Un avion, par nature, est appelé à voler près du sol,
particulièrement à l’atterrissage et, pour que l’opération s’effectue en toute
sécurité, le pilote doit connaître constamment sa hauteur, quelles que soient
les circonstances atmosphériques.
À la rigueur, un altimètre barométrique aurait pu suffire
dans certains cas. Mais il apparut dès l’origine que la solution complète ne
pourrait être fournie que par un sondeur acoustique, dont le principe essentiel
consiste à émettre une onde qui se réfléchit sur le sol et revient au sondeur.
Un sondeur acoustique comprend : une source
sonore qui émet des signaux brefs à intervalles réguliers, un récepteur qui
détecte l’écho du signal réfléchi par le sol, un chronoscope qui mesure la
durée de propagation du signal et de son écho, et qui est gradué en altitudes.
Il existe actuellement des sondeurs capables d’atteindre des
portées de 300 mètres, mais qui sont encombrants et lourds, pesant jusqu’à
35 kilogrammes.
Le sort des sondeurs acoustiques dépend, évidemment, des
résultats qu’ils fourniront en service courant. Examinons maintenant le schéma
général d’un sondage : un émetteur envoie un signal bref qui se réfléchit
sur le sol et est reçu par un récepteur. Un chronoscope mesure le temps qui
s’écoule entre l’émission du signal et la réception de l’écho, lequel est
fonction de la vitesse du son et de la vitesse et de la hauteur de l’avion.
La vitesse de l’avion, toutefois, a peu d’effet, et la
vitesse du son pratiquement varie peu ; si bien que le chronoscope peut être
gradué en altitudes. Les principales conditions auxquelles est soumis un
sondeur sont :
1° La source sonore doit être assez puissante pour produire
un écho qui soit plus intense que les bruits de l’avion dans la gamme de
fréquence de l’écho ;
2° Le récepteur doit être assez sensible pour détecter
l’écho et assez sélectif pour rester sourd aux bruits de l’avion ;
3° La source sonore doit être telle que l’origine de
l’intervalle qui sépare le signal de l’écho soit étroitement définie ;
4° Le chronoscope doit être capable de mesurer avec
précision des intervalles de temps très différents (une altitude de 1 mètre
correspond à 1/170° de seconde, de 340 mètres à 2 secondes).
Depuis ces dernières années, plusieurs sondeurs ont été mis
au point et, parmi les constructions Rice, Florisson, Dubois-Laboureur, Böhm, Nandillon,
Jacques-Badin, Del-sasso et Electroacustic, je retiendrai le système
Dubois-Laboureur.
Raymond Dubois et le commandant Laboureur s’efforcèrent de
réaliser une émission très brève, non sans remarquer qu’un certain nombre de
vibrations est nécessaire pour que le signal atteigne son amplitude maximum.
Ils adoptèrent en définitive une sirène, dont la période
transitoire de mise en route est assez courte pour permettre au signal
d’atteindre son amplitude maximum au bout de deux vibrations seulement.
Le démarrage rapide autorise l’emploi d’un signal qui ne
dure guère plus de 1/100e de seconde. La fréquence choisie est 1.500.
Une émission aussi brève n’est toutefois pas avantageuse pour le sondage à l’oreille,
car un observateur ne perçoit pas mieux un écho très bref, d’une amplitude
donnée, qu’un écho deux fois plus faible mais deux fois plus long. Dubois et
Laboureur utilisent à la réception un microphone électro-magnétique accordé.
Dans le chronoscope, une aiguille indicatrice dévie proportionnellement à
l’altitude. En principe, on utilise une lampe au néon dont la tension
d’alimentation est maintenue un peu au-dessous de la tension d’allumage. Une
brève tension supplémentaire, au départ du signal, allume le tube, et une
seconde impulsion, quand arrive l’écho, l’éteint. Le tube commande la charge
d’un condensateur monté en série. La tension finale aux bornes du condensateur
est ainsi proportionnelle à la hauteur de sondage. La tension du condensateur commande
la polarisation d’une lampe à vide, dont le courant-plaque se trouve être
également fonction de l’altitude. La déviation maximum d’un milliampèremètre
fournit donc cette altitude.
Après chaque sonde, le condensateur est automatiquement
déchargé et l’aiguille revient au zéro, prête à marquer une nouvelle sonde.
Le retour rend toutefois la lecture très pénible, sinon
impossible ; pour l’éviter, il est prévu un deuxième condensateur de
faible capacité et une deuxième lampe à vide.
Le second condensateur se connecte sur le premier, juste
avant la décharge et lui emprunte sa tension — sans la modifier parce que
la nouvelle capacité est faible — qu’il conserve jusqu’à la sonde suivante
en maintenant en place l’aiguille indicatrice.
Le sondeur Dubois-Laboureur fut expérimenté en 1932 sur
avions et sur dirigeable non rigide. En croisière sur avion, on obtint des
sondages jusqu’à 300 mètres, mais pratiquement, il faut compter sur 200 mètres
dans des conditions normales. Dans les plus mauvaises conditions, il fut
toujours possible, en avion, d’atteindre 100 à 150 mètres. Le poids total
du sondeur est de l’ordre de 23 kilogrammes et les perfectionnements
ultérieurs tendront probablement à le réduire.
Le sondeur conserve actuellement un intérêt considérable, sa
conjugaison avec l’altimètre est précieuse, le sondeur permettant dans certains
cas de régler l’altimètre sans le secours d’aucun renseignement transmis de l’extérieur.
Il faut souhaiter que, dans un avenir très proche, les
sondeurs se perfectionneront assez pour devenir acceptables sur des avions dont
la taille s’accroît d’ailleurs tous les jours.
Armand AVRONSART.
La Technical note du N. A. C. A. «The Sonic altimeter for aircraft »
par notre confrère C. S. Draper a fourni une vue d’ensemble complète
du sondage acoustique AA.
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