SAPCB Société d'Astronomie Populaire de la Côte Basque, représentée par Cathy Constant-Elissagaray et Jean-Louis Constant, son animateur Jacques Auriau et Christiane Moussu | APLF : 29ème Colloque, au Centre d'astronomie de St Michel l'Observatoire, Haute Provence |
Du jeudi 9 au dimanche 12 mai 2013 |
Une petite délégation de l'association Astronomie Côte Basque (SAPCB) s'est rendue au 29ème colloque de l'Association des Planétariums de Langue Française (APLF) qui se déroulait du 9 au 12 mai 2013. Nous étions hébergés au Centre d'Astronomie de St Michel l'Observatoire où se déroulait la majeure partie du programme, sauf une journée à l'Observatoire de Haute Provence (OHP). Jacques est un habitué, même s'il ne s'est rendu à aucun colloque ces dernières années, et il connaît beaucoup de participants et organisateurs, ce qui nous permet d'être très vite intégrés dans le groupe. Je suis venue dans l'idée d'échanger sur l'art et la manière de créer des animations pour planétarium, puisque nous venons d'investir dans une nouvelle coupole gonflable et surtout dans un nouveau système de projection informatisé. De fait, si nous ne recevrons pas d'information concrète pour notre système, nous découvrirons de multiples utilisations possibles de cet outil, sous-tendues par des philosophies différentes allant du simple divertissement tape-à-l'oeil jusqu'à la pédagogie pure et dure, en passant par tous les paliers intermédiaires. - Photo : Pont du Gard - L'arbre de Judée (photographié dans le centre de Manosque) - Ci-dessous, le Centre d'astronomie de St Michel l'Observatoire. -
Des associations présentent leur dernier projet en cours, une table ronde met l'accent sur la nécessaire mutualisation des moyens et compétences entre structures, aussi bien privées que publiques, pour obtenir des fonds pour la réalisation de gros projets, l'astronome Agnès Acker donne des pistes pour exploiter sur le plan pédagogique le film documentaire produit par l'APLF, "H2O, l'aventure cosmique de l'eau" et nous avons un exposé très instructif sur l'évolution de la législation en matière de sécurité pour la réception du public en planétarium gonflable. Enfin, à Banon, petite ville voisine de St Michel l'Observatoire, après avoir reçu des informations de divers producteurs et distributeurs de matériels (surtout des gros, et parfois en anglais), nous assistons à un festival vidéo pleine voûte de spectacles en planétariums de 6 et 9 m, ce dernier atteignant presque le plafond du gymnase ! Bien entendu, une matinée est consacrée aux Assemblées générales ordinaire et extraordinaire de l'APLF et nous trouvons de courts moments pour faire un peu de tourisme dans cette région magnifique, bien que très refroidie par le mistral qui chasse les nuages en nous amenant l'air vif des montagnes encore enneigées. Le dernier avantage de ce genre de réunions, et non des moindres, c'est la possibilité d'échanger avec les participants durant les intermèdes, les repas ou les trajets. - Photo : Planétarium gonflable de 9 m de diamètre. - Muscari à toupet -
Plutôt que de faire le compte-rendu intégral des présentations du programme, je vais plutôt en sélectionner quelques unes qui m'ont particulièrement intéressée. Il y avait là une petite équipe de jeunes Italiens fort sympathiques venus du 'Planétarium del Righi' de Gênes (Osservatorio Astronomico del Righi e Aula Didattica Planetario). Ils nous ont donné un aperçu de leurs productions réalisées grâce à une collaboration fructueuse entre Marina Costa, qui écrit des scripts, et Salvatore Fontana (planetsalva@yahoo.it), un dessinateur génial, capable de trouver des styles très différents selon son inspiration. Ils ont réalisé une série de contes pédagogiques en dessins animés intitulés "C'era una volta... il cielo : viaggio nell'immaginario celeste dei popoli del passato - il cielo dei Maya - Cieli del Sud (Inca, Boscimani e Aborigeni) - Astri dell'antico Egitto - Il Cielo nell'antica Cina - Il coyote e le stelle" (Il était une fois... le ciel : voyage dans l'imaginaire céleste des peuples du passé - le ciel des Mayas, Ciels du Sud, Inca, Bochimans, Aborigènes - Astres de l'Egypte antique - Le ciel dans la Chine antique - Le coyote et les étoiles). Ils nous ont projeté sous coupole le dernier, destiné au jeune public, et dont je retiendrai à jamais l'image ultime du castor (figurant la constellation de la Grande Ourse) et du papillon (sur le W de Cassiopée) qui conclut l'histoire racontée de façon très vivante. - Photos : Les contes animés du planétarium del Righi de Gênes, avec les dessins de Salvatore Fontana - 'Aula didattica Planetario' : le planétarium de Gênes -
Le représentant du planétarium Astronef de Saint Etienne nous projette une nouvelle version du très joli conte "L'aveugle aux yeux d'étoiles", réalisée sous la direction scientifique d'Eric Frappa pour fêter les 20 ans 1993-2013 de cette structure. De grands moyens ont été employés, mobilisant la participation d'Antoine Chantepy, l'auteur, dont le script est en ligne sur Internet, Infographie 3D Emotion pour les images de synthèse, Herman Broz pour la musique, dont la bande son originale a été "remasterisée" par Audiopigment sous 2 versions, 2D et 3D stéréo. Le film peut être projeté par d'autres planétariums sous licence d'exploitation pour 1, 2, 3 ans ou illimitée, et proportionnelle au nombre de sièges. Il est précisé que la séance s'adresse au jeune public à partir de 4-5 ans, public familial, scolaires GS/CP/CE et qu'il traite les notions astronomiques d'alternance du jour et de la nuit, et la rotation de la Terre sur elle-même. Le présentateur nous montre une photo d'un acteur en costume spécial qui joue un des rôles. Ses mouvements sont traduits en direct sur l'ordinateur que nous voyons en arrière-plan pour faire le film d'animation, selon une technique similaire sans doute à celle utilisée pour "Avatar" (Motion capture optique). - Photos : Affiche du conte animé créé par Astronef, le planétarium de St Etienne - Acteur jouant le rôle d'un des personnages du conte -
Nous faisons la connaissance du concepteur des représentations mythiques arabes et chinoises des constellations qui sont intégrées dans le logiciel de notre planétarium. Il s'agit de Roland Laffitte, un homme très passionné et très passionnant (comme la plupart des participants à ce colloque), et qui a pris la peine d'apprendre l'arabe pour aller aux sources, ainsi que d'autres langues orientales. Pour enrichir la bibliothèque de la SAPCB et afin que nous donnions de bonnes informations lors de nos animations, nous faisons d'ailleurs l'acquisition de son dernier livre, "Le ciel des Arabes, Apport de l'uranographie arabe", édité chez Geuthner. On peut aussi lire une partie de ses études sur ses deux sites Internet, http://www.uranos.fr et http://www.selefa.asso.fr, et il publie des articles sur les Cahiers Clairaut du CLEA (Comité de liaison enseignants et astronomes), comme par exemple "Naissance du zodiaque en Mésopotamie". Nous le voyons en train de corriger les épreuves de son prochain livre. Sa prestation pour le colloque est intitulée "L'imaginaire céleste, outil de connaissance astronomique", qu'il décrit dans son diaporama "Le ciel arabe et chinois illustré". Il commence par l'explication des décans égyptiens avec les personnages Sah & Soped (Osiris & Isis), il projette sur le dôme la chamelle des Touaregs et son chamelon qui figurent nos constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse. Il poursuit en parlant de l'Ourse et du cycle des saisons chez les Indiens Meswaki et décrit le mythe chinois du Char de l'Empereur et de l'Enceinte pourpre. Puis il passe à Juday, "le Chevreau" et les Filles de Nasch, Al-Jawzâ, Suhayl et les deux Shi'râ, ou encore Shen et Xîn, les fils de l'Empereur Gao Xinshi, pour aborder ensuite les levers et couchers héliaques simultanés chez les Mésopotamiens et les Grecs, le Triangle de l'été, Zhinü et Niulang. C'est un merveilleux voyage dans l'espace et le temps, avec des regards croisés sur les différentes cultures fort enrichissants. - Photos : Illustrations de constellations dessinées par Roland Laffitte -
Nous écoutons un personnage haut en couleur, débordant d'énergie et manifestement heureux de vivre. Il s'agit de Petre-Remus Cirstea, de l'Université de Pitesti, un géant roumain en blouse blanche lâche serrée à la taille par une ceinture et arborant un béret posé sur son crâne un peu différemment des Basques. Il nous présente son projet en cours, "Les constellations traditionnelles roumaines", qu'il a déjà commencé à faire découvrir au grand public de plusieurs façons, par une exposition digitale, un site Internet, des pages Facebook et des vidéos sur télévision par Internet. A titre d'exemple, il nous montre une photo des ruines de l'observatoire astronomique de Dacians à Sarmizegetuza / Ulpia Traiana, Roumanie : ce sont des pierres dressées d'andésite avec au premier plan 'le grand sanctuaire'. - Photos : 45e parallèle qui passe par Bordeaux et le delta du Danube en Roumanie (Globe sur le GR91 qui relie Grenoble à Fontaine-de-Vaucluse) - Muscari à toupet - Ci-dessous : Observatoire astronomique de Dacians à Sarmizegetuza -
Sarmizegetuza est une cité antique érigée dans les monts d'Orăstie, dans le village de Grădistea de Munte. Sous le règne du roi Décébale (87 à 106 de notre ère), elle fut la capitale des Daces (les Thraces du nord, dits aussi Gètes par les Grecs). Sarmizegetuza est un ensemble assez complexe de zones à fonctions différentes : cultuelles, défensives, d'habitation. Des redoutes bâties dans les montagnes alentour, avec lesquelles elle communiquait par des chemins de montagne, ont été multipliées au fil du temps pour résister à l'attaque des Romains, qui voulaient à la fois mettre fin aux expéditions de pillage des Daces sur l'Empire, et s'emparer de l'or et du sel transylvains. La cité comportait plusieurs zones sacrées, dont celle du calendrier permettant d'ordonnancer les cultes et le rythme des travaux : la religion des Daces, proche de l'Orphisme, était un culte à mystères relié aux phénomènes naturels. Par un système d'adduction de l'eau des sources environnantes, les Polistes (druides) et les Tarabostes (aristocrates) disposaient de l'eau courante dans leurs maisons. Après la conquête romaine, la capitale de la province Dacia Felix fut transférée à Ulpia Traiana Sarmizegetuza, située à côté de l'actuelle ville de Hateg (à une distance de 40 km de l'ancienne cité de Sarmizegetuza). - Photos : Muscari à grappe (Muscari neglectum) - Détail d'un vitrail roumain comparé à la photo de la Voie lactée avec un télescope. -
Son français étant un peu approximatif, j'ai du mal à comprendre comment fonctionnait le calendrier de Dacians. Ce que j'en retiens, c'est qu'il est conçu selon un cycle de 13 ans, composé de 4 années de 364 jours, 4 de 365 jours, 4 de 366 jours et une année de 367 jours à la fin de laquelle est ajoutée un jour pour correction. Ces 13 ans font donc 4748 jours, ce qui donne une moyenne de 365,23 jours/an. Les corrections sont effectuées à l'aide du grand sanctuaire : si chaque 104 ans (8 cycles de 13 ans), on applique une correction d'un jour (qui est ajouté), cela donne une moyenne de 365,24 jours/an (sachant que l'année tropique est de 365,242198 jours). Cette performance (une précision 4 à 5 fois meilleure que celle du calendrien julien de Jules César) a été obtenue bien avant la réforme du calendrier qui s'est produite en Europe seulement au XVIe siècle, nous souligne-t-il en passant. - Photo : Ce campanile est l'un des plus ouvragés du bassin méditerranéen. Il date de 1725 et il est l'oeuvre d'un artisan local de Manosque, Guillaume Bounard de Rians. D'abord commandé pour le beffroi de la "maison de ville", il fut réinstallé sur le clocher réhaussé de l'église en 1868, quand cette ancienne mairie fut démolie. -
L'exposition digitale "Constellations traditionnelles roumaines" (CRT) est un projet d'éducation à travers l'astronomie proposé et réalisé par le Planétarium de Baia Mare, dans le Musée minéralogique, Baia Mare / Maramures. Pour le financement, le planétarium a participé au concours national de projets culturels organisé par l'Administration du Fond Culturel National (AFCN), Ministère de la Culture, Roumanie, et il a été sélectionné. C'est la première fois que l'histoire du ciel roumain est racontée dans un planétarium, à l'aide d'équipements et de produits multimédias. 9 téléviseurs LED avec des écrans de 80 cm sont fixés sur les murs du hall du planétarium multimédia Baia Mare, chacun d'eux montrant en boucle une présentation dynamique numérique des constellations traditionnelles roumaines. L'exposition numérique est diffusée à l'attention des écoles et lycées du département Maramures. Tout au long de l'exposition, pendant le second semestre 2012, plus de 5000 visiteurs sont venus. Impact de ce projet : le site web du planétarium Baia Mare a connu un essor, plus de 25 000 pages consultées au cours de la période de juin à novembre. La vidéo du projet sur la chaîne Youtube a été regardée plus de 1400 fois. Autres sources de diffusion, la page Facebook du planétarium à Baia Mare, le site web 'planetariubm'. Toutes les informations ont été publiées comme des messages à 5000 amis sur le compte Facebook du planétarium, ainsi que 1000 amis sur le compte Facebook du Musée minéralogique. Je trouve cette démarche très dynamique, les promoteurs utilisent tous les médias actuels pour capter un public le plus large possible, et dès le début, ils se placent sur le plan international en traduisant les textes explicatifs sur Internet pour donner un plus grand rayonnement à la culture roumaine. - Photos : Le centre d'astronomie de Saint Michel l'Observatoire affiche dans son réfectoire un avertissement de ne pas cueillir les orchidées qui poussent sur la propriété de 10 hectares. Trois espèces sont présentes et fleurissent d'avril à juin : l'Orchis pourpre, l'Ophrys bécasse et l'Orchis pyramidal. - Ci-dessous : Repères temporels des constellations (les roumaines : de 106 à aujourd'hui)
Nous retrouvons à ce colloque Christian Larcher, du Clea (Comité de liaison enseignants et astronomes), dont nous avions fait la connaissance lorsqu'il était venu au château d'Abbadia d'Hendaye avec les membres de la Commission des Cadrans Solaires de la Société Astronomique de France (SAF) à l'occasion de leur réunion annuelle en province. Il est accompagné de Pierre Causseret qui s'occupe plus particulièrement des Cahiers Clairaut. Il nous annonce les dates de l'école d'été qui se déroulera du 22 au 29 août au col Bayard à Gap, toutes les informations figurant sur le site www.clea-astro.eu où sont aussi diffusées les archives des Cahiers Clairaut, de 1978 à 2013. On peut y trouver des conférences en ligne sous le sigle Lunap (L'Univers à Portée de main - sciences à l'école). Il signale notamment une maquette de l'écliptique avec le zodiaque, celle de la comète ISON (dans le dernier Cahier Clairaut), la Grande Ourse en 3D (dans le dernier numéro hors série), des jeux avec la Lune. Je m'arrête un peu sur ce sujet, car je l'ai trouvé astucieux. Il s'agit de repérer dans les bandes dessinées ou les tableaux de peintres classiques, par exemple, les erreurs qui ont été commises, ou bien au contraire de réaliser des photos-montage où l'on introduit volontairement des situations erronées, que l'on soumet aux élèves. Ils doivent chercher l'erreur, analyser la situation pour comprendre ce qui cloche. Pour illustrer son propos, il nous montre un croissant de Lune dont la partie éclairée est du côté opposé au Soleil, ou un premier quartier de Lune visible le matin, etc. Je retiens aussi l'expérience du carré de chocolat éclairé par une lampe torche dirigée soit presque perpendiculairement à la table, soit très à l'oblique. Dans le premier cas, le chocolat fond très vite, dans l'autre non. C'est une bonne façon d'illustrer les saisons. S'adressant à Jacques, il lui signale que son article figure dans la dernière édition de la revue et il lui demande d'en écrire un nouveau pour la prochaine parution. Il faut savoir que Jacques est régulièrement sollicité pour former des animateurs en astronomie ou pour fournir aux enseignants des exercices ou manipulations simples à faire faire aux élèves pour illustrer et mieux assimiler les cours. - Photos : Maquette de la comète ISON - Flux lumineux - Observatoire de Haute Provence OHP -
Michel Favret adapte des animations de planétarium aux non-voyants et nous montre ses réalisations sur le sujet des constellations et galaxies. Il ne cache pas ses tâtonnements et bricolages à l'aide d'assiettes en carton, papier à poncer et coton hydrophile, ni sa joie lorsqu'il découvre (malheureusement très tard, après avoir passé beaucoup de temps à ses découpages) un système beaucoup plus moderne, les supports tactiles thermoformés. Il nous dit que le travail qu'il faut fournir pour leur conception sert également à faire des maquettes ou animations plus compréhensibles pour les voyants. L'astronome Agnès Acker commente avec brio le film pour planétarium dont elle est le producteur au sein de l'APLF (et que nous possédons à l'association), "H2O, l'aventure cosmique de l'eau". Les informations qu'elle donne sont pour la plupart un complément au film, et nous nous disons après son intervention que ce serait bien qu'elle écrive un petit livret à l'attention des animateurs de séances en planétarium pour que nous sachions bien exploiter cette vidéo. En règle générale, d'ailleurs, nous voyons qu'il est important d'utiliser pleinement le planétarium en scindant chaque séance globalement en deux parties, une plutôt ludique avec une vidéo ou un diaporama, et une d'explication et approfondissement des éléments astronomiques abordés dans le spectacle en s'appuyant sur le logiciel en place.
L'Association des Planétariums de Langue Française, par le biais de son président, s'est aussi inquiétée de la législation qui n'était pas appropriée en matière de réception du public dans des planétariums gonflables. Elle invite donc à ce colloque le Lieutenant-colonel du groupement prévention du SDIS de la Moselle, M. Ferrandes, qui nous explique la nouvelle législation spécifique mise en place pour garantir la sécurité dans les planétariums mobiles à enveloppe souple. Pour résumer, j'en retiens surtout que la législation devient bien moins contraignante que pour les tentes foraines par exemple. Je reproduis ci-dessous quelques diapos de sa présentation :
Centaurée |
Jérôme Galard effectue une simulation d'une animation par Skype, en lien avec Loris Ramponi (Italie), un homme extrêmement dynamique et novateur, comme on peut le voir sur son curriculum vitae en lien. Il projette l'image sur écran triple, ce qui permet de voir simultanément l'interlocuteur, des documents de l'un ou l'autre des correspondants, et une projection du soleil du jour ou de son spectre après passage de la lumière à travers un prisme placé sur une ouverture dans le mur au-dessus des gradins sur lesquels nous sommes assis. Loris fait part de son expérience avec des élèves qui apprennent l'italien en faisant de l'astronomie (échange avec Pleumeur Bodou), ou d'un échange Laval-Breschia pour l'apprentissage du français. Il montre que l'on peut faire une visite de musée interactive, ou utiliser une webcam qui montre une carte astronomique fournie par le planétarium de Lumezzane (province de Breschia) que les élèves cherchent à décrire en français. Au cas où il y aurait des problèmes de connexion, il nous conseille d'échanger par avance les documents pédagogiques par mail (images, présentation powerpoint, conférence) et de faire un enregistrement préalable (du commentaire d'un musée par exemple). Il est possible aussi d'utiliser le 'chat'. Ce sont des séances de visites virtuelles, des ateliers, des expositions interactives, avec un travail sur l'astrolabe, la lecture d'une carte du ciel... Avec le public en planétarium, après la présentation du ciel du mois, on peut ajouter un itinéraire commenté par l'image d'une ville italienne (tourisme et astronomie) ou à l'intérieur d'un musée, d'une église, d'un planétarium italien où l'on commente le ciel d'Italie, etc. On peut aussi partager des observations sur un même parallèle ou méridien. Ainsi, le public du planétarium est susceptible de s'étendre à la Terre entière ! Ce sont des suggestions très enthousiasmantes ! - Photos : Loris Ramponi et le soleil provençal (projection et prisme) - Miroir du Centre d'astronomie à l'extérieur de la salle -
Enfin, pour terminer ce petit compte-rendu, je mentionnerai juste notre visite de l'Observatoire de Haute Provence qui poursuit ses activités en dépit de la concurrence des grands observatoires canariens ou chiliens grâce à la découverte, en 1995, de la première exoplanète. Une plaque à l'entrée de la plus grande coupole commémore l'événement et sur un panneau, on peut lire l'article rédigé en janvier 2013 dans la revue l'Astronomie de la Société Astronomique de France (SAF) par Danièle Briot, Observatoire de Paris, "Les planètes extrasolaires - A la poursuite d'autres mondes" Initiation - 33 - Janvier 2013 - L'Astronomie - Pages 43-44. Le directeur adjoint de l'Observatoire des Sciences de l'Univers - Institut Pythéas d'Aix en Provence, Auguste Le Van Suu, nous guide à travers la réserve naturelle dans laquelle se nichent les coupoles de l'OHP et débute la visite par la Zone d'étude de la nature "O3 Oak Observatory at Ohp", qui est une station d'observation du chêne pubescent (qui ne perd pas ses feuilles) qui dépend du CNRS Observatoire de Haute Provence. Un champignon fort prisé vit en symbiose avec ses racines : c'est la truffe !
Mais ce n'est pas le sujet principal de recherche qui est plutôt la physique de l'atmosphère. Pour l'étude de l'ozone, le centre effectue des tirs au laser à la verticale qui portent jusqu'à une altitude variant de 10 à 80 km. D'autres molécules sont également à l'étude. Des radars mesurent la vitesse du vent et des nuages. Les instruments mis au point sur ce site sont devenus une référence mondiale et d'autres stations ont été créées à l'identique dans d'autres pays. La synchronisation des mesures prises en divers lieux est effectuée grâce aux satellites de la NASA. Ces recherches s'effectuent dans le cadre d'ICOS (Integrated Carbon Observation System) qui étudie le climat actuel, le cycle du carbone, les gaz à effet de serre, et essaie d'effectuer des prévisions sur l'évolution du climat. Il nous emmène sur une plate-forme métallique qui domine les chênes qui poussent librement depuis 80 ans, mais ne grandissent pas beaucoup sur ce champ de cailloux calcaires : rien à voir avec nos majestueux chênes pédonculés du Pays basque !
Elle est équipée de capteurs qui permettent d'étudier les échanges carbonés dans les cent premiers mètres. Un pylone en construction, que nous avons pris pour une antenne, est en réalité un capteur de flux. On déduit un bilan énergétique de l'étude de la réception des rayons solaires et leur renvoi vers le ciel par le sol et les plantes. Le centre héberge Air PACA, une agence avec délégation de service public qui analyse l'air pur de ce lieu qui sert de référence (point zéro). Tous les mercredis, un lancer de ballon atmosphérique est effectué pour l'étude de l'ozone. Le seul point noir, c'est de réussir à faire respecter l'interdiction de survol par les militaires. Des paniers sont suspendus çà et là pour récupérer la litière, les feuilles, étudier tout ce qui tombe et analyser les microorganismes, la température, etc. Les chercheurs font de même avec le sous-sol jusqu'à une profondeur d'une dizaine de centimètres de la surface. De temps à autre, une branche est enfermée dans un sac étanche pour étudier les échanges gazeux grâce à un système complexe d'analyse mis au point par les astronomes pour les biologistes.
En effet, les plantes influent sur leur environnement immédiat en émettant de l'isoprène dont les vapeurs protègent les feuilles d'un rayonnement solaire trop agressif. Il nous indique que le cadre au-dessus de nous contient un abri amovible qui ne recouvre ce pan de forêt que lorsqu'il pleut. L'eau est récupérée dans des gouttières pour arroser un autre carré d'arbres. Un troisième sert de référence. Ainsi, on compare un lieu soumis à un stress hydrique (manque d'eau) avec au contraire un lieu arrosé, avec comme référence un coin de forêt uniquement soumis aux aléas climatiques provençaux. On peut ainsi établir des modèles d'évolution de la canopée. Contrairement à l'astronomie, ici, on peut faire des expériences et agir sur le milieu, nous fait remarquer le jovial Auguste. Pour terminer, il nous emmène (en courant !) sous la coupole où il nous montre l'énorme télescope. Un groupe qui s'est attardé avec lui (dont Jacques et Christiane) a la chance de jeter un oeil sur ELODIE, le fameux spectrographe qui a permis de détecter la première exoplanète. J'ajoute pour terminer quelques photos de la magnifique nature provençale qu'il était impossible d'ignorer, même si nous étions très occupés à parler astronomie et planétarium.
Avignon, La Nef Solaire, aire autoroute - sculpteur Odile Mir, gnomoniste Denis Savoie, ingénieur Robert Queudot, octobre 1993 |