Cathy et Caroline | Le marais d'Orx et sa faune hivernale |
Mardi 14 février 2017 |
Heure solaire, 9h1/2 : les tortues cistudes sont de sortie, l'une de la boue, l'autre de l'eau. Toutes deux amatrices de bain de soleil, elles méditent dans cette position qui nous serait bien inconfortable, parfaitement immobiles, cou et tête tendus vers le haut. Les pattes et la queue sont aussi bien dégagées hors de la carapace.
Les reptiles (puisqu'elles appartiennent à cet ordre du monde animal) sont finalement plus actifs que les descendants des dinosaures que sont les sarcelles d'hiver qui flottent par dizaines au milieu du plan d'eau, tout aussi immobiles, mais parfaitement assoupies la tête sous l'aile. De temps en temps, l'une ouvre un oeil, remue ses pattes invisibles et laisse derrière elle une trace claire rectiligne.
Le courlis cendré arpente posément le fond recouvert d'un miroir liquide couleur bronze où les reflets des arbres alentour se teintent de dégradés de gris. De temps à autre, il enfonce vivement jusqu'à la garde son long bec recourbé. Les animalcules ne manquent pas et il semble faire mouche à tous les coups.
Un cormoran s'agite en arrière-plan dans l'espoir de sécher plus vite son corps refroidi par les plongées à la poursuite des poissons. Une sarcelle femelle, moins méfiante, nous fait la gentillesse de nager plus à portée de nos appareils photos.
Un amas sur un dense réseau de rameaux qui surplombe le canal de ceinture du marais s'avère être un gros ragondin au pelage fourni. Lui aussi dort à poings fermés. Un peu plus loin, un jeune broute l'herbe du sentier avec une apparente nonchalance et indifférence à notre égard. Mais quand je me penche pour l'attraper, d'un bond soudain il fait demi-tour dans ma direction, l'air aggressif. Alors que je me relève, craignant une morsure, il file sans demander son reste sous les fougères et dévale la pente pour se réfugier en sécurité près de l'eau ou du terrier familial.
La journée avance, les sarcelles entreprennent une toilette approfondie.
Il me semble que celles-ci sont des tortues de Floride, espèce invasive. Elles s'étirent, immobiles, en équilibre sur une branche à demi immergée.
Un mâle de sarcelle d'hiver arbore sa tête rousse et un plumage plus richement coloré que les femelles.
Une gallinule poule d'eau s'éloigne à la hâte pour rejoindre un abri sous les branchages. Là, elle entreprendra une baignade bruyante, soulevant des gerbes d'éclaboussures par les mouvements vifs de ses ailes, de sa queue et de tout son petit corps.
Encore une tortue qui joue à la danseuse, tête et patte étirées.
Deux grands cormorans arborent déjà leur plumage nuptial : tache blanche sur la cuisse et la tête et le cou qui blanchissent. J'adore leur posture, ailes écartées, comme s'ils étaient suspendus à la corde d'étendage du linge.
Pendant le pique-nique, alors que j'observe un héron cendré qui se repose sur une berge, un mouvement m'alerte en arrière-plan. J'ajuste mes jumelles et, qu'est-ce que j'aperçois à ma grande surprise ? Six petits marcassins qui se poursuivent et se bousculent ! Non, pas de méprise, malgré l'éloignement, leur silhouette et leur comportement les distinguent bien nettement des ragondins. Je cherche la laie pendant un moment. Soudain, la voilà qui surgit ! C'est une énorme masse sombre qui se déplace plus lentement, le groin furetant au ras du sol dans les herbes sèches de la mince avancée de terre qui pénètre dans le marais.
Dernière observation : un couple de cigognes s'est déjà installé sur le nid au sommet d'un ancien pilône électrique qui se dresse dans le marais. L'une d'elle s'envole majestueusement, amorce une large courbe avant de disparaître derrière un bosquet.