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Aéronautique

Armement, stabilité et résistance aérodynamique des porte-avions.

Les avions constituent l’armement principal d’un navire porte-avions, qui ne peut se livrer à un duel d’artillerie avec un adversaire, mais qui doit pouvoir se défendre contre une attaque aérienne et contre les navires légers de surface.

Parmi les porte-avions français et anglais, je citerai plus spécialement l’Ark Royal qui comprend seize canons des 114 millimètres à double usage. Ces canons sont montés en jumelage au-dessous du pont d’envol et ont un champ de tir bien dégagé.

À ces canons s’ajoutent des pom-poms multiples à tribord avant et à l’arrière du bloc central ; à bâbord, il y a deux emplacements pour les mêmes pièces : il faut ajouter vingt mitrailleuses lourdes contre avions et quatre canons pour saluts. Les attaques des avions étant les plus dangereuses, les régions vitales du porte-avions sont protégées par un pont blindé. Cette protection verticale, constituée par une cuirasse de ceinture, met ces parties vitales à l’abri des coups heureux des navires rapides de surface. La protection sous-marine est constituée par un système spécial régnant sur la plus grande longueur du navire ; combiné avec un cloisonnement très développé.

Les questions de résistance aérodynamique ont pour un porte-avions une importance plus grande que pour tout autre navire, non seulement à cause de la résistance proprement dite, mais surtout à cause des remous d’air qui peuvent gêner les manœuvres des avions sur le pont d’envol.

Le développement et la position du bloc central comprenant les passerelles et le bloc central sont d’une très grande importance.

Le porte-avion doit, en plus, avoir d’excellentes qualités manœuvrières, tout en ne donnant pendant ses girations qu’une bande très modérée, car, dans le cas contraire, la sécurité des avions serait compromise. Il faut donc une très grande stabilité.

On est arrivé à des résultats satisfaisants après de nombreuses expériences sur modèles réduits en laboratoire hydraulique, et les résultats furent concluants : au cours d’une croisière d’essais dans le Golfe de Gascogne — de triste réputation — le-navire, soumis à un vent de force 9, n’eut que du roulis doux avec un angle n’excédant pas 5 degrés à partir de la verticale.

Les installations de propulsion mécanique comportent, pour fournir 102.000 CV, trois groupes de turbines de 34.000 CV entraînant des hélices à 230 tours.

La vapeur est produite par six chaudières à tubes d’eau avec surchauffeurs et réchauffeurs d’air. Aux essais, la vitesse réalisée fut de 31,75 nœuds, soit près de 63 kilomètres à l’heure.

La question de l’emmagasinage de l’essence et de l’huile pour les avions a fait l’objet de dispositions très heureuses.

Le pont d’envol, la partie la plus intéressante, se termine à l’avant et à l’arrière, par des surfaces profilées, afin de canaliser l’écoulement des filets d’air. Deux catapultes, manœuvrées hydrauliquement, sont placées à l’extrême avant du navire et permettent le lancement des avions, même si le pont d’envol se trouve engagé par des manœuvres d’atterrissage des appareils ou de hissage.

Tout le long du pont se trouve placé un réseau très développé d’extincteurs à mousse : à débit continu. À la partie arrière, il existe un réseau de câbles pour le freinage et le stoppage des appareils. Au cours des essais, vingt-sept appareils ont atterri dans une seule après-midi, et cela sans aucun incident.

Le hangar supérieur des avions sous le pont d’envol a 173 mètres de long, et le hangar inférieur 138 mètres. La largeur des hangars est de l8m,30, et la hauteur de 4m,90.

Le transport des avions s’effectue à l’aide de trois ascenseurs hydrauliques à double plate-forme. En même temps qu’un avion, pris dans le pont supérieur est délivré sur le pont d’envol, un autre passe du hangar inférieur dans le hangar supérieur.

Les caractéristiques des porte-avions sont les suivantes : longueur entre perpendiculaires, 208m,920 ; longueur au pont d’envol, 244 mètres ; longueur à la flottaison au déplacement standard, 220m,057 ; largeur à la flottaison, 28m,90 ; déplacement standard, 22.000 tonnes ; tirant d’eau moyen à ce déplacement standard, 6m,96 ; franc-bord à ce déplacement, 18m,27. Prévu pour transporter soixante appareils, l’équipage du porte-avions comprend 1.575 personnes, dont 147 officiers. Le problème du logement de tout ce personnel, qui dépasse largement celui des plus gros navires de ligne, n’a pas été facile à résoudre, car on peut dire que, sur un porte-avions, tout le volume disponible au-dessus du pont principal est occupé par les installations aéronautiques et la défense active du navire qui comporte des dispositifs tenus secrets pour réserver le meilleur accueil à ceux qui oublieraient la devise de certaines escadrilles.

Armand AVRONSART.

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 154