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Réglementation de la chasse

Le 28 octobre dernier, le Ministre de la Défense nationale et le Ministre de l'Agriculture ont autorisé les préfets et sous préfets à donner des autorisations individuelles de destruction au fusil des animaux nuisibles pour la zone de l'intérieur.

Les préfets et sous-préfets pourront donc autoriser les propriétaires, possesseurs ou fermiers, leurs délégués et les détenteurs du droit de chasse, à détruire, à l’aide du fusil, les animaux nuisibles, sangliers et lapins, mais sous diverses conditions. La première est celle, pour les tireurs, invités ou autres, d'être porteurs d’un permis de chasse. Les autorisations seront adressées aux préfets ou sous-préfets, suivant la situation des propriétés et accompagnées d'un avis favorable des maires indiquant la qualité des pétitionnaires comme propriétaires ou fermiers et détenteurs du droit de chasse et l’utilité des destructions en raison de la surabondance des animaux nuisibles justifiant leur destruction dans l’intérêt de la protection des récoltes. Les préfets pourront autoriser ces destructions le mardi, le jeudi et le dimanche de chaque semaine. La demande devra être faite sur papier timbré à 6 francs et accompagnée d’un mandat-poste de 9 ou 12 francs et d’une enveloppe timbrée. La demande indiquera aussi le nombre des personnes pouvant assister à ces destructions comme aides ou invités.

On m’a dit que la gendarmerie doit être prévenue du jour des battues ; mais personnellement, je n’en ai été avisé que par la gendarmerie qui est certainement bien informée.

Au moment où j’écris cette note, plusieurs préfets ont autorisé ces destructions : l’Eure et la Seine-Inférieure dans ma région. Pour le Calvados, l'arrêté vient de paraître.

Il faut noter que le transport et la vente des sangliers et lapins détruits sont autorisés sans aucune formalité. Il est bien entendu que les demandes d’autorisation sont transmises pour approbation aux autorités militaires compétentes, ce qui retarde un peu la délivrance aux intéressés. Rappelons, comme je l’ai déjà fait antérieurement, que ces autorisations ont surtout comme objet la protection des récoltes et que l'emploi du fusil a surtout comme but de permettre de tirer les lapins qui ne se terrent pas en beaucoup d'endroits, et dont la destruction au furet avec bourses est par suite tout à fait insuffisante. Quant aux sangliers, l'emploi du fusil est absolument nécessaire.

L'autorisation donnée aux propriétaires et chasseurs réguliers aura pour conséquence heureuse de modérer un peu le braconnage ; les seuls braconniers, qui ne craignent rien, ayant abusé de la facilité que leur procure, pour la poursuite des lapins et autre gibier, l’absence des propriétaires en action de chasse sur leurs terres, alors que leur présence éloigne forcément tous les irréguliers de la chasse. Il est bien entendu que le tir de tout autre gibier que les lapins, sangliers et autres nuisibles, est absolument interdit. Il ne s'agit pas de chasse, mais de destruction dans l'intérêt des récoltes.

Mais, en ce moment (novembre), la question de la chasse aux oiseaux migrateurs, à la sauvagine, notamment, est toujours interdite, malgré la présence sur nos marais et nos côtes maritimes d'une quantité innombrable de canards, sarcelles, échassiers de toute espèce.

Les braconniers sont les seuls à profiter, en ce moment, de tout ce gibier, malgré la surveillance de la gendarmerie dont les membres très occupés ailleurs ne peuvent être partout ; mais je leur dois de leur rendre cette justice qu’ils font tout leur devoir et qu’en notre région on leur doit plusieurs captures de braconniers incorrigibles, profiteurs de l’état de guerre. Nous devons tous, nous autres, propriétaires et chasseurs, les en remercier de tout cœur.

Louis TERNIER.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 2