Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili. | Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai |
3 au 16 mars au Rajasthan et du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai |
Nous arrivons en fin d'après-midi à Āgrā où nous visitons le Taj Mahal (Palais de la Couronne). Dès notre arrivée au porche monumental, nous sommes saisis par la beauté des lieux, décrite par le grand poète Rabindranath Tagore comme "une larme sur la joue du temps". Un jeune s'est instauré notre guide, ainsi nous n'avons pas à faire la queue. Ce sera sa seule utilité, car il ne nous dira rien de toute la visite, totalement ignare et indifférent à sa culture. Il n'a qu'un objectif en tête, celui de nous emmener dès notre sortie du site dans un atelier d'artisanat en annexe à un commerce pour recevoir sa commission. Comme toujours, il y a une légende, et il y a la réalité, qui n'enlève rien au charme du lieu, mais redonne aux faits leur juste place. - Photos : Le Taj Mahal - Le porche à l'entrée -
Je vais quand même livrer la première (que l'on peut lire sur tous les sites touristiques). Ce mausolée magnifique aurait été construit par l’empereur Shah Jahan à la mémoire de sa troisième épouse Arjumand Bânu Begam, surnommée Mumtaz Mahal ('Lumière du palais' en persan), morte en couches en 1631. Ce que l'on dit moins, c'est que la pauvre accouchait pour la quatorzième fois et que l'enfant mourut en même temps qu'elle. Elle était devenue sa favorite et l'accompagnait dans tous ses déplacements, y compris ses campagnes militaires. Alors qu'il guerroie contre les Lodi au Dekkan, elle meurt à Burhanpur où elle sera inhumée temporairement. - Illustration : Miniature -
Suivant les informations données dans les textes et restituées par l'historien américain Wayne Begley, Shâh Jahân était un despote imbu de sa personne, sa naissance en l'an mil du calendrier musulman l'ayant persuadé de son importance. Il avait tendance à s'identifier à l'homme parfait du soufisme, au maître de l'univers. Il affichait et affirmait "sa" légitimité du pouvoir moghol sur un pays qui ne partageait pas majoritairement la même religion que lui. Il construisit ainsi "sa" version du paradis sur terre. Le complexe serait alors, plutôt qu'un mausolée destiné à une épouse chérie (invention du XVIIe siècle romantique répétée à l'envi), un instrument de pouvoir, comme a pu l'être le château de Versailles construit à la même époque. Dans le Diwan-i-Am (halle d'audience publique) de sa capitale impériale, Delhi, il siégeait sur le trône du Paon, conçu spécialement pour lui. Derrière le divan surmonté d'un dais, deux paons étaient représentés debout, parure déployée, l'ensemble étant orné de saphirs, rubis, émeraudes, perles et autres pierres précieuses aux couleurs symbolisant la vie. - Illustration : Miniature, le trône du Paon - Hérons garde-boeuf -
Vingt-deux passages du Coran, dont quatorze sourates complètes, sont incrustées en calligraphies de pierres noires dans le marbre blanc. Elles ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis. Selon cet historien, la conception du site aurait suivi le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré des Futuhat Al Maqqia (Illuminations de La Mecque) du maître soufi Ibn Arabî (ayant vécu à Murcia, Al-Andalus -péninsule ibérique -, de 1165 à 1240). Le mausolée y occupe la place du trône de Dieu. Les jardins qui mènent au Taj Mahal suivent la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, de lait, de vin et de miel. Avant la transformation opérée par les Britanniques, il s'y trouvait un verger, conformément à la description du paradis dans le Coran.
Le Taj Mahal domine la rivière Yamunâ, qui est un affluent du Gange. Dans la mythologie hindoue, le fleuve sacré sort du pied de Vishnu, tombe sur le mont Meru (la montagne cosmique, axe de l’univers), et se divise en quatre ou sept fleuves pour atteindre la terre. Les cendres des cadavres incinérés selon le rite hindou sont dispersées dans ce fleuve purificateur qui permet aux êtres qui se lavent dans son eau sacrée de rejoindre le Ciel. En se situant à côté de la Yamuna, le Taj Mahal s’inscrit ainsi dans la géographie sacrée de l’Inde, qui a pour fonction de relier la terre au ciel, la vie ici-bas aux paradis posthumes, et les êtres à leur finalité spirituelle.
Pour le dernier jour de notre périple, nous parcourons les palais à l'intérieur du Fort Rouge d'Agra, transformé en demeure résidentielle par Akbar à l'attention de son fils Jahāngīr, puis réaménagé par Shâh Jahân. Ses jardins sont arrosés grâce au détournement de la rivière Yamunâ. Il s'y trouve un des plus beaux hammams moghols, le Shahi-hammam, ou Gusl-Khanah, qui fut construit en 1570 par Akbar et rénové par Shâh Jahân. C'est un ensemble clos de halls et pièces octogonaux, reliés par des couloirs, qui comportent seulement quelques ouvertures en 'jali' (claustras, moucharabieh) donnant sur la rivière. - Le moucharabieh est un dispositif de ventilation naturelle forcée : la réduction de la surface produite par son maillage accélère le passage du vent. Celui-ci est mis en contact avec des surfaces humides, bassins ou plats remplis d'eau qui s'évaporent et diffusent leur fraîcheur à l'intérieur de l'édifice -. - Photos : Agra, Fort rouge, moucharabieh -
La pièce aux instruments au-dessus des fours était équipée de deux grands 'deghs' ou pots de laiton et de cuivre. Des tuyaux d'argile et de cuivre, mystérieusement enfouis dans les murs de maçonnerie, conduisaient à d'autres pièces, dont quelques unes comportaient également des réservoirs miniatures cachés dans des coins jusqu'à mi-hauteur. Le secret de ces mécanismes s'est perdu. La construction est en maçonnerie de brique, mais les sols et les murs jusqu'à mi-hauteur étaient à l'origine recouverts de marbre blanc. Au-dessus, ils étaient enduits de stuc et peints. Chaque pièce était connectée à un système hypocauste (chauffage par le sol). Un ventilateur était installé à l'apex (sommet) de chaque coupole surmontant les espaces. Des quartiers reculés servaient à la toilette impériale. Le mécanisme du hammam montre qu'une sorte de conditionnement de l'air a été mis en oeuvre et que le hammam était principalement utilisé comme palais d'été pour mener des affaires de nature confidentielle, comme des voyageurs étrangers ont pu l'observer. - Photos : Agra, Fort rouge, jardins arrosés par l'eau de la rivière Yamunâ - Rapace -
Il y a trois profonds réservoirs sur son toit, alimentés par l'eau de la rivière qui est acheminée par 'rehant' (roue à eau) près du 'khizri' ou porte de l'eau. De ces réservoirs supérieurs, l'eau était distribuée aux fontaines, cascades et réservoirs de Nagina-masjid pour les ablutions (mosquée privée pour les femmes du harem), Machchhi-Bhawan, Shish-Mahal (Palais des Glaces) et Muthamman-Burj par des tuyaux étanches d'argile et de cuivre et des 'nalis' (canaux) ouverts. L'eau de la rivière, à l'époque moghole, était propre, pure et totalement potable (selon l'auteur du site où je puise mes informations). Le roi Shah Jahan l'utilisait pour boire. Aurangzeb assiégea le fort après la bataille de Samogarh et bloqua son approvisionnement en eau depuis la rivière, forçant le roi à se rendre le 8 juin 1658. Par la suite, Aurangzeb rendit plus sûres les portes du fort en y ajoutant des barbacanes. - Photos : Ci-dessus : Agra, Fort rouge, Shish-Mahal (palais des glaces) et son bassin intérieur avec fontaine - Ci-contre : 'Wuzu' ou cascade aux ablutions devant la mosquée Nagina -
Le Diwan-i-Khas (hall d'audience privée) était un palais de marbre blanc construit par Shah Jahan en 1635. Le Takht-i-Taus (trône au paon), fabriqué en 1634, y fut installé avant d'être transféré en 1648 au Fort rouge de Delhi. Il construisit aussi le Shish-Mahal (Palais des Glaces) comme palais d'été. Il y avait deux bassins avec des fontaines interconnectés par un canal, et une cascade (abshar). Ces dispositifs d'eau furent installés pour maintenir le palais frais et confortable durant la chaleur écrasante d'Agra. Ses parois intérieures étaient recouvertes de mosaïque incrustée de verre et de miroirs. Comme il avait des murs épais et très peu d'ouvertures, l'intérieur dans la pénombre nécessitait une lumière artificielle qui se reflétait sur les murs et scintillait de mille feux, créant une atmosphère éthérée. Ce verre fut importé d'Haleb (Alep en Syrie) et fut disposé en mosaïque en s'inspirant de l'art byzantin. Shah Jahan construisit des palais des glaces également à Lahore et Delhi, mais le plus beau, c'est celui d'Agra. - Photos : Agra, Fort rouge, Mosquée Nagina (du harem) - Rapace -
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