Histoire de la télévision française

L'histoire de la télévision française résume à travers les principales étapes d'évolution technologique, économique et sociale, l'introduction puis la démocratisation de ce moyen de communication, devenu un média de masse.

Les Français s'équipent massivement de postes de télévision à partir des années 1960. Si un seul foyer sur dix possède un récepteur au début de la décennie, on en compte plus de neuf sur dix à la fin de cette période.

Cette décennie voit aussi l'arrivée de la couleur dans la quasi-totalité des émissions, même si les téléviseurs couleur restent très chers à leur lancement et durant les années 1970, tandis que le nombre de chaînes s'accroît et que le magnétoscope devient accessible à partir des années 1980.

Dans les années 1990, les paraboles de réception satellite complètent les antennes râteau avant que l'offre de télévision par internet ne se développe au milieu des années 2000, pour sa part, et durant la même période la télévision par câble ne connaît qu'un succès relatif en France, ne touchant qu'une partie du territoire.

De 1995 à 2011, la télévision en France passe progressivement à la technologie numérique, avant d'adopter cinq ans plus tard, la haute définition.

Pionniers et développement : années 1920 et 1930

En 1880 et 1881, différents chercheurs français et étrangers comme George R. Carey de Boston, Adriano de Paiva à Porto, Constantin Senlecq à Ardres en France, conçoivent presque simultanément le principe d'une image projetée sur une surface photosensible composée de points de sélénium, un matériau photoélectrique ; le résultat de chaque point est transmis séquentiellement à un récepteur synchronisé avec l'émetteur (télectroscope). Ce principe de l'analyse séquentielle de l'image est l'une des bases de tout système de retransmission d'images fixes ou animées.

En plus des chercheurs, ingénieurs, inventeurs, journalistes spécialisés et laboratoires de sociétés en France, on note également l'initiative de personnalités au pouvoir qui soutiennent et développent ces technologies. Ainsi, le 28 décembre 1927 le gouvernement Poincaré crée le service de radiodiffusion, rattaché aux PTT.

En 1928 le démarrage des recherches est mené par René Barthélémy au sein du service d'études et de laboratoire pour la télévision de la Compagnie des Compteurs de Montrouge, créé à l'initiative d'Ernest Chamon et de Jean Le Duc. Les émissions sont en 30 lignes.

La presse spécialisée n'est pas en reste et le 1er novembre 1928 la revue technique française La Télévision dirigée par Eugène Aisberg est lancée.

Pour la première fois en France, le 14 avril 1931, la retransmission hertzienne d'une image d'une définition de trente lignes entre Montrouge et Malakoff est réalisée par René Barthélemy. Le 6 décembre 1931 Henri de France fonde la Compagnie générale de télévision (CGT).

En décembre 1932, René Barthélemy réalise un programme régulier expérimental en noir et blanc à définition de 60 lignes, d'une durée d'une heure par semaine, intitulé Paris Télévision. Rares sont les récepteurs aptes à les capter, soit une centaine, surtout installés dans les services publics.

Plaque commémorative 103 rue de Grenelle (Paris), ancien siège du ministère des PTT, de là où en 1935 furent diffusés les premiers programmes réguliers de la télévision française.

Naissance de la première chaîne française

Le 26 avril 1935, sous l'impulsion de Georges Mandel, le canal Radiovision-PTT est officiellement lancé, représentant ainsi la toute première émission régulière et surtout la première chaîne de télévision française (60 lignes), émise depuis le ministère des PTT au 103, rue de Grenelle à Paris. La comédienne Béatrice Bretty, l'acteur Jean Toscan et René Barthélemy sont les premiers présentateurs de la télévision en France dont les prises de vues sont réalisées. En novembre 1935, les premiers programmes réguliers sont produits depuis le même plateau ; une plaque commémorative rend hommage à cet événement.

Le 8 novembre 1935 la définition de 180 lignes est atteinte en télédiffusion et le tout premier émetteur de télévision à haute fréquence est installé au sommet de la tour Eiffel. Quelques semaines plus tard, en décembre 1935 est organisée la première diffusion à destination du public : six centres équipés de récepteurs ont été installés à Paris, à savoir au ministère des PTT, à la maison de la Chimie, à l'office du tourisme sis avenue des Champs-Élysées, à la maison des Ingénieurs civils, à la mairie du 5e arrondissement et au Conservatoire national des arts et métiers. À tour de rôle car la salle ne comprend qu'environ 300 places, près de 3000 personnes visionnent quelques minutes de programmes télévisés en direct.

Les premières émissions quotidiennes, chaque soir de 20 h à 20 h 30, sont lancées à partir du 4 janvier 1937. On compte une centaine de récepteurs chez les particuliers. En octobre 1937, le président Albert Lebrun refuse d'être filmé en direct lorsqu'il assiste à une séance de télévision.

Tournage d'une émission Fernsehsender Paris au 15 rue Cognacq-Jay en 1944.

La période de la guerre

Le 3 septembre 1940 la radiodiffusion et la télévision françaises sont prises en main par les autorités allemandes en zone

occupée, mais après certains sabotages réalisés par la Résistance en juin 1940, juste avant l'invasion.

Vers 15 h le 7 mai 1943, la première émission de la chaîne allemande Fernsehsender Paris est émise depuis les plateaux du 13-15 rue Cognacq-Jay. Les prises de vue sont réalisées depuis un vaste studio aménagé rue de l'Université, dans l'ancien music-hall Magic City transformé ad hoc. Pour assurer la retransmission, un émetteur allemand de marque Telefunken est installé au sommet de la tour Eiffel en remplacement des émetteurs français à 455 lignes sabotés par les résistants. Ces émissions régulières en français et partiellement en allemand durent jusqu'au 12 août 1944. Elles sont reçues par un millier de téléviseurs 441 lignes, essentiellement installés dans les hôpitaux et les foyers pour soldats allemands.

En 1944, Henri de France réfugié à Lyon met au point la définition de la télévision à 819 lignes. À la Compagnie des compteurs (CDC) à Montrouge, pendant les années d'occupation, René Barthélemy parvient à atteindre 1 029 lignes.


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