Dans son livre "Chronique de mon village, le Pâquier", Marius Pasquier cite plusieurs personnes connus dans
le monde des arts.
Deux artistes sont présentés ici : le chanoine Marius Pasquier, contemporain, connu pour ses talents de musicien
compositeur et Louis Vallélian, peintre du 17ème siècle dont la biographie a été empruntée à Paul Pasquier dans son
document "le Pâquier".
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Chanoine Marius Pasquier
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C'est un enfant du village, qu'il quitte à l'âge de douze ans pour rejoindre son frère Joseph, qui est
chanoine à St-Maurice dans le Valais en Suisse.
Issu d'une famille foncièrement chrétienne, avec des parents admirables, son chemin paraît tout naturellement
tracé.
Nous le retrouvons au village, au hasard des vacances. Et c'est dans la fanfare, qu'il vient renforcer à
certaines occasions, que nous pouvons apprécier ses qualités de musicien.
Les années passent et 1945 verra dérouler les fastes de sa première messe au Pâquier, au milieu de ses parents,
de ses confrères et de ses amis.
Un riche parcours, illuminé par la foi et par la passion du chant et de la musique : le vrai et le beau.
Le chanoine Marius Pasquier fait honneur à son village d'origine. Il a rempli dans son canton d'adoption,
le Valais, le rôle que le chanoine Bovet a rempli dans celui de Fribourg.
Nous laissons à un groupe de ses amis les plus proches le soin de présenter un portrait plus complet et
combien délicat de ce proche parent, prêtre et musicien.
Essai de portrait du chanoine Marius Pasquier...
Pour atteindre à la vérité du portrait du chanoine Marius Pasquier il faut surtout dessiner brièvement quelques
aspects du prêtre, du prêtre-musicien, tant son ministère déborde de l'un et de l'autre.
Né au Pâquier en Gruyère, Marius Pasquier prend ses premières leçons de violon avec Monsieur Gremaud ;
il vient très jeune au Collège de Saint-Maurice où il entre à l'Abbaye et obtient sa maturité.
Après ses études de théologie, pour lesquelles il avait abandonné toute musique, ses Supérieurs lui
demandent de reprendre et de terminer sa formation musicale. Il peut ainsi remplir pleinement les nombreuses
tâches qui l'attendent.
Professeur de religion et de violon au Collège, maître de chapelle à la suite du chanoine Louis Broquet,
directeur du Chœur du Collège, du Chœur-Mixte de la Ville, ses semaines sont plus que chargées et ses week-ends
sont tout entiers consacrés au ministère pastoral.
Il lui faut encore diriger l'Orchestre du Collège et des Jeunesses Musicales de Saint-Maurice, préparer
les messes radiodiffusées avec l'Ensemble vocal qu'il créa, sans oublier les multiples fêtes de chant et
festivals où il est invité comme chef et plus tard comme jury. On aurait pu craindre qu'une telle frénésie
d'activités occultât sa mission de prêtre; ce serait oublier la profondeur de sa foi, roc sur lequel il sait
toujours s'appuyer et source à laquelle il ne manque jamais de se désaltérer.
Cette symbiose entre le prêtre et le musicien s'éclaire par la discrétion du personnage, sa délicatesse,
son humilité presque maladive, son naturel porté vers le dépouillement comme pour mieux saisir
l'essentiel.
Marius Pasquier n'est jamais le spécialiste qui s'adresse à des érudits, c'est l'homme spirituel qui
essaie de faire découvrir la beauté à tous ceux qui ont la chance de jouer ou de chanter sous sa
direction.
Il accepte toujours de travailler avec les moyens à disposition et parfois ceux-ci sont bien pauvres !
Pour ces générations de jeunes qui ont découvert concertos, symphonies, oratorios, voire une Passion
de Bach ou un Requiem de Mozart, il sait illuminer la musique de toute la richesse d'un texte longuement médité.
Rien d'étonnant dès lors que de nombreuses vocations musicales prennent naissance au contact d'un tel guide.
On ne compte plus les chanteurs et instrumentistes qui, formés au creuset d'une telle exigence, poursuivent
plus avant leur formation et leur carrière.
On ne peut manquer de souligner le rôle important qu'il joue dans l'église postconciliaire. Initié à la
souplesse et à la beauté du plain-chant, Marius Pasquier n'a pas voulu laisser passer la chance que le Concile
offrait aux fidèles de chanter dans leur langue.
Sans jamais tomber dans certains malheureux excès, il sait admirablement tirer profit de son amour
du grégorien pour renouveler l'Office de la communauté et enrichir de ses compositions le trésor de la musique sacrée.
Cet esprit d'ouverture, il le puise dans son âme d'enfant constamment en éveil, pleine de projets et de rêves.
Il s'émerveille toujours autant à redécouvrir sa terre natale et retrouve avec bonheur ses racines au contact
de la Gruyère.
Dans son cœur et à travers ses yeux, tout devient Beauté - le silence, le souffle de la brise, la lumière,
l'eau, la forme des nuages ou le chant des oiseaux, la grâce des félins, le rire d'un enfant - et invite à
l'éternelle Harmonie.
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Louis Vallélian, 1605-1644 - artiste-peintre
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En septembre 1603 est né au hameau des Carrets, de la commune du Pâquier, Louis, fils de Théodule feu
Valérien du Pasquier et de Marie, fille d'Antoine du Pasquier, dit Es Antênoz. Il eut pour parrain Louis
du Pasquier es Perret, dit Tibicini.
Nous savions que des familles du Pasquier dites Es Valérien les ancêtres des Vallélian, était issu un artiste.
C'est l'ouvrage de Gérard Pfulg sur Jean-François Reyff qui nous dévoile le cheminement du jeune Louis.
Jean-François Reyff artiste fribourgeois, bourgeois de Fribourg.
Louis du Pasquier dit Vallélian, se rendit en France, vint à Fribourg où il s'engagea dans l'atelier
de Jean-François Reyff et devint son associé.
Grâce à ses talents, Louis fut reçu bourgeois de la ville de Fribourg en 1632.
L'atelier Reyff s'occupait essentiellement de sculptures , de statues polychromes où Louis faisait
valoir son art. Avec son associé, il entreprit divers travaux pour nos églises fribourgeoises, il eut pour
compagnon de travail des parents des familles Reyff.
Ce que nous apprend l'ouvrage de G.Pfulg :
1) Les comptes du couvent de la Valsainte, des années 1631-1632 mentionnent des dépenses pour des œuvres
exécutées en ce couvent soit :
-> à Peter Reyff, pour travaux de dorure, fournitures d'or et d'argent, 547 florins 2 batz;
-> à maître Vallélian, peintre, pour cinq tableaux, 100 florins
-> au fils N. Reyff pour deux anges, 13 florins
2) Pour l'église du couvent de la Montorge à Fribourg, Louis Vallélian exécuta vers 1630-1632 le tableau
du maître-autel représentant la Sainte Famille.
3) Par contrat du 6 avril 1636, il se chargea d'effectuer le même tableau que celui de Montorge, pour
le maître-autel de l'église de Charmey. Depuis la réfection de cette église, ce tableau fut relégué aux galetas
de la cure de Charmey !
4) Bn 1638, les ateliers Reyff livrèrent pour la paroisse de Gruyère le magnifique crucifix de l'oratoire
situé près de l'église de Gruyère, au-dessus du chemin conduisant au Laviau.
5) Les associés Reyff-Vallélian sont en contact avec la paroisse de Sâles pour des œuvres à effectuer
en son église, mais Louis mourut en 1644, il n'a que 41 ans, et il ne participa pas à ces travaux.
6) La paroisse du Pâquier à l'honneur de posséder une œuvre de son honorable artiste, le tableau représentant
la Sainte-Trinité, en honneur de son église.
Il signait ses contrats : "Louis du Pasquier dit Vallélian".
Comment ce jeune homme venant d'une famille pauvre dans ce hameau des Carrets est-il parvenu à devenir l'associé
d'un grand maître, tel Jean-François Reyff jouissant d'une grande notoriété et à qui l'abbé Gérard Pfulg docteur
es lettres, a consacré un ouvrage
Il y a bientôt quatre siècles, on constate que nos villages sont soumis à une dure tutelle.
Peu de chance pour les jeunes de s'en libérer. Mais il existe parfois des citoyens ouverts et influents qui
interviennent et soutiennent des jeunes talents.
Le bailli de Gruyère Pierre Reyff le jeune est de ceux-là. Il est très probablement un parent des familles
Reyff de Fribourg. Il apprécie les dons du jeune Louis pour la peinture.
On peut en déduire que son intention est d'engager ce jeune homme de quinze ans à développer son talent
et de lui ouvrir les portes du succès. Ce qui ne manque pas d'arriver.
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