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Élevage du gibier

Alimentation des faisans.

Les faisans de reproduction, conservés en parquets en hiver, sont nourris au moyen de blé ou de maïs, ou d’un mélange de ces deux produits.

La quantité à leur distribuer est de 60 grammes par tête et par jour, soit 40 grammes donnés de bonne heure le matin et 20 grammes au début de l’après-midi, afin qu’ils aient tout mangé avant le soir.

Ils doivent avoir de la verdure en abondance et, ce que l’on trouve le plus facilement à leur donner, ce sont les choux fourragers qu’il est bon de repiquer dans les parquets et qu’ils consommeront sur place. L’eau de boisson sera très pure et fréquemment renouvelée. À partir du 15 mars, on cesse de donner le blé et le maïs que l’on remplace par une pâtée. Pour la faire, il y a beaucoup de formules ; en voici une très courante :

Biscuits granulés ou mie de pain rassis 10 grammes.
Viande granulée ou œufs durs 5
Chènevis écrasé 5
Gros blé trempé 20

On ajoute à la pâtée les produits spéciaux suivants, à raison de 2gr,50 par faisan : le lundi et le jeudi : os en poudre ; le mardi et le vendredi : poudre tonique ; le mercredi et le samedi : écailles d’huîtres concassées ; le dimanche : ail haché très menu ; une cuillerée à soupe rasée pour 10 faisans. On emploie aussi de la farine composée pour sécher la pâtée, comme il sera dit plus loin. On ajoute à la pâtée, chaque jour, environ un quart de son volume de verdure finement hâchée, herbe à mille feuilles, choux, chicorée, laitue ou autre salade. Si l’on en manque, on peut donner de la carotte ou de la betterave râpée. Les orties sont aussi très bonnes.

Cette nourriture est préparée en deux temps de la façon suivante :

1° La veille au soir, on fait bouillir de l’eau, et, à l’instant où elle est bien bouillante, on la retire du feu.

On y plonge immédiatement un sac contenant la quantité de blé à donner le lendemain dans la pâtée. On laisse le sac dans l’eau pendant deux heures, puis on le suspend pour que le blé s’égoutte jusqu’au lendemain.

2° Le matin, de très bonne heure, on opère les mélanges. Les produits entrant dans la composition de la pâtée étant pesés, on met dans un récipient :

    Le biscuit ; on verse dessus, en le remuant, une certaine quantité d’eau bouillante pour qu’il gonfle bien. Il faut éviter d’en mettre trop, mais il faut en mettre assez ;

    La viande qui, dans un autre récipient, aura bouilli au moins dix minutes sur le feu et que l’on aura bien égouttée dans une passoire ;

    Le chènevis qu’on a au préalable concassé ;

    Le blé, préparé comme il est dit ci-dessus ;

    Le produit spécial à chaque jour de la semaine, comme il est indiqué précédemment.

On mélange intimement tous les produits et l’on incorpore une certaine quantité de farine composée, afin de mettre au point cette pâtée qui ne doit être ni trop sèche ni trop humide.

On ajoute ensuite la verdure qui a été hachée à part.

On met la nourriture dans des assiettes sous l’abri, de façon qu’elle soit protégée contre la pluie ou le soleil

Comme il est indispensable de bien régler les quantités à distribuer, il est bon de se servir d’une mesure pour donner à chaque parquet, régulièrement chaque jour, ce qui lui est nécessaire. Pour la boisson, l’on se sert d’abreuvoirs en verre (bouteille renversée sur un plateau). L’eau, si elle n’est pas parfaitement pure, devra être aseptisée par les procédés du commerce.

Il est indispensable qu’il y ait dans chaque parquet un tas de petits graviers et de plâtras nécessaires à la digestion des faisans.

Chacun sait que le gravier dans le gésier de l’oiseau est une nécessité pour que le grain soit d’abord trituré, puis assimilé.

Des constatations ont prouvé que le meilleur blé, s’il tombait dans un gésier dépourvu de petites pierres, n’était pas digestible.

C’est en Bohême que ces constatations furent faites. Un propriétaire, lors d’un hiver où la neige tomba en abondance, fit distribuer du blé aux perdrix de son domaine. Or, on fut stupéfait de trouver tant de perdrix mortes, et à l’autopsie on constata que, si les gésiers étaient garnis de grains, du moins n’y avait-il plus le moindre calcaire et les grains n’avaient pu être broyés.

Nous avons dit plus haut qu’on supprimait le maïs et le blé sec vers le 15 mars. Il y a, en effet, à partir de cette époque, nécessité de ne plus donner de maïs qui porte à l’engraissement. Nous avons vu des poules faisanes qui, nourries exclusivement au maïs toute la saison, pondaient fort peu et avaient des œufs irrégulièrement fécondés.

Quant au blé sec, il est beaucoup moins digestible que le blé trempé qui s’assimile bien mieux.

Nous avons, dans un article précédent, rappelé des expériences qui prouvent que la ponte est plus abondante quand on donne aux poules des grains trempés. Nous conseillons toujours cette façon de procéder qui procure un rendement très supérieur à ce que l’on obtient en nourrissant les oiseaux avec des grains secs.

René DANNIN,

Expert en agriculture (chasse-gibier) près les Tribunaux.

Le Chasseur Français N°599 Mai 1940 Page 265