Calendrier du pêcheur.
Avez-vous vu, chers confrères, des mois de janvier
beaux et tempérés ? Oui, sans doute, mais ils sont des plus rares, et je
puis bien avouer qu’en plus d’un demi-siècle d’exercice de la pêche, je n’en ai
pas observé plus de trois ou quatre.
Au contraire, des janvier rigoureux, nous montrant neige,
glace, brouillard, givre, etc. ..., ont été des plus communs ; il
semble que ce mois soit, chez nous, le plus inclément de tous, S’il en est bien
ainsi, quoi d’étonnant à ce que le pêcheur préfère rester au logis plutôt que d’affronter
les frimas au bord des eaux sans espoir de réussite ?
Il est, cependant, au moins deux poissons que le froid
laisse à peu près indifférents et qui sont toujours prêts à dévorer ce qui peut
leur tomber sous la dent : le brochet et la perche. Un troisième, quoique
moins carnassier, est aussi susceptible, à ce moment, de se laisser tenter par
les appâts du pêcheur, c’est le gros chevenne.
Et voici la raison pour laquelle le bord de nos rivières n’est
jamais complètement désert.
Le brochet, éternel dévorant, a quitté les eaux mouvementées
pour se rapprocher des bords creux et profonds où il établit domicile sous les
berges qui surplombent, entre les puissantes racines d’un grand arbre poussé
tout contre la rive ou au milieu de ce qui peut rester de la végétation
aquatique, roseaux, iris ou massettes.
Là, il attend sa proie avec une patience inlassable ;
mais elle est rare, aussi jeûne-t-il souvent, et c’est pourquoi, la faim
aidant, il se jette avec voracité sur tout ce que le pêcheur peut mettre à sa
portée : petits poissons vivants ou morts et leurres animés d’une vie
factice.
La perche agit de même, avec la différence que sa taille
moindre permet de se monter plus finement et oblige le pêcheur à se servir d’esches
ou d’appâts artificiels plus petits ; le poisson d’étain est un des
meilleurs pour sa capture, quand il fait froid et que les eaux ont, cependant,
conservé au moins une demi-clarté.
Cette dernière condition n’est pas aussi indispensable pour
la pêche du gros chevenne. Ce poisson, qui hante les remous aux eaux lentes et
profondes, mord assez bien malgré leur peu de transparence. Les appâts à lui
présenter sont, de préférence, la cervelle et la rate crues, le foie, des cubes
de lard gras et tendre, les intestins de poulet, pigeon ou lapin, que l’on peut
faire préalablement blanchir, le gros macaroni à moitié cuit, et surtout le
cube de sang caillé qu’il paraît préférer à tout. Un amorçage discret paraît
faciliter beaucoup le succès.
R. PORTIER.
Nouvelle réglementation de la pêche fluviale.
Tailles réglementaires des poissons.
ARTICLE 9.
— Les poissons et écrevisses ne peuvent être péchés et
doivent être rejetés à l’eau, si leurs longueurs sont inférieures à :
- 1° lm,50 pour l’esturgeon ;
- 2° 40 centimètres pour le saumon ;
- 3° 35 centimètres pour le brochet ;
- 4° 25 centimètres pour l’anguille ;
- 5° 22 centimètres pour les truites ;
- 6° 20 centimètres pour les corrégones, l’omble-chevalier, l’ombre
commun, la carpe, l’ide, la lotte, les aloses, les lamproies marines et
fluviatiles, le loup ou bar, le mulet ou muge ;
- 7° 14 centimètres pour le barbeau, la brème, le chevesne, le
flet, le gardon, les perches communes et noires, le rotengle, le sandre, le
suiffe, la tanche et les vandoises ;
- 8° 11 centimètres pour les écrevisses à pieds rouges et les
écrevisses américaines ; 9 centimètres pour les écrevisses à pieds
blancs.
La longueur des poissons ci-dessus mentionnés est mesurée de
l’extrémité du museau au milieu de l’échancrure de la queue ; celle des
écrevisses, de la pointe de la tête, pinces et antennes non comprises, à l’extrémité
de la queue déployée.
Les préfets peuvent abaisser jusqu’à 16 centimètres la
longueur au-dessous de laquelle la pêche de la truite est interdite dans les
cours d’eau de montagne.
Comment se procurer des vers de terre.
— L’hiver, la recherche des vers est aisée. Ces
reptiles, amis de l’eau, se trouvent alors dans toutes les terres détrempées :
prairies, jardins, champs ; mais, l’été, le moyen de s’en procurer devient
souvent problématique. Et pourtant, c’est si facile. Voyez plutôt.
Jusqu’aux environs de fin mai, plus ou moins tôt suivant que
l’année est plus ou moins pluvieuse, on en trouve dans les prairies. Pour les
faire sortir, vous enfoncez dans la prairie un bâton ou une fourche à la
profondeur de 25 centimètres environ. Puis, vous faites faire au bâton ou à la
fourche un mouvement nord-sud, puis est-ouest, et ainsi de suite pendant
quelques minutes. Cela a pour effet de tasser la terre. Les vers, serrés dans
leurs terriers, en sortent, et vous êtes tout surpris de les voir apparaître
dans un rayon d’un mètre autour de votre fourche. Conseil pratique :
attendez qu’ils soient complètement sortis pour les saisir.
L’été, lorsqu’il a plu dans la journée ou dans la soirée,
sortez vers onze heures du soir, avec une lanterne. Allez dans votre jardin. Vous
serez tout surpris de voir beaucoup de vers, et des gros, dans les allées. En
quelques minutes, il vous sera facile d’en ramasser une bonne centaine.
S’il n’a pas plu dans la journée, vous pouvez y suppléer par
un arrosage surabondant fait vers sept heures du soir sur quelques mètres
carrés.
Et maintenant, péchez sans ménager les vers, appâtez
beaucoup, puisque vous êtes sûrs de vous approvisionner à volonté.
J. P., abonné.
À propos de la truite.
— Depuis plusieurs années, quand vient le mois de mai,
les truites de notre rivière (la Cère) périssent en grand nombre. On les voit
se débattre à la surface, nager dans tous les sens d’une façon désordonnée,
puis venir s’échouer sur les rives ou couler à fond. À l’autopsie, on découvre
un amas de sang à l’intérieur, les intestins paraissent en mauvais état ;
de plus, la plupart présentent un abcès sur le côté ; détail particulier :
les truites grosses et moyennes sont plus frappées que les petites. Quelqu’un
parmi vos nombreux lecteurs pourrait-il nous dire si pareil fait a été observé
dans d’autres rivières et à quoi faut-il l’attribuer ?
P. T., abonné.
Poisson d’avril.
— Ce n’est pas une boutade marseillaise, encore moins
un récit de Tartarin, c’est une aventure vécue en un premier jour d’avril.
Tandis que, d’un geste automatique et grave, un fervent de
la pêche au saumon sonde inlassablement les eaux du Gave, sa ligne soudain
résiste, puis se dévide, emportée par un poisson (?) narquois dont les oreilles
moqueuses émergent à la surface.
La lutte s’engage, les pronostics s’affrontent, lorsque, à
bout de résistance, l’étrange poisson cède enfin aux efforts du pêcheur qui
réussit à ramener sur la berge ... un beau lièvre.
Tout penaud d’avoir été péché, et jurant sans doute qu’on ne
l’y reprendrait plus, l’animal rendu à la liberté de détaler à travers champs,
cependant que le pêcheur reste tout pantois.
JACQUIN.
Pêche et tortues.
— Page 741, du no 593 du Chasseur
Français, M. André Maury nous dit qu’en péchant dans un étang, il a
accroché une belle tortue. M. Maury ne nous dit pas dans quelle région de
la France cette aventure lui est arrivée.
En tout cas, je signale aux lecteurs du Chasseur Français
que, dans les étangs de la Brenne, on rencontre beaucoup de tortues noires et
que souvent les pêcheurs de poisson les accrochent et les rejettent à l’eau.
Les étangs de la Brenne constituent une région étrange et
sauvage entre La Roche-Posay, le Blanc et Châteauroux. C’est un endroit parfait
pour rêver, pratiquer le camping et la nage. Les routes ne sont pas très bonnes
pour les cyclistes et les automobilistes ; mais on ne peut pas avoir tous
les bonheurs.
Les tortues du lac de la Brenne marchent maladroitement,
mais nagent très vite. Elles se nourrissent de vers, de limaces et d’insectes
de toutes sortes. Avant d’aller dans la Brenne, j’ignorais qu’il y avait des
tortues en France. Et vous ?
Léon VIBERT, Capitaine de chasseurs alpins.
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