Le point à la fourche, heureuse variante du crochet, sert à
confectionner des sortes d’entre-deux qui, suivant la matière employée à leur
confection, rappellent, par leur aspect, tantôt la légèreté de la dentelle et
tantôt la richesse de la passementerie.
Le fil d’Irlande, la soie, la laine, le coton, le raphia
peuvent être employés à sa confection, tout dépend de l’usage que l’on veut
faire du travail.
Ainsi que vous le voyez sur cette page, chères
lectrices, ses emplois sont multiples et fort séduisants. Parmi tous les
ouvrages que vous pouvez embellir de la sorte, vous n’aurez que l’embarras du
choix. Selon votre goût et votre préférence, vous pourrez donner libre cours à
votre fantaisie.
Très facile à établir, ce point s’exécute à l’aide d’une
sorte d’épingle à cheveux en acier. Il existe aussi des fourches en bois avec
des règles de différentes largeurs. Vous pouvez, d’après le croquis figure 1,
suivre la marche du travail. En vous aidant de nos indications, vous
l’exécuterez très facilement et très rapidement.
On commence comme toujours avec une maille en l’air, puis on
retire le crochet de la boucle, on fait entrer la branche gauche de la fourche,
on saisit la branche du pouce et de l’index de la main gauche.
Le fil avec lequel l’ouvrage se fait doit toujours être
tourné du côté de la personne qui travaille.
Puis on lance le fil autour de la branche droite, on
introduit le crochet dans la boucle qui se trouve sur la branche gauche ;
on saisit le fil, on le fait passer par la boucle, on jette le fil sur le
crochet, puis on lance le fil autour de la branche gauche ; on tourne la
fourche à droite (le fil enlace alors la branche droite) ; on introduit le
crochet dans la boucle qui se trouve sur la branche gauche ; on jette le
fil sur le crochet, on le ramène, on ferme les boucles, et ainsi de suite.
L’entre-deux s’emploie le plus souvent en bandes tel qu’il
vient d’être confectionné ; mais on peut aussi le tourner en rond et
réunir les boucles intérieures par des mailles chaînettes, tandis que les
boucles extérieures sont reliées à un biais de linon. On obtient ainsi des
sortes de rosaces ajourées du plus gracieux effet (fig. 2). Bâties ensuite
sur une toile d’architecte, assemblées les unes aux autres par un point de
dentelle ou un point au crochet, elles servent à établir une de ces ravissantes
guimpes de lingerie qui éclairent le visage (fig. 3) ; mais on en
fait aussi des empiècements de robe que la mode vient de mettre en vogue. Dans
ce cas, on emploie pour le point un cordonnet de soie du ton de la robe et,
pour le biais, le tissu même dont la robe est confectionnée.
Le corsage (fig. 4) est garni de façon charmante. Ici,
l’entre-deux est incrusté. Pour le monter plus facilement au tissu, on a retenu
les bords par une chaînette au crochet. Grâce à ce petit travail, vous pourrez
avoir, chères lectrices, une blouse très à la mode, bien personnelle, et pour
un prix de revient très peu élevé.
Le col (fig. 5), exécuté en laine souple ou en laine
angora, constitue par excellence un joli raffinement sur une robe simple. Après
avoir établi une longueur suffisante de crochet à la fourche, on réunit les
boucles d’un côté de l’entre-deux à la mesure de l’encolure, avec un rang de
mailles simples complété d’un picot, tandis que les boucles, sur l’autre bord, flottent
librement en ondulant autour des épaules. Ce colifichet, d’une note gaie,
constitue un précieux supplément de parure ; établi en cordonnet de soie,
il peut être destiné à une robe d’après-midi, et il aura un caractère plus
précieux encore, s’il est interprété avec un fil d’argent et pourra s’adapter
même à des toilettes du soir.
Très facile à réaliser et très original aussi, l’abat-jour
en rabane qui coiffe si joliment cette lampe de chevet (fig. 6).
L’entre-deux en raphia piqué sur le disque de rabane à quelques centimètres du
bord est transparenté par la doublure verte de l’abat-jour et ressort
merveilleusement lorsque la lampe est éclairée.
Du même genre est l’élégant sac à ouvrages en rabane aussi.
Les rosaces en raphia sont réunies les unes aux autres par une chaînette au
crochet et disposées sur un transparent de couleur vive (fig. 7).
Mais l’emploi du point à la fourche domine surtout dans
l’ameublement où il peut orner aussi bien les grands rideaux que l’ampleur
diaphane d’un vitrage en voile souple que ses précieux entre-deux ajourent très
agréablement (fig. 8). Pour border les grands rideaux, on établit une
bande à la fourche en coton écru ou mieux on soutache de soie artificielle.
Pour consolider le bord qui doit être cousu au rideau, on réunit les boucles
par 1 maille serrée, quelques mailles en l’air, 1 maille serrée et
ainsi de suite. Du côté extérieur, on peut aussi réunir les boucles et les
franger d’un picot ou les laisser flotter librement.
Lorsqu’on veut incruster un entre-deux à la fourche sur
mousseline ou sur voile, on l’exécute en fil de lin ou en coton écru. Ainsi il
garnit très avantageusement tous objets susceptibles d’être blanchis, les
dentelles faites ainsi ne s’altérant nullement en passant à l’eau.
J.M.
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