Accueil  > Années 1940 et 1941  > N°595 Janvier 1940  > Page 30 Tous droits réservés

Si vous roulez l’hiver.
Avis aux borgnes.
Taxes au poids et à l’encombrement.
Prenez des précautions avant d’abandonner votre voiture.
Une vieille connaissance.
À propos de la vieillesse des chevaux.

Si vous roulez l’hiver.

— Un de nos lecteurs nous signale qu’il se trouve fort bien, pour freiner sans déraper sur route verglacée ou simplement glissante, d’appuyer en même temps sur les pédales du frein à pied et de l’accélérateur. Il est bien entendu que la première précaution à observer est de rouler à une vitesse modérée.

D’autre part, pour se protéger contre le brouillard gelé et contre la neige qui collent aux pare-brise, on conseille de jeter un peu de sel de cuisine fin, dès qu’un peu de givre s’est fixé sur la glace et de faire fonctionner l’essuie-glace. L’effet est immédiat et l’on peut rouler des journées entières sans avoir à recommencer. Il faut toutefois prendre la précaution d’éviter de projeter du sel sur la monture de l’essuie-glace, dont le métal pourrait être attaqué.

Avis aux borgnes.

— Un arrêté du ministre des Travaux publics en date du 16 août 1939 (Journal officiel du 3 septembre) a fait connaître que tout candidat à la délivrance du permis de conduire doit, s’il est borgne, le déclarer en faisant sa demande. Il ne peut pas prétendre recevoir de permis pour les transports lourds et les personnes en commun.

Toutefois, ces deux derniers permis, ou l’un d’eux peuvent être accordés à un borgne, si celui-ci a subi, à ses frais, l’examen médical prévu par l’arrêté et si, naturellement, cet examen a été favorable.

Taxes au poids et à l’encombrement.

— La taxe au poids se calcule sur le poids mort du véhicule augmenté du poids maximum que ce véhicule est susceptible de transporter.

La taxe à l’encombrement est basée sur un rectangle ayant pour côtés la plus grande longueur et la plus grande largeur du véhicule, toutes saillies comprises.

Prenez des précautions avant d’abandonner votre voiture.

— Les automobiles laissées seules en stationnement sur la voie publique sont aujourd’hui légion, car les privilégiés, auxquels leur fortune permet l’emploi d’un chauffeur salarié, sont plus que rares.

Presque toutes les automobiles se trouvent donc exposées à être volées, en dépit de toutes les précautions prises par leur possesseur, quand celui-ci se trouve contraint d’abandonner momentanément son auto. Éventualité fâcheuse quand elle se produit, en raison de la perte de la voiture, ou des détériorations qu’elle est exposée à subir si on la retrouve.

Mais voici bien une autre histoire. Elle va devenir plus que fâcheuse, l’éventualité du vol ; elle va devenir catastrophique, si la jurisprudence que vient d’adopter le tribunal de Nancy se trouvait confirmée. Voici, en effet, le principe posé par ce tribunal, principe qui est actuellement déféré à la Cour de Cassation.

Lorsqu’un automobiliste abandonne la surveillance de sa voiture, la laissant sur la voie publique sans prendre les précautions nécessaires pour qu’un tiers n’en fît pas usage, le propriétaire est responsable de l’accident causé par ce tiers, qui, profitant de l’abandon de la voiture, l’a mise en mouvement.

Cette décision doit inciter les automobilistes à redoubler de prudence quand ils abandonnent leur voiture. Il leur faut verrouiller l’allumage, soit au moyen d’une clef de sûreté, soit au moyen d’un robinet électrique dissimulé ; il leur faut fermer les portes à clef.

C’est un fait que les voleurs, sauf cas exceptionnel, n’insistent pas quand ils trouvent une voiture fermée, ou quand ils rencontrent une difficulté de mise en marche. Les précautions indiquées ci-dessus ont donc les plus grandes chances de préserver la voiture.

Une vieille connaissance.

— Un épicier bien connu dans la région d’Azy où il faisait des tournées quotidiennes dans les villages, distribuant les mille et un articles nécessaires à la subsistance des habitants est mobilisé quelque part dans l’Est où il assure maintenant le ravitaillement d’une formation de combattants.

Quelle ne fut pas sa surprise dernièrement d’entendre d’un groupe de chevaux qu’il croisait un hennissement joyeux. Il se retourna d’autant plus vivement que ce hennissement ne lui était point inconnu ...

Et le soldat eut la joie de reconnaître son cheval, le fidèle compagnon de ses tournées au pays, réquisitionné depuis.

Le cheval, parti en belle santé, le poil luisant, avait déjà passablement maigri, mais le cœur et la mémoire étaient intacts, ainsi qu’on en juge.

Le soldat a demandé à ce que le bon compagnon de vie civile lui fût confié dans le militaire, ce qui lui a été accordé.

Et depuis, l’homme et sa « plus belle conquête » ont repris leurs tournées, mais d’un genre plus dangereux.

(Du Petit Charitois.)

À propos de la vieillesse des chevaux.

— C’est avec plaisir que je lis certains articles du Chasseur Français au sujet de la vieillesse des chevaux, et cela m’amène à penser à un vieux cheval qu’ont eu autrefois mes parents.

C’était un cheval noir, faisant à peine 1m,48, né dans l’île d’Yeu (Vendée) sans origine, mais le véritable bidet au tempérament robuste, jamais malade sous n’importe quel travail et n’importe quel temps.

Mes parents l’achetèrent en 1876, il avait deux ans, et il est mort pendant que j’étais au régiment, vers 1909 ou 1910. Les dernières années, il passait difficilement les hivers ; n’ayant plus de dents, il ne pouvait manger ni foin, ni avoine même concassée, il ne vivait que de barbotages.

Mais, dès qu’on le mettait au pré, il était en état au bout de quinze jours et devenait même très fringant malgré son grand âge, mais, malheureusement pour lui, ce n’était souvent qu’une flamme.

Cependant, après ses trente ans, il faisait encore le parcours de la ferme au village, distant de 5 à 6 kilomètres, entre quinze et vingt minutes et, quand il sentait une autre voiture venant derrière lui qui voulait le dépasser, il en mettait un coup, à tel point que souvent le suiveur n’insistait pas.

Ce cheval a vécu trente-cinq ou trente-six ans. Il est mort par l’usure, et non par maladie.

A. VRIGNAUD.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 30