Quels sont ces oiseaux ?
Il s’agit d’un bec croisé (Loxia curvirostra), un
mâle, probablement, un jeune.
Cet oiseau habite les forêts de conifères et parait se
nourrir presque exclusivement de graines de pins et de mélèzes. Aussi, quand il
se trouve en grandes quantités, les dégâts qu’il commet sont-ils très
préjudiciables aux forêts.
Sédentaire dans les Vosges, les Alpes et les Pyrénées, il
est de passage dans les autres régions vers la fin de l’automne.
Sans croquis, ni cliché, il est fort difficile de
répondre catégoriquement. Cependant, d’après votre description méticuleuse, je
crois bien qu’il s’agit du pinson d’Ardennes ou pinson de montagne (Fringilla
montifringilla).
J. DHERS.
Comment éloigner les sangliers.
— Un moyen pour éviter les dégâts des sangliers dans
les champs cultivés consiste à enterrer profondément ou, plutôt, presque
complètement, et de 15 en 15 mètres, ou de 20 en 20 mètres, le long du champ à
préserver, de vieilles boîtes de conserves vides et à y verser jusqu’au bord un
mélange d’eau et d’urine humaine ; placer au-dessus une pierre plate pour
éviter une trop rapide évaporation du liquide sous l’influence des rayons
solaires.
Les sangliers venant le soir et approchant du terrain en
culture sentent l’odeur humaine et, craignant qu’il y ait à l’emplacement de
chaque boîte un homme à l’affût, s’éloignent.
Dans un jardin situé près d’un bois, et qu’il s’agissait de
protéger contre les sangliers, les fils de fer tendus, les avertisseurs
(grelots, sonnettes) et même une lanterne restant allumée toute la nuit ne
mirent pas obstacle aux ravages des sangliers dans ce jardin. Par contre, les
boîtes de conserves remplies du mélange ci-dessus eurent le pouvoir d’empêcher
de nouvelles incursions des sangliers.
Les jaseurs de Bohême sont-ils venus présager cette guerre ?
— Cet oiseau n’est pas sédentaire en France, il y
apparaît, de temps à autre, à de très longs intervalles. Il habite
ordinairement les contrées très orientales du Nord de l’Europe et une partie de
l’Asie.
Un important passage de ces oiseaux a eu lieu en janvier
1870. Une nouvelle irruption en France, non moins importante, s’est produite en
février 1914. La guerre a suivi ces deux migrations.
De là à regarder le passage des jaseurs de Bohême comme
annonçant une guerre prochaine, il n’y avait qu’un pas. Il a été fait. Partout
et même en Allemagne où il est appelé Kriegvogel (ce qui veut dire oiseau de
guerre), ce bel oiseau lustré à la livrée aux couleurs chatoyantes, si agréable
à voir, est regardé comme un oiseau de malheur présageant la guerre.
La superstition attachée à l’apparition dans notre ciel de
ce charmant oiseau s’est quelque peu atténuée ces dernières années. En 1923, en
1936, en 1937, nous en avons vu en France, à la grande joie des chasseurs
collectionneurs, et il n’est rien arrivé chez nous ces années-là. À moins
qu’ils eussent été des présages à retardement.
Depuis l’article de M. Ternier paru en mars 1938,
signalant un passage de jaseurs de Bohême en novembre 1937, je n’ai pas vu de
communications relatant de nouvelles venues de ces oiseaux en France.
Pour ma part, je n’ai vu de jaseurs de Bohême, ni en 1938,
ni en 1939. Leur instinct serait-il, cette fois, en défaut, ou l’influence
maléfique attribuée à leur présence se trouverait-elle controuvée ?
Question qui se pose, mais qui ne peut être résolue par mes
seules observations. Peut-être d’autres lecteurs de votre journal ont-ils vu
des incursions de ces oiseaux dans leurs régions en 1939 ?
C’est ce qu’il serait intéressant de connaître.
M. G., abonné.
La chasse et la guerre.
— Cette question qui préoccupe, au premier chef,
tous les chasseurs, nous amène une très grande quantité de lettres, la plupart
extrêmement intéressantes. Leur abondance ne nous permet pas malheureusement
d’en envisager la reproduction.
À quelques détails près, toutes ces communications
peuvent se ranger en deux catégories : les unes sont pour, les autres sont
contre l’ouverture de la chasse.
Pour mettre un terme à la controverse dans nos colonnes,
nous reproduisons, avec notre impartialité coutumière, deux avis opposés qui
résument, à peu près, tous les arguments pour l’une ou l’autre thèse.
1 ° La question de l’ouverture générale agite déjà l’opinion
de certains chasseurs. Sans doute, pour gagner la guerre, la vie économique
doit reprendre au mieux son rythme normal. L’ouverture des pâtisseries, des
cinémas, des champs de courses, ne fait pas scandale. En serait-il autrement de
la chasse ? Étudions l’affaire, car elle en vaut la peine. La chasse
répond à trois buts principaux : détruire les nuisibles ; utiliser
une réserve alimentaire ; procurer aux initiés plaisir et profit.
Dans certaines régions, la destruction du lapin, même
préventive, est nécessaire. Celle du sanglier l’est moins. Leur nombre ne
diffère guère de ce qu’il est normalement à pareille époque. Leur chasse
exigerait, soit un temps de neige, soit une abondance d’animaux, telle qu’elle
nécessite l’interruption des chiens et chasseurs. Nous n’en sommes pas encore
là ; donc rien ne presse.
Utiliser au mieux cette réserve alimentaire que représente
le gibier, tel est le deuxième but, l’affirmation d’une nécessité économique
trop longtemps méconnue. Mais l’élémentaire bon sens exige au préalable le
renforcement de son cheptel. C’est une occasion unique ! Sédentaires et
migrateurs en profiteront. Car, je l’ai déjà dit ici même, du Rhin au Centre
Afrique, précisément et par chance dans le sens des migrations, le domaine
français est assez vaste pour protéger sans être dupe, sans crainte de cette
objection à courtes vues qui tue nos chasses banales : « Le voisin
seul en profitera ! »
Reste le troisième but et non le moindre : plaisir, profit.
En France, presque toutes les chasses sont banales ou
organisées en sociétés à participations plus ou moins nombreuses, de sorte
qu’en fait le gibier, la réserve du gibier, est un bien commun. Or, les deux
tiers des ayants-droit à ce bien, les mobilisés, dis-je, ont tout de même voix
au chapitre, le droit de profiter un jour du fruit de leur épargne. Cette offre
de chasse sans permis leur congé durant, soit dix jours par an, ne compense
rien. Il faut autre chose.
L’autorité compétente fera bien d’y penser.
Dr G. BORDET
2° Le Chasseur Français s’est fait déjà, depuis plus
de deux mois, l’écho des chasseurs qui demandaient la reprise de la chasse, et
tout au moins de celle du gibier d’eau.
La question a été examinée sous toutes ses formes ; les
objections, réduites à deux ou trois, proposées et discutées.
Mais de cet ensemble, on peut tirer deux conclusions :
la première, que de nombreux chasseurs demandent que la chasse soit
rouverte ; la seconde, que ces efforts dispersés, nombreux cependant,
n’ont pas encore, au moment où j’écris ces lignes, obtenu satisfaction du
Gouvernement.
Cependant, en serrant la question, nous trouvons qu’à part
quelques chasseurs de l’arrière qui préconisent le statu quo, soit en
faveur du repeuplement du gibier, soit parce que la chasse serait entravée par
des difficultés de transport, manque de loisirs ou autres, soit qu’il est peu
séant de se « distraire » pendant la guerre ..., à part quelques
mobilisés qui regretteraient qu’on chasse en leur absence, la majorité des voix
qui se sont prononcées pour l’une ou l’autre cause demandent la réouverture au
moins de la chasse au gibier d’eau.
Les arguments sont présents à toutes les mémoires : la
chasse au gibier d’eau ouverte, améliorera l’alimentation, en présence des
restrictions qui sont déjà édictées sur la consommation de la viande ;
elle sera un appoint et une ressource pour beaucoup de familles ; elle
contribuera à la reprise de la vie économique.
Si le braconnage actuel continue à sévir, il dégénérera
bientôt en licence et anarchie, et mieux vaut accepter légalement une mesure
que supporter un délit par impuissance à le réprimer.
Au point de vue militaire, l’usage des armes est autorisé
pour la destruction du lapin depuis le 29 octobre ; donc aucune
objection au tir de la sauvagine.
Enfin l’exercice de la chasse aura un heureux retentissement
sur le moral, tant des chasseurs de l’arrière que des permissionnaires, dont
beaucoup déplorent, en arrivant en permission, de trouver la chasse
« légalement » fermée encore.
En prenant en considération par des mesures appropriées la
situation particulière des locataires du droit de chasse, que la réouverture
pourrait léser en les contraignant à payer une location, dont il ne pourrait
jouir ; en accordant aux mobilisés le droit de chasser sans permis ;
enfin, en maintenant la fermeture dans les zones fortifiées ; celle des
frontières, où l’autorité militaire le jugerait indispensable ; enfin dans
celles où la majorité des chasseurs, des groupements cynégétiques ou des
Conseils Généraux le demanderaient, il semble que, le désir exprimé par tant et
tant de chasseurs aurait dû être exaucé.
Je me permets de croire que, si tous les chasseurs, au lieu
d’agir en ordre dispersé, avaient uni leurs efforts, leurs demandes auraient eu
plus d’efficacité. Nous connaissons des régions dans lesquelles les chasseurs
de gibier d’eau ont, les uns sollicité le Préfet du département, d’autres
certains parlementaires, d’autres leur Fédération départementale de chasse et
autres groupements cynégétiques, certains ont envoyé leur pétition au Conseil
Général ... et quelques-uns se sont adressés directement au
Ministre ! ... Résultat négatif ; car cela n’a représenté que
des voix isolées dans chaque cas ... Or, c’est le nombre qu’on écoute.
Nous savons aussi que dans d’autres départements — l’Hérault,
par exemple — la manœuvre a été plus stratégique, et c’est toujours vers
la Préfecture qu’ont été canalisées les réclamations. Résultats : M. le
Préfet de l’Hérault, a adressé à M. le Ministre de l’Agriculture, une lettre
ouverte, publiée dans tous les journaux locaux, dans laquelle il a exposé
dans les termes les mieux appropriés, la justesse des demandes de ses
administrés. Mais il s’agit d’un département, et la France en a 90 ... et
jusqu’ici l’Hérault n’a pas encore obtenu satisfaction.
Nous sommes en guerre, la chasse n’est pas le premier des
soucis ! C’est hélas ! certain ; est-ce cependant une raison
pour la négliger ? La chasse n’est pas seulement un plaisir ; elle
procure des ressources, elle soutient le moral, et, par là, elle contribuera à
assurer à la France la victoire finale ; de celle-ci aucun de nous n’a
jamais douté.
Comte J. DE VALICOURT.
Président de l’Association des Huttiers et Chasseurs de gibier d’eau.
La Fédération de Meurthe-et-Moselle et les nuisibles.
— Sur la demande de M. Queuille, ministre de
l’Agriculture, M. Daladier, président du Conseil, ministre de la Défense
nationale, vient d’envoyer aux généraux commandant les régions de la zone de
l’intérieur, les instructions nécessaires concernant la délégation par eux
aux préfets ou aux sous-préfets, en ce qui concerne le port et l’usage des
armes, dans le but de leur permettre d’autoriser la destruction au fusil des
animaux nuisibles (voir nos articles de janvier 1940, p. 4 et 5).
Le Ministre de l’Agriculture recommande de réprimer
sévèrement tout délit de braconnage et même tout acte de chasse et quelle que
soit l’espèce de gibier recherché, et de signaler aux généraux commandants
ces régions, tous actes de braconnage commis par des personnes appartenant
à l’armée, sans préjudice des poursuites pénales et civiles, s’il y a lieu.
Les préfets de l’Intérieur vont ainsi pouvoir prendre
leurs arrêtés pour protéger les futures récoltes.
Mais, pour nos départements de l’Est appartenant à la zone
des armées, cette circulaire est inexistante, et les préfets n’ont pas mission
pour agir.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’animaux nuisibles
dans la zone des armées, ni que les cultivateurs n’ont pas ensemencé pour
obtenir des récoltes en 1940.
Cette région mérite une protection égale. Elle ne peut
manquer de lui être donnée. Il est, en tout cas, indispensable que les mêmes
mesures soient prises sans retard dans nos départements lorrains.
A. H.
Cause d’insuccès à la hutte.
— Le rapace ou l’oiseau gibier qui vient au grand duc,
arrive souvent comme une flèche, puis il plane autour du leurre, il fait le
« Saint-Esprit ». Dans cette position où l’oiseau est presque
immobile, il semble qu’il est facile de l’atteindre ; cependant on le rate
bien souvent en le tirant à ce moment-là. Probablement que l’oiseau ne reste
pas dans cette immobilité au moment du tir ; au bruit de la détonation, il
doit reprendre ses « esprits » et son vol. Voilà comment on explique
ces coups malheureux, ce qui n’est pas invraisemblable
Je crois plutôt, ceci par expérience, que le chasseur ne se
dissimule pas assez et que c’est par la vue de l’homme ou seulement de son
visage et de ses mains dont la teinte claire tranche avec le fond sombre de
l’arme et du créneau, que l’oiseau est alerté et s’enfuit.
GUIGIS, abonné.
Cas d’albinisme.
— Comme suite à la note de M. J. Bonnard
parue dans le numéro de novembre 1939, page 735, je dirai qu’il m’a été
donné également de voir une hirondelle entièrement blanche. Elle avait atteint
son complet développement, et était très jolie. C’est un Bordelais qui l’avait
trouvée. Plusieurs personnes ont pu la voir, car il l’a fait naturaliser, le
cas étant très rare.
J’ajoute que j’ai vu aussi des alouettes et des grives
complètement blanches, un étourneau taché de blanc, une palombe blanche avec le
collier ambré, une bécasse très pâle (à peine café au lait) et un superbe
écureuil tout blanc. Toutes ces captures venant de la région bordelaise.
Mme LE GAIU, abonnée.
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