Les freins à commande hydraulique ont connu, ces dernières
années, une certaine vogue. Les plus grands constructeurs l’ont adopté tour à
tour. Nous savons en quoi consiste ce mécanisme.
Dans les automobiles modernes, nous trouvons, sur chaque
roue, solidaire, un tambour d’acier ou de fonte. À l’intérieur de celui-ci,
deux mâchoires montées fixes sur un support s’emboîtant lui-même sur le tube de
pont. Ces mâchoires s’articulent sur deux axes fixes, cependant que leurs têtes
peuvent être écartées par une came, un excentrique, un piston, etc. C’est au
cours de ce déplacement que la mâchoire vient en contact avec le tambour et
occasionne le freinage. La surface de frottement des mâchoires est revêtue de
patins en amiante et fil de cuivre tressé et comprimé. Lorsque le conducteur
veut freiner, il appuie sur une pédale et, jusqu’à ces dernières années,
l’effort était transmis aux têtes des mâchoires, grâce à un système de leviers,
de câbles ou de tringles. Afin d’assurer la commande simultanée des quatre
roues, un arbre de renvoi ou palonnier est prévu. Les défauts d’un tel système
résident dans son encombrement, dans la nécessité du graissage des
articulations, et surtout dans l’obligation où l’on se trouve de régler chaque
roue l’une après l’autre lors d’un réglage de freins ; alors qu’au
contraire la commande hydraulique assure, grâce à son principe même, un
équilibrage parfait de l’effort reçu sur chacune des mâchoires.
Les freins hydrauliques sont donc simples et efficaces.
C’est une application heureuse du principe de la presse hydraulique.
Il faut remarquer toutefois qu’ils ne sont pas une nouveauté
dans la construction automobile. Il y a belle lurette que des constructeurs
français les avaient essayés. Les résultats, à l’époque, n’avaient pas été très
encourageants. Chaque fois, après une longue descente, l’efficacité des freins
en question avait fui, si l’on peut dire, en même temps que l’huile s’échappait
des pistons. Le grand ennemi a toujours été la difficulté devant laquelle on
s’est trouvé d’assurer une étanchéité complète. Et Gabriel Voisin, à qui l’on
vantait les mérites des freins hydrauliques, rappelait en souriant quelques
descentes homériques du Ventoux avec certaines voitures américaines ainsi
équipées. Mais le progrès a continué sa route et, après Chrysler, nous avons vu
Citroën l’adopter dans la grande série. C’est que maintenant le fonctionnement
du frein hydraulique est très simple et son étanchéité presque absolue. La
pédale agit sur un piston logé dans un cylindre contenant de l’huile. Cette huile,
lorsque la pédale s’actionne, est chassée à travers une canalisation dans le
cylindre de frein, solidaire du plateau de frein et dans lequel se meuvent deux
pistons agissant chacun sur un segment de frein.
Il y a donc quatre cylindres de freins, un pour chaque roue
et un cylindre principal dont le piston reçoit l’effort de la pédale. Dès que
le conducteur cesse sa pression sur celle-ci, un ressort, réunissant les deux
segments d’un même frein, rapproche à nouveau ceux-ci, ainsi que les deux
pistons du cylindre de frein ; l’huile se trouve refoulée dans le cylindre
principal. Ce dernier doit être constamment alimenté en huile. À cet effet, un
petit réservoir cylindrique, fixé généralement au tablier, assure la réserve de
liquide nécessaire. On a souvent objecté : « Que se passe-t-il dans
le cas d’une rupture de canalisation ?» À cela, il est facile de répondre
que, si une tringle se casse, dans le cas du palonnier, le résultat ne sera
guère meilleur. Qu’enfin de telles ruptures sont excessivement rares et qu’un
frein à main mécanique vient compléter généralement le système de commande
hydraulique.
Les freins à huile ne nécessitent pratiquement pas
d’entretien. Graisser de temps à autre seulement la pédale sur son axe et l’axe
de chape de la tige de commande du piston principal. Les pièces pouvant se
détériorer sont les coupelles de caoutchouc qui forment segments sur les
pistons des cylindres. Celles-ci se détériorent d’autant plus vite que l’huile
employée est de mauvaise qualité. C’est pour cela qu’il faut strictement suivre
les indications du constructeur dans le choix de l’huile d’appoint, lors de la
mise au niveau du réservoir. Dès que l’on appuie sur la pédale, on refoule le
liquide. Ce dernier n’étant pas compressible, on doit sentir une résistance très
nette.
Si cette réaction n’existe pas, c’est qu’il y a une fuite ou
de l’air dans les canalisations. La fuite se trahira par des traces de
lubrifiant le long de la canalisation, aux raccords, ou bien sur les cylindres
de frein ou sur le cylindre principal. Faire alors sans tarder les réparations
nécessaires. Mais, le plus souvent, on se trouve en présence d’air ayant entré
dans les tuyauteries, par suite de fonctionnement avec un réservoir vide ou par
les coupelles du cylindre principal. Il y a lieu de procéder à la purge des
freins. Pour cela, on remplit le réservoir en charge avec le liquide prévu. Sur
chaque roue, au droit du cylindre de frein, un petit tube, fermé par une vis
pointeau, permet à l’air emprisonné de s’échapper, cependant qu’un aide donne
quelques coups de pédale. Actionner cette dernière jusqu’à disparition totale
des bulles d’air qui seront rendues plus visibles, si l’on a soin de joindre, à
l’aide d’un tube de caoutchouc, le tube de purge à un récipient transparent qui
recevra le liquide évacué.
Les réglages sont également très simples. Il est essentiel
que le piston du cylindre principal revienne à fond de course. Il est donc
indispensable que le réglage par la pédale n’entrave pas le retour du piston.
Enfin, pour terminer, quelques mots sur les garnitures de
freins. Il importe que celles-ci soient en bon état de fonctionnement. Il est
bien entendu que la commande hydraulique assure une compensation automatique
des freins ; cependant, si les quatre garnitures ont des coefficients de
frottement différents, on risque, malgré l’égalité de pression, de faire
quelque embardée, principalement sur sol gras. Ce sera le cas de garniture
usagée aux rivets venant en contact avec le tambour, ou encore le fait d’une
garniture imprégnée d’huile.
Il y aura lieu de ne pas tarder à faire les réparations
voulues, si l’on ne veut pas aller embrasser les décors.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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