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Piégeage

Faisons le point

Bien qu’actuellement très loin de chez moi, comme beaucoup de lecteurs du Chasseur Français, qui’il me soit permis de parler un peu du gibier et des nuisibles.

L’ouverture n’a pas eu lieu, en principe, et cependant la plupart des provinces de France ont subi une véritable ouverture clandestine ! Peut-on faire grief aux porteurs de permis qui, la veille de l’ouverture, permis en poche, se sont vus obligés de quitter précipitamment leurs foyers pour aller prendre leur place de combat ? Évidemment non ! Quand un chasseur met sa peau au service du pays, ce dernier peut lui tolérer de tuer quelques pièces de gibier avant de partir pour la grande aventure ! Mais où la situation change, c’est à partir du moment précis où les campagnes vidées de leurs habitants, qui forment 80 p. 100 des combattants ! restent à la discrétion des quelques éléments que le sort a écartés des charges militaires pour une raison quelconque ! Il ne faudrait pas que ces éléments s’établissent en maîtres braconniers pour piller l’intérieur. Le Comité National de la Chasse, dont les travaux soutenus étaient sur le point de porter leurs fruits à la veille de la guerre, et cela grâce au soutien des Fédérations départementales, risque de voir tout son travail annihilé en quelques jours. Actuellement, et de tous côtés, le braconnage sévit d’une façon intensive ; l’occasion est si belle !

Souvenons-nous qu’après la terrible guerre de 1914-1918 le gibier s’était accru dans des proportions considérables, malgré le nombre également croissant des nuisibles ! Cet accroissement n’a pu se justifier que par la diminution considérable des chasseurs et braconniers durant ces quatre années de guerre. Nul ne sait actuellement ce que sera la guerre qui débute : sera-t-elle longue, sera-t-elle courte ? Il est impossible de le savoir, et ce n’est pas en ces lignes que je me permettrai d’aborder un tel sujet. Mais, au point de vue de la chasse, je crois rallier l’opinion de tous les chasseurs mobilisés de la zone des armées, en attirant l’attention de ceux qui restent à l’intérieur pour sauvegarder le gibier, afin que ceux qui auront la joie de revenir chez eux puissent à nouveau décrocher le fusil de chasse avec l’espoir de trouver un peu de gibier. Ce peu leur fera vite oublier les mauvais moments passés à la recherche d’un autre genre de gibier infiniment plus dangereux. Je souhaite que ceux qui peuvent faire quelque chose en ce sens prennent connaissance de ces quelques lignes et qu’on en tienne compte en haut lieu.

A. CHAIGNEAU.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 10