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Le plongeon imbrin

Voici un grand et bel oiseau : il est de la taille d’une oie, revêtu d’un magnifique plumage ; il n’est ni commun, ni difficile à approcher. Tout cela constitue, pour le chasseur qui a réussi à l’abattre, une véritable prouesse.

Il a la tête et le cou d’un beau noir à reflets verts et violets, avec une bande transversale au-dessous de la gorge, rayée de blanc et de noir, et une autre semblable en arrière et à la base du cou ; le dos, les ailes et le croupion d’un noir profond parsemé de petites taches carrées d’un blanc pur, les parties inférieures blanches, le bec noir, l’iris rouge vif, les pieds brun noirâtre. En hiver, il a le dessus du corps d’un brun noirâtre, les taches blanches sont devenues cendrées.

Évidemment, nous le voyons rarement dans son beau plumage de printemps ; il nous quitte avant, car il ne passe chez nous que les plus mauvais mois de l’hiver ; il regagne de bonne heure sa terre natale, la Suède et la Norvège, la Russie, les mers arctiques. Il se montre chaque hiver sur les côtes de la Manche ou de l’Océan, et sur les lacs de la Suisse et de l’Allemagne.

C’est un oiseau essentiellement marin, qui ne se nourrit que de poissons et de crustacés, et c’est naturellement un plongeur remarquable ; il nage entre deux eaux avec une extrême rapidité, s’aidant à la fois des ailes et des pieds : il peut ainsi saisir le poisson à la course. On comprend qu’avec cette défense, la chasse en soit difficile. Il faut pouvoir le poursuivre avec un canot automobile très maniable, on n’arrive que très rarement à l’atteindre avec un bateau à voiles ou à rames, car ses plongées sont très longues, et il parcourt sous l’eau de très grandes distances.

On le voit quelquefois sur les grands fleuves, qu’il remonte, mais il ne s’aventure que rarement sur les côtes de la Méditerranée ; ceux qu’on y a trouvés et en très petit nombre, étaient des jeunes de l’année.

En somme, nous ne pouvons que souhaiter à nos confrères en Saint Hubert, d’en mettre un dans leur carnier : c’est un butin qui n’est pas permis à tout le monde.

J.-B. S.

Le Chasseur Français N°596 Février 1940 Page 67