La désinfection a pour but de détruire les microbes qui,
dans certaines conditions envahissent l’organisme du gibier, y causant par leur
multiplication la maladie et la mort. Nous verrons donc où se logent et se
développent et comment combattre ces microbes que nous retrouvons sur les
terrains d’élevage, dans les poulaillers et dans le matériel.
Désinfection des terrains.
— Il y a parfois nécessité à désinfecter à fond un
terrain sur lequel on a fait de l’élevage de faisandeaux ou de perdreaux,
surtout lorsqu’on a subi quelques pertes d’oiseaux par épidémie.
À vrai dire, mieux vaudrait que le terrain se repose
naturellement pendant quelques années, en le laissant en jachère ou bien en le
cultivant pendant deux saisons.
Parfois cependant, on est pressé d’y refaire de l’élevage et
alors on en fera la désinfection comme suit :
On emploie, pour 100 mètres carrés de terrain, 5 kilogrammes
de sulfate de fer et 5 kilogrammes de sel dénaturé.
On répand d’abord, aussi régulièrement que possible, le
sulfate de fer que l’on a acheté sous forme de neige.
Il faut attendre qu’il ait plu, afin que la pluie ait
dissous et entraîné dans le sol le sulfate de fer, avant de répandre le sel
dénaturé.
On répand ce sel dénaturé de façon très régulière pour que
tout le terrain en reçoive.
À quelques jours de là et après une nouvelle pluie, si on
peut retourner le terrain, par un labour léger, la désinfection sera meilleure.
Désinfection d’un poulailler.
1° Balayer les murs avec un balai très dur ;
2° Gratter à la surface du sol tout ce que l’on pourra
enlever et l’enfouir au loin dans un trou assez profond que l’on recouvrira de
terre ;
3° Laver toutes les parties en bois avec un désinfectant
énergique comme eau de Javel, crésyl, formol, etc. ;
4° Passer les murs avec de la chaux que l’on a éteinte au
moment de s’en servir ;
5° Désinfecter le sol avec du sulfate de fer et du sel
dénaturé dans les proportions données plus haut.
Après avoir répandu le sulfate de fer, on arrosera le sol
abondamment avec un arrosoir à pomme et, quarante-huit heures après, on mettra
le sel dénaturé que l’on arrosera dans les mêmes conditions.
S’il y a des trous, on les bouchera profondément avec du
ciment mélangé de gravier.
Si le sol est de terre battue, on pourra le retourner à la
bêche ; mais alors, il vaudra mieux le faire avant de passer les murs à la
chaux.
Désinfection du matériel.
— La désinfection du matériel a une grande importance,
comme par exempte celle des plateaux de nourriture.
On voit encore dans beaucoup d’élevages de ces plateaux en
bois qui sont tout ce qu’il y a de plus critiquable. En effet, ils ont souvent
des rebords et des fentes dans lesquels s’infiltre de la nourriture. On a du
mal à les nettoyer, et il reste des aliments qui se corrompent, menaçant
d’épidémie tout l’élevage.
Il vaut donc mieux se servir de soucoupes en faïence ou en
verre qui, plongées dans l’eau, sont instantanément nettoyées.
Si l’on a beaucoup de matériel à désinfecter, le mieux est
de le faire dans une cuve, dans laquelle on plonge pendant un quart d’heure
chaque objet à désinfecter.
Sur la cuve, on installe deux petites barres de bois mobiles
sur lesquelles on pose l’objet à égoutter, après qu’il a été bien imprégné du
désinfectant.
Au cas contraire, ou si le matériel est trop volumineux, on
passera un pinceau à plusieurs reprises en imbibant abondamment les angles et
les rainures.
Double désinfection.
— Si l’on a eu une épidémie grave, il est bon de
recommencer la désinfection à quelques jours d’intervalle, de façon à avoir une
sécurité absolue pour l’élevage de la campagne suivante.
René DANNIN,
Expert en agriculture (chasse, gibier) près les Tribunaux.
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