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Les azalées

Dans toutes les contrées de la France, on rencontre des azalées, arbrisseaux de pleine terre de bruyère qui sont agréables par leur floraison printanière et par leurs jolis corymbes aux couleurs éclatantes.

Nous continuons à désigner par le même nom générique les azalées à feuilles caduques de l’Amérique et du Caucase et les azalées de l’Inde.

Toutes les azalées d’Europe et d’Amérique n’ont que cinq étamines, tandis que toutes celles qui nous viennent de l’Inde en ont dix. Cette différence a été observée en Angleterre, où l’on considère l’azalée de la Chine comme un rhododendron à cause de ses dix étamines.

Les Anglais sont d’autant plus autorisés à penser ainsi que toutes les azalées de l’Inde ont la corolle campanulée et presque régulière, absolument comme les rhododendrons. Les botanistes français ont préféré faire un genre des azalées de l’Inde, que de les réunir aux rhododendrons, parce que, dans ces dernières, les étamines sont épisépales, et que dans les azalées d’Europe, de l’Inde et de l’Amérique, elles sont hypogynes, différence à laquelle l’École française attache une plus grande importance qu’au nombre. Le nombre des variétés ou hybrides des azalées s’est tellement accru qu’elles dépassent deux cents, et ce nombre augmentera encore par suite des semis considérables que les jardiniers de Gand font chaque année.

Les Chinois en cultivent aussi beaucoup d’espèces, variétés qui sont presque toutes à dix étamines.

La plupart des azalées donnent leurs fleurs avant les feuilles. On les multiplie par rejetons, par marcottes, en juillet et août par greffes.

Par les semis, on obtient une foule d’hybrides et de variétés auxquelles les horticulteurs se plaisent à donner des noms. On sème en terrine remplie de terre de bruyère, qu’en met en hiver à l’abri du froid en les rentrant dans un appartement, ou en les couvrant d’une cloche et d’un lit de feuilles, que l’on ôte chaque fois que la température se radoucit.

Pour conserver et multiplier les plus belles variétés, on les greffe en août sur des sujets vigoureux et d’un moindre intérêt. Les azalées perdent leurs feuilles pendant l’hiver.

Le meilleur moment de la plantation des azalées à feuilles caduques est le mois de mai, un peu avant le départ de la végétation. C’est aussi l’époque de les relever en motte, quand on s’est aperçu que la terre de bruyère des plates-bandes avait besoin d’être renouvelée.

La plupart des espèces confondues sous le nom d’Indica résistent parfaitement à nos hivers et l’on voit de ces belles plantes prendre place dans nos massifs.

À côté des variétés de l’azalée Indica, il s’en est formé parallèlement une nouvelle série tirée d’une autre espèce, l’azalée Mollis du Japon. Toutes sont rustiques, superbes de feuillage et de port et leurs fleurs rivalisent d’amplitude avec celles des rhododendrons de plein air.

La section des azalées d’Europe et de l’Amérique septentrionale ne contient guère plus d’espèces que la précédente ; mais la culture y a donné naissance à un très grand nombre de variétés et d’hybrides, préférables par la beauté et la diversité de leurs fleurs aux espèces primitives. C’est à Gand que l’on s’est plus particulièrement occupé de la multiplication de ces variétés.

L’azalée à fleurs pourpres, dit de la Chine, est un arbrisseau d’un mètre environ à rameaux flexibles, munis de poils blancs, couchés, à feuilles persistantes, oblongues, pétiolées, rapprochées au sommet des rameaux, un peu velues au-dessus et sur les bords, presque nues en dessous, trois à quatre fleurs terminales, pédicellées, dirigées horizontalement, campanulées d’un beau pourpre rose, violacé, à tube très court, à cinq lobes ovales presque réguliers, dont le supérieur est maculé de roux sur toute sa base.

Cet arbrisseau fleurit en serre froide, en avril et en mai. Les azalées à dix étamines et à feuilles persistantes se cultivent en serre tempérée. Les azalées Indica forment de charmants buissons rameux et en général bien garnis de feuilles. Du mois d’avril au mois de juin, les azalées se couvrent d’une profusion de fleurs remarquables par la fraîcheur et par l’éclat de leurs corolles, variant du blanc pur au rouge foncé et à l’écarlate vif. En les abritant du soleil, leur floraison peut se prolonger près d’un mois dans tout son éclat ; elles supportent bien l’appartement et s’y conservent longtemps en fleurs.

Leur culture, sans être difficile, exige néanmoins des soins. Après la floraison, les azalées doivent être rempotées et placées en plein midi. Des bassinages sur les feuilles sont fort utiles pendant les grandes chaleurs. Une azalée fanée sous l’action des rayons solaires reprend rapidement quand on l’arrose le même jour, mais une azalée dont les feuilles ont jauni par excès d’humidité exige beaucoup de temps et de soins pour revenir en bon état. La plantation en pleine terre est le meilleur moyen de lui rendre la vigueur.

Les azalées font rapidement de bonnes racines et se trouvent généralement en état de résister à l’action directe des rayons solaires, même dans les plus grandes chaleurs, mais il est prudent de les ombrer avec des claies.

En Belgique et dans le Nord de la France, aussitôt après la floraison, les azalées sont plantées en pleine terre dans un compost de terre de bruyère et d’un peu de terreau de feuilles ; dans cette condition on peut les laisser impunément exposées au grand soleil et les effets d’une humidité excessive sont beaucoup moins à craindre. Cette culture exige des soins moins assidus et donne aux plantes plus de vigueur. Au mois de septembre, on les rempote.

Les azalées se prêtent facilement à la taille et prennent la forme qu’on veut leur donner. En France et en Belgique, on taille et on pince les azalées très court, en Angleterre on les taille, un peu long.

Quand on voudra conserver des azalées dans les appartements, elles seront placées près des vitres et arrosées sans excès, mais de manière à maintenir fraîches et leur verdure et leurs fleurs. Dès que l’on s’aperçoit d’un peu de langueur dans les azalées qui décorent les appartements, avant même que la floraison ne soit achevée, on doit, dans l’intérêt de la conservation de ces plantes, les renvoyer à la serre.

On sait que la fécondation artificielle des azalées consiste dans l’application du pollen de telle variété sur le pistil de telle autre. On peut, en mélangeant les espèces d’azalées de l’Inde entre elles, obtenir de belles variétés qui font l’admiration de tous et l’ornement des serres froides.

Louis TESTART.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 417