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Le grèbe jougris

Ce grèbe, par la taille, est le second de l’espèce ; il est un peu plus petit que le grèbe huppé ; il se distingue d’ailleurs facilement, parce qu’il a le cou plus court.

Ces oiseaux sont caractérisés par un bec allongé, conique, comprimé, pointu et aiguisé sur les bords, des ailes courtes et pointues, une queue remplacée par une touffe de petites plumes molles et frisées, les jambes très en arrière. Celui-ci a le dessus de la tête d’un noir lustré avec les plumes occipitales allongées et formant de chaque côté une petite huppe aplatie, les parties supérieures d’un brun roussâtre, les joues et la gorge d’un beau gris bleuâtre cendré encadré de blanc, le devant du cou et la poitrine d’un beau roux ardent, les parties inférieures d’un blanc argenté ; le bec, moyen, est noir, orangé à la base ; les pieds brun verdâtre, l’iris roux.

En automne, l’oiseau n’a ni huppe, ni taches brunes au ventre; le roux du cou est moins vif; pas de marque blanche aux joues.

Cette espèce est assez rare, bien qu’elle nous arrive régulièrement chaque automne par couples, ou par individus isolés. On la rencontre, comme ses congénères, sur les étangs, les fleuves et les lacs, car leur habitat de préférence est les eaux douces et saumâtres, où ces grèbes se nourrissent de petits poissons et de coquillages, ce qui rend leur chair mauvaise.

Cet oiseau n’est pas très méfiant ; on peut l’approcher, mais il plonge avec une étonnante rapidité et fait sous l’eau de longs parcours. Il ne se défend guère autrement, et il réussit ainsi, souvent, à échapper au chasseur. La brièveté de ses ailes le rend presque impropre au vol ; ce n’est qu’après les plus grands efforts qu’il arrive à s’élever au-dessus de l’eau, laissant derrière lui un large sillage d’écume. Sa chasse constitue une poursuite amusante ; mais, comme nous l’avons dit, il ne constitue pas un gibier appréciable ; on l’aime cependant pour son plumage épais, solide, d’un beau blanc à reflets d’argent, très apprécié dans la pelleterie.

Le grèbe jougris nous vient de l’hémisphère boréal, et on ne le trouve plus guère en France ; autrefois il était moins rare.

J.-B. S.

Le Chasseur Français N°598 Avril 1940 Page 196