Richard et Anna, Marion et Sophie, Cathy et Jean-Louis, conduits dans un minibus par le chauffeur indien Bipin en Rajasthan / Réception de Cathy et Jean-Louis à Mumbai chez Ramya, Shri et Mahesh, puis chez Rashmi et ses parents, et visite d'un jardin botanique avec Maithili. | Circuit en Rajasthan / Séjour à Mumbai |
3 au 16 mars au Rajasthan et du 16 au 22 mars 2013 à Mumbai |
Plus avant dans son autobiographie, Gandhi revient sur ce problème de propreté. De même que les Européens en vinrent à cantonner les Juifs dans des ghettos et que les Indiens isolèrent ceux qu'ils considéraient comme "Anaryas" ('non aryens', non civilisés, intouchables) dans des quartiers éloignés appelés "dhedvado" en gujarati, les Africains du Sud reléguèrent les Indiens, qu'ils soient Hindous, musulmans ou Parsis, dans des "coolies locations" (lieux pour les coolies). Les paysans les plus pauvres de l'Inde étaient arrachés à leur pays et transplantés dans un environnement citadin qui devenait de plus en plus exigu, car aucun terrain supplémentaire n'était alloué malgré l'arrivée toujours plus nombreuse de nouveaux immigrants. Les municipalités se gardaient bien d'effectuer aucun aménagement, que ce soit pour l'adduction d'eau potable, l'évacuation des eaux usées, des déchets ou la construction de routes. Au contraire, elles profitaient de l'ignorance de ces gens en matière sanitaire, de leur indigence et de leur manque d'éducation, pour les exproprier sous le prétexte de ce manque d'entretien des rues et des logements. Elles leur imposaient ensuite un loyer sur le lieu qu'ils occupaient et possédaient de plein droit, sans remédier aucunement aux problèmes qu'elles avaient soulevés et qui ne faisaient qu'empirer. - Photos : Musiciens qui chantent des cantiques et jouent de l'harmonium indien dans le temple sikh de Bangla Sahib Gurudwara à Dehli. - Palais du district Sikar-Jhunjhunu-Loharu. -
Dès le lendemain de notre arrivée en avion à Delhi, nous entamons notre périple. Il nous faut deux bonnes heures pour sortir de l'agglomération de Delhi et de la ville limitrophe, Gurgaon, située sur un autre Etat (Haryana). En Inde, les voies principales sont ponctuées de gares de péage qui ne correspondent pas à une taxation autoroutière mais à une sorte de droit de douane payé à la frontière de chaque nouveau district et nouvel Etat, proportionnel à la taille du véhicule et à la fréquence de passage. Vu l'état de dégradation de la plupart des routes, nous doutons que cet argent soit dédié à leur entretien. Toutefois, nous remarquerons, à peu près sur toute la longueur de notre circuit en Rajasthan (2200 km), que de jeunes arbres sont plantés, soit en simple alignement, soit en bosquets, ce qui doit représenter des dizaines ou centaines de milliers d'arbres. Souvent, ils sont disposés au centre d'une cavité circulaire, comme la vigne à Lanzarote (Canaries), sans doute pour mieux recueillir l'eau, et ils sont protégés des herbivores par des briques empilées à claire-voie, ou bien des structures de ciment, ou encore des grillages. Il semble qu'ils soient arrosés, un détail que n'ignorent pas les troupeaux qui apprécient d'autant plus les bords de route parfois inondés, peut-être en raison de canalisations endommagées. - Photo ci-dessous : Plantations d'arbres le long de la route après Bikaner. -
A ce propos, je lis dans un article de terraeco.net que le 2 octobre 2012, le mouvement non-violent Ekta Parishad (Forum de l’unité, qui milite depuis 1991 pour les paysans) a engagé à la manière de Gandhi une "Marche pour la justice" de vingt-six jours, sur les 340 kilomètres de routes qui relient Gwalior, au sud d'Agra, à Delhi. Les participants avaient pour mission préalable de planter des arbres dans leur village, puis ensuite d’autres tout le long du chemin (objectif : 100 000 plantations). Ils réclament une réforme agraire pour assurer la survie des "sans terres, sans-abri et des communautés marginales" et demandent des droits égaux sur la terre pour les femmes des zones rurales, la protection des ressources naturelles (eau, terre, forêts et minéraux) qui donnent aux paysans les moyens de subsister. Celles-ci ne pourront être "réquisitionnées pour d’autres objectifs (que la culture vivrière, ndlr) sans accord préalable et éclairé des communautés". Un autre article paru dans l'Humanité à ce propos mentionne qu'ils "protestent ainsi contre l’accaparement des surfaces agricoles par les industriels sous la bienveillance de l’État. Lorsque les pauvres veulent des terres, le gouvernement central dit que c’est un problème qui relève du gouvernement local. Or, celui-ci acquiert des terres pour un usage industriel ou pour mettre en place des zones économiques spéciales. À l’heure du ralentissement économique indien (5,5% au deuxième trimestre 2012, le taux le plus bas depuis dix ans), le gouvernement discrédité se lance dans une nouvelle vague de libéralisation pour faire face aux critiques d’immobilisme. Au cœur de la troisième puissance économique d’Asie, ils sont en effet de plus en plus nombreux, parmi les 73% qui vivent de l’agriculture, à subir les contrecoups des politiques engagées en 1991 sous la férule du Fonds monétaire international et au gré des plans d’ajustements structurels". - Photos : Le Rajasthan nous apparaît comme un immense verger avec, de part et d'autre des 2000 km de notre circuit, des arbres émondés, le vert servant de fourrage et le petit bois porté par les femmes de combustible ou pour confectionner les toitures des nombreuses huttes rondes. L'arbre le plus répandu est le Prosopis cineraria, endémique de l'Inde, et dont le nom varie selon les régions (Hindi & Rajasthani : khejri/Khejra, Jant/Jand, Janti, Chaunkra, Chonksa, Sangri, Khar, Sami, Shami). -
A l'heure du déjeuner, Bipin, notre chauffeur, nous dépose devant un restaurant situé à proximité d'un temple dédié à Hanuman, le dieu à tête de singe. Il en émane un boucan énorme, une sono à tout casser avec de la musique indo-occidentale au rythme entraînant. Sitôt fini de manger, nous nous y rendons à pied par la route où les conducteurs de camions ne manquent pas de nous klaxonner. Il règne une ambiance bon enfant sur le sentier caillouteux qui mène au temple. Des groupes joyeux y vont ou en reviennent, faisant halte auprès des nombreux stands qui proposent pour la plupart des pâtisseries ou bonbons. L'un d'eux est équipé d'un bruyant générateur qui actionne un mécanisme pour broyer des cannes à sucre et en extraire le jus, délicieux avec un peu de citron. Une camionnette continue d'émettre par deux grands hauts-parleurs une musique de boîte de nuit et des femmes en saris multicolores se mettent à danser en riant. - Photos : Temple à Hanuman. -
Avant d'accéder au long escalier, nous devons retirer nos chaussures. Les bougainvillées en fleurs offrent heureusement de l'ombre et nous ne nous brûlons pas trop la plante des pieds sur les marches de marbre blanc. Par contre, nous renoncerons à prendre l'allée en plein soleil pour le retour et ferons demi-tour à contre-courant du flot des fidèles tolérants à l'égard de notre indiscipline. Devant chaque petit oratoire, les gens font résonner une des cloches pour avertir le dieu de leur présence, se recueillent, offrent des fleurs, de l'argent, s'agenouillent et embrassent le socle ou la statue, puis ils font le tour du sanctuaire avant de passer au suivant. Tout en haut, l'immense statue d'Hanuman, le dieu à tête de singe, domine le paysage. Un feu nourri brûle devant lui dans un grand chaudron et des drapeaux rouges palpitent sur le côté. Nous apprenons que cette fête a lieu tous les mardis et lorsque nous reprendrons la voiture, nous continuerons de voir, depuis des villages parfois très éloignés, des fidèles reconnaissables à leurs petits drapeaux rouges qui se dirigent à pied vers le temple en longeant la route. - Photo : Par curiosité, j'ai soulevé un couvercle et trempé un doigt dans un de ces réservoirs d'eau potable souvent posés en plein soleil : l'eau était fraîche ! J'ignore si les Indiens utilisent le système réfrigérant remis au goût du jour par un Nigérian. Le "Pot-in-Pot" est une application ingénieuse du principe du refroidissement par évaporation. Deux pots de terre de diamètres différents sont placés l’un dans l’autre. Entre les deux parois l’espace est empli de sable maintenu mouillé en permanence. L’eau s’évapore vers l'extérieur du grand pot. Le processus fait baisser la température du pot intérieur. Les aliments stockés dans ce pot recouvert d’un linge humide sont ainsi maintenus au frais. - Ci-dessous : Hindoues autour des stands dressés le long du chemin vers le temple d'Hanuman. -
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