Un engin de valeur.
— Le carrelet est une simple nappe à mailles
carrées, de dimensions variables, mesurant de 1 à 2 mètres de côté, ce qui
fait 1 à 4 mètres carrés, lorsque le filet est étalé. Une cordelette
entoure complètement le carrelet, en formant une boucle à chacun des angles,
pour servir à la fixation des quatre branches de la monture.
En principe, les carrelets non montés existent surtout dans
les deux mailles réglementaires, de 10 millimètres et de 27 millimètres.
Les premiers ont surtout pour objet la capture des petits poissons ; mais,
comme ils sont naturellement denses, on ne les établit guère qu’en nappes de 1 mètre
de côté. Les grandes mailles, au contraire, utilisées pour les gros poissons,
forment les grandes nappes de 4 mètres carrés. Mais, pour alléger le plus
possible leur poids, on les confectionne de préférence en lin écru, tandis que
les autres peuvent être en coton ou en chanvre écru.
Cependant, entre les mailles extrêmes de 10 et de 27 millimètres,
on en trouve de dimensions intermédiaires, 15 millimètres, 17 et 23 millimètres,
adoptées pour les nappes ayant 1m,33 et 1m,65 de côté.
Montage du carrelet.
— Le montage des filets carrés peut se faire au moyen
de quatre branches, assez souples et pas trop lourdes, en noisetier, saule,
charme, etc., que l’on ligature deux à deux par le gros bout, après avoir passé
leur extrémité fine dans les bouches de la cordelette et l’y avoir fixée. On
attache ensuite solidement les arceaux diamétraux, en formant une autre boucle
au milieu de la tête, de façon à pouvoir y introduire l’extrémité de la perche
qui servira à la manœuvre de l’engin.
Il n’y a plus qu’à couper une perche, de longueur appropriée
à la rivière, par exemple de 4 à 5 mètres, pas trop lourde, mais
suffisamment forte pour éviter qu’elle ne se brise ou qu’elle s’infléchisse un
peu trop. Enfin, on trouve dans le commerce des montures métalliques pour
carrelets qui simplifient et facilitent la pose et la relève de l’engin.
Manœuvre de la nappe.
— Pour pêcher au carrelet, on choisira un emplacement
poissonneux, pas trop éloigné d’une rive légèrement surélevée, sans être trop
abrupte, là où la profondeur peut varier entre 75 centimètres et 1m,60,
l’eau étant plutôt dormante que courante,
Si l’on recherche le goujon, l’ablette et la
petite blanchaille, on se servira du filet à mailles de 10 millimètres,
tandis que, pour les gardons, les carpes, les tanches, les
vandoises, les hotus, les chevesnes, etc., on aura recours
aux grandes nappes de 27 millimètres.
Dans un cas comme dans l’autre, le carrelet sera étalé à un
endroit plan et la perche disposée de manière qu’on puisse la saisir et la
relever promptement, quand on le jugera à propos. En attendant, on amorce la
place, un peu en amont du carrelet, avec du chènevis, du blé cuit, des
asticots, ou en jetant quelques petites pelotes d’argile, contenant des vers
coupés en morceaux. On peut aussi amorcer au sang cuit, au fromage blanc, etc.,
suivant le genre de poissons que l’on veut attirer sur le coup.
L’amorçage effectué, on observera le plus profond
silence. Non seulement, on évitera de marcher, pour éviter le bruit des
pas ; mais il ne faut pas profiler d’ombre suspecte en se promenant sur la
berge.
Lorsqu’on juge que le poisson est sur la nappe, on procède à
la relève de l’engin d’une façon, rapide, surtout au début, sans prévenir les
poissons par des tiraillements du filet étalé. Il faut lever le carrelet
aussitôt que l’on a saisi la perche, la traction ascendante ayant pour effet
immédiat de creuser le filet en poche, qui s’opposera aux évasions du poisson.
Arrivé au-dessus de l’eau, on ramène le carrelet à la rive, par un mouvement
rotatif imprimé par la main, soit à droite, soit à gauche, puis l’on peut
capturer le poisson retenu dans le filet formant poche.
La pêche au carrelet est possible en toute saison, du moins
dans les eaux particulières, bassins ou étangs, qui ne sont pas régentés par
les arrêtés préfectoraux. Mais, c’est surtout pendant la période des débords,
lorsque les eaux, encore troubles, commencent par baisser, que l’on peut faire
les plus belles captures, dans la catégorie des gros cyprins. Toutefois, la
truite et les autres salmonidés se prennent difficilement au carrelet.
Un autre engin, ayant beaucoup de ressemblance avec le
carrelet, mais qui, à la remontée, se développe en une poche plus creuse, c’est
l’échiquier. Il se monte et se manœuvre à peu près de la même manière,
et il peut être utilisé pour la pêche en bateau.
J. B. NICOLAS.
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