remplir la moitié de ce verre du pus, du sang et de la sanie. Puis il demanda à l’autre de vomir aussi et le verre fut plein de ces deux matières puantes. Il dit enfin : «  Ces deux femmes se sont abstenues de prendre ce qu’Allah le Très Haut a rendu licite et elles ont rompu leur jeûne en prenant de ce qu’Allah a déclaré illicite. En effet, ces deux femmes-là ne sont réunies que pour manger la chaire des autres » (rapporté par Bayhaqi et Ahmed)

   En voila aussi cet autre récit, à savoir que les hadiths sont abondent dans ce sens : «  Ibn Omar rapporte que Ma’ez vint auprès du Prophète d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- et lui dit : «  Messager d’Allah, j’ai forniqué » Il se détourna de lui. Mais à la quatrième ou à la cinquième fois, il lui demanda : « As-tu vraiment forniqué ? ».

-   Oui, répondit Ma’ez.
-   Sais-tu ce que signifie la fornication
-   Certes oui, c’est ce que l’homme commet avec sa femme mais licitement.
-   Que désires-tu ô Ma’ez.
-   Je veux que tu me purifies.
-   As-tu pénétré (ton membre viril) comme on fait entrer l’aiguille dans un récipient de kohol ou la corde dans un puits ?.
-   Oui, ô Messager d’Allah.

Il donna l’ordre de le lapider et ce fut fait. Plus tard, le Prophéte d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut- entendit un homme dire à un autre :

« N’as-tu pas remarqué cet homme qu’Allah a dissimulé son péché venir l’avouer jusqu'à ce qu’il fut lapidé tel un chien ? » Puis il continua son chemin et, arrivé à un endroit ou il avait la  charogne d’une âne, il demanda à ses compagnons : «  Ou sont-il un tel et un tel ? ». Un fois  en sa présence, il leur dit : «  descendez du dos de vos montures et allez manger du cadavre décomposé de cet âne ». Ils répondirent : «  ô Messager d’Allah cela est-il comestible ? » Il leur répliqua : «  Ce que vous venez de dire de votre frère (Ma’ez) est aussi répugnant que de manger de cette charogne. Par celui qui tient mon âme entre sa main, il (Ma’ez) se trouve actuellement au paradis en train de plonger dans ses ruisseaux » (rapporté par Al-Hafedh et Abou Ya’la)

«Et craignez Allah »  en observent Ses ordres et Ses interdictions : «  Il est indulgent et miséricordieux » envers quiconque revient à Lui repentant.

Nombre d’Ulémas ont stipulé que le repentir consiste à ne plus revenir à la médisance avec une intention ferme. Mais les opinions ont divergé quant au regret d’avoir commis ce péché : doit-il demander le pardon de celui qui a médit de lui ? Les uns l’ont affirmé et stipulé.

Les autres de répondre : «  Ceci n’est pas obligatoire car il se peut que l’homme qui était l’objet de la médisance soit vexé et trouve que la connaissance de cette médisance est aussi plus dure que la médisance –même. Donc le seul moyen consiste à ce que le médisant fasse l’éloge de cet homme dans une assemblées, de ne parler de lui que du bien et de le défendre s’il est l’objet d’une autre médisance. Ils ont cité à l’appui ce hadith dans lequel le Prophète d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut-  a dit :
« Celui qui défend un croyant contre un hypocrite qui médit de lui, Allah lui envoie un ange qui préservera son corps contre le feu de la Géhenne. Et celui qui attaque un croyant voulant l’injurier, Allah le Très Haut le retiendra sur le pont (sirat) de la Géhenne jusqu'à ce qu’il se débarrasse de tout ce qu’il aurait dit » (rapporté par Ahmed et Abou Daoud)

Dans un autre hadith, le Prophète d’Allah –qu’Allah prie sur lui et le salut-a dit : «  Tout Musulman fait défection à un autre sans le défendre dans des circonstances ou son honneur et sa personne sacrée sont attaqué, Allah le laissera à lui seul (sans le secourir) là ou aura besoin de son secours. Par contre, tout musulman qui secours son coreligionnaire quand ce dernier est attaqué, Allah – a Lui la Puissance et la Gloire- Le secourra dans des circonstance ou il aura besoin de ce secours » (rapporté par  Abou Daoud)





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