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Les rideaux

Comment les orner, comment les monter.

La mode, en nous prescrivant, actuellement, en matière d’ameublement, une sévère sobriété, en mettant en vogue le goût du « simple », a fait prendre à l’ornementation des fenêtres ; une importance d’autant plus grande que le reste de l’appartement apparaissait dépouillé de tout ornement superflu.

Dans nos pièces aux murs lisses et nus, au décor réduit au minimum, on ne voit pour ainsi dire plus que les vitrages épandant dans toute la pièce la douce luminosité de leur blancheur.

Dès lors, c’est à ce décor d’importance primordiale que doivent se porter tous nos soins. Tandis que, à l’extérieur, le luxe des rideaux témoigne de notre goût, à l’intérieur, tout s’embellit de l’aspect que prend la lumière du jour bien tamisée par d’élégants voilages.

Est-ce à dire que, pour cela, une dépense coûteuse doive à nous s’imposer ? Nullement. Malgré leur élégance, la simplicité des vitrages n’a jamais été plus grande. Voyez sur notre croquis, figure 1, l’ample rideau de voile dont les longs plis souples tombent bien droit, mais qui pourrait aussi être drapé par une embrasse d’un seul côté dans un mouvement assez souvent adopté aujourd’hui ; en somme, un grand rideau plutôt qu’un vitrage transparent. Voile de coton ou voile Rhodia peuvent être indifféremment employés à sa confection. Mais, tandis que précédemment on préférait ces tissus unis, il est souvent admis maintenant de les orner plus ou moins de légers semis se détachant du fond en une autre couleur. C’est ainsi que sont brodés les fleurettes et les menus feuillages essaimés sur ce voile. Les fleurettes, en mouliné rose, sont tracées par quelques points lancés avec points noués pour le cœur ; les feuilles sont dessinées au point plat encadré de quatre points lancés, d’un joli ton vert vif. Très décoratif dans sa simplicité, ce léger semis met en valeur la mate blancheur du voile. Un large ourlet triple de 20 centimètres de haut, retenu par un point de chaînette vert vif, comme les feuilles, termine le bas du store.

Sur la figure 2, on a superposé deux rideaux dont le drapé se croise. Ils sont alors disposés sur deux tringles différentes, ainsi que nous l’expliquerons plus loin.

Ces rideaux sont ornés d’un volant qui peut être froncé ou très finement plissé. Pour alléger le bord de ces volants, on a souvent recours au picot à la machine ; mais on peut aussi former au bord un rouleauté serré que l’on retient sous un point de feston espacé, lequel peut être en couleur cela forme au bord du volant une fine nervure qui le maintient, tout en faisant garniture. Ces volants se montent quelquefois en tête froncée formant crête ; mais le plus souvent cette crête se dissimule sous un étroit galon du ton du rideau, ou bien au bord du rideau on forme un pli qui vient s’appliquer sur la tête du volant, ou encore on coulisse la tête du volant sur un double rang de fronces, et l’on pose ce coulissage bien égalisé sur le rideau où son relief se voit à peine.

Pour former bordure, au lieu d’employer le volant, on fixe quelquefois une « chicorée ». Celle-ci est faite d’un double de voile, ordinairement en couleur, froncé au milieu sous deux fils de fronces distants de 1 centimètre et posé à plat au bord du rideau, ou bien on superpose deux volants auxquels on ne donne qu’une ampleur réduite parce qu’ils badineraient trop. Le premier a 5 à 7 centimètres, le second 7 à 9, suivant les dimensions du rideau.

Le grand rideau opaque, souvent supprimé par amour du « simple », a retrouvé toute son utilité depuis que les circonstances nous obligent à dissimuler la lumière intérieure. Il faut nous en réjouir, car, outre son rôle utilitaire, il est un ornement précieux pour l’ensemble du décor. Au velours, au taffetas employés jadis à cet usage, on préfère aujourd’hui le satin, ou, mieux encore, un tissu de coton pour ameublement, épais et lourd et de couleur sombre : tête de nègre, bleu foncé ou noir. Vous le voyez sur notre croquis, tombant en longs plis droits et naturellement tiré pendant le jour sur les côtés du vitrage pour se déployer le soir, quand on a besoin de sa protection. Pour agrémenter la sécheresse de ces tissus un peu sévères, il est indispensable de les relever par quelques motifs brodés dont nous vous donnons ici un gracieux modèle que vous exécuterez au point plat dans un joli ton or, cette teinte contribuant beaucoup à l’effet décoratif de l’ensemble.

Enfin, quand vous installez des rideaux, ne les suspendez pas sans apporter un soin particulier au choix de votre monture. L’usage des anneaux apparents cousus aux rideaux et enfilés sur une tringle est tout à fait abandonné. On lui préfère aujourd’hui la tringle plate dite « chemin de fer », en métal chromé, à l’intérieur de laquelle est aménagé un système de coulisse, relié aux cordons de tirage et supportant les galets plats qui remplacent les anneaux d’antan. Les agrafes plates, qui s’accrochent à ces galets, se fixent aux rideaux, et il suffit de les décrocher pour déposer les rideaux. Cette tringle peut être « double » et supporter à la fois les grands rideaux et un store de vitrage et joue alors le véritable rôle de « boîte à rideaux ».

J. M.

Le Chasseur Français N°598 Avril 1940 Page 239