Evoquer
la Provence sans parler de l'olivier,
qui est l'emblème du climat
méditerranéen,
serait une grosse lacune. Lors
de notre journée libre, nous partons visiter Isle sur la Sorgue,
Gordes et Roussillon et faisons halte au Moulin
des Bouillons, qui se superpose
à un site antique remontant au 1er siècle après
J.-C. où l'on pressait
déjà les olives pour
en extraire l'huile. A l'entrée,
une amphore géante
appelée dolium a été importée d'Andalousie,
mais ce modèle remonte
au IIe siècle avant J.-C. Dans ce récipient aux formes
très
pures et esthétiques, malgré sa taille, les Romains conservaient
l'eau, l'huile ou le vin. Il
restait enfoncé
dans le sol jusqu'à mi-hauteur.
Pour le fabriquer, le potier façonnait des boudins d'argile
qu'il enroulait autour d'une forme de bois, puis l'intérieur
et l'extérieur étaient lissés
par une barbotine d'argile.
Appelée aussi majolique, c'était un mélange parfait,
fluide et tamisé,
d'eau, de pâte neuve et de tournassures
ou rognures de pâte déjà travaillée, qu'il
faisait couler à la surface.
Quand le dolium était sec, le potier brûlait de la paille
et des branchages simultanément à l'intérieur
et
à l'extérieur pour cuire
l'argile.
Après
fermentation de plusieurs jours à 28°C, les olives entières,
pulpes et noyaux, étaient écrasées par une meule
dans un manège que l'on dénommait "moulin à sang" car
la force motrice
était musculaire (hommes ou bêtes). La pâte
obtenue était empochée dans les scourtins (escourtins
en provençal),
cabas souples de fibres végétales tressées, qui
furent utilisés jusqu’au
début du XXe siècle. En forme de béret de 40
cm de diamètre, ils étaient
fabriqués
avec des matériaux
très divers : tiges d’alfa, fibre de coco ou d’aloès,
chanvre, sparte.
Dans
les moulins provençaux, on utilisait
de l'alfa, herbe originaire d’Afrique du Nord qui
ne communique pas de mauvais goût aux huiles car sa surface
est vernissée et retient ainsi peu de matières
grasses. Aujourd’hui ils sont en nylon. Une fois
emplis, ils étaient empilés les uns
sur les autres et placés
sous la presse (inventée par les Grecs) afin d’extraire
l’huile
d’olive
et les eaux.
Au
fond de la pièce, une ancienne canalisation de pierre relie
une source des collines voisines au moulin antique. Des trous dans
le dallage de
calcaire blanc ont permis de reconstituer
le mécanisme qui
permettait la production de l'huile.
Celle-ci
était ensuite séparée de l'eau par décantation,
l'huile remontant à
la surface de l'eau en raison de sa moindre densité, puis elle
était transvasée
dans des récipients pour y être conservée. L'huile
d'olive est utilisée depuis les temps préhistoriques
dans l'alimentation et pour l'éclairage et il en est fait de
nombreuses fois mention dans la
Bible. Elle est
aussi devenue un élément de base à la fabrication
du savon d'Alep (enrichi d'huile essentielle de baies de laurier) dont
la recette fut transmise
au XIVe siècle en France pour donner le savon
de Marseille.
L'huile
d'olive, rappellent les propriétaires du musée, a un caractère sacré
depuis la nuit des temps qui se retrouve dans les principales civilisations
du monde méditerranéen.
Celui-ci
s'est perpétué à travers les rites chrétiens du Saint Chrême
(de ckrem,
huile, onction) qui comprenait aussi de la myrrhe et du styrax officinal. -
C'est un mélange d'huile d'olive
et de parfum, destiné historiquement
(dans l'Ancien Testament) à oindre soit réellement les
rois, puis les prêtres ou bien en figure, les prophètes
et utilisé dans certains sacrements chrétiens, comme
le baptême, la confirmation, ou l'ordination. Le saint chrême
est l'une des trois sortes d'huile sainte utilisées dans la
liturgie. - On distingue le sanctum chrisma additionné de
baume pour
le sacre des rois, l'ordination des prêtres, la confirmation après
baptême, puis l'oleum sanctum pour l'onction avant baptême et enfin
l'oleum infirmorum pour l'extrême-onction. Saint François d'Assise
quêtait de l'huile dans une cruche "de conscience", où chacun était
tenu de verser une quantité fonction de ses
péchés...
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Séjour naturaliste organisé par Dimitri Marguerat pour un groupe d'une dizaine de personnes, Cathy et Jean-Louis, Margaitta, Chantal, Claudine, Jean et Dany, Louis, Henri et Dany | Provence |
12 au 19 septembre 2009 |