La guerre a jeté la perturbation dans le monde de la
réparation et de l’entretien de l’automobile. Beaucoup de mécaniciens ont
rejoint leur corps ou ont été mis en affectation spéciale. L’usager n’a donc
plus à sa disposition un réseau de motoristes aussi serré qu’il y a quelques
mois. Force lui est donc de se pencher plus attentivement sur son véhicule,
afin de pouvoir se débrouiller le cas échéant. Enfin, des véhicules anciens,
qui ne sortaient plus guère, ont été obligés de reprendre du service pour remplacer
les voitures réquisitionnées. Ces vieux briscards sortant de leur retraite ont
parfois de curieux caprices. Toutes ces considérations conduisent l’automobiliste
à envisager et à se défendre lui-même contre les différentes pannes qui peuvent
survenir à sa monture. Comment les détecter ? Comment y remédier par les
moyens du bord, afin de terminer l’étape ? Comment, une fois rentré,
effectuer une réparation ou une mise au point durable ? Et, avec cela,
bien séparer ce qui est du ressort :
1° de l’usager qui veut se salir les mains le moins possible ;
2° de l’amateur qui aime bricoler et qui dispose d’un
minimum d’outillage ;
3° de l’homme du métier, dont l’intervention de partir d’un
certain point devient indispensable.
Au cours de cet article et de ceux qui suivront, nous
envisagerons ces problèmes mécaniques de cette façon particulièrement
originale.
Nous serons même obligés d’examiner, par ordre, les
mécanismes actuellement les plus répandus, pour remonter à ceux en faveur il y
a quelques années. Exemple : allumage par batterie, voltex, magnéto.
Nous pensons que les lecteurs du journal y puiseront d’utiles
considérations.
Chacun sait que l’essence émulsionnée avec l’air par le
carburateur constitue la source de l’énergie dans un moteur à explosions. L’étincelle,
qui jaillit aux bougies dans ce mélange préalablement comprimé, donne naissance
à l’explosion. Donc toute panne d’énergie aura deux causes bien distinctes :
l’alimentation en essence ou l’allumage. Il importera, pour circonscrire les
recherches, de savoir, dès que la panne surgit, devant quelle cause on se
trouve. Il faut remarquer que, dans beaucoup de cas et pour une oreille peu
entraînée, cela est assez difficile.
La panne d’allumage a pour origine, soit les bougies, soit
les organes qui donnent naissance à l’étincelle. La panne d’alimentation est
causée par un défaut total ou partiel d’arrivée d’essence au carburateur ou au
moteur. Les signes précurseurs les plus courants de la panne d’allumage sont :
un moteur qui boite ou, en terme de garage, qui ne tourne pas rond ; il y
a des « ratés » surtout à l’accélération ou au ralenti. Elle est
moins brutale, sauf en des cas particuliers (rupture de fil ou d’accident au
rupteur), que la panne d’essence, qui, elle, vous fixe sur place ou vous laisse
parcourir quelques centaines de mètres pour vous laisser perplexe, à nouveau, à
une égale distance plus loin. Mais supposons que l’adversité fonce sur vous,
sans crier gare. Vous voici faisant usage vainement de votre démarreur, au
grand détriment de votre batterie d’accumulateur qui, elle, commence à donner
des signes de faiblesse. Vous vous décidez à regarder ce qui se passe sous le
capot. Après un examen succinct de l’ensemble, il importe de procéder avec
méthode.
Voyons l’essence : démontage du carburateur (chose
aisée sur les carburateurs modernes). La cuve de celui-ci a-t-elle de l’essence ?
Si oui, démontage et vérification si aucune saleté, brin de paille, etc.,
obstrue les gicleurs. Si le gros gicleur d’alimentation est bouché, le moteur
tourne bien au ralenti, mais s’étouffe dès la première accélération. Si c’est
le gicleur de ralenti qui est défaillant, le moteur part bien en donnant des
gaz, ou encore en marchant sur le starter, mais cale dès que l’on revient sur
le ralenti normal. Si le carburateur est sec de tout carburant, ce sera plutôt
l’arrivée de ce dernier qui est défectueuse. Quoi qu’il en soit, on continuera,
avec ordre, ses investigations. Après les gicleurs, voyons le filtre. Avec le
modèle en cuve de verre visible, on démontera l’ensemble en desserrant l’étrier
de fixation. Nettoyage, puis remontage. Ici, quelques précautions : avec
les pompes à essence, changer le joint de liège, car l’étanchéité doit être
absolue, si l’on ne veut pas que la pompe aspire de l’air. Avec les moteurs
pourvus de réservoir en charge ou d’exhausteur, avoir soin de bien remplir,
avant mise en place, la cuve d’essence, afin d’éviter dans celle-ci la
formation d’un matelas d’air qui perturbe l’arrivée au carburateur. Démontage
et nettoyage des tuyauteries allant du carburateur au filtre, du filtre à la
pompe ou à l’exhausteur, ou encore au réservoir suivant le cas. Vérification si
l’essence arrive bien en ouvrant le robinet prévu à cet effet, ou encore en
actionnant, à la main, la pompe à essence. Tout étant en ordre de ce côté,
remonter le carburateur en ayant soin de remplir sa cuve d’essence, afin de
faciliter le réamorçage de la pompe, pas toujours très facile. Les pompes
actuellement en usage sont du type à membranes. Elles sont commandées par le
moteur. L’alcool que l’on trouve dans l’essence attaque peu à peu le tissu avec
lequel sont constituées ces pompes. L’arrivée d’essence devient alors
insuffisante au moment de l’accélération ou durant les grands régimes. Les
fabricants ont d’ailleurs travaillé sérieusement cette question, et aujourd’hui
les membranes sont moins fragiles et donnent lieu à moins de déboires qu’au
début.
Un trou de vidange, situé en dessous du corps de pompe,
permet d’évacuer, sur l’extérieur du moteur, l’essence s’infiltrant à travers
les membranes. Cette fuite, très légère, est le signe d’une anomalie de cet
organe. L’échange standard de celui-ci remet les choses en place. Signalons
également la panne partielle ou même totale, occasionnée par la boue ou tout
autre détritus qui s’accumule dans le fond des réservoirs et qui vient obstruer
la crépine ou la prise de départ du tuyau d’alimentation. Pour remédier, sur la
route, à cette panne, il y a lieu de démonter, puis de souffler dans la
tuyauterie allant au réservoir. À l’étape, on le vidangera par le bouchon de
vidange prévu à cet effet. L’air comprimé facilitera cette tâche. Il faut
parfois, à cause du manque d’accessibilité, enlever le réservoir du châssis. Si
la pompe à essence a apporté à l’automobiliste son lot de petites misères, l’exhausteur
d’hier n’avait pas toujours la conscience tranquille. Il faut admettre
toutefois qu’avec lui on est vite fixé. L’essence arrive ou n’arrive pas. Son
mécanisme d’alimentation est pratiquement indéréglable. La plupart de ces
défaillances proviennent de prises d’air accidentelles se faisant jour sur la
tuyauterie de dépression allant au moteur, ou sur celle d’alimentation allant
au réservoir. Les premiers symptômes de panne se manifestent tout d’abord en
côte ou aux très grandes vitesses. L’exhausteur se vide. On peut se dépanner en
le remplissant d’essence. Mais, dès l’arrivée au garage, il y aura lieu de
procéder à une vérification sérieuse. Parfois, et sans entraîner la panne
complète, l’alimentation en essence a sa part de responsabilité dans le cas de
ralenti ou de départ défectueux. Ce sera un mauvais réglage de la vis d’entrée
d’air additionnelle qui, réglée trop riche (excès d’essence), fera « galoper »
le moteur, ou qui, trop pauvre, entraînera l’arrêt de celui-ci sur son ralenti.
Il n’est pas jusqu’au starter qui, quelquefois, a son mot à
dire. Son pointeau, plus ou moins étanche, laisse passer le carburant en marche
normale, d’où excès d’essence. Le starter automatique a aussi donné quelques
ennuis. Sa membrane, assez semblable à celle des pompes, se détériore. L’essence
reflue au carburateur. Ici encore, mélange trop riche. Le motoriste fera le
nécessaire. Le pointeau du carburateur peut être mal assis sur son siège, ou
encore émoussé. On fera bien d’y veiller. Il peut être enfermé dans un raccord
spécial et serti : échange standard. Les moteurs modernes aux tuyauteries
d’admission très larges comportent le minimum de coudes afin de ne pas freiner
le passage des gaz. Aussi, est-il facile de « noyer » les cylindres
si, au démarrage, on tourne quelques tours pour rien. Difficultés de mise en
route. On peut attendre quelques minutes que l’essence se dilue, ou encore
tourner quelques tours, au pleinement ouvert, puis mettre le contact et essayer
de partir avec plus de gaz que de coutume.
L’essence peu raffinée, que nous possédons actuellement,
pèse plus que le carburant d’hier. Le flotteur monte plus haut. On fera bien de
vérifier sur certaines voitures que le niveau d’essence de la cuve arrive bien
au sommet des gicleurs principaux, sinon les départs, surtout à froid, seront
rendus difficiles.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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