Nécrologie.
M. Albert Hugues.
— Nous avons appris avec beaucoup de peine le décès de
M. Albert Hugues, naturaliste réputé et écrivain distingué.
Toutes les branches de la zoologie, mais surtout
l’ornithologie, le passionnaient. Grand observateur et ami de la nature, il ne
se penchait pas seulement sur ses secrets, il se tournait aussi vers la
préhistoire où il savait trouver des notes très intéressantes et écrivait
également sur le folklore languedocien et provençal. Il est l’auteur avisé de
plusieurs ouvrages sur ces différents sujets. Partout, il excellait avec la
simplicité du savant et l’âme du poète.
Nous étions entrés en relations en 1925. Depuis, il nous
avait envoyé plusieurs causeries chaque année. Notre numéro de mars contient la
dernière « Les Bécasses passent » et, suprême pensée, à laquelle nous
sommes très sensibles, il ébauchait encore un article pour notre journal quand
la mort l’a surpris. Ses écrits se distinguaient par leur documentation,
souvent inédite, et une originalité pleine de charme. Ils étaient très
appréciés, et nos lecteurs, comme nous-mêmes, regretteront sincèrement la
disparition de M. Albert Hugues.
À son fils qui est aux armées, à sa famille, nous dédions ce
modeste hommage et adressons l’expression de nos condoléances bien sincères.
La Rédaction
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Quels sont ces Oiseaux ?
— 1° Au cours d’une sortie dans une région de Syrie,
j’ai eu le hasard de tuer un oiseau dont le nom m’est complètement inconnu et
dont je vous donne approximativement les caractéristiques :
Envergure : 60 centimètres.
De la tête à la queue : 35 centimètres.
Bec court et gris.
Tête : moyenne.
Longueur des pattes : 10 centimètres.
Chair : rose.
Poids : 700 grammes environ.
Ci-joint un échantillon de plumes.
Quel est exactement cet oiseau ? je serais heureux de
le savoir.
PRIVAT, sergent de méharistes.
Réponse.
— Les plumes indiquent clairement qu’il s’agit d’un Ptéroclidé.
Votre oiseau est, en effet, un ganga. Votre description est beaucoup trop
sommaire pour que je puisse vous dire à quelle variété il appartient.
Cependant, j’incline à croire que c’est vraisemblablement un Ganga Chata (Pterocles
Alichata).
— 2° Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me
faire connaître par l’intermédiaire du Chasseur Français (et celui de M. Dhers)
quel est l’oiseau dont vous trouverez ci-dessous description :
Forme d’un canard. Poids, 2kg,600.
Plumage entièrement noir, d’un noir bleu comme celui d’un corbeau.
Les plumes du dos sont légèrement plus claires au centre,
donnant à celui-ci un aspect moiré. Pas de miroir aux ailes, queue d’un canard,
plumes noires et fortes. Pattes d’un beau noir mat d’aspect granulé, bien
palmées ; quatre doigts forts terminés par des ongles crochus, très
robustes. Tête normale comme grosseur, bien fournie de plumes courtes d’un noir bleu.
Bec incolore (de couleur pâle comme de la corne), longueur
70 millimètres, très robuste, pointu et crochu, comme l’indique le croquis. Le
dessus du bec, à sa naissance, est garni d’une peau d’un beau jaune, remontant
sur les joues au-dessous des yeux, comme indiqué sur le croquis. Les yeux, pas
très grands, sont plutôt portés en avant de la tête, au lieu d’être sur les
côtés, bien au milieu comme les autres canards. Je crois que ces quelques
renseignements vous suffiront pour me renseigner sur un oiseau qu’on n’a jamais
vu dans la région et dont la visite a certainement été provoquée par le temps
froid de fin janvier. Cet oiseau était seul, quand il a été tué ; mais il
a été vu un groupe d’une quinzaine d’individus survoler la rivière. L’endroit
où il a été abattu est un lieu assez solitaire du cours du Tarn et
particulièrement fréquenté par les oiseaux aquatiques, à cause justement de sa
solitude et du manque de toute habitation.
E. RIVAYRON, abonné du Tarn.
Réponse.
— Votre oiseau n’est pas du tout un canard, son bec
seul l’indique. C’est un Cormoran ordinaire (Phalacrocorax Carbo). C’est
un oiseau d’Europe, d’Asie, et d’Afrique. Bien qu’il ne soit pas fréquent en
France, on l’y rencontre quelquefois.
J. DHERS.
Pour s’exprimer en parlant des cris de certains animaux
de chasse.
— On dit le cerf et le daim brament, le buffle beugle,
l’éléphant barrit ou barète, le lion rugit, le tigre gronde, la hyène hurle, le
chacal jappe, le renard glapit.
L’aigle trompette, le canard nasille, la caille margotte, la
perdrix cacabe, la bécasse croule, le corbeau croasse, la cigogne craquète, la
chouette hulule, la gelinotte glousse, le hibou hue, l’alouette grisolle.
Tous les petits oiseaux « gazouillent », mais
chacun a son « ramage ».
M. DEBAR.
L’étoile blanche chez les levrauts.
— Certains levrauts ont, paraît-il, quelques poils
blancs en tête, formant une étoile. Que signifie cette marque ? se disent
les chasseurs, toujours curieux sur tout ce qui est gibier et chasse. Ne se
trouve-t-on pas en face d’une autre variété de lièvres, clament les savants,
toujours empressés d’ajouter de nouveaux mots latins à d’autres.
J’ai entendu des chasseurs très avisés affirmer que cette
étoile blanche était la marque distinctive des portées de trois levrauts. C’est
possible, mais ce n’est pas quelques rares observations de ce fait sur des
triplettes de levrauts, qui permettent d’élever cette supposition au rang du
dogme. La vie, les caractéristiques, les mœurs, du lièvre sont si peu connues.
Comme je n’ai jamais tué de lièvres portant au front de
poils blancs, bien que nombreux soient déjà ceux qui sont passés dans mon
carnier, je serais tenté de croire que cette blanche étoile est leur « bonne
étoile », celle qui les préserve du plomb meurtrier. À moins que le levraut,
en devenant adulte, perde ces quelques poils blancs.
Qui nous instruira sur ce point et sur bien d’autres qui
demeurent inexpliqués. Qui nous fera une histoire exacte et complète du lièvre,
cet énigmatique animal si peu connu.
M. G.
Repeuplement en gibier.
— Voici, à mon avis, un bon moyen de faciliter le
repeuplement en gibier de nos régions de France, toutes assez dégarnies, malgré
la pause actuelle.
Toutes les communes de France devraient créer des réserves
d’une étendue proportionnelle à celle de leur territoire. Elles seraient
désignées, après délibération du Conseil municipal, par le maire pour une durée
de trois ou quatre ans. La chasse serait naturellement interdite sur ces
réserves pendant cette période à tous, même aux propriétaires. Passé le délai
de trois ou quatre ans, une autre réserve serait créée pour la même durée de
temps, sur une autre partie du territoire, et ainsi de suite, de manière à ce
que tout le territoire de chasse de la commune y passe à tour de rôle dans un
cycle déterminé.
Personne ne serait lésé, pas même les propriétaires,
puisqu’ils subiraient tous à tour de rôle la même interdiction ; bien au
contraire, tout le monde y trouverait enfin du gibier à chasser.
GUIGIS, abonné.
Destruction du lapin en Australie.
— Dans chaque district de l’État de la Nouvelle-Galles
du Sud, il a été créé un bureau de la protection des cultures qui a notamment
pour mission de faire appliquer la législation relative à la destruction des
animaux nuisibles. Le revenu de ces bureaux est constitué par des impôts
annuels prélevés sur la propriété foncière et les fermes.
Lorsqu’un district est déclaré infesté par les lapins, et
ils le sont presque tous, le bureau désigne un inspecteur qui est chargé de
vérifier si les cultivateurs prennent bien les mesures nécessaires pour éviter
la pullulation de ces animaux. Les délinquants ont trois mois pour en assurer la
destruction. Passé ce délai, ils sont convoqués et, s’ils ne présentent pas
d’excuses valables, ils doivent payer une amende qui peut atteindre jusqu’à
1.000 livres anglaises.
Les méthodes générales de lutte sont le déterrage, le
piégeage, l’utilisation d’appâts empoisonnés et l’asphyxie par les gaz. Cette
dernière méthode se généralise : c’est la plus efficace sur des terrains
comme ceux de l’Australie où le lapin est un fléau pour le cultivateur. Là, on
ne le tue pas pour la consommation, mais pour le détruire au plus vite, sans
plus.
En chassant le lièvre en Tunisie.
— Malgré l’extrême fraîcheur de la saison, tôt levé ce
matin-là, avec la perspective d’une fructueuse journée je hasardais un coup
d’œil par la croisée pour m’assurer des conditions atmosphériques probables
pour cette journée. L’aube pointait dans un ciel clair, limpide comme un ciel
d’été, quelques étoiles frileuses frémissaient encore dans les nues ;
enfin tout laissait prévoir, en ce début de novembre, un temps opportunément
beau. Ces circonstances allaient nous permettre de faire, mes compagnons et
moi, une partie de chasse inoubliable.
Vite équipé, j’allais rejoindre mes trois compagnons au
rendez-vous fixé, d’où une petite voiture allait nous emporter cahin-caha par
des pistes abominables, à peine carrossables, sur des lieux qu’un guide
indigène nous avait signalé comme étant particulièrement affectionnés par le
lièvre et quelque peu par l’outarde.
Il n’est pas de chasseurs, je pense, qui ne connaissent ce
dernier gibier très recherché par la saveur de sa chair, mais assez rare et
très difficile à chasser. Très méfiante, l’outarde ne peut être guère abattue
que par surprise, ou avec le concours d’une monture (cheval, dromadaire, etc.)
qui permet au chasseur de l’approcher dans des conditions telles qu’avec une
bonne cartouche de 16 il est rare de la manquer. Quoique notre intention était
de surprendre quelques-uns de ces volatiles, nous résolûmes néanmoins de
traquer tout d’abord les « Capucins ».
Nous nous étions égaillés, pour occuper le plus de front
possible, étant donnée, comme je le disais précédemment, la grande surface du
terrain que nous arpentions. Nous foulions un alfa haut et épais d’où
surgissaient comme des bolides les lièvres apeurés. Déjà nombre de ces
quadrupèdes garnissaient nos carniers et nous poursuivions notre chasse qui
s’affirmait peu banale. Tout à coup, ayant culbuté un joli spécimen de lièvre
qui venait de débouler et qui, blessé dans un suprême effort, tentait de se
dérober à ma vue, une série de coups de feu tirés par mes voisins me fit lever
les yeux et j’aperçus, venant dans ma direction, une superbe outarde qu’un des
nôtres avait délogée de sa retraite. Devant la rapidité de cette scène, j’agis
instinctivement sans hésiter. Je fondais sur le lièvre blessé et l’immobilisais
sous ma botte ; puis, utilisant la cartouche qui restait dans mon canon
gauche, je tirais à 50 mètres le pesant oiseau qui, d’un vol puissant, fuyait
les plombs meurtriers. Mon coup avait porté, et c’est avec une réelle
satisfaction que je le vis, dans une chute vertigineuse, s’abattre bruyamment
dans un tourbillon de plumes, mortellement blessé.
Je me chargeais du lièvre encore frémissant et me dirigeais
vers le lieu de chute où je trouvais l’outarde qui gisait inerte. Elle ne
pesait pas moins de 3 kilogrammes. C’est avec les carniers lourds, mais le cœur
léger, que nous avons rejoint le lieu où nous avions laissé notre véhicule. Ce
fut un retour bien gai.
M. RAYNAL, (Sud-Ouest tunisien).
La chasse de l’alouette au miroir.
— J’ai lu avec intérêt, sur le Chasseur Français
de mars, l’article de M. J. Rioux sur ce sujet.
J’ai toujours affectionné tout particulièrement ce genre de
chasse qui ne m’oblige pas à parcourir, durant de longues heures, bois et
guérets en quête d’un gibier, que l’abondance des fusils a rendu de plus en
plus rare.
Après de nombreuses expériences, j’ai adopté la méthode
suivante, qui m’a toujours donné les meilleurs résultats.
Abondamment pourvu de cartouches et, par une belle matinée
ensoleillée de septembre ou d’octobre, je pars en quête d’un terrain propice.
Une légère brise du midi et une imperceptible couche de gelée blanche, sont
particulièrement favorables à la chasse au miroir. Sur un sol, aussi uni que
possible, je plante mon miroir dont le pivot est bien graissé, puis je vais me
poster à 5 à 7 mètres de lui, sans me soucier de me dissimuler. Si je trouve à
proximité un petit fossé, je l’utiliserai pour m’asseoir sur l’une de ses
pentes.
Ayant disposé mes munitions à portée de la main, et sur mon
carnier pour les préserver de l’humidité, et après avoir, bien entendu, chargé
mon arme, j’actionne mon miroir. Lorsque l’alouette se trouve à une dizaine de
mètres, j’imprime au miroir un mouvement plus rapide qui me permet d’abandonner
la ficelle pendant les quelques secondes nécessaires au tir. Un coup de fusil à
ce moment lâché à un mètre en avant, ainsi que la gerbe assez large de projectiles,
m’assurent un pourcentage très intéressant de victimes. Il est possible, avec
cette méthode et une réputation de médiocre chasseur, de s’offrir de jolis
tableaux.
Il demeure élémentaire d’avoir pendant la période de tir et
le vent et le soleil derrière soi, le soleil surtout qui, par son
éblouissement, compromettrait le succès de l’opération.
L.G.
Les corbeaux et le gibier.
— L’agriculture se plaint fort des dégâts occasionnés
par les corbeaux. Dans ce domaine, certaines espèces de ces oiseaux rendent
bien quelques services comme destructeurs de vers blancs, rongeurs, etc., mais
les dégâts qu’ils commettent l’emportent sur ces services, d’autant plus que
ces brigands sont beaucoup trop nombreux.
Mais c’est au point de vue cynégétique qu’ils sont surtout
nuisibles. Toutes les espèces de corvidés, grand corbeau, corneilles noires,
corneilles mantelées, freux, choucas, choquart, crave, ont sur la conscience
des destructions de couvées de perdrix, de faisans et autres oiseaux de chasse,
sans compter celle des petits lapins et levrauts.
Si donc il est nécessaire de diminuer le nombre de corbeaux
pour le bien de l’agriculture, il est indispensable, pour la sauvegarde du
gibier, de les détruire impitoyablement dans les chasses.
Le vent et le tir de Chasse.
— Que de sourires sceptiques s’épanouiraient sur la
face réjouie de chasseurs qui entendraient dire, par l’un des leurs :
« J’ai manqué ce lièvre par la faute du
vent » !
Cependant une telle déclaration, faite sincèrement, se tient
absolument, beaucoup de pièces étant manquées pour cette cause. Notre regretté
collaborateur, M. Piaut-Beaurevoir, a déterminé qu’à 40 mètres un vent de
travers moyen faisait dévier le plomb de 0m,25 en moyenne, une forte
brise de 0m,60, c’est-à-dire de plus de moitié du cercle meurtrier.
Il affirmait que, vers la limite de bonne portée, toute pièce de grosseur
moyenne tirée par un fort vent de travers serait donc manquée si on la pointe
directement.
Ne souriez donc plus, si vous entendez rejeter sur le vent
la responsabilité d’un coup malheureux, à condition, bien entendu, d’être
présent au moment du tir et d’avoir ainsi constaté l’existence du responsable, le vent.
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