Les récepteurs radiophoniques sont de plus en plus
perfectionnés, tant au point de vue mécanique qu’électrique et
radio-électrique ; aussi les pannes, se manifestant sous des
formes, d’ailleurs, très diverses, sont-elles de moins en moins fréquentes. Par
contre, par suite même de leurs perfectionnements, les montages sont devenus
plus complexes, les connexions plus nombreuses, les types de lampes plus
compliqués et plus divers, les organes moins accessibles et moins visibles,
renfermés désormais sous des blindages protecteurs qui les mettent à l’abri des
perturbations, mais en interdisent l’examen facile.
Pourtant, le réglage de ces récepteurs complexes est devenu
de plus en plus aisé, ainsi que leur installation : une prise de
courant à enfoncer et c’est tout, — un bouton à tourner et c’est
tout, sont les deux slogans qui ont surtout déterminé le développement de
la radiodiffusion.
On peut comparer l’évolution de la construction
radio-électrique à celle des automobiles, avec assez d’exactitude. Les automobiles
modernes sont des engins très complexes qui constituent, en particulier, de
véritables usines électriques roulantes, et pourtant, leur manœuvre est devenue
si simple qu’elle peut être exécutée par une femme, et presque par un
enfant ; de même, la manœuvre d’un radio-récepteur est devenue presque
automatique.
En fait, l’automobiliste est généralement un conducteur,
mais bien rarement un mécanicien ; hormis les simples opérations
d’entretien, il a recours à un spécialiste, dès qu’une détérioration, une
irrégularité de fonctionnement, apparaît dans le châssis ou le moteur. La
construction d’un radiorécepteur, malgré sa complexité actuelle, ne saurait
cependant être comparée à celle d’une automobile.
Il existe désormais dans le commerce toutes les pièces
détachées nécessaires à l’établissement des types les plus courants de
radio-récepteurs, sans qu’il soit besoin d’un outillage très spécial, de sorte
que leur montage peut être entrepris, non seulement par de grands
constructeurs, mais par des artisans, des semi-professionnels, ou simplement,
des amateurs. Rien de tel n’existe en automobile, où, de plus en plus, la
construction est réservée à quelques usines puissantes et spécialisées.
Parmi les auditeurs de T. S. F., il y en a donc un
assez grand nombre qui possèdent quelques notions pratiques de
radio-électricité, ou qui ont construit eux-mêmes leurs appareils ;
ceux-là peuvent, en général, découvrir rapidement les causes des défauts de
fonctionnement de leur poste, et y remédier, s’il y a lieu. Pour le simple
usager, non technicien, ni même praticien, qui constitue cependant de plus en
plus le type de « l’auditeur moyen » français, le problème est plus
difficile à résoudre.
Les pannes, nous l’avons dit, sont de plus en plus
rares ; mais il en est pour les postes de T. S. F., comme pour
tous les appareils électriques, même industriels : tout finit par s’user
ou casser à la longue ; des réglages, des précautions d’entretien, des
remplacements de pièces usées sont indispensables à des délais plus ou moins
éloignés, dépendant essentiellement des services exigés du poste.
L’auditeur prudent ne démonte pas plus son poste qu’il
n’ouvrirait sa montre, pour en étudier le mécanisme délicat, et on ne peut que
l’approuver. Mais, dès qu’un phénomène insolite vient troubler l’audition de
son émission préférée, il ne sait, généralement, suivant l’expression vulgaire
« à quel saint se vouer » ! La solution la plus sûre consiste à
avoir recours à un spécialiste, dans lequel on a confiance, ou particulièrement
connu ; mais si l’automobiliste conduit généralement assez aisément sa
voiture chez le garagiste, lorsque la panne n’est pas trop grave, l’auditeur de
T. S. F. n’envisage pas avec enthousiasme le transport d’un appareil,
souvent lourd et encombrant, jusqu’à l’atelier du dépanneur, plus ou moins
éloigné.
Faire venir le dépanneur à domicile est une solution plus
facile, mais aussi plus coûteuse ; les déplacements sont quelquefois
longs, et l’ouvrier doit tenir compte du temps perdu, même lorsque le travail à
effectuer est minime. D’ailleurs, même en temps normal, il ne peut exister
partout, dans chaque ville ou dans chaque village, des spécialistes qualifiés.
Cette pénurie est plus grande en temps de guerre, par suite de la mobilisation
qui a affecté, à l’armée ou aux usines, la plupart des radio-électriciens.
Sans doute, peut-on expédier le récepteur en panne au
constructeur lui-même. C’est souvent la solution la plus simple et la plus
sûre.
De plus en plus, il ne faut donc avoir recours au
spécialiste que si l’on est forcé, à moins, bien entendu, de pouvoir facilement
obtenir ses services, par suite de circonstances heureuses. Il s’agit
d’essayer, tout d’abord, de remédier aux défauts de fonctionnement de son
récepteur par « les moyens du bord » ; ce n’est pas toujours facile,
mais bien souvent aussi la réparation est plus aisée qu’on le croit a priori.
Dans cette recherche, le sans-filiste peut être guidé par
les indications d’un bon livre d’entretien et de dépannage, ou par les conseils
qu’il peut recevoir par correspondance d’un service technique.
Le moyen le plus sûr de déceler la cause d’une panne
consiste évidemment à examiner rationnellement les organes du récepteur
défectueux, et il est déjà souvent assez difficile par correspondance de
renseigner sur les causes possibles de détériorations, simplement d’après
l’énoncé des symptômes constatés, et sans examiner directement l’appareil
étudié. Naturellement les derniers renseignements ne peuvent avoir de valeur
que si le technicien connaît, d’après les indications de son correspondant, le
type exact de l’appareil dont il s’agit, et les caractéristiques précises des
phénomènes constatés ; faute de quoi, les indications données ne peuvent
avoir de précision et n’ont que la valeur d’un horoscope d’astrologue !
On ne saurait donc trop recommander à ceux qui demandent par
correspondance un avis au sujet d’un défaut constaté dans leur poste,
d’indiquer d’abord, avec précision, si possible, le type et le montage de
l’appareil en question, ainsi que le type des lampes employées, et de décrire
également avec grande précision les caractéristiques exactes des phénomènes
anormaux constatés.
Que l’on se soit documenté dans un livre, ou que l’on ait eu
recours à des renseignements par correspondance, il s’agit, finalement,
d’appliquer pratiquement ses connaissances à la mise en état du poste
défectueux.
Les pannes sont complexes ; elles ne se manifestent pas
toutes par un arrêt complet de l’audition. On peut constater, souvent
des affaiblissements anormaux de l’intensité sonore, soit continus, soit
discontinus, périodiques ou non ; des troubles, nombreux également, se
manifestent par des déformations de la musique et de la parole,
constants ou variables, et par des bruits parasites, claquements,
bruissements, ronflements, bourdonnements, sifflements, qui viennent troubler
les auditions les plus agréables. Ne confondons pas, d’ailleurs, les bruits
parasites dus aux défectuosités du récepteur lui-même, avec ceux qui sont
provoqués par des causes extérieures au poste, d’origine industrielle ou
atmosphérique.
Il est bien difficile d’énoncer des lois générales de
recherche des pannes, parce que des phénomènes analogues peuvent être dus,
en réalité, à des causes très différentes. Il y a surtout des cas
d’espèces ; suivant l’expression bien connue, on pourrait dire :
« il n’y a pas de pannes de récepteur, mais il y a des récepteurs en
panne ! »
Pourtant, parmi les pannes qu’on peut rencontrer, il y en
a qui sont beaucoup plus fréquentes les unes que les autres ; il y en
a même qui sont plus fréquentes, pour un type de récepteur déterminé.
Il devient donc possible de procéder presque toujours à une première élimination,
au moyen d’essais fort simples qui ne demandent pas un grand outillage, mais
seulement un peu d’attention.
Il suffit de connaître seulement les causes les plus
fréquentes de dérangements, pouvant se présenter, dans la plupart des cas, pour
un appareil de la catégorie étudiée. Cette recherche simple et préliminaire
évite bien souvent un travail inutile, et le recours à un spécialiste, qu’on
aurait appelé inutilement. Pour l’entreprendre, il n’est nul besoin d’avoir des
connaissances radio-électriques spécialisées, et d’utiliser un matériel
coûteux ; ceci ne veut pas dire que ces recherches doivent être effectuées
au hasard, en démontant un appareil délicat, et au risque d’aggraver un
dérangement pouvant être minime à l’origine.
À notre avis, la seule recherche des pannes que puisse
effectuer l’auditeur non praticien doit se limiter à l’examen de symptômes, en
quelque sorte, extérieurs au récepteur, et dont l’observation n’exige
aucun démontage du poste, et en tout cas, du châssis.
La limitation du champ des recherches ne permet pas sans
doute de déceler les pannes dues à une détérioration des organes de montage
proprement dits : bobinages, résistances, condensateurs intérieurs au
châssis ; mais elle permet déjà, dans nombre de cas, d’obtenir des
résultats précieux, et bien plus importants que ne le croit le profane, quelle
que soit « la forme » de la panne. Nous donnerons à ce sujet des
précisions utiles.
P. HÉMARDINQUER,
Ingénieur-conseil.
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