Pascal, Jean-Louis et Cathy
Peñas d'Itsusi
Dimanche 19 février 2017

Les contreforts doucement vallonnés de l'Artzamendi se fendent brutalement, comme coupés par une lame nerveuse. Ces falaises en creux forment les Peñas d'Itsusi.

La végétation, encore brune des derniers frimas, se constelle de vert ici et là. Les asphodèles forment d'abord un bouquet de feuilles avant l'émergence du "sceptre" floral qui a inspiré leur nom d'origine grecque.

"Les anciens avoient l’habitude de planter l’asphodèle rameuse dans le voisinage des tombeaux, soit afin que ses racines servissent d’aliment aux mânes de leurs ancêtres, comme le croyoit le vulgaire, soit pour orner le champ de leur repos, ou, ce qui est plus probable, pour absorber les miasmes putrides qui s’échappent des corps en décomposition, et rendre à l’air toute sa pureté. Il faut être en garde contre la manie des esprits superficiels qui ridiculisent les pratiques anciennes ; sous une apparence bizarre, elles cachent souvent un but d’utilité de haute importance. Telle étoit celle de consacrer à quelque dieu ou à quelque déesse une forêt, un bois, et jusqu’aux arbres qui se trouvoient sur les montagnes. Placés ainsi sous la protection immédiate de la divinité, nul n’osoit y porter la hache sacrilège. Par ce moyen, les bois étoient religieusement respectés ; les montagnes, préservées de toute dégradation, fixoient les nuages qui, se résolvant en pluie, alimentaient les sources dont les eaux portoient dans les plaines la fertilité, l’abondance et la vie." Extrait du Cours d'agriculture d'André Thouin (1747-1824), botaniste et agronome, fils du jardinier en chef du Jardin du roi. Il apprit la botanique auprès de Bernard de Jussieu et Buffon lui offrit la place de son père à la mort de celui-ci.

Une sagesse que nous avons malheureusement perdue. A chaque fois que je viens en ces lieux, je prends une photo de ces deux malheureux hêtres, morts sans descendance. La hache, la scie, le feu et la dent des troupeaux ont eu raison de la forêt qui recouvrait autrefois ces montagnes.

L'hellébore vert (ou hellébore fétide ?). Malgré leur couleur verte, les fleurs contiennent du nectar apprécié des insectes butineurs : l'araignée le sait. A demi-cachée derrière une feuille, elle a déjà commencé à tendre ses rets devant les étamines de la fleur à peine éclose.

Mais les Peñas d'Itsusi sont surtout connues pour les vautours fauves qui nichent par dizaines dans les anfractuosités des falaises vertigineuses. Le vent qui se lève dégage la brume matinale et offre une bonne portance à ces grands planeurs.

A tour de rôle, chaque parent couve, tandis que l'autre se dérouille les ailes, prospecte en volant à la recherche de nourriture ou se repose nonchalamment sur un promontoire.

Nous pique-niquons à courte distance et faisons l'objet d'une surveillance de leur part, d'un oeil pas trop inquiet.

Il y a ceux qui s'y sont pris un peu tard et n'ont plus trouvé qu'une étroite corniche...

...et ceux qui se sont réservés à l'avance les bonnes places...

Petite visite de politesse...

Les toujours magnifiques petits érythrones dent-de-chien, aussi précoces que les primevères : leurs tiges fragiles aux deux feuilles basales mouchetées de clair percent la terre froide et dure, jonchée de fougères fanées.

La falaise aux vautours, bien orientée sud-est, à l'abri des vents d'ouest et du nord.

Arrivée un peu acrobatique...

...Petit rétablissement, grâce au long cou qui fait office de balancier.

Vestige de l'ancien pastoralisme d'altitude

Les premiers ajoncs à refleurir sur ce flanc abrité.

Grive amatrice des baies du lierre devant chez moi.

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