Visite amicale de Dimitri Marguerat qui offre 4 balades naturalistes aux membres du groupe qui porte son nom. Y participent ce mercredi : Cathy et Jean-Louis, Danie D., Pascal, Philippe, Maguite, Régine et sa fille Estelle, Alfredo, Maïté et leur chienne Martina, Sylviane, Jacqueline, sa fille et son gendre

Holzarte
Dimanche 27 octobre 2013

holzarteholzarteVoici déjà le dernier jour de balade qui clôture en beauté cette semaine avec Dimitri. Le temps tient toujours et le ciel est dégagé au petit matin. Après un regroupement à St Jean le Vieux, nous passons le massif d'Iraty pour descendre en aval du village de Larrau au lieu-dit Logibar où nous attendent déjà Alfredo, Maïté... et Martina, leur chienne lévrier blessée à une patte dans sa jeunesse, mais qui marche et même court fort bien. Ils sont partis de Pampelune la veille et ont dormi sur place dans leur fourgonnette pour être d'attaque le matin. Ce sont des motivés ! Pourtant, ils appartiennent déjà à une association naturaliste espagnole. holzarteEn commençant l'ascension du canyon le long du torrent Olhadoko Erreka, ils me disent qu'ils ont coutume de parcourir la France et, en quelque endroit qu'ils atterrissent, ils trouvent que c'est magnifique. Ce sont vraiment des amoureux de notre pays où ils passent quasiment tous leurs congés. Je me souviens avoir déjà rencontré Alfredo lors d'une ancienne balade, peut-être celle d'Ehüjarre près de Ste Engrâce, toujours en Haute Soule, et j'avais remarqué qu'il était très pointu en botanique.

holzarteDimitri est avec nous pour le plaisir, mais aussi pour partager son amour de la nature. Il a des sens très affûtés et il essaie de nous initier à cette écoute, cette observation qui n'est pas seulement un regard vague sur la beauté du paysage, mais une recherche active des êtres qui nous entourent ou des traces, empreintes, indices qui permettent de deviner leur présence. Déjà, sur le chemin, il remarque à deux ou trois reprises une coquille d'escargot brisée. Il nous explique que la grive musicienne casse l'escargot dont elle se nourrit en le cognant contre un objet contondant, une pierre pointue à découvert sur le sol, que l'on nomme forge ou enclume. holzarteUn troglodyte mignon chante près de nous. C'est un très petit oiseau brun remuant, insectivore et nichant dans les cavités des arbres ou des rochers (d'où son nom). Comme pour la plupart des oiseaux, Dimitri le repère à l'oreille avant de chercher à le voir. Il existe maintenant toute une panoplie d'enregistrements de chants d'oiseaux que l'on peut acquérir pour s'initier à les reconnaître, comme l'a fait Pascal. Une silène fleurit sur le bord du sentier. Le nom du genre est certainement lié au personnage mythologique de Silène, père adoptif et précepteur de Dionysos, qui aimait bien boire et s'énivrer, et qui était toujours représenté avec un ventre enflé à l'instar des calices de nombreuses espèces de silène. Dimitri signale que le chercheur et universitaire Claude Dendaletche a étudié l'adaptation de la silène acaule au milieu montagnard. holzarteDans son livre intitulé "les Pyrénées", il décrit divers caractères comme la brièveté de la période végétative, la pilosité, la dominance des formations en rosettes et coussinets, le nanisme et le développement des parties souterraines. Il y ajoute la polyploïdie, c'est-à-dire le doublement ou le triplement de la formule chromosomique. Dendaletche note la présence également des silènes ciliata, nutans et saxifraga en haute montagne. - Photos : Silène enflée (source Internet) - Flanc boisé de la gorge d'Holzarte. - Scabieuse maritime. -

holzarteLa scabieuse maritime, présente dans l'Ouest et le Sud de la France, affectionne les landes incultes et les bords de chemin et fleurit de juin à octobre. Fleur vivace protégée en Aquitaine, elle est "gynodioïque" : certains plants ne portent que des fleurs hermaphrodites mâle/femelle et d'autres que des fleurs femelles. Il n'y a jamais de fleurs mâles. La pollinisation se fait par les insectes et la dissémination par le vent, grâce au pappus (petite touffe de soies) qui surmonte le fruit akène. holzarteLe Petrocoptis des Pyrénées, une Caryophyllaceae comme la Silène, est une espèce endémique des Pyrénées centrales et occidentales et de la cordillère cantabrique qu'on peut rencontrer dans les fissures des rochers et les éboulis calcaires ou siliceux entre 800 et 2400 m d'altitude. Ses tiges étalées forment une rosette à la base. Semblant nous guider sur le chemin, un rouge-queue, une grive, un chardonneret, un tarier et un bruant fou volettent en gardant une distance de sécurité par rapport à Dimitri. Notre groupe s'amuse du terme de fou attribué à ce petit passereau granivore sédentaire qui bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981. Ce qualificatif lui aurait été attribué par les oiseleurs pour se gausser de la facilité avec laquelle il se laissait prendre au piège. De même, le Fou de Bassan serait réputé pour se laisser voler relativement passivement les oeufs... Le terme de Bruant pourrait venir de Bruire, faire du bruit, un terme en usage depuis le VIe siècle. - Photos : Petrocoptis pyrenaica au pied en rosette - Bruant fou (photo d'Yves Dubois à St Jean le Vieux). -

holzarteholzarteUne punaise véloce cherche à s'échapper de la main qui l'a saisie (ce qui rend floue l'image). Elle se nomme Punaise Arlequin (Graphosome italien, Scutellère rayée, Pentatome rayé) et arbore des bandes longitudinales rouges et noires sur sa face dorsale, alors qu'elle est ponctuée de noir sur fond rouge sur la face ventrale. Cette coloration dite aposématique, combinée à un goût repoussant, lui évite la prédation par les oiseaux. Elle sécrète des toxines par les glandes odorifères. En été, on la trouve sur les fleurs d'ombellifères (carottes, fenouils, angéliques ou panais) où elle pique de son rostre les tissus végétaux pour en aspirer la sève, surtout aux endroits chauds et bien exposés au soleil. André Lequet a mis en ligne des photos géniales d'oeufs en train d'éclore, avec les premiers pas des jeunes punaises - surveillées en principe par la femelle. Puis il poursuit avec les différents stades larvaires, peu colorés mais déjà nauséabonds, jusqu'à la métamorphose en adulte (imago) avec une belle photo de carotte sauvage couverte de couples en pleine action. La Punaise Arlequin passe l'hiver au stade adulte.

Dimitri attrape prestement un papillon Azuré Porte-Queue (Lampides boeticus). Il veut nous faire voir un trompe-l'oeil : à l'extrémité du revers de ses ailes se trouvent deux ocelles en forme d'yeux et un appendice foncé figurant une trompe, subterfuge identique chez les deux sexes. Ainsi, l'oiseau qui cherche à l'attraper lorsqu'il est posé est induit en erreur et le papillon a le temps de s'échapper. C'est un papillon migrateur, qui se reproduit dans le Nord et hiverne au Sud. Cette espèce peut hiberner (en diapause) à l'état d'oeuf, de chenille ou de chrysalide. Mais depuis ces dernières années, le flux migratoire du papillon est plus occasionnel, une rareté des individus holzartequi peut s'expliquer notamment par l'utilisation massive des intrants chimiques (pesticides, insecticides), dont la France est le troisième utilisateur européen avec 5,4 kg/ha/an : 80 000 tonnes en 2008 (en baisse depuis 2000).

Outre cette protection passive du trompe-l'oeil, cette famille des Lycènes a noué des relations avec diverses espèces de fourmis grâce à des organes hautement spécialisés. Ils sont de deux types, ceux impliqués dans la communication chimique (qui se rencontrent chez les larves, les chrysalides, et apparemment aussi les adultes) et ceux impliqués dans la communication acoustique. holzarteCes chenilles de l'Azuré Porte-Queue se sont forgées une carapace résistant aux morsures des fourmis et, au lieu de s'agiter fortement lorsque celles-ci entrent en contact, elles s'immobilisent, ce qui permet généralement d’éviter le déclenchement de l’agressivité des fourmis. Ce faisant, les chenilles émettent des substances apaisantes, ainsi que des sécrétions nutritives contenant des glucides et des acides aminés. La présence de ces fourmis constitue une véritable garde rapprochée qui empêche activement les prédateurs et les parasites de s’approcher d'elles. Par ailleurs, les chenilles des Lycènes myrmécophiles sont capables d’envoyer des signaux de détresse aux fourmis alentour grâce à une paire d’organes éversibles qui sécrètent des substances volatiles. Le comportement subséquent des fourmis s’avère similaire à celui déclenché par la phéromone d’alarme des fourmis.

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holzarteUne mésange noire est repérée par Dimitri. C'est une habitante des forêts de résineux, sapinières, pinèdes et bois d'épicéas. Lorsqu'elle habite une forêt mixte, elle s'installe toujours là où prédominent les conifères. Elle cherche habituellement sa nourriture au sommet des arbres, utilisant son bec adapté pour ouvrir les cônes ou pour picorer au milieu des aiguilles. Elle prospecte aussi régulièrement à terre, surtout durant la période hivernale (sauf s'il y a de la neige) pour picorer les châtaignes, les faînes de hêtres et les glands de chênes. De juin à décembre, elle constitue des garde-mangers, stockant de la nourriture dans la partie supérieure des arbres, dans des bourgeons vides, sous un amas d'aiguilles, mais également sous des touffes de lichens, dans des fissures d'écorce et sur le sol. Alors que nous arrivons en vue de la passerelle suspendue, Dimitri résume pour les nouveaux venus l'histoire de l'exploitation forestière de ce massif dont j'ai retrouvé les détails à la suite d'une randonnée naturaliste effectuée au printemps 2011. Le gouffre qui s'ouvre sous nos pieds n'impressionne pas que les humains : Martina, la chienne d'Alfredo, fait une tête lamentable quand elle s'approche du bord et, après deux-trois va et vient, ne trouvant pas ses maîtres qui sont déjà de l'autre côté, elle fait carrément demi-tour sans demander son reste. holzarteAlfredo doit aller la récupérer (pas très loin) et la prendre dans les bras, car même avec la laisse, elle ne veut pas avancer d'un iota ! Une dame passe au ralenti dans un sens, les deux mains cramponnées au câble, puis nous la voyons repasser en suivant dans la direction inverse... Nous lui demandons si nous pouvons l'aider, mais elle nous répond que c'était le but de sa promenade, elle voulait simplement vérifier que, vingt ans plus tard, elle était encore capable de vaincre son appréhension, et peut-être son vertige. Nous n'avons pourtant pas l'impression de vivre si dangereusement, faudrait-il avoir peur ?

Après un moment passé au centre à profiter du paysage et à chercher la présence du tychodrome échelette le long des falaises (on ne sait jamais), nous parvenons de l'autre côté et nous nous regroupons pour observer une feuille curieusement creusée par une chenille mineuse. holzarteIl s'agit d'un minuscule papillon primitif appartenant à la famille des Nepticulidés ou Stigmellidés. Les chenilles aplaties, transparentes et pratiquement apodes, creusent des mines dans le parenchyme foliaire de divers végétaux. L'étude de la structure des mines et de leur contenu est un critère de détermination des espèces qui, bien sûr, ne dispense pas de l'étude des genitalias... holzarteLe genre Stigmella (Nepticula) est le plus courant (plus d'une centaine d'espèces en Europe dont certaines nuisibles aux arbres fruitiers et forestiers), mais il existe d'autres Microlépidoptères qui ont aussi des chenilles mineuses de feuilles : Gracillariides, Lyonetides, Eriocraniides, Tischeriides... Sur la photo, on devine l'endroit où a été pondu l'oeuf en suivant à rebours la ligne qui s'épaissit au fur et à mesure que la chenille grossit, croisant le fin tracé du début. Parvenue au bout de son développement, elle sort de la feuille, se métamorphose en chrysalide, puis en papillon. - Photos : Feuille creusée par une chenille mineuse. - Dimitri en forme après cette semaine passée avec "les Basques". -

holzarteJe trouve une fiche pédagogique sur le hêtre qui énumère les diverses espèces inféodées à l'arbre. Parmi les trois Teignes du Hêtre dont les chenilles minent les feuilles, la Petite Teigne, Stigmella hemargyrella, creuse une galerie serpentiforme très reconnaissable, visible à la face supérieure du limbe et qui franchit les nervures. Il y a deux générations annuelles ; le papillon mesure 2,5 mm de long. Les deux autres Teignes sont plus grandes, mais leurs chenilles creusent la face inférieure entre deux nervures. Une Orgya pudibonde se trouve à nouveau sur notre chemin. holzarteCette fois, on remarque très nettement ses quatre "brosses" qui se redressent lorsqu'elle se recroqueville et fait apparaître l'alternance des bandes noires de son corps. Attention, danger !, nous dit-elle dans son langage des couleurs. Un hêtre mort encore dressé présente de profondes excavations. C'est l'oeuvre du Pic noir, le plus grand des pics européens. Il y a creusé ses loges (pour y pondre ses oeufs), mais on voit qu'il a aussi exploré en profondeur l'écorce pour y déceler les larves d'insectes xylophages dont il se nourrit. Ses oeufs sont blancs, d'abord parce qu'ils sont cachés dans l'arbre et n'ont pas besoin de se fondre dans le paysage, et aussi parce que le blanc réfléchit la lumière, ce qui permet aux parents de vérifier leur présence au fond de l'orifice étroit et coudé "en chaussette". L'oiseau qui ne vivait qu'en montagne jusqu'en 1930 se répand dans les plaines. Les Landes sont les dernières à être investies et Jean-François Gl. fait actuellement le suivi d'un couple qui niche dans un pin à Tarnos. - Photos : Orgyie pudibonde. - Hêtraie avec un tronc mort creusé par le Pic noir. -

holzarteComme nous avons vu plusieurs cadavres de salamandre sur la route en terminant notre boucle à Iraty, Dimitri cherche activement sa présence en creusant la terre humide autour d'une petite cascade en bordure du chemin. La salamandre tachetée est une bête nocturne, et elle n'est pas aquatique, bien que ce soit un amphibien. Sa peau jaune et noire prévient les prédateurs de sa toxicité, car elle sécrète effectivement un mucus empoisonné par des neurotoxines, des alcaloïdes : Samandarin (C19H31NO), Samandaridin (C21H31NO) et Samanderon (C22H31N02), qui agissent par contact avec les muqueuses. À part la protection contre les prédateurs, ces sécrétions cutanées servent principalement à inhiber la croissance de bactéries et de champignons à la surface de la peau humide de l'animal. Normalement, elles provoquent seulement une légère brûlure - si réaction il y a - sur la peau humaine. iratySur des personnes très sensibles et/ou des enfants, ces sécrétions peuvent également provoquer des nausées, troubles respiratoires et des vomissements. Un animal non alerté par les couleurs noires et jaunes, ou inexpérimenté (comme un chiot ou un chat), qui tente de mordre ou manger une salamandre la rejette généralement immédiatement, et peut être affecté de troubles comme la contraction involontaire des muscles des mâchoires, la rigidité du cou et/ou une forte production de salive, et dans certains cas isolés la mort. Comme le lézard avec sa queue, elle a la capacité de régénérer très rapidement une partie de son corps perdue ou blessée. Dès les premières nuits de gelée au sol, entre la fin octobre et début novembre, elle gagne son lieu habituel d'hibernation sous terre dans des galeries creusées par des mammifères, des grottes, mais aussi des puits, tunnels ou caves. Toutefois, occasionnellement, par des jours chauds et sans vent, on peut les rencontrer à l'extérieur, même durant l'hiver. On rapporte qu'elles sont capables de résister à un gel léger sur de courtes périodes, avec des températures de l'ordre de -5 °C. Une épaisse couche de neige empêche toutefois toute activité. La douceur inhabituelle des températures au Pays basque grâce au vent du Sud a dû retarder la date de sa plongée en hibernation. - Photos : Loge de Pic noir. - Une salamandre écrasée sur la route à Iraty. - Ci-dessous : Hêtraie - Torrent au niveau du pont - Gentiane pneumonanthe. -

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holzarteNous atteignons le petit pont sur le torrent que nous franchissons pour effectuer une boucle qui nous ramène à Logibar par le versant herbeux de la gorge d'Olhadubi. L'espace dégagé nous permettra ainsi de faire sans doute des observations intéressantes à l'heure du pique-nique, nous promet Dimitri. Je ne résiste pas à l'envie de photographier une nouvelle fois les fleurs d'ortie que je trouve très élégantes. holzarteDes gentianes pneumonanthes poussent un peu partout au milieu des hautes herbes et sont l'indice d'un milieu de tourbières. Effectivement, le sentier est franchement boueux par endroit et il nous faut faire de l'équilibre sur le bord pour ne pas y perdre la chaussure. La Gentiane pneumonanthe est la plante hôte d'un petit papillon, l'Azuré des Mouillères (Maculinea Alcon). De juin à septembre, la femelle de l'Azuré dépose ses oeufs sur les pétales ou les feuilles de la gentiane. Une grande partie est mangée par les fourmis rouges du genre Myrmica qui en sont friandes. Lorsqu’une chenille arrive à naître, elle se nourrit des graines de la plante. Trois semaines plus tard, elle tombe sur le sol et sécrète une substance imitant à la perfection les phéromones émises par les fourmis qui l’emportent dans la fourmilière où les ouvrières la nourrissent comme s’il s’agissait d’une de leurs larves. Elle passe là tout l'hiver. L'été suivant, elle se métamorphose en chrysalide d'où elle émerge en papillon pour continuer son cycle de vie. Cette espèce est protégée au niveau national et citée dans la liste des espèces menacées d'Europe. Elle sert également d'indicateur pour la mise en place de la Trame verte et bleue pour la continuité écologique au plan national. Il faut en effet plusieurs conditions pour que l'Azuré des Mouillères subsiste : - une densité de fourmilières suffisamment importante ; - une hauteur de végétation suffisante pour construire des fourmilières à l'abri de l'eau, mais pas trop importante pour que la Gentiane des marais, elle aussi espèce protégée, reste visible et puisse être visitée par le papillon. Ainsi, l'abandon du pâturage (extensif) risque de conduire conjointement à la disparition des fourmis et à celle de l'Azuré des mouillères. La fermeture du paysage entraîne aussi la disparition de la gentiane. - Photos : Ortie en fleurs. - Papillon : Souci (Colias croceus ou Colias crocea). - Ci-dessous : Le paysage au-dessus de nous. - Sauterelle Dectique verrucivore. -

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holzarteDimitri attrape une sauterelle appelée Dectique verrucivore. Ce qualificatif lui fut attribué en raison d'une ancienne pratique consistant à utiliser cette sauterelle pour mordre les verrues de la peau et les brûler par le dépôt des sucs digestifs caustiques accompagnant la morsure. holzarteCet insecte est typique des pelouses montagnardes, des coteaux calcaires et des landes ; il préfère les zones peu pâturées et bien exposées au soleil. L'absence de sabre (ovipositeur) au bout de l'abdomen montre qu'il s'agit d'un mâle. L'espèce est en danger dans toutes les zones d'agriculture intensive. Un petit grillon se fait prendre en suivant. C'est aussi un mâle puisqu'il est dépourvu d'oviscapte. Nous avions vu des espèces animales et végétales bien différentes lors de notre venue précédente en avril 2011. Je me souviens notamment qu'il y avait près de ce lieu où nous avions également pique-niqué la Fritillaire des Pyrénées à la corolle ressemblant un peu à celle d'une tulipe, sauf qu'elle est tournée vers le bas et de couleur presque noire nuancée de jaune, et puis aussi la toute petite couleuvre Coronelle girondine. - Photos : Dectique verrucivore (sauterelle). - Grillon. -

holzartePuisque notre vue n'est plus occultée par les arbres, nous voyons de nouveau passer les oiseaux migrateurs, des palombes, des grues. Si ces dernières semblent faire demi-tour, c'est parce qu'elles prennent une ascendance en criant pour maintenir la cohésion du vol. Puis elles sortent du maelström invisible et reprennent leur formation en V en direction du Sud. Enfin, c'est l'excitation dans le groupe, Dimitri n'en peut plus de joie : au-dessus des pics les plus élevés apparaissent trois gypaètes (sachant qu'un, c'est déjà bien, deux, c'est plus rare, et trois, alors là, c'est le comble du bonheur, car cet oiseau qui a bien du mal à survivre et il est rare). Un aigle royal se fait pourchasser par un milan royal ! Au groupe plus commun de vautours fauves se mêle un faucon pèlerin. Dans une même ascendance, on voit tournoyer lentement l'aigle royal, deux vautours fauves et le milan royal ! Rien que pour un pareil spectacle, la balade valait le déplacement... même si ces oiseaux volent un peu loin à mon goût et sont difficiles à distinguer pour un oeil de néophyte. Il faut savoir les repérer à l'oeil nu, et ensuite disposer de bonnes jumelles pour les identifier. Mon appareil photo ne voit que des nuages ! - Photos ci-contre et ci-dessous : Méloé. -

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holzarteLe méloé proscarabeus que nous avions vus aux Peñas d'Itsusi lundi refait son apparition, toujours aussi hors de saison puisqu'il s'agit d'un insecte visible surtout au printemps. Effrayé, il a recours à des hémorragies spontanées qui jaillissent de ses articulations sous la forme d'un liquide orangé qui tâche les doigts de Dimitri. Une Anthophore semble avoir du mal à se dépêtrer de l'entonnoir formé par les pétales d'un crocus. Elle ressemble à un bourdon, mais son oeil composé plus grand descend jusqu'au niveau des mandibules. A ce propos, Dimitri nous rappelle qu'il y a mille espèces d'abeilles en France (2 500 en Europe et au moins 20 000 sur la planète). L'Anthophore est une abeille solitaire, au vol très rapide, qui nidifie dans le sol et nourrit ses larves de pollen. En effet, la majorité des abeilles ne produit pas de miel. Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera, originaire d'Europe et d'Afrique. Toutes les abeilles jouent un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques. Dimitri évoque la prédation particulière exercée sur les abeilles sauvages solitaires par la Cantharide officinale, ou mouche espagnole. Elle appartient à la famille des méloïdés. Donc, comme le méloé, elle effectue sa vie larvaire en parasite. La femelle Cantharide pond près des nids d'abeilles solitaires et les larves de cantharide se nourrissent des oeufs, des réserves de pollen et de nectar des abeilles. Elles passent par plusieurs stades évolutifs jusqu'à l'état nymphal d'où sortiront les adultes qui se nourriront de feuilles d'arbres (frêne, lilas commun, troène, seringa, sureau).

Outre son odeur forte et désagréable, la Cantharide officinale sécrète par tous les pores de son corps une substance très toxique, vésicatoire (qui produit des vésicules sur la peau), la cantharidine. holzarteCe poison violent provoque des brûlures sur la peau et il est très dangereux pour les yeux. Il est encore employé aujourd'hui en pharmacopée comme emplâtre vésicant pour soigner de nombreuses affections. Mais cet insecte est connu pour une toute autre raison, c'est pour la propriété aphrodisiaque de la cantharidine. Depuis l'Antiquité, une poudre faite avec l'insecte était reconnue comme étant un stimulateur de l'érection - mais son absorption provoque surtout une belle inflammation des voies urinaires qui, effectivement, crée une excitation réflexe, doublée d'émissions d'urines sanglantes, de vomissements et de douleurs abdominales. Une surdose peut être mortelle. Le commerce de cette poudre est encore pratiqué de nos jours (en France jusqu'à une date récente et dans les souks marocains paraît-il). - Photos : Anthophore (abeille sauvage solitaire) - Cantharide officinale (mouche d'Espagne - source Internet) - Ci-dessous : Méloé femelle - La gorge d'Olhadubi. - Une grive plumée. -

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holzarteDimitri s'accroupit devant un amas de plumes. Il reconnaît celles d'une grive, plumée avec soin et complètement, jusqu'au duvet. Etant donné la taille de cet oiseau, son prédateur ne peut être qu'un épervier. Nous nous trouvons sur un promontoire bien en vue, qui a permis au rapace de surveiller les alentours tandis qu'il était à l'oeuvre. Nous ne voyons pas d'ossements. Une fois plumée, la grive a été emportée pour être consommée ailleurs. La femelle épervier est jusqu'à 25 % plus grande que le mâle, ce qui constitue l'une des plus grandes différences de taille entre les sexes parmi toutes les espèces d'oiseaux. Bien qu'il soit un prédateur spécialiste des oiseaux des bois, l'Épervier d'Europe peut être trouvé dans n'importe quel habitat et, dans les villes, il chasse souvent les oiseaux de jardin. Les mâles prennent plutôt les petits oiseaux comme les mésanges, les fringillidés ou des passéridés, alors que les femelles attrapent surtout des grives et des étourneaux, tout en étant capables de tuer des oiseaux pesant jusqu'à plus de 500 grammes. Comme les autres oiseaux de proie, l'Épervier d'Europe produit des pelotes de réjection contenant les parties indigestes de ses proies. Celles-ci mesurent de 25 à 35 mm de longueur et de 10 à 18 mm de largeur, avec une extrémité plus étroite et pointue que l'autre. Elles sont généralement composées de petites plumes, puisque les grandes sont arrachées et ne sont pas consommées. - Photo : Dimitri devant les plumes de la grive. -

holzarteEn bordure de roche poussent le serpolet et la germandrée dont nous froissons les feuilles pour en humer l'odeur. Dans la prairie qui descend sur Logibar nous rencontrons des marguerites fraîchement écloses, qui marquent aussi un décalage saisonnier de leur floraison, de même que les petits polygales du calcaire aux timides fleurettes d'un bleu intense souligné du blanc des étamines. Lors d'une pause, nous repérons la cascade de Pixta, près de pâturages de haute altitude. A ce propos, une association souletine dont fait partie un des membres de notre groupe, Bortükariak (les Montagnards en basque) se dédie, entre autres activités, à la rénovation de cayolars (Projet olha). Voici ce qui est expliqué sur le site Internet en lien. Le cayolar ou "olha", en basque souletin, est cette cabane de berger qui servait lors de la transhumance des troupeaux. C'est là que certains bergers fabriquent encore de nos jours le fromage d'estives. - Photo : Germandrée. -

holzarteAvec le temps, certains cayolars, "pekoak" (ceux d'en bas) et "artekoak" (ceux du milieu), inutilisés, sont tombés à l'abandon. Les cayolars les plus hauts, "gainekoak", sont quasiment les seuls qui restent en état aujourd'hui puisqu'ils ont souvent été reconstruits conformément aux normes en vigueur. Il y a aujourd'hui une centaine de cayolars à l''abandon en Soule, en raison de l’évolution de la pratique de la transhumance, de l’ouverture d’accès routiers et du changement des modes de vie. A l’initiative de Bortükariak, le projet OLHA est né. Son objectif consiste à restaurer, en facture traditionnelle et par le biais de chantiers d'insertion, quelques unes de ces cabanes afin qu'elles puissent servir d'abris pour les randonneurs tout en continuant d’être le témoin d’un riche passé. Grâce à un projet Leader en 1993 et 1994, l'association a pu engager la rénovation d'un cayolar, celui de Pixta. Les cayolars d'Ardane (Pekoa et Gainekoa) ont été rénovés dans les années suivantes. Il était prévu que le cayolar d'Olhadübi, sur la commune de Larrau, en bordure du GR10 et du torrent éponyme, soit rénové à partir de l'automne 2012. Les cayolars de Ganagerre, sur la commune de Sainte-Engrâce, et Zihigolatze, sur la commune de Larrau, devaient suivre sur l'année 2013. J'ignore si ce programme a pu être réalisé. Alors que les derniers rayons illuminent les cimes, un pouillot véloce en migration siffle (huit-huit) tout en volant. Le soir tombe vite en montagne, surtout en cette saison, et c'est à la frontale que se termine la dernière centaine de mètres de la descente.

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