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Échos de partout

Quels sont ces oiseaux ?
Comment éloigner les sangliers.
Les jaseurs de bohême sont-ils venus présager cette guerre ?
La chasse et la guerre.
La Fédération de Meurthe-et-Moselle et les nuisibles.
Cause d’insuccès à la hutte.
Cas d’albinisme.

Quels sont ces oiseaux ?

    — 1° J’aimerais savoir quel est l’oiseau dont je vous donne la description aussi exacte que possible :

      Longueur : du bout du bec à l’extrémité de la queue : 17 centimètres.
      Envergure : 30 centimètres.
      Longueur de la queue : 6 centimètres.
      Bec : mandibule supérieure : 2 centimètres ; mandibule inférieure : 1cm,5.
      Œil : noir.
      Poitrail : rouge.
      Ventre : mauve.
      Tête : rouge.
      Ailes : marron foncé avec une barre blanche.
      Dessus du corps : rouge.
      Queue : marron foncé.
      Pattes : noires.

    Cet oiseau dont le bec est croisé faisait partie d’un groupe d’une dizaine d’individus.

      Marcel RAET, abonné de la Savoie.

Il s’agit d’un bec croisé (Loxia curvirostra), un mâle, probablement, un jeune.

Cet oiseau habite les forêts de conifères et parait se nourrir presque exclusivement de graines de pins et de mélèzes. Aussi, quand il se trouve en grandes quantités, les dégâts qu’il commet sont-ils très préjudiciables aux forêts.

Sédentaire dans les Vosges, les Alpes et les Pyrénées, il est de passage dans les autres régions vers la fin de l’automne.

    — 2° Je serais très heureux de savoir le nom d’un oiseau trouvé mort dont voici la description :

      Taille : un peu plus fine que celle d’un moineau.
      Bec : court et trapu et jaune à sa naissance, noir à la pointe.
      Cou : court.
      Ailes : plaquées au corps, longues et pointues lorsqu’elles sont déployées.
      Queue : droite et en fuseau.
      Tarses : longs moyens et grêles.
      Doigts : trois en avant et un en arrière.
      Tête : noir tigré de jaune.
      Gorge : rouge jaune.
      Dessous du corps : blanc, dessous des plumes noir.
      Queue : jaune et noire, mais noire à sa base.
      Ailes : naissance jaune, puis blanc et noir.
      Cuisses : blanches et grises.
      Envergure : ailes bien tirées, 25 centimètres.
      Longueur du bec : 12 millimètres.

    Cet oiseau me semble assez rare dans notre pays.

      P. M., Louverse (Pas-de-Calais).

Sans croquis, ni cliché, il est fort difficile de répondre catégoriquement. Cependant, d’après votre description méticuleuse, je crois bien qu’il s’agit du pinson d’Ardennes ou pinson de montagne (Fringilla montifringilla).

J. DHERS.

Comment éloigner les sangliers.

— Un moyen pour éviter les dégâts des sangliers dans les champs cultivés consiste à enterrer profondément ou, plutôt, presque complètement, et de 15 en 15 mètres, ou de 20 en 20 mètres, le long du champ à préserver, de vieilles boîtes de conserves vides et à y verser jusqu’au bord un mélange d’eau et d’urine humaine ; placer au-dessus une pierre plate pour éviter une trop rapide évaporation du liquide sous l’influence des rayons solaires.

Les sangliers venant le soir et approchant du terrain en culture sentent l’odeur humaine et, craignant qu’il y ait à l’emplacement de chaque boîte un homme à l’affût, s’éloignent.

Dans un jardin situé près d’un bois, et qu’il s’agissait de protéger contre les sangliers, les fils de fer tendus, les avertisseurs (grelots, sonnettes) et même une lanterne restant allumée toute la nuit ne mirent pas obstacle aux ravages des sangliers dans ce jardin. Par contre, les boîtes de conserves remplies du mélange ci-dessus eurent le pouvoir d’empêcher de nouvelles incursions des sangliers.

Les jaseurs de Bohême sont-ils venus présager cette guerre ?

— Cet oiseau n’est pas sédentaire en France, il y apparaît, de temps à autre, à de très longs intervalles. Il habite ordinairement les contrées très orientales du Nord de l’Europe et une partie de l’Asie.

Un important passage de ces oiseaux a eu lieu en janvier 1870. Une nouvelle irruption en France, non moins importante, s’est produite en février 1914. La guerre a suivi ces deux migrations.

De là à regarder le passage des jaseurs de Bohême comme annonçant une guerre prochaine, il n’y avait qu’un pas. Il a été fait. Partout et même en Allemagne où il est appelé Kriegvogel (ce qui veut dire oiseau de guerre), ce bel oiseau lustré à la livrée aux couleurs chatoyantes, si agréable à voir, est regardé comme un oiseau de malheur présageant la guerre.

La superstition attachée à l’apparition dans notre ciel de ce charmant oiseau s’est quelque peu atténuée ces dernières années. En 1923, en 1936, en 1937, nous en avons vu en France, à la grande joie des chasseurs collectionneurs, et il n’est rien arrivé chez nous ces années-là. À moins qu’ils eussent été des présages à retardement.

Depuis l’article de M. Ternier paru en mars 1938, signalant un passage de jaseurs de Bohême en novembre 1937, je n’ai pas vu de communications relatant de nouvelles venues de ces oiseaux en France.

Pour ma part, je n’ai vu de jaseurs de Bohême, ni en 1938, ni en 1939. Leur instinct serait-il, cette fois, en défaut, ou l’influence maléfique attribuée à leur présence se trouverait-elle controuvée ?

Question qui se pose, mais qui ne peut être résolue par mes seules observations. Peut-être d’autres lecteurs de votre journal ont-ils vu des incursions de ces oiseaux dans leurs régions en 1939 ?

C’est ce qu’il serait intéressant de connaître.

M. G., abonné.

La chasse et la guerre.

— Cette question qui préoccupe, au premier chef, tous les chasseurs, nous amène une très grande quantité de lettres, la plupart extrêmement intéressantes. Leur abondance ne nous permet pas malheureusement d’en envisager la reproduction.

À quelques détails près, toutes ces communications peuvent se ranger en deux catégories : les unes sont pour, les autres sont contre l’ouverture de la chasse.

Pour mettre un terme à la controverse dans nos colonnes, nous reproduisons, avec notre impartialité coutumière, deux avis opposés qui résument, à peu près, tous les arguments pour l’une ou l’autre thèse.

1 ° La question de l’ouverture générale agite déjà l’opinion de certains chasseurs. Sans doute, pour gagner la guerre, la vie économique doit reprendre au mieux son rythme normal. L’ouverture des pâtisseries, des cinémas, des champs de courses, ne fait pas scandale. En serait-il autrement de la chasse ? Étudions l’affaire, car elle en vaut la peine. La chasse répond à trois buts principaux : détruire les nuisibles ; utiliser une réserve alimentaire ; procurer aux initiés plaisir et profit.

Dans certaines régions, la destruction du lapin, même préventive, est nécessaire. Celle du sanglier l’est moins. Leur nombre ne diffère guère de ce qu’il est normalement à pareille époque. Leur chasse exigerait, soit un temps de neige, soit une abondance d’animaux, telle qu’elle nécessite l’interruption des chiens et chasseurs. Nous n’en sommes pas encore là ; donc rien ne presse.

Utiliser au mieux cette réserve alimentaire que représente le gibier, tel est le deuxième but, l’affirmation d’une nécessité économique trop longtemps méconnue. Mais l’élémentaire bon sens exige au préalable le renforcement de son cheptel. C’est une occasion unique ! Sédentaires et migrateurs en profiteront. Car, je l’ai déjà dit ici même, du Rhin au Centre Afrique, précisément et par chance dans le sens des migrations, le domaine français est assez vaste pour protéger sans être dupe, sans crainte de cette objection à courtes vues qui tue nos chasses banales : « Le voisin seul en profitera ! »

Reste le troisième but et non le moindre : plaisir, profit.

En France, presque toutes les chasses sont banales ou organisées en sociétés à participations plus ou moins nombreuses, de sorte qu’en fait le gibier, la réserve du gibier, est un bien commun. Or, les deux tiers des ayants-droit à ce bien, les mobilisés, dis-je, ont tout de même voix au chapitre, le droit de profiter un jour du fruit de leur épargne. Cette offre de chasse sans permis leur congé durant, soit dix jours par an, ne compense rien. Il faut autre chose.

L’autorité compétente fera bien d’y penser.

Dr G. BORDET

2° Le Chasseur Français s’est fait déjà, depuis plus de deux mois, l’écho des chasseurs qui demandaient la reprise de la chasse, et tout au moins de celle du gibier d’eau.

La question a été examinée sous toutes ses formes ; les objections, réduites à deux ou trois, proposées et discutées.

Mais de cet ensemble, on peut tirer deux conclusions : la première, que de nombreux chasseurs demandent que la chasse soit rouverte ; la seconde, que ces efforts dispersés, nombreux cependant, n’ont pas encore, au moment où j’écris ces lignes, obtenu satisfaction du Gouvernement.

Cependant, en serrant la question, nous trouvons qu’à part quelques chasseurs de l’arrière qui préconisent le statu quo, soit en faveur du repeuplement du gibier, soit parce que la chasse serait entravée par des difficultés de transport, manque de loisirs ou autres, soit qu’il est peu séant de se « distraire » pendant la guerre ..., à part quelques mobilisés qui regretteraient qu’on chasse en leur absence, la majorité des voix qui se sont prononcées pour l’une ou l’autre cause demandent la réouverture au moins de la chasse au gibier d’eau.

Les arguments sont présents à toutes les mémoires : la chasse au gibier d’eau ouverte, améliorera l’alimentation, en présence des restrictions qui sont déjà édictées sur la consommation de la viande ; elle sera un appoint et une ressource pour beaucoup de familles ; elle contribuera à la reprise de la vie économique.

Si le braconnage actuel continue à sévir, il dégénérera bientôt en licence et anarchie, et mieux vaut accepter légalement une mesure que supporter un délit par impuissance à le réprimer.

Au point de vue militaire, l’usage des armes est autorisé pour la destruction du lapin depuis le 29 octobre ; donc aucune objection au tir de la sauvagine.

Enfin l’exercice de la chasse aura un heureux retentissement sur le moral, tant des chasseurs de l’arrière que des permissionnaires, dont beaucoup déplorent, en arrivant en permission, de trouver la chasse « légalement » fermée encore.

En prenant en considération par des mesures appropriées la situation particulière des locataires du droit de chasse, que la réouverture pourrait léser en les contraignant à payer une location, dont il ne pourrait jouir ; en accordant aux mobilisés le droit de chasser sans permis ; enfin, en maintenant la fermeture dans les zones fortifiées ; celle des frontières, où l’autorité militaire le jugerait indispensable ; enfin dans celles où la majorité des chasseurs, des groupements cynégétiques ou des Conseils Généraux le demanderaient, il semble que, le désir exprimé par tant et tant de chasseurs aurait dû être exaucé.

Je me permets de croire que, si tous les chasseurs, au lieu d’agir en ordre dispersé, avaient uni leurs efforts, leurs demandes auraient eu plus d’efficacité. Nous connaissons des régions dans lesquelles les chasseurs de gibier d’eau ont, les uns sollicité le Préfet du département, d’autres certains parlementaires, d’autres leur Fédération départementale de chasse et autres groupements cynégétiques, certains ont envoyé leur pétition au Conseil Général ... et quelques-uns se sont adressés directement au Ministre ! ... Résultat négatif ; car cela n’a représenté que des voix isolées dans chaque cas ... Or, c’est le nombre qu’on écoute.

Nous savons aussi que dans d’autres départements — l’Hérault, par exemple — la manœuvre a été plus stratégique, et c’est toujours vers la Préfecture qu’ont été canalisées les réclamations. Résultats : M. le Préfet de l’Hérault, a adressé à M. le Ministre de l’Agriculture, une lettre ouverte, publiée dans tous les journaux locaux, dans laquelle il a exposé dans les termes les mieux appropriés, la justesse des demandes de ses administrés. Mais il s’agit d’un département, et la France en a 90 ... et jusqu’ici l’Hérault n’a pas encore obtenu satisfaction.

Nous sommes en guerre, la chasse n’est pas le premier des soucis ! C’est hélas ! certain ; est-ce cependant une raison pour la négliger ? La chasse n’est pas seulement un plaisir ; elle procure des ressources, elle soutient le moral, et, par là, elle contribuera à assurer à la France la victoire finale ; de celle-ci aucun de nous n’a jamais douté.

Comte J. DE VALICOURT.

Président de l’Association des Huttiers et Chasseurs de gibier d’eau.

La Fédération de Meurthe-et-Moselle et les nuisibles.

— Sur la demande de M. Queuille, ministre de l’Agriculture, M. Daladier, président du Conseil, ministre de la Défense nationale, vient d’envoyer aux généraux commandant les régions de la zone de l’intérieur, les instructions nécessaires concernant la délégation par eux aux préfets ou aux sous-préfets, en ce qui concerne le port et l’usage des armes, dans le but de leur permettre d’autoriser la destruction au fusil des animaux nuisibles (voir nos articles de janvier 1940, p. 4 et 5).

Le Ministre de l’Agriculture recommande de réprimer sévèrement tout délit de braconnage et même tout acte de chasse et quelle que soit l’espèce de gibier recherché, et de signaler aux généraux commandants ces régions, tous actes de braconnage commis par des personnes appartenant à l’armée, sans préjudice des poursuites pénales et civiles, s’il y a lieu.

Les préfets de l’Intérieur vont ainsi pouvoir prendre leurs arrêtés pour protéger les futures récoltes.

Mais, pour nos départements de l’Est appartenant à la zone des armées, cette circulaire est inexistante, et les préfets n’ont pas mission pour agir.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’animaux nuisibles dans la zone des armées, ni que les cultivateurs n’ont pas ensemencé pour obtenir des récoltes en 1940.

Cette région mérite une protection égale. Elle ne peut manquer de lui être donnée. Il est, en tout cas, indispensable que les mêmes mesures soient prises sans retard dans nos départements lorrains.

A. H.

Cause d’insuccès à la hutte.

— Le rapace ou l’oiseau gibier qui vient au grand duc, arrive souvent comme une flèche, puis il plane autour du leurre, il fait le « Saint-Esprit ». Dans cette position où l’oiseau est presque immobile, il semble qu’il est facile de l’atteindre ; cependant on le rate bien souvent en le tirant à ce moment-là. Probablement que l’oiseau ne reste pas dans cette immobilité au moment du tir ; au bruit de la détonation, il doit reprendre ses « esprits » et son vol. Voilà comment on explique ces coups malheureux, ce qui n’est pas invraisemblable 

Je crois plutôt, ceci par expérience, que le chasseur ne se dissimule pas assez et que c’est par la vue de l’homme ou seulement de son visage et de ses mains dont la teinte claire tranche avec le fond sombre de l’arme et du créneau, que l’oiseau est alerté et s’enfuit.

GUIGIS, abonné.

Cas d’albinisme.

— Comme suite à la note de M. J. Bonnard parue dans le numéro de novembre 1939, page 735, je dirai qu’il m’a été donné également de voir une hirondelle entièrement blanche. Elle avait atteint son complet développement, et était très jolie. C’est un Bordelais qui l’avait trouvée. Plusieurs personnes ont pu la voir, car il l’a fait naturaliser, le cas étant très rare.

J’ajoute que j’ai vu aussi des alouettes et des grives complètement blanches, un étourneau taché de blanc, une palombe blanche avec le collier ambré, une bécasse très pâle (à peine café au lait) et un superbe écureuil tout blanc. Toutes ces captures venant de la région bordelaise.

Mme LE GAIU, abonnée.

Le Chasseur Français N°596 Février 1940 Page 77