Le serin des îles Canaries (Serinus Canarius) ou
canari sauvage n’est pas le canari que nous voyons en cage, mais son ancêtre.
Ces deux oiseaux, d’ailleurs, n’ont pas le même plumage. Buffon et d’autres
naturalistes s’étaient lourdement trompés en prétendant le contraire, à savoir
que l’oiseau sauvage descendait de l’oiseau domestique. A priori, cela
paraissait déjà plus qu’étrange, parce que complètement opposé aux lois de la
nature : ces messieurs avaient simplement mis la charrue avant les bœufs.
Le serin des Canaries ressemble à notre serin méridional
avec moins de jaune et un ton plus uniforme. Les Espagnols l’appellent Canario.
La taille du serin des Canaries est intermédiaire entre
celles du cini et du canari domestique. Nous avons là, encore une fois, la
constatation d’un fait souvent remarqué : la domesticité grandit l’animal.
Et cela est vrai pour les animaux les plus divers, sauf exceptions, souvent
voulues d’ailleurs.
Dans l’ensemble, le serin des Canaries est vert et
jaune ; le front, la gorge, le haut de la poitrine tirent plus franchement
sur le jaune d’or ; quelques plumes du ventre sont blanches, celles de la
queue sont bordées de blanc. Le vert, chez la femelle, tire sur le gris-brun.
Nous avons, du reste, en captivité, des canaris dits gris, ou verts, qui
ressemblent beaucoup à leur ancêtre sauvage.
Dans les îles Canaries, surtout à Madère, à Palma et à
Ténériffe, on voit fréquemment en cage des canaris sauvages. Mais le plus
souvent, ces oiseaux se sont reproduits en captivité depuis plusieurs
générations, et ils commencent déjà à s’éloigner du type sauvage.
À l’état de nature, le serin des Canaries, tout comme la
linotte, se rencontre souvent dans les vignes, mais le nid du serin est
autrement haut perché que celui du linot. Il est, en général, à 2m,50
du sol, au minimum, et souvent plus haut.
Le chant du serin sauvage ne diffère pas, à vrai dire, de
celui du canari domestique ; cependant, chez les mâles bons chanteurs, on
trouve souvent des notes plus hardies et plus pures que celles de nos canaris
privés.
Le canari domestique (Serinus domesticus) est
aujourd’hui le véritable prototype de l’oiseau de cage chanteur. Mais cet
oiseau a été soigné, sélectionné selon le goût de chaque éleveur, en sorte
qu’il s’est produit ce que l’on est convenu d’appeler des races et, plus
exactement, des variétés. Il y a des canaris blancs, des jaunes, des cannelles,
des panachés, des verts ; il en est de frisés, de bossus, etc., etc.
Sélection la plupart du temps sur le type, et non sur le chant. Et c’est pour cela
que, dans toutes ces variétés, les mauvais chanteurs ne sont pas rares. Il est
cependant, bien heureusement, des particuliers et aussi des sociétés qui
s’occupent uniquement du chant et organisent des concours. Il est de ces
sociétés en France, en Allemagne et en Italie.
Les races de canaris les plus connues, en France, du moins,
sont : la race commune, le frisé parisien, le bossu belge, le hollandais,
le saxon. J’ai eu de bien agréables canaris communs et, comme oiseaux (tous les
goûts sont dans la nature), je les préfère nettement aux parisiens. Je n’aime
pas la construction anormale du belge ; je ne parle pas de son chant.
J’admire le hollandais et j’écoute religieusement le saxon. Ceci demande une
explication.
Le canari saxon est le résultat d’une longue sélection, mais
il subit aussi une véritable éducation. Voyez-le : il n’est pas
extraordinaire, il est même assez quelconque. Écoutez-le : c’est autre
chose ...
Après avoir parcouru toute l’Allemagne, le naturaliste Lenz
nous déclare que c’est dans le Hartz qu’on élève le mieux les serins. Dans ce
pays, à Andréasberg, on a vendu, en 1860, pour 45.000 francs de serins ;
il y a près de cent ans de cela ! À Andréasberg, presque chaque famille a
son élevage et, presque toujours, une chambre particulière est consacrée aux
serins. On recherche presque exclusivement les oiseaux d’un beau jaune
unicolore. De Braunswick à Duderstat, on fait aussi beaucoup d’élevage, mais
les oiseaux, quoique fort appréciés, ont un chant nettement inférieur à ceux d’Andréasberg.
Les canaris du Tyrol sont aussi très renommés ;
cependant, si nous en croyons l’auteur déjà cité, on y élèverait assez peu.
Les éleveurs des pays précités ont remarqué : que les
canaris verts (nuance ancestrale) sont criards ; que les cannelles et les
jaune foncé sont très délicats, — j’ai eu moi-même une femelle cannelle
qui ne m’a jamais pondu que des œufs clairs ; — que les sujets à yeux
rouges sont faibles. Ceci n’est pas extraordinaire, puisqu’ils ont une tendance
à l’albinisme. Enfin les lignées de chanteurs doivent être particulièrement
cultivées.
On instruit les jeunes oiseaux, soit avec une serinette,
soit avec un moniteur. Ce dernier procédé est infiniment préférable.
L’éducation est longue et peut durer jusqu’à deux ans.
J’ai ouï dire que les chardonnerets, les linots et les
verdiers s’accouplent avec des canaris femelles. Pour le chardonneret, point de
doute : vous connaissez tous les mulets, qu’on en obtient. Je ne sais rien
de positif sur les deux autres. Cependant, j’ai, en ce moment, un mâle linot
que je me propose d’accoupler avec une femelle canari.
Le canari est un oiseau très doux et très aimable, qu’on
peut aussi dresser à mille gentillesses.
Les tarins (Spinus spinus et Spinus viridis)
ont le bec plus pointu que les serins. Il en existe plusieurs variétés dont une
seule habite l’Europe : le tarin commun. Cet oiseau, d’un ensemble
vert-jaune, à tête noire, les ailes rayées de jaune, nous vient des pays
nordiques : c’est donc un oiseau de passage. C’est un arboricole, vif,
remuant, gai et très sociable. Aussi est-ce un oiseau de cage charmant. Il
devient vite très familier, on en fait ce qu’on veut. « C’est le plus
familier des petits passereaux », dit J. Delacour, et je l’ai
constaté moi-même.
Avant de passer aux linottes, nous dirons un simple mot sur
le venturon (Acanthis citrinella) que l’on peut rattacher à ce genre.
C’est un très joli oiseau de la taille du tarin, vert olive
mêlé de jaune, marqué de rouge en tête, gris à la nuque et sur les côtés. Il
habite les hautes montagnes, et principalement les Alpes. J’ignore absolument
quelles sont ses qualités d’oiseau de cage.
Dans le genre « linottes », nous observons :
la linotte vulgaire ou linot ordinaire (Acanthis cannabina, Cannabina
linota) ; le linot à bec jaune ou linotte de montagne (Acanthis flavirostris,
Cannabina montium) ; le sizerin cabaret (Acanthis rufescens)
et le sizerin boréal (Acanthis linaria), tous oiseaux d’Europe.
La linotte vulgaire est un oiseau d’apparence très
modeste ; mais combien il gagne à être connu ! Le mâle est
relativement beau ... à certains moments. Alors son front, sa gorge et sa
poitrine deviennent carmins : c’est la linotte à tête rouge, si
recherchée des amateurs d’oiseaux du Roussillon. Malheureusement, ces belles
couleurs disparaissent en captivité, au moins presque en totalité, et elles
n’apparaissent jamais chez les sujets nés en cage. Ce qui charme surtout chez
le linot ; c’est son chant doux, discret, sans éclat de voix, harmonieux
et musical. L’oiseau est d’ailleurs très doux, très familier, très sociable,
très réfléchi.
La linotte de montagne remplace la précédente dans les pays
du Nord et a sensiblement les mêmes qualités ; mais son chant, n’est pas
aussi agréable et elle est un tantinet querelleuse.
Le sizerin cabaret, ou simplement cabaret, couve dans les
Alpes. C’est un joli oiseau marqué de rose en tête, vif, très espiègle et par
cela assez ennuyeux pour ses compagnons de cage et même de volière. Son chant
est médiocre.
Le sizerin boréal est plus clair ; quoique originaire
du Nord, il descend plus au Sud que le précédent. Il est aussi beaucoup plus
sociable et fort intéressant en captivité.
(À suivre.)
J. DHERS.
(1) Voir Chasseur Français d’Avril 1940.
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