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Calendrier du pêcheur pour septembre.
Pour enlever le goût de vase aux poissons.
Pourquoi la chair du saumon est-elle rosée ?
Deux avis sur la disparition des truites et autres carnassiers.
Une pêche inattendue.
Signal pour pêche sans bouchon en mer.

Calendrier du pêcheur pour septembre.

Dès les premières fraîcheurs de septembre, dont les causes principales sont la diminution des jours et les pluies habituelles à ce mois, les éclosions massives d’insectes aquatiques se ralentissent notablement ; la « manne » devient plus rare. Les poissons, moins incommodés par la chaleur et moins gavés de proies, se montrent plus disposés à mordre : le pêcheur peut en profiter pour allonger ses séances au bord des eaux.

En septembre, nous pécherons :

    L’ablette à l’asticot, à l’épine vinette, au petit grain de blé cuit.

    Le barbeau au cube de gruyère, au maïs bouilli, à la noquette, au grillon noyé, à la pelote garnie d’asticots, au gros ver si l’eau se trouble.

    La brème au blé cuit, à l’asticot, aux larves aquatiques.

    La carpe à la grosse noquette, à la pâte au miel, au mais cuit, à la pomme de terre, à la fève.

    Le gardon au blé cuit, à l’asticot, à la graine de chènevis, à la perle.

    Le hotu au petit ver de fumier, à l’asticot, aux petites larves aquatiques.

    Le goujon aux mêmes esches.

    La tanche à peu près exclusivement au ver de terre.

    Le chevenne au grillon vivant, à la noquette, à la pâte, à la fève bouillie ; les gros au véron vivant et à la graine de raisin.

Tous ces poissons se pèchent au coup, à la coulée ou à l’arrêt et à la ligne plombée s’il s’agit de ceux des grandes espèces.

Parmi les poissons dits « chasseurs », nous prendrons :

    Le brochet au vif et aux leurres artificiels, dont le meilleur est la cuillère.

    La perche au ver de terre bien purgé, à l’asticot en grappe, aux larves d’éphémères, perlides ou sialides, aux petits leurres artificiels. Les grosses mordent parfaitement aux goujons ou vérons vivants.

    La truite au ver, à l’asticot, aux insectes et larves, au véron vivant ou mort, au chabot décapité monté sur tachle, au devon, à la cuillère, à l’hélice. Le beau temps de la mouche sèche touche à son terme et beaucoup de pêcheurs reviennent à la mouche noyée. Le type d’artificielle de ce genre qui réussit le mieux alors est peu fourni en hackle, sans ailes, et de couleur terne : roux, gris, verdâtre ou noir.

R. PORTIER.

Pour enlever le goût de vase aux poissons.

— Il suffit, aussitôt que le poisson est sorti de l’eau, de le tuer et d’introduire dans la gueule une boulette de mie de pain préalablement trempée dans du marc ou du cognac. Le laisser ainsi pendant plusieurs heures ; il ne sentira plus la vase.

Pourquoi la chair du saumon est-elle rosée ?

— Voilà une question qui se pose souvent. Quelle est l’origine de cette belle couleur ? Plusieurs explications ont été données, plus ou moins fantaisistes. En voici qui reposent sur des faits connus et qui paraissent plausibles.

Il faut dire que le saumon passe une partie de son existence à la mer ; il se rencontre dans les cours d’eau, quand il les remonte pour se reproduire, et cela lui arrive deux ou trois fois seulement au cours de son existence. Pendant ces périodes où il est tout à ses fonctions de reproducteur, il ne se nourrit presque pas. C’est pour cette raison qu’on peut conclure que son habitat est la mer et que c’est au fond de celle-ci qu’il trouve sa principale nourriture, celle qui a servi à sa formation, à son développement.

Or, les parages maritimes qu’il fréquente, près des côtes, ont des fonds de 100 à 500 mètres, très peuplés en crustacés de tous genres. Le saumon en est très friand, il en fait sa nourriture et c’est à celle-ci qu’on attribue l’origine de la couleur qui nous occupe.

Les crustacés ont dans leur carapace un pigment rouge qui, à l’état normal, est masqué par un pigment bleuâtre. À la cuisson, à 1a chaleur, ce pigment apparaît ; c’est pourquoi les homards, langoustes, crabes, etc., deviennent rouges après cuisson. Le saumon mange crus les petits crustacés dont il se nourrit, mais il absorbe aussi le pigment rouge en question, qui, par suite de transformations digestives, teinte de rose la chair du saumon.

Deux avis sur la disparition des truites et autres carnassiers.

— 1° En qualité de lecteur du Chasseur Français, je me permets de donner mon appréciation au sujet de la communication de M. T ... dans le numéro de janvier 1940 (page 21), où votre abonné parle de la disparition des truites dans sa rivière. Pour mon compte, je puis vous dire que je me suis déjà aperçu de ce phénomène, et même de la disparition complète du brochet ; l’anguille se raréfie également, mais moins.

Cette disparition doit être due à la présence dans nos rivières d’un petit poisson, qui vit soit en eau douce, soit en eau salée, et qui nous viendrait de l’hémisphère Nord. Au moment où l’eau se retire au printemps, nos fossés en regorgent.

Ce petit poisson, qui est armé de fortes épines sur une partie du corps, est une proie très recherchée par nos truites, brochets et anguilles, qui en dévorent une grande quantité. Comme ils avalent tout, ces gloutons, les épines provoquent peut-être des perforations d’intestins ou autres accidents organiques entraînant les hémorragies, dont parle M. T ..., qui déciment ces voraces et les font disparaître peu à peu de nos rivières.

René DELHOUME, abonné.

— 2° Les symptômes sont bien ceux de la furonculose et confirmés par le caractère répété de l’épidémie. Cette maladie a été observée dans les rivières et élevages du monde entier ; elle n’est pas particulière à la truite et peut frapper toutes les espèces de salmonidés. Dans une même espèce, certains sujets sont plus ou moins résistants, et l’hérédité semble y être pour quelque chose.

Cause. — Bactérie pour laquelle la température d’évolution la plus favorable est de 10°à 15°. Les grosses truites sont les plus frappées, parce qu’elles sont affaiblies après le frai et contractent alors la maladie à l’état latent ; en raison des germes des épidémies précédentes restés dans la vase ; dès que la température devient favorable au microbe, le développement est foudroyant.

La maladie. — L’infection a lieu aussi bien par lésions de la peau que par voie intestinale. Dans ce dernier cas, les tissus internes sont désintégrés jusqu’à la peau aussi atteinte, percée, et il se forme un abcès profond. Chez la truitelle, la mort arrive avant formation de l’abcès. La bactérie est transportée par le sang dans tous les tissus, d’où son action foudroyante.

Traitement et remède. — L’eau libérant les bactéries, il y a lieu de recueillir les cadavres infectés, de les brûler ou les mettre dans de la chaux ; les poissons malades également. En eau libre, c’est tout ce qu’on peut faire. Noter que la pollution de l’eau, l’élévation de la tempera-tare, les basses eaux sont des conditions favorables pour l’épidémie.

Comme remèdes, essayer de repeupler avec des truitelles de souche différente, se rappelant que la truite commune est la plus vulnérable, que la truite arc-en-ciel l’est peu ou pas, et le saumon de fontaine d’une susceptibilité intermédiaire.

Si ces mesures échouent, il ne reste qu’à repeupler avec d’autres espèces, si la rivière s’y prête. Bien que la plupart des poissons puissent contracter la maladie à titre exceptionnel, la forme épidémique foudroyante n’existe, en effet, que chez les salmonidés.

I.-G. PRUDHOMME, Conseiller technique de la Fédération de Pêche du Maroc.

Une pêche inattendue.

— Dans un petit lac très poissonneux, dont je suis co-propriétaire, j’ai fait une pêche qui mérite d’être relatée. Certes la prise est belle, mais le poids respectable du poisson pris n’a rien d’extraordinaire pour mériter une citation particulière. Ce sont les circonstances de la capture que je veux signaler et surtout l’appât qui a servi, ce qui n’est pas commun.

J’avais posé le soir trois trimmers solides, destinés à prendre des brochets et amorcés en conséquence avec de beaux gardons de 12 centimètres bien frétillants.

Le lendemain matin, je constatais que le liège, peint de blanc, de l’un des trimmers voguait rapidement sur l’eau. Nul doute, il y avait un brochet au bout.

La barque, quelques coups de rames, et j’ai vite atteint le trimmer fugitif. Une forte résistance, une belle pièce qui ne sera pas facile à sortir, Mais non, la bête est fatiguée et, contrairement à mes appréhensions, elle se laisse assez vite amener. Enfin, la voilà dans la barque impuissante. La prise est belle, j’évalue le poids à 6 à 7 kilogrammes, mais en la regardant, je ne peux réprimer une exclamation ; ce n’était pas un brochet, mais ... une carpe, oui, je dis bien une carpe.

Celui qui m’aurait dit de mettre à l’hameçon un gardon pour prendre une carpe, je l’aurais certainement traité de farceur, et cependant ?

Faut-il en déduire que la carpe vient à cet appât ? Il faudrait pour cela que d’autres pêcheurs aient pu constater pareil fait.

C’est pourquoi je m’adresse au Chasseur Français dont les lecteurs pêcheurs ou ichthyologues pourront sans doute apporter une contribution sur ce sujet.

M. B., ancien maire, Isère.

Signal pour pêche sans bouchon en mer.

— Il arrive que l’on soit obligé d’enlever le flotteur et d’opérer sans lui. D’un autre côté, pour la pêche entre deux eaux ou près du fond, surtout dans le voisinage des rochers, il est nécessaire de savoir exactement où se tient l’esche. Pour cela, un petit nœud fait avec un morceau de tresse noire fixé sur la bannière, à la hauteur au-dessous de laquelle l’esche ne doit pas descendre est un avertissement. Une petite boule de liège remplit le même office. En mer, dans bien des cas, on fait usage d’un de ces deux signaux.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 403