Parmi les arbustes à fleurs couramment employés pour parer
le jardin d’agrément, les rosiers occupent, bien certainement, la première
place.
Le nombre des variétés connues est très considérable, et,
chaque année, on en voit naître de nouvelles parmi lesquelles quelques-unes
seulement résistent à l’épreuve du temps et viennent grossir des collections
déjà fort importantes. On ne se décide, d’ailleurs, que difficilement à
abandonner les variétés anciennes dont le mérite s’affirme de plus en plus.
Suivant leur mode de végétation, les rosiers se classent
naturellement en trois groupes :
1° Les rosiers sarmenteux, dont la végétation
vigoureuse, les branches longues et souples, permettent la garniture de motifs
divers qui se couvrent ainsi de fleurs, soit pendant toute la belle saison,
soit seulement pendant quelques semaines ;
2° Les rosiers nains, remarquables à des titres
divers : abondance de fleurs, dimensions de celles-ci, délicatesse du
parfum, variété et vivacité des coloris, etc. ;
3° Les rosiers demi-tiges ou hautes tiges, qui
se distinguent des précédents parce qu’ils sont greffés sur une tige, à une
certaine hauteur, et se prêtent ainsi à l’établissement de plantations en
gradins susceptibles de former un ensemble des plus ornementaux. Les mêmes
variétés peuvent d’ailleurs se cultiver en formes naines, en demi- tiges, ou
bien en hautes tiges.
Il est à peu près indispensable, dès que la propriété prend
quelque importance, et en raison du grand nombre de rosiers cultivés, de
rassembler ceux-ci dans un jardin spécial aménagé de façon à mettre les divers
groupes en valeur comme il convient. Ce jardin spécial s’appelle la Roseraie.
Celle-ci peut être conçue de diverses façons, suivant qu’il
s’agit d’y établir une collection de rosiers, ou simplement d’y faire une
sélection de variétés d’élite que l’on cultivera par quantités suffisamment
importantes, pour bien en apprécier la valeur ornementale et obtenir en même temps
un ensemble ayant, par lui-même, un caractère décoratif.
Ce deuxième genre de roseraie, que nous pouvons appeler la roseraie
d’ornement, se rencontre beaucoup plus fréquemment que l’autre, les
véritables collectionneurs étant aujourd’hui assez rares. Aussi, c’est de son
organisation que nous voudrions aujourd’hui entretenir nos lecteurs.
Pour réaliser la roseraie d’ornement dans les meilleures conditions,
il faut d’abord tenir le plus grand compte de l’exposition et de la nature du
sol, de l’emplacement qu’on lui destine ; il importe, ensuite, d’en
soigner le tracé. Il faut encore savoir faire choix d’un nombre limité de
variétés, celles chez lesquelles les qualités décoratives, la floribondité, la
beauté des fleurs, s’imposent tout particulièrement.
Enfin, il faut savoir disposer les rosiers pour que
l’ensemble soit agréable à l’œil du visiteur.
Exposition.
— Les rosiers, pour bien fleurir, ont besoin de
beaucoup d’air et de lumière. Aussi, le voisinage immédiat d’un massif d’arbres
et de grands arbustes, si ceux-ci sont placés du côté du Midi ou de l’Est,
est-il défavorable. De même pour les grands bâtiments.
Au contraire, lorsque ces abris se trouvent du côté du Nord
et de l’Ouest, ils peuvent jouer un rôle favorable en garantissant la roseraie
contre les mauvais vents, froids ou violents, qui viennent de ces points
cardinaux ; mais il faut alors que les rosiers soient suffisamment
distancés des arbres ou arbustes pour que les racines de ces derniers ne
puissent pas leur nuire.
Si le terrain doit présenter une légère pente, elle sera
vers l’Est ou le Midi dans le Nord de la France et la région parisienne. Au
contraire, elle pourra être préférablement vers l’Ouest, ou même vers le Nord,
dans le Midi de la France.
Sol.
— Les terrains argilo-siliceux ou argilo-calcaires sont
les plus convenables aux rosiers. Le calcaire en excès est nuisible, en favorisant
la chlorose ou jaunisse, qui diminue beaucoup leur vigueur. Dans les
terrains sableux, on ne peut en obtenir de bons résultats que si la terre est
bien enrichie en humus par d’abondantes fumures organiques.
Tracé de la roseraie.
— Ce tracé est ordinairement rectiligne.
Autrement dît, la roseraie est généralement un jardin à la française.
Des allées symétriques partagent le terrain en un certain
nombre de parties qui peuvent être gazonnées. Près de la bordure de ces
pelouses, sont des plates-bandes, plus ou moins larges, dans lesquelles sont
plantés les rosiers.
Le milieu de la roseraie est, en principe, réservé aux
rosiers nains, groupés par variété dans chacune des plates-bandes. Les
plates-bandes un peu plus éloignées du centre sont garnies de rosiers nains
au-dessus desquels dominent quelques rosiers à demi-tige ; puis, vers la
périphérie, on a des rosiers à haute tige et des sarmenteux garnissant des
charpentes métalliques : pylônes, ballons, colonnes, portiques,
guirlandes, etc.
Cette disposition permet à l’ensemble de se présenter en
gradins au visiteur qui se trouve placé au milieu de la roseraie. Il saisit
ainsi, d’un coup d’œil, l’ensemble avant d’examiner les détails.
D’autres fois, la roseraie se compose d’un grand nombre de
plates-bandes bordées de buis, et les parties gazonnées n’existent plus. Ici,
on fait plus souvent des plates-bandes circulaires disposées concentriquement,
les plates-bandes centrales étant occupées par les rosiers nains, celles de la
partie moyenne par les demi-tiges, et, enfin, celles de la périphérie par les hautes
tiges et les rosiers grimpants conduits sur des pylônes réunis par des arceaux
et souvent entremêlés de rosiers pleureurs greffés sur très hautes tiges.
L’effet général sera d’autant meilleur que l’on aura
restreint le nombre des variétés et répété celles-ci symétriquement de part et
d’autre d’un axe, de façon à obtenir aussi une symétrie dans la floraison,
surtout pour ceux de ces rosiers qui présentent une grande floribondité et une
vivacité de coloris exceptionnelle, comme, par exemple, les rosiers sarmenteux
non remontants hybrides de Wichuraiana et les rosiers nains multiflores
ou polyanthas.
E. DELPLACE.
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