Les moines chartreux
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L'histoire des Pasquier est intimement liée aux moines chartreux. Nos ancêtres au Pâquier sont des paysans qui travaillaient sur les terres des comtes de Gruyères.
Puis, lorsque Rodolphe un moine chartreux, cousin de ces comtes de Gruyères, décida de construire en ce lieu un monastère, les familles Pasquier devinrent fermier du monastère. Les moines les associèrent à leur contrat d'achat des terres au compte de Gruyères, contrat qui prévoyait que les familles Pasquier en deviendraient propriétaires au terme d'un bail emphytéotique de 200 ans. Le détail de ce contrat signé en 1341 est exposé dans le document Origine des Pasquier.
Les moines chartreux du Reposoir et de Bellevaux (Vallon) demandèrent à ceux de Gruyères-Le Pâquier de leur envoyer des familles connaissant la fabrication du fromage en vue de valoriser la production laitière sur leurs alpages.
C'est ainsi que nos ancêtres ont quitté leur village natal, le Pâquier, pour s'établir en Savoie, et pas seulement là où se trouvaient des Chartreux mais également à coté de l'abbaye de Tamié qui était en relation avec ces derniers.
Le texte qui suit décrit sommairement l'ordre des Chartreux afin de mieux comprendre le contexte dans lequel nos ancêtres ont évolué.
Voir la coupe longitudinale d'une maison individuelle montrant les pièces de vie et de travail dont dispose un moine

Extrait de la conférence (2001) du père Jean Quéré à l'occasion du 850éme anniversaire de la fondation du couvent du Reposoir, intitulée : Jean d'Espagne

L'ordre des Chartreux


Vers la fin du XIème siècle, la plupart des Ordres Monastiques, devenus trop riches, sombraient dans un manque de ferveur. En réaction contre cette médiocrité naquirent de nouvelles fondations, parmi lesquelles les Chartreuses.
Le Chartreux renonce au monde pour se donner totalement à Dieu. Nous trouvons ce désir de rencontre, de vie totalement donnée à Dieu dans le prophète Osée, dans le projet du prophète de Yahvé de séduire son épouse infidèle :
Je vais la séduire, je la conduirais au désert et là je lui parlerai coeur à coeur. (Os 2,16)
A partir du IIIéme siècle déjà saint Antoine, saint Jérôme et bien d'autres s'étaient retirés du monde pour vivre dans l'intimité de Dieu dans les déserts d'Egypte ou de Palestine.
On peut donc dire que saint Bruno n'a pas inventé ce genre de vie érémitique qu'est la vie du Chartreux, mais qu'il l'a retrouvé.

La vie en Chartreuse.
Dans une Chartreuse chaque Père a sa cellule individuelle, véritable petite maison comprenant au rez-de-chaussée le bûcher et l'atelier et à l'étage deux autres pièces : la première, dite de l'Ave Maria parce que chaque fois qu'il quitte sa cellule ou y revient le Chartreux doit s'y arrêter un instant devant une image ou une statue de la Vierge Marie pour réciter un Ave Maria.
Le Chartreux réside dans la seconde pièce, c'est là qu'il prie, qu'il mange et qu'il dort. À chaque cellule est joint un jardin que chacun doit entretenir et une petite galerie qui permet de prendre quelque exercice par mauvais temps.
Le Chartreux fait oraison dans sa cellule, il y récite une partie de l'office mais tous se retrouvent à l'église au cours de la nuit pour les offices de matines et de laudes, puis, dans la journée, pour la messe communautaire et pour l'office de vêpres.
Tous les dimanches les chartreux prennent leur repas en commun dans un réfectoire ; chaque semaine ils font aussi une promenade communautaire.

Saint Bruno, le fondateur.
Bruno, né a Cologne vers l'an 1030 d'une famille noble fut ordonné prêtre dans cette ville puis nommé chanoine.
Il vint ensuite s'installer à Reims où il devient responsable des études (Ecolâtre). Après une vingtaine d'années, scandalisé par les moeurs de son évêque, il décide avec quelques amis de se retirer du monde pour se donner totalement à Dieu. Il cherche avec ses amis un lieu où ils pourraient vivre en ermites tout en se retrouvant en communauté pour la vie liturgique.
Ils s'installent d'abord au voisinage de l'abbaye de Molesmes puis de Sèche Fontaine dans l'Aube. Ils forment un petit groupe de sept et ne trouvant pas ce qu'ils cherchaient ils se rendent chez l'évêque de Grenoble, saint Hugues à qui ils présentent leur projet ; celui-ci, averti par un songe où il aurait vu Dieu construisant à sa gloire une habitation dans la solitude de la Chartreuse et sept étoiles qui lui en montraient le chemin, les conduisit dans une petite vallée du massif de la Chartreuse où ils s'installèrent pour fonder leur premier monastère. C'était en 1084.

Bruno croyait avoir trouvé là une retraite définitive mais il ne put y rester longtemps car un de ses anciens élèves de Reims, Eudes de Châtillon, devenu le Pape Urbain II, l'appela auprès de lui comme conseiller.
Bruno ne réussit pas à s'adapter à la vie romaine et, avec l'autorisation du Pape il se retira en Calabre où il fonda en 1092 la nouvelle chartreuse de La Torre et où il mourut en 1101.
Les Chartreux célèbrent en 2001, le 6 octobre, le 900ème anniversaire de sa mort.

La Grande Chartreuse.
Un moment abandonné, lors du départ de Bruno, le monastère de la Grande Chartreuse fut repris par ses disciples.
Il faut noter que ni Bruno, ni ses premiers successeurs ne sentirent le besoin de mettre leur règle par écrit, chaque moine, selon saint Bruno, devant être, par son exemple, une règle vivante pour tous ses confrères.
Guigues, né en 1083, entre à la Grande Chartreuse en 1106 en devient le 5eme prieur en 1109. C'est lui qui mettra par écrit le premier recueil de coutumes qui constitue le code de vie des Chartreux. Les Chartreux en effet, fidèles à leur fondateur n'ont pas de règles à proprement parler, ils ont un recueil de coutumes que l'on appelle aussi des statuts.

Le désert.
Dans aucun ordre religieux le cadre de vie ne revêt une importance aussi grande que chez les Chartreux.
Le désert est pour les Chartreux le lieu de la rencontre intime avec le Seigneur, leur projet est donc de reconstituer autour de leur monastère un espace, une zone de silence qu'ils appellent le désert.
Une Chartreuse doit donc nécessairement être entourée d'un vaste domaine appelé le Désert, il est situé de préférence en montagne, au fond d'une vallée et il n'est normalement accessible que par un étroit défilé facile à contrôler et même à barrer.
Pour la Chartreuse du Reposoir la Porte d'Age constituait ce lieu de contrôle de toutes les entrées.
L'initiative spirituelle de saint Bruno et de ses compagnons s'avère contagieuse ; la petite fondation prospère, ce qui confirme qu'elle répond à un secret besoin de l'Eglise.
En l'espace de cinquante ans, après la mort de Saint Bruno, neuf ermitages du même type voient le jour, le plus souvent à la demande et avec l'appui d'un Evêque.
Ce fut notamment le cas pour Montrieux, qui est chronologiquement la huitième Maison de l'Ordre (et la quatrième en ancienneté des Chartreuses actuelles). C'est sur la demande expresse de Raimond, Moine de Saint-Victor et Evêque de Marseille, et avec l'accord de Guillaume, Evêque de Toulon, que l'an de grâce 1137 vit apparaître en Provence les cinq premiers ermites venus de ce qu'on appellera bientôt la Grande Chartreuse. (Notons bien 1137, Jean d'Espagne, le fondateur du Reposoir, commençait ses études en Arles, il avait 14 ans).
On fit don à ces chartreux d'un domaine modeste, forestier, riche en sources et en ruisseaux (d'où son nom de «Montrieux », « Mons Rivi », le mont du ruisseau) situé dans les environs de Toulon, sur le territoire de la Commune actuelle de Méounes-les-Montrieux.
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