SAID IBN MABROUK . K

Question/Réponse - 129

 






La légitimé du raccourcissement de la prière ?



Réponse :

Allah  Razza wa jal dit :

« Et quand vous parcourez la terre, ce n’est pas un péché, pour vous de raccourcir la Salât, si vous craignez que les mécréants ne vous mettent à l’épreuve, car les mécréants demeurent pour vous un ennemi déclaré ».  (sourate4verset 101)


Explication  approximative du verset et du Tafsir Ibn Kathir :

il y a dans ce verset une tolérance pour ceux qui se déplacent d’abréger la prière, c'est-à-dire réduire celle qui est faite normalement de quatre rak’at à deux. Mais les Ulémas stipulent que ce déplacement doit être fait pour accomplir une œuvre selon les enseignements d’Allah, c'est-à-dire : un combat dans la voie d’Allah, un pèlerinage, une visite pieuse, à  la recherche d’une science, une visite ou autre.

Quant aux autre sorte de voyage, il faut absolument qu’ils soient permis et ne comportent aucune dérogation aux lois divines, tout comme lorsque Allah accorde la tolérance de manger la viande d’une bête morte quand on est contraint, en disant : «  Celui qui contreviendra à ce qui précède par nécessité, en cas de disette, et à condition qu’il n’ait pas l’intention de mal faire… » (Sourate 5 verset 3) surtout quand on est en voyage sans une désobéissance à Allah. Telle était l’opinion des chefs des écoles de la loi islamique, à l’exception  d’Abou Anifa.

« Si vous craignez que les mécréants ne vous mettent à l’épreuve » car après l’émigration (hégire) les musulmans ne se déplaçaient que pour faire une expédition ou des attaques contre leurs ennemis. Donc cette tolérance ne leur a été accordée qu’en cas ou ils redoutaient les incrédules en l’affrontant.

A cet égard You’la Ben Oumaya rapporte : «  J’ai demandé a Omar Ben Al-Khattâb au sujet de ce verset(en ajoutant que les hommes se trouvent actuellement en état de sécurité. Il me répondit : «  J’ai été en effet étonné comme toi en méditant sur les sens de ce verset, mais en posant la question à l’Envoyé d’Allah  - qu’Allah prie sur lui et le salut- il ma répondu : «  Considérez ceci en tant qu’une aumône qu’Allah vous octroie, acceptez don Son aumône »

Abou Al-Wadak rapporte qu’il a demandé a Ibn Omar au sujet de la réduction de la priére à deux rak’at quand on voyage, il ma répondu : «  C’est une tolérance descendu du ciel, vous pouvez en passer outre si  vous voulez »

A propos de l’abrégement de la prière on cite ces quelques hadiths :

-   Anas rapporte : « Nous partîmes de Médine  à la Mecque en compagnie du Prophète  - qu’Allah prie sur lui et le salut-, il faisait la prière de deux rak’ats jusqu'à notre retour à Médine ». On demanda à Anas : «  Combien vous êtes restés à la Mecque ? » Il répondit : «  Nous somme restés dix jours ».

-   Ibn Omar rapporte : «  Je fis  une prière de deux rak’ats en compagnie du Prophète - qu’Allah prie sur lui et le salut- à Mina ainsi avec Abou Bakr, Omar et Othman durant la première période de son califat, ce dernier l’a complétée ensuite  à quatre ».

-   Haritha Ben Wahb rapporte : «  Le Prophète d’Allah - qu’Allah prie sur lui et le salut- nous fit une prière de deux rak’ats à Mina bien qu’il n’y avait aucun danger »

-   Ibn Massaoud a rapporté qu’on lui demanda qu’Othman a fait une prière de quatre rak’ats à Mina. Il s’écria alors : «  Nous appartenons a Allah  et c’est ver Lui que nous retournerons » Puis il dit : «  J’ai fait une prière de deux rak’ats avec l’Envoyé d’Allah - qu’Allah prie sur lui et le salut- à Mina, ainsi avec Abou Bakr et Omar – J’aurais bien aimé prier quatre rak’ats au lieu de deux et que ces deux rak’ats seraient acceptées d’Allah »

C’est différent hadiths prouvent d’une façon claire que l’abrégement de la prière ne dépend pas de la crainte ou du cas de danger.

Pour cela certains Ulémas ont déclaré que cet abrégement ne porte pas sur  le nombre de rak’ats mais plutôt sur la manière de s’acquitter de la prière, selon Moujahid, Ad-Dahak et Souddy, tirant argument de ce hadiths rapporté par l’imam Ahmed d’après aicha : «  D’abord la prière  fut imposée de deux rak’ats qu’on  soit résident ou en voyage. La prière du voyage resta telle quelle, et celle de la résidence fut complétée à quatre »

Si d’après ce hadith la prière  en cas de voyage est fixée à deux rak’ats, comment prétend-on que cet abrégement porte sur la façon de s’en acquitter et non pas du nombre des rak’ats ? En plus, on cite ce hadith rapporté par l’imam Ahmed d’après Ibn Omar : «  La prière en cas de voyage est formée de deux rak’ats ainsi que celles des deux fêtes –Fitr et Adha- et du vendredi par la bouche du Prophète d’Allah - qu’Allah prie sur lui et le salut- et chacune de ces prières est considérée en tant que complète ». Mouslim et Nassai ont cité le même hadith avec cet ajout d’après Ibn Abbas : «  A savoir quatre rak’ats quand on est résident, deux en voyage et une en cas de danger, sans négliger les prières surérogatoire aussi bien en résidant qu’en voyageant ».

Ceci ne  contredit pas ce qu’Aicha a déclaré que la prière était à l’origine formée de deux rak’ats en lui ajoutant deux autres quand on réside. Et ce qui est convenu, c’est que la prière du voyageur est limitée a deux rak’ats.

Si c’est ainsi, on peut conclure qu’il s’agit de la façon d’accomplir la prière en commentant ce verset : «  il vous est permis d’abréger la prière » comme en cas de danger et c’est pourquoi Allah dit ensuite : «  S i vous craignez d’être inquiétés par les infidèles » et encore : «  Lorsque tu sera au milieux de tes troupes et que tu les appelleras à la prière » (le verset suivant que nous allons commenter) qui confirme que cet abrégement porte sur la façon de s’acquitter de la prière.

Quant a Moujahid, il a commenté ce verset : «  Il vous est permis d’abréger la prière » et dit : « Le jour ou le Prophète  - qu’Allah prie sur lui et le salut- se trouvait à Osfan avec les fidèles, et les polythéistes à Dajnan, il fit la prière du midi de quatre rak’ats en accomplissant à la perfection ses inclinaison et ses prosternations, au moment ou les polythéistes voulaient saisir l’occasion pour les attaquer et s’emparer de leur effets et matériels de guerre.

Oumaya Ben Abdullah Ben Khaled Ben Oussayd rapporte qu’il a demandé à Abdullah Ben Omar : «  On trouve dans le Coran le verset relatif à l’abrégement de la prière en cas de danger, mais le verset concernant la prière en voyage n’y existe pas ? » Il répondit : «  Nous avons trouvé le Prophète  - qu’Allah prie sur lui et le salut- pratiquer cette prière et nous l’avons imité ». Abdullah Ben Omar tira argument du faire du prophète et non du Livre d’Allah.

En voila un autre argument : Samak Al-Hanafi a dit : «  J’ai demandé a Ibn Omar à propos de la  prière en cas de voyage, il me répondit : «  Elle est formée de deux rak’ats sans être considérée comme étant incomplète ou abrégée à l’opposé de celle de la crainte ». Je répliquai : «  Comment on doit faire la prière en cas de danger ? » Il dit : « L’imam fait d’abord une seul rak’ats avec une partie  de fidèles qui, en la terminant, quittent l’endroit de la prière pour céder à l’autre partie, et l’imam fait avec eux une autre rak’at. De cette façon chaque partie aura prié une seul rak’at et l’imam deux »

Complément : Hors Tafsir

La règle est que seul le voyageur est autorisé à raccourcir sa prière de quatre unités, en raison de la parole d’Allah : « Et quand vous parcourez la terre, ce n’est pas un péché pour vous de raccourcir la prière... »1

Et de la parole de Ya’lâ ibn Umayya : « Je dis à ‘Umar ibn Al-Khattâb, qu’Allah l’agrée : « Et quand vous parcourez la terre, ce n’est pas un péché pour vous de raccourcir la prière, si vous craignez que les mécréants ne vous mettent à l’épreuve. »

Il me dit : « Je me suis étonné de ce qui t’a étonné, c’est pourquoi j’ai questionné le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui m’a dit : « C’est une aumône qu’Allah vous donne. Acceptez donc son aumône. »2
 
Doit être considéré comme voyageur quiconque reste dans une région pendant une durée égale ou moindre à quatre jours et quatre nuits, en raison de ce qui a été authentiquement rapporté dans le hadith de Jâbir et d’Ibn ‘Abbâs, qu’Allah les agrée, selon lequel le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, arriva à la Mecque le matin du quatrième jour du mois de Dhul-Hijja lors du pèlerinage d’Adieu.3

Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, resta tout le quatrième, le cinquième, le sixième et le septième jour, et accomplit la prière du Fajr  le huitième jour à Al-Abtah, et durant ces quatre jours, il raccourcissait les prières.

Or, il avait l’intention d’y rester, cela est connu. Ainsi, tout voyageur qui a l’intention de rester dans un lieu pendant une durée égale ou moindre que celle du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, raccourcit sa prière. Et quiconque à l’intention d’y rester plus que ce laps de temps complète sa prière, car il n’est plus considéré comme voyageur.

Quant à celui qui reste dans une région plus de quatre jours sans avoir l’intention réelle d’y rester, mais qui a plutôt décidé de retourner chez les siens dès que ses affaires sont finies, il est considéré comme voyageur : comme celui qui reste dans une région pour combattre l’ennemi, ou qui est arrêté par les autorités ou par une maladie par exemple, mais qui a l’intention - si le combat se termine par la victoire ou un traité de paix, ou qu’il se libère de ce qui l’immobilisait comme la maladie, la force de l’ennemi, les autorités ou le fait d’avoir retrouvé son esclave fuyard, ou la vente d’une marchandise, etc.… dans ce cas, il est considéré comme voyageur et il raccourcit alors les prières de quatre unités, même si la durée s’allonge, car il a authentiquement été rapporté que le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est resté dix-neuf jours à la Mecque, l’année de la victoire (Al-Fath), en raccourcissant la prière 4.

 Il est aussi resté vingt jours à Tâbûk pour combattre les chrétiens, en dirigeant et en raccourcissant la prière des Compagnons5, car il n’avait pas l’intention d’y rester mais avait plutôt l’intention de s’en aller lorsque l’affaire serait terminée.

•   Fatwa du Comité Permanent
•   Tome 1, page 274.
_______________________
1 Les Femmes, v. 101.
2 Rapporté par Muslim, chapitre des voyageurs, n°686.
3 Rapporté par Al-Bukhârî, chapitre du raccourcissement de la prière, n°1085.
4 Rapporté par Al-Bukhârî, chapitre du raccourcissement de la prière, n°1080.
5 Rapporté par Ahmad (3/295), Abû Dâwûd, chapitre de la prière, n°1235 et ‘Abdin ibn Humayd, n°1129.




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