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Les cretonnes fleuries

dans l’ameublement.

Voici un nouveau genre de décoration, dont le procédé aussi facile que rapide et en même temps très amusant donnera à toutes nos lectrices une heureuse occasion de faire trêve aux graves préoccupations actuelles, en s’occupant agréablement d’embellir leur intérieur.

Ce travail consiste à découper dans des tissus de cretonne imprimée les motifs les plus variés : branches fleuries, oiseaux, feuillages, fleurettes, voire des personnages ; à les grouper pour en composer de jolis décors s’appliquant aux objets les plus divers : boîtes, coffrets, corbeilles, abat-jour, paravents, etc. Ces compositions, noyées ensuite, sous un vernissage, acquièrent un si joli brillant, une telle transparence de tons que, le travail étant terminé, les objets ainsi décorés offrent à s’y méprendre l’aspect délicieux et le précieux fini d’une laque peinte.

Pour débuter, il sera préférable de « se faire la main » sur des objets de petite dimension, tels que coffret de forme ancienne, boîte de cartonnage, bonbonnière ronde, etc. Tous ces objets sont susceptibles de recevoir un riche décor qui les transformera complètement. Si le fond est uni, il peut servir tel qu’il est, quelle qu’en soit d’ailleurs la nuance ; s’il ne l’est pas, vous aurez vite fait de le changer avec une couche de peinture émail.

Parmi vos coupons imprimés, faites choix de quelques fleurettes pour les disposer en semis sur la bonbonnière ; de roses Pompadour, pour les placer en bouquets gracieux sur la boîte rectangulaire ; de motifs Louis XV pour enguirlander le coffret ancien. À l’aide de fins ciseaux, à la pointe bien aiguisée, découpez très soigneusement ces motifs, conservant aux branches leurs menus détails : enduisez l’envers de colle blanche (colle de bureau, colle à photos) et appliquez-les sur l’objet en les disposant avec goût. Laissez bien sécher ; puis, à l’aide d’un large pinceau, dit : « queue de morue » passez sur l’ensemble une couche de vernis Martin qui se vend en flacons dans le commerce au rayon des fournitures pour artistes. Le vernis doit se passer par couches minces, une nouvelle couche n’étant passée que lorsque la précédente est bien sèche, ce que vous connaîtrez en appliquant sur la surface vernie le doigt dont l’impression ne doit laisser aucune trace. Trois couches suffisent ordinairement pour obtenir un beau poli.

Autre application de tissus imprimés. Voici une jolie corbeille, qui pourra vous servir, soit de corbeille à papiers pour le bureau, soit de cache-pot pour une plante verte ou même, si elle est en zinc, de porte-parapluies pour le hall d’entrée. Un oiseau très décoratif, comme il s’en trouve sur les cretonnes d’ameublement, a été choisi pour son ornementation, tandis qu’une guirlande orne le bord supérieur. L’ensemble est glacé sous trois couches de vernis.

Passons maintenant à ces abat-jour d’un aspect si riche et qui compléteront agréablement le confort d’un intérieur, tout en donnant à la lumière qu’ils voilent une douce intimité. Ce procédé ornera n’importe quel abat-jour de parchemin, que celui-ci soit destiné à un lampadaire, ou à une lampe basse. Sur l’abat-jour du lampadaire une guirlande de roses déroule gracieusement ses fleurs et ses feuilles, tandis qu’un léger rappel orne le bord supérieur. Sur l’abat-jour de la lampe, un motif de tulipes s’étale en bouquet ; quelques feuilles sont essaimées sur le fond. Deux couches de vernis suffisent à rendre le parchemin translucide et les fleurs prennent à la lumière artificielle une jolie transparence de vitrail lorsque la lampe est éclairée.

Enfin, pour terminer, voici un ouvrage plus important. C’est un haut paravent à quatre feuilles dont chaque panneau a reçu une décoration différente. Des oiseaux de paradis voltigent parmi des feuillages exotiques ; mais il reste si intéressant de disposer à son goût personnel une composition de ce genre que toutes nos lectrices voudront prendre l’initiative d’établir elles-mêmes leur décor en harmonie avec leur ameublement. Les motifs les plus divers peuvent y être employés : légers semis, jetés de fleurs, flore ou faune des quatre saisons, etc.

Et ce procédé de leur emploi une fois connu et apprécié, le champ reste vaste sur toutes les utilisations possibles d’applications des tissus imprimés que la mode voit refleurir partout plus vifs, plus gais, plus frais, plus nombreux que jamais.

J. M.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 50