Quelle que soit la civilisation, l'astronomie est liée à l'astrologie et à la mythologie. La croyance des Mésopotamiens selon laquelle la vie humaine dépend de la position des astres fait d'eux de grands observateurs des planètes. En déterminer la course, c'est manipuler des données numériques et des opérations arithmétiques, domaine dans lequel ils excellent.
Envers les hommes, les dieux avaient fait preuve de bienveillance en leur permettant de connaître leur avenir pour qu'ils s'y préparent. Quand cet avenir s'annonçait mauvais, les hommes disposaient de moyens surnaturels et rituels (exorcismes, médecins, chantres-lamentateurs) pour l'améliorer. Maîtres de l'avenir, les dieux pouvaient le révéler à leur gré, de deux manières ; par inspiration et par écrit. Dans le premier mode, les dieux révélaient cet avenir par des songes et des visions, dans un langage souvent obscur, mais interprétable. Ils le faisaient à n'importe qui, de préférence, pourtant, à des personnages marginaux, réputés plus réceptifs. Ceux-ci transmettaient le message à son destinataire, selon qu'il s'adressait à un particulier ou à l'État. Plus marqué chez les Sémites, ce type de divination est celui des prophètes de la Bible.
L'autre forme de divination, typiquement mésopotamienne et beaucoup plus rationnelle, a laissé d'innombrables vestiges, particulièrement des milliers de tablettes à partir du IIe millénaire. L'action créatrice des dieux, constante et omniprésente puisque rien ne se faisait sans eux, était une écriture. Lorsque les choses qu'ils faisaient étaient normales - un enfant né avec le nombre requis de membres et la présentation régulière du corps par exemple -, les dieux n'avaient rien à nous communiquer. C'était un «non-message». Mais lorsqu'ils voulaient nous apprendre quelque chose, ils produisaient un événement inattendu, aberrant : un mouton à six pattes, une averse hors de saison ou l'apparition de fourmis dans la cour du palais. L'objet, ou l'événement anormal, était la mise par écrit du message. Il suffisait d'en avoir la clé ou le code pour pouvoir le lire. Seuls les devins professionnels connaissaient ce code. Nommés bârû, «les examinateurs», ils scrutaient les événements ou les objets inattendus ou anormaux - les présages - pour y déchiffrer les morceaux d'avenir que les dieux y avaient inscrits. Des présages, le bârû déduisait et lisait l'oracle. Les Mésopotamiens ne voyaient pas dans le fonctionnement normal du cosmos la manifestation d'une intelligence suprême organisatrice de l'univers : au contraire, ce sont les anomalies qui, pour eux, étaient le signe de la présence divine.
Tout ce qui se passait dans l'univers observable étant l'oeuvre des dieux, cette seconde forme de divination s'appliquait à tout. Tout pouvait servir de support, depuis la position et les mouvements des astres jusqu'aux phénomènes de la nature, aux songes de la nuit, à la disposition des entrailles du mouton ou de l'oiseau sacrifiés et ouverts pour en examiner l'intérieur. Par une observation patiente et séculaire, les Mésopotamiens collectèrent un nombre infini de présages et d'oracles dans tous les domaines de la nature. Ils classèrent méticuleusement le tout, en autant de traités spécialisés, comprenant des centaines et des milliers de présages, chacun suivi de son oracle. De tous les supports, l'observation du ciel devait connaître une fortune fabuleuse, au point d'être la seule forme de divination antique qui ait survécu de manière significative en Occident.
Après la céramique et
la métallurgie du cuivre et du bronze, les Mésopotamiens découvrent
et perfectionnent l'irrigation agricole,
qui engendre une planification
du travail associée à une première définition du droit, ainsi
que la détermination de dates opportunes pour les semailles et les
récoltes. Pour les transactions, 3100 ans avant notre ère, de
petites bulles de terre cuite appelées "calculus" servent
d'enveloppes, dans lesquelles sont insérées des jetons de comptabilité.
Il semble que ce soit en Mésopotamie, 4000
ans avant Jésus-Christ, que la roue fut "inventée" : c'est vers cette
époque, à Uruk, que sont représentées sur des tablettes d'argile les
plus anciennes représentations de chars à deux roues tirés par des chevaux.
Calendrier lunaire et zodiaque
Les Sumériens (vers le IIIe millénaire avant notre ère) groupèrent les étoiles en constellations et apprirent à reconnaître les planètes. Les Babyloniens dressèrent dès le deuxième millénaire la liste des constellations dans lesquelles passe le Soleil au cours de l'année ; cependant, les premières représentations du zodiaque sous l'aspect d'une bande circulaire divisée en 360° et 12 signes ne remonte qu'au VIème siècle avant notre ère.
Toutes les grandes civilisations (Mésopotamie, Égypte, Inde, Chine, Maya) ont adopté à l'origine un calendrier lunaire ou semi-lunaire. Le mois a constitué la base pour la détermination d'une année solaire (12 mois formant approximativement une année). Il n'est donc pas surprenant que les premiers efforts de l'homme pour comprendre l'univers se soient concentrés sur la Lune et que l'étude de celle-ci ait permis de développer les mathématiques et l'astronomie comme premières sciences.
Ce calendrier lunaire comportait 12 mois de 30 jours. Mais ce mois lunaire n'est pas un sous-multiple simple de l'année solaire, qui marque le retour des saisons et qu'utilise le cultivateur pour fixer l'époque des semailles ou de la moisson. Le décalage avec la durée réelle de l'année (environ 365,25 jours) était rattrapé par l'addition d'un treizième mois que l'on plaçait à une époque quelconque. Ce n'est que vers le VIe siècle avant notre ère que des règles précises furent introduites pour l'addition de ce mois supplémentaire dans le calendrier. À partir de 385 avant notre ère, sept intercalations en 19 ans furent prescrites pour régulariser l'année luni-solaire.
Le degré (°) est peut-être à l'origine un hiéroglyphe représentant le soleil. Le degré comme la 1/360 partie du cercle est utilisé par les Babyloniens et les Égyptiens (année de 365 jours en 12 mois de 30 jours + 5 jours épagomènes).
Durant la période allant de 1 800 à 400 avant notre ère, les Babyloniens développèrent un calendrier basé sur les mouvements du Soleil et les phases de la Lune. Durant les 400 années qui suivirent, ils concentrèrent leur intérêt sur la prédiction précise du croissant lunaire suivant la Nouvelle Lune, et se servirent de ce phénomène pour déterminer la durée exacte du mois lunaire. Les tablettes cunéiformes déchiffrées au XXe siècle montrent que les Babyloniens avaient résolu ce problème avec une justesse de quelques minutes. Ils arrivèrent à ce résultat en compilant des tables précises d'observation qui révélaient de petites variations dans la vitesse apparente du Soleil et de la Lune. Ces variations, ainsi que les changements dans la latitude de la Lune, furent analysés numériquement en notant comment ces variations changeaient de façon régulière et prévisible avec le temps. Les Babyloniens utilisèrent ces mêmes méthodes numériques pour prédire des éclipses solaires et lunaires.
Tablettes astronomiques et éclipses
Les Babyloniens furent de très grands observateurs. On a ainsi retrouvé dans la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive (vers 650 avant notre ère) un grand nombre de tablettes astronomiques dont les plus anciennes remontent au XXe siècle avant notre ère. On y trouve notamment des tables donnant la liste des éclipses passées et tentant de prédire celles à venir. Ils parvinrent d'ailleurs, à l'époque des Sargonides (VIIIe et VIIe siècles avant notre ère) à prédire de façon empirique ces phénomènes particulièrement redoutés, qui leur semblaient de sinistres augures. On a retrouvé des tablettes d'argile contenant des éphémérides lunaires, à partir desquelles les astronomes de l'époque séleucide (vers 311 avant notre ère) calculeront la durée du mois lunaire.
La plus ancienne observation babylonienne relative à une éclipse solaire totale, et que l'on puisse dater avec certitude, remonte au 15 juin de l'an 763 avant notre ère. Néanmoins la périodicité de telles éclipses avait été reconnue plus tôt, probablement dès le IIIe millénaire avant notre ère. La découverte du cycle du Saros (cycle des éclipses de lune et de soleil en 18 années et 10,3 jours) constitue, sur ce point, une des contributions les plus remarquables de l'astronomie babylonienne. L'excellente qualité de ces observations, qui à l'origine étaient consignées surtout dans un but astrologique, permit pourtant le calcul d'importantes données astronomiques et la découverte de phénomènes astronomiques d'envergure (notamment la précession des équinoxes, attribuée à Hipparque).
Quelques exemples peuvent rendre compte de l'exactitude de certaines données obtenues : la durée moyenne entre deux phases lunaires semblables (mois synodique ou lunaison) est, selon l'astronome Narubi'annu (fin du IIIe siècle avant notre ère) de 29,530641 jours et selon l'astronome Kidinnu (vers 380 avant notre ère) de 29,350589 jours. Notons que la valeur moderne est de 29,530588 jours.
L'apport de l'astronomie babylonienne est considérable et rendit possible nombre de découvertes attribuées aux Grecs grâce à leurs relevés d'observations. L'astronome Claude Ptolémée affirmait disposer de la quasi-totalité des relevés d'éclipses depuis le règne de Nabonassar (~747-734).
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Carte babylonienne
Calendrier astrologique séleucide d'Uruk (-250)