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Ration de vache laitière

Nul n’ignore aujourd’hui qu’il y a une technique de l’alimentation du bétail.

Le problème du rationnement à la ferme a pour objet la meilleure utilisation des fourrages, dans le cadre de la production spéculative poursuivie : lait, viande, sans perte exceptionnelle des éléments de la nourriture, dans le fumier.

Dans les méthodes de rationnement qui s’offrent à lui, le cultivateur a le choix entre celle où la valeur des aliments est exprimée en unités « amidon », ou celle plus simple dite des « équivalents fourragers ».

Dans cette méthode, la substitution des aliments se fait en raison de leur valeur calculée en unités fourragères que l’on écrit, par simplification : U. F.

Le critérium de la ration reste, d’assurer la vie de l’animal sans dépérissement et la production qu’on lui demande.

Nous nous proposons de discuter ici, avec les U. F., la ration type d’hiver, des bovins, avec celle qui était fournie, naguère, à une vache hollandaise, de l’École Nationale d’agriculture de Rennes, enregistrée sous le nom de « Idylle ».

Disons tout de suite, à titre documentaire, que cette bête d’élite a produit, dans son existence, plus de 64.000 litres de lait ! N’est-ce pas là la véritable machine à lait des zootechniciens ?

Alors qu’elle avait seize ans, qu’elle valait quelques centaines de francs, elle remboursait annuellement son capital par sa production.

Produisant journellement 15l,700 de lait, au moment de cette étude, elle recevait comme ration : 5 kg. de foin, 5 kg. de paille, 40 kg. de betteraves, 2 kg. de tourteau d’arachide, 2 kg. d’avoine aplatie.

Avec cette ration, elle se maintenait en état, n’accusant aucune augmentation laitière par une dose plus élevée d’aliment concentré. L’optimum économique du rationnement pouvait être considéré comme acquis.

L’examen de la ration nous conduit à rechercher :

    1° Le nombre d’unités fourragères nécessaires à l’entretien et à la production ;

    2° La détermination de l’encombrement, autrement dit du volume physique qui doit correspondre à certaines données pratiques ;

    3° À la valeur de la ration en matières azotées dont les exigences doivent toujours être réalisées.

Pour la détermination de la ration « d’entretien » et de la ration de « production », les tables exigent les renseignements ci-après :

Poids de l’animal 500 kilogrammes.
La production laitière 15l,7
La richesse en lait en matières grasses 36 grammes par litre.

À ces chiffres correspondent les besoins suivants :

Ration d’entretien 4 U. F.
Ration de production 5 —
  ———
Total 9 U. F.

La ration répond-elle à ces exigences ?

Nous extrayons des tables la documentation suivante :

1 kilogramme de foin vaut 0,4 U. F.
1 — de paille 0,2 —
1 — de betteraves 0,1 —
1 — de tourteau 1,1 —
1 — d’avoine 0,6 —

La valeur de la ration s’établit donc ainsi :

Foin, 5 x 0,4 2,0 U. F.
Paille, 5 x 0,2 1,0 —
Betteraves, 40 x 0,1 4,0 —
Tourteau, 2 x 1,1 2,2 —
Avoine, 2 x 0,9 1,8 —
    ———
Total   11 U. F.

La ration se justifie suffisante.

Pratiquement, l’aliment sec, foin, paille, doit être de 2p. 100 du poids vif.

Cette exigence est également satisfaite, puisque nous avons 10 kilogrammes d’aliment, paille, foin, pour un poids vif de 500 kilogrammes.

Le volume physique devant, par ailleurs, correspondre à un encombrement, qu’entend-on par ce mot ?

C’est le coefficient : matière sèche des aliments
————————————
unités fourragères de la ration.

Pour la vache laitière, c’est 2.

La teneur en matière sèche des aliments grossiers est de 80 p. 100 ; celle des aliments aqueux : racines, tubercules, de 20 p. 100. Notre ration comprenant 14 kilogrammes d’aliments secs, et 40 kilogrammes d’alimentation aqueuse, la matière sèche totale est de :

    14 x 0,8 = 11,2 pour paille, foin, tourteau, ... ;
    40 x 0,2 =  8,0 pour les betteraves ;

Total 19,200 d’où l’on tire encombrement : 19,2 / 11 = 1,8.

La légère différence avec les exigences théoriques : 2 ne supporte pas de discussion, l’animal étant nourri à « refus ».

Valeur azotée de la ration.

— Les besoins sont de 0gr,6 de protéines digestibles (matières azotées) par kilogramme de poids vif et 60 grammes par litre de lait produit, soit, dans notre cas :

500 x 0,6 300 grammes.
15,7 x 60 942  —
  ———  
Total 1.242 grammes.

D’après la composition des aliments figurant aux renseignements spéciaux les concernant, la valeur azotée était la suivante :

Foin, 5 x 50 250 grammes.
Paille, 5 x 12 60  —
Betteraves, 40 x 8 320  —
Tourteau, 2 x 450 900  —
Avoine, 2 x 80 160  —
    ———  
Total 1.690 grammes.

La ration est ici surazotée. Elle aurait donné lieu à substitution par diminution de l’aliment concentré; mais il fallait compter avec l’âge de l’animal.

Estimant que les calculs du rationnement n’offrent aucune difficulté et qu’ils peuvent rendre de véritables services, nous avons tenté d’en démontrer la simplicité et la commodité. Ils permettent de produire plus économiquement.

P. BRICAUD.

Le Chasseur Français N°598 Avril 1940 Page 231