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Un bon révélateur pour papier au bromure.
Pour aplanir des épreuves enroulées.
Séchage des pellicules.
Papiers et relief.
Temps de pose.
Un cas de conscience.
Chez le dentiste.

Un bon révélateur pour papiers au bromure.

— Quand on n’a d’autre bain sous la main que celui qui a servi au développement des clichés, qu’il soit à l’hydroquinone, au génol, au glycin ou au diamidophénol, on peut, évidemment, s’en servir pour le papier. Mais les résultats seront bien meilleurs en employant le révélateur spécial dont formule ci-dessous :

Eau distillée 1.000 grammes.
Sulfite de soude anhydre 50
Carbonate de soude pur 60
Hydroquinone 8
Génol 8
Bromure de potassium 1

Dissoudre à part, génol et hydroquinone, bromure, sufite et carbonate ; mélanger le tout quand chaque dissolution est bien faite. Maintenir le bain entre 12 et 15 degrés pour opérer.

Pour aplanir des épreuves enroulées.

— Il est bien désagréable, souvent risqué, d’aplanir des épreuves qu’on a imprudemment laissé s’enrouler. Nous disons imprudemment, car cet accident peut facilement s’éviter : il suffit de laisser sécher les épreuves à plat, côté gélatine, en contact avec un linge propre et non pelucheux, après les avoir bien essorées.

Mais, quand le mal est fait, il faut réparer la négligence ; généralement, cela se fait avec un fer à repasser, mais moyennant certaines petites précautions dont M. S.H. Millar donne le détail dans Amateur Photographer.

Poser l’épreuve, gélatine en dessous, sur la planche à repasser, qui est, chacun le sait, habillée d’un molleton et d’une ou deux épaisseurs de vieux linge, formant matelas. Humecter le dos avec un tampon de coton d’abord imbibé d’eau, puis fortement exprimé. Passer ensuite le fer, modérément chaud ; éviter naturellement de le porter à une température suffisante pour fondre la gélatine ; attendre ensuite quinze à vingt secondes avant d’enlever l’épreuve, de façon à laisser à celle-ci le temps de s’enrouler légèrement face papier dedans, donc en sens opposé de celui, qu’elle avait auparavant.

Séchage des pellicules.

— Il faut les suspendre dans un endroit sec, battu par un courant d’air à l’ombre, loin d’une source de chaleur et à l’abri des poussières. Utiliser pour cela un cordeau tendu et une pince à linge ; mettre au bas de la pellicule une autre pince à linge dont le poids la maintiendra tendue et l’empêchera, par conséquent, de s’enrouler en séchant. Dans ces conditions, le séchage se fait bien, sans accident et en moins d’une heure, si la ventilation est bonne.

Attention : ne pas plonger les pellicules au préalable dans l’alcool, celui-ci ayant un effet dissolvant sur la matière-support des pellicules.

Papiers et relief.

— Pour mieux voir, en pleine lumière, instinctivement, l’homme se met la main sur les yeux. Il faut en déduire que les rayons lumineux, qui ne vont pas éclairer directement l’objet observé, sont nuisibles à la visibilité. Examinez une image, plus elle sera isolée du rayonnement extérieur, plus elle sera visible, mieux on aura la sensation du relief ; plus elle aura de reflets indésirables, plus elle sera plate et informe.

C’est pourquoi une photo sur papier mat fournit une image plus modelée, qui donne plus la sensation du relief qu’un papier brillant qui réfléchit trop les rayons lumineux nuisant à la visibilité.

Temps de pose.

— La qualité d’un cliché dépend, surtout du temps d’exposition à la lumière du cliché vierge, de ce que l’on appelle le temps de pose. Avant de pousser sur le déclic, il faut donc en avoir la plus juste notion. Pour cela, il y a lieu de considérer la saison où l’on se trouve, l’heure qu’il est, l’endroit (s’il est fortement ou faiblement éclairé), le temps (clair ou couvert) et enfin la sensibilité de la surface sensible dont on se sert.

Avec un posemètre, on a certainement immédiatement le temps de pose à employer, mais on arrive, cependant, assez vite à le déterminer par toutes les observations que nous relatons et surtout par la pratique. Pour tirer profit de cette pratique, il faut noter, à chaque cliché que l’on prend, le temps de pose employé et les différentes conditions de saison, d’heure, d’éclairage dans lesquelles il a été pris. Si ce cliché est bon, il n’y a évidemment rien à changer, au temps de pose, si l’on se trouve dans des conditions semblables. Mais, si ces dernières ne sont pas ainsi, si le cliché est trop dur, ou trop faible, on allongera ou on réduira ce temps suivant le cas.

Que de bonnes leçons constituent les vieux clichés annotés, comme nous venons de le dire ; c’est bien souvent des mauvais, des « ratés » que l’on tirera les temps de pose exacts, et enfin des clichés parfaits.

Un cas de conscience.

— Un matin de printemps de 1816, le curé desservant de l’église San Valentino, à Guadalajara, en Espagne, vit se présenter devant lui, au tribunal de la pénitence, le plus fieffé gredin qui pût exister entre Tage et Douro : le vieux Basilio Linez, recherché par toutes les polices du royaume.

Le brave prêtre eut un moment d’émotion, mais reprit vite son aplomb en voyant le bandit se mettre humblement à genoux et prononcer la phrase traditionnelle : Da mi gracia, Padre por que ne peccado.

Après avoir écouté la confession de l’homme, le curé se mit à prier, le visage dans sa main droite. Basilio le laissait faire. Il aperçut tout à coup, dans la manche du prêtre, une merveilleuse tabatière en argent ciselé, véritable bijou auquel l’ecclésiastique tenait beaucoup. Avec une dextérité extraordinaire, il subtilisa la riche tabatière et la fit couler d’un geste lent et doux dans la poche de son boléro. Alors, il dit au padre :

— Mon père, j’ai encore à m’accuser d’un vol.

— Qu’avez-vous encore volé, mon fils ?

— Un bijou.

— A-t-il une grande valeur ?

— Très grande.

— Rendez-le donc à la personne à laquelle vous l’avez volé.

Le rusé compère sembla réfléchir un instant, puis il s’écria dans un élan spontané :

— Mon père, le voulez-vous ?

Le prêtre eut un haut-le-corps :

— Y pensez-vous, mon frère ! ... Comment osez-vous ? ... Jamais je n’accepterai le dépôt d’un objet volé ...

Alors, Basilio, avec un fin sourire :

— J’ai oublié de dire, Padre, que j’ai bien voulu le rendre à son propriétaire, mais celui-ci l’a refusé ...

Le confesseur ne put s’empêcher de sourire :

— Oh ! alors, la faute est bénigne. Si vous avez agi ainsi, vous pouvez garder l’objet, et le vol n’existe plus. Mais ne recommencez pas ! Et, d’un geste empreint de douceur, il donna l’absolution. Et le vieux coquin de Basilio Linez s’en fut, la poche lourde et la conscience légère ...

Chez le dentiste.

— Un monsieur se présente en compagnie d’un petit garçon.

— Monsieur, dit-il au dentiste, c’est pour une double extraction, mais il n’est pas besoin d’anesthésie ...

— Bravo ! fait le dentiste, vous êtes un homme courageux ! Asseyez-vous donc et veuillez me montrer les dents à opérer.

Alors le monsieur :

— Ce n’est pas pour moi. C’est pour deux molaires du fond à mon petit garçon ...

Le Chasseur Français N°597 Mars 1940 Page 192