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Automobile

Désarmement et remise en service.

— Désarmement ! le mot ne manque pas, hélas ! de saveur par les temps actuels. Non, il ne s’agit pas de ce que vous pensez, et il faut donner à ce mot son sens marin. Nous désarmerons donc notre voiture, lorsque nous la rentrerons au garage pour un long séjour, hivernage, départ aux armées, ou encore un long voyage.

Certaines précautions doivent être prises, si l’on veut pouvoir, le moment venu, reprendre la route sans de trop gros ennuis. Certains organes s’usent autant et même parfois plus, dans l’inaction, que lors d’efforts fréquents et normaux.

Il faut d’abord savoir choisir son lieu de repos. L’ennemi no 1 de l’automobile, c’est l’humidité. Le froid ou la chaleur sont sans grand effet ; mais l’eau, sous quelque forme qu’elle se présente, occasionne les pires dégâts. On recherchera, si possible, un garage bien situé, sol cimenté, sec, aéré, clair et, l’idéal durant l’hiver, chauffé. Malheureusement il n’est pas toujours possible de réaliser toutes ces conditions. Voyons donc comment y remédier. Côté mécanique, nous porterons notre effort, en premier lieu, sur le moteur. Vidange de l’eau de refroidissement en prévision du gel. Ici, pas de difficultés. Un robinet ou un bouchon de vidange se trouve placé à la partie inférieure du faisceau du radiateur. Il ne faut pas oublier qu’avec beaucoup de moteurs, notamment ceux possédant une pompe à eau, il y a lieu de vidanger également le bloc-moteur dont l’eau n’a pu être évacuée par le robinet ci-dessus. On trouve, à cet effet, un bouchon situé sur le bloc, à la partie basse des chambres d’eau. Du tartre, des dépôts de sable de fonderie, des résidus divers peuvent obstruer l’écoulement de cette eau par l’orifice en question ; il y aura lieu de le dégager à l’aide d’un poinçon, fil d’acier, etc.

L’équipement électrique reste une des parties les plus vulnérables. À l’aide d’une burette garnie d’huile de vaseline, huilez sérieusement cames, rupteurs, vis platinés, ressorts et monture du delco ou de la magnéto suivant le cas. Il sera même sage, si le garage présente la moindre humidité, de démonter la magnéto dans le cas d’un tel équipement, afin de le faire séjourner dans un lieu bien sec. Attention ! faites soigneusement des repères sur les entraîneurs respectifs, afin de ne pas vous trouver, le moment venu, en présence d’un calage défectueux. Dans le cas d’un allumage par batterie, c’est la bobine qui doit suivre le même chemin. Puis, on débranchera la batterie d’accumulateurs. Vérifiez bien que les signes + et - figurent à la fois sur les bornes et sur les cosses. Dans le cas contraire, prévoyez des repères. Enlevez la batterie de son bac. Vidangez. Rincez à plusieurs eaux.

Vidangez ensuite votre réservoir d’essence. Un bouchon de vidange situé sous le réservoir a été prévu à cet effet par le constructeur.

Afin de combattre la rouille, passez sur les surfaces nickelées ou chromées de l’huile de moteur ou un produit antirouille de bonne qualité.

Les pneumatiques supportent difficilement une inaction prolongée. Il importe de mettre la voiture sur cales. On disposera ces cales de hauteur voulue, en s’aidant du cric habituel et en les plaçant de telle façon que les pneumatiques se trouvent isolés du sol. Les usagers désirant pousser les choses plus loin pourront saupoudrer de talc les chambres à air et les intérieurs d’enveloppes.

La carrosserie, de son côté, mérite quelque attention.

Laissez les glaces baissées d’environ 10 centimètres, ainsi que le pare-brise légèrement relevé, afin que l’air circule à l’intérieur de la caisse. Enlevez tapis et coussins, si ceux-ci sont amovibles. Entrebâillez également la malle arrière.

La peinture n’est pas, non plus, à l’abri des outrages du temps. On sera bien inspiré en passant un produit d’entretien. Ce produit sera choisi à base de cire. On forcera même la dose, sans pour cela lustrer, cette dernière opération étant remise à plus tard lors de la remise en route.

Mais, et nous le souhaitons à nos lecteurs, les mauvais jours sont passés et les beaux jours sont revenus. Il s’agit pour vous, après un stage de plusieurs mois, de remettre votre véhicule en service. Ce n’est pas une petite affaire. Vous allez donc, naturellement, refaire d’une manière inverse toutes les opérations ci-dessus décrites. Gonflez vos pneus et enlevez les cales. Puis remontez votre bobine ou votre magnéto. Préparez l’électrolyte de votre accumulateur.

L’électrolyte est un mélange d’acide sulfurique et d’eau dans la proportion de quatre volumes et demi d’eau pour un volume d’acide. La solution après la charge doit indiquer au maximum 28° Baumé.

Il est recommandé d’employer de l’acide chimiquement pur, dit acide au soufre et de l’eau distillée ou, à défaut, de l’eau de pluie. L’eau ordinaire doit être prohibée à causé des sels qu’elle renferme. Pour préparer le mélange, il faut verser l’acide dans l’eau et se garder de verser l’eau dans l’acide, afin d’éviter toutes projections dangereuses. Chargez votre batterie à bloc. On pourra s’éviter cette préparation en remettant la batterie à un spécialiste ou à un motoriste qui pourra alors la vérifier de plus près et la rendre en parfait état de marche.

Vous pourrez vidanger votre moteur et refaire le plein d’huile fraîche. Par temps froid, la mise en route se complique encore. Vous démonterez vos bougies : nettoyage, vérification de l’écartement des pointes, maximum 4/10 de millimètre. Vérifiez, dans le cas de l’allumage par batterie, que le courant arrive bien aux vis platinées, le contact mis. En occasionnant la rupture, une étincelle doit jaillir aux vis. Essuyez soigneusement toute trace d’humidité dans le distributeur.

Après avoir enlevé les bougies, assurez-vous que l’étincelle jaillit bien à leurs pointes, non sans avoir mis le corps des bougies en contact avec la masse du cylindre. Tournez le moteur à la manivelle ; s’il résiste, injectez un verre à liqueur de pétrole dans chaque cylindre. Tournez encore. Veillez à ce que l’étincelle aux bougies soit bien nette. Si magnéto ou bobine ne donne rien, assurez-vous qu’un de leurs charbons ou ressorts ne se trouve coincé dans son logement. Remontez vos bougies. Penchons-nous maintenant sur l’alimentation en essence. Faisons le plein. Actionnons la pompe à essence à la main pour l’amorcer à nouveau et vérifier son fonctionnement. Dans le cas d’un exhausteur, versez dans celui-ci un ou deux litres d’essence. Nettoyons filtres et gicleurs du carburateur. Fermons l’air ou tirons la commande du starter. Tournons une dizaine de tours à la manivelle lentement. Mettons le contact. Il part, ou bien ... il ne part pas. Dans ce dernier cas, réitérez. Si la température est basse, faites le plein d’eau avec de l’eau bouillante ou chaude au maximum. Si vous êtes deux opérateurs, un pourra tourner à la manivelle, cependant que l’autre actionnera le démarreur. Il se peut que l’essence en excédent arrive à laver les parois du cylindre occasionnant de mauvaises compressions et des départs difficiles. Injectez à ce moment la valeur des deux cuillerées à soupe d’huile dans chaque cylindre. Si le moteur persiste dans son mutisme, le mieux sera alors de prendre la voiture en remorque et d’embrayer en seconde au moment opportun. Bien peu de moteurs, en ordre de marche, bien entendu, résistent longtemps à un tel argument.

G. AVANDO,

Ingénieur E. T. P.

Le Chasseur Français N°596 Février 1940 Page 91