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Viticulture

Les hybrides producteurs directs.

Les Hybrides Producteurs Directs peuvent être groupés en deux catégories :

    1° Les hybrides américains purs ;

    2° Les hybrides franco-américains.

Le Noah, le Jacquez, le Clinton, l’Othello, dont la culture est interrompue, sont des américains purs.

C’est, au contraire, dans les franco-américains que nous trouvons les hybrides producteurs directs susceptibles d’intéresser les viticulteurs.

Mais qu’est-ce qu’un hybride producteur direct ? C’est le résultat d’un croisement entre un cépage américain et un cépage européen ; le premier devant apporter sa résistance au phylloxéra et aux maladies cryptogamiques ; le second, son abondante productivité et la qualité de ses produits.

Grâce aux patients travaux de nos hybrideurs, la question a fait d’immenses progrès, mais il faut reconnaître qu’il y a encore beaucoup à faire.

La résistance des hybrides producteurs directs au phylloxéra est souvent insuffisante. Dans les régions méridionales où le climat et la sécheresse des sols créent un milieu favorable au développement de l’insecte, il faut bien souvent les greffer sur un sujet à système radiculaire résistant ; dans certains cas particuliers, mais rares, ils peuvent venir francs de pied.

Beaucoup d’hybrides montrent une affinité mauvaise pour le Riparia, meilleure avec les Rupestris et bonne avec les Berlandieri. D’une façon générale, ils sont difficiles à ce point de vue. D’ailleurs, cette affinité peut être profondément modifiée par la nature du terrain ; il est donc prudent de faire des essais prolongés avant d’entreprendre la constitution d’un vignoble d’hybrides producteurs directs.

L’intérêt des hybrides producteurs directs réside par conséquent dans leur résistance aux maladies cryptogamiques. Cette résistance est incontestable, mais néanmoins loin d’être absolue. En.année humide, favorable aux attaques cryptogamiques, un, deux et même trois sulfatages sont nécessaires à certains, lorsque les cépages européens auraient dû recevoir six ou huit traitements. C’est la raison pour laquelle les hybrides producteurs directs ont permis d’étendre l’aire culturale de la vigne dans les régions où le climat humide n’avait pu permettre que fort difficilement l’introduction des cépages européens. Les hybrides producteurs directs conviennent aux exploitations mixtes où la culture de la vigne est une culture accessoire et le plus souvent répond aux besoins de la consommation domestique.

Beaucoup d’hybrides donnent des fruits vraiment mauvais, ayant des goûts de fox, de framboise ou d’herbe ; un fort petit nombre sont bons. Chaque année, les hybrideurs en créent de nouveaux et une sélection attentive permet de retenir les meilleurs.

Enfin, quand on les multiplie, il faut éliminer tous ies sarments altérés ; ceux-ci donnent en effet des souches rabougries, peu productives, et c’est à tort que l’on attribue souvent cet état de choses à une mauvaise affinité.

Nous allons voir maintenant quels sont les meilleurs hybrides producteurs directs.

Couderc 120.

— C’est un hybride producteur direct noir, tardif, très résistant aux maladies cryptogamiques. À maturité, son raisin s’égrène facilement, et cela est d’autant plus à craindre que le pédoncule est ligneux et résistant. Il s’accommode à toutes les tailles, mais il est calcifuge et se chlorose facilement à partir de 10 p. 100 de calcaire.

Sa production peut atteindre 120 hectolitres à l’hectare en moyenne 50 à 60 hectolitres d’un vin alcoolique, ayant de la robe et du corps. Son fruit est assez pauvre en jus, et il faut environ 140 kilogrammes de raisins pour donner 1 hectolitre de vin.

Seibel 4643

 — C’est un hybride producteur direct noir, très vigoureux, très productif, débourrant tôt et se remettant facilement à fruit s’il est gelé. Sa fleur est fragile aux intempéries ; aussi craint-il la coulure ; il est assez sensible au mildiou et à l’oïdium : deux ou trois sulfatages et un soufrage lui sont nécessaires. Son vin a du corps, de la couleur, mais il est légèrement framboisé. Il résiste bien au calcaire ; peut être cultivé franc de pied, mais se montre assez difficile au point de vue affinité.

Seibel 5455.

— C’est un hybride producteur direct noir, moins sensible que le précédent à la coulure ; nécessitant deux sulfatages et un soufrage, gros producteur, donnant un vin de consommation courante, franc de goût. Sa résistance au phylloxéra est moyenne et sa reprise au bouturage difficile ; son affinité est bonne pour les porte-greffe courants.

Seibel 7053.

— C’est un hybride producteur direct noir, vigoureux, fertile, se remettant facilement à fruit s’il est grêlé, très résistant à l’oïdium, mais il faut le préserver du mildiou par un ou deux sulfatages. Son vin assez alcoolique est franc de goût. Sa résistance au phylloxéra est très bonne et permet de le cultiver franc de pied.

Seibel 8357.

— C’est un gros teinturier, à production régulière, moyenne, vigoureux, résistant à la chlorose et se prêtant à la taille longue. Son fruit est gros, sensible aux coups de soleil ; son vin très coloré est assez alcoolique.

Parmi les hybrides producteurs directs blancs, il faut citer :

Couderc 13.

— Vigoureux, fertile, régulier dans sa production, résistant bien au mildiou et à l’oïdium, ayant une bonne affinité pour les porte-greffe, mais de bouturage difficile et sensible au phylloxéra. Son vin est franc de goût.

Seibel 4986.

— Vigoureux, productif et régulier, résistant aux maladies cryptogamiques, craignant les sols humides où sa grappe pourrit facilement : assez sensible au phylloxéra et à la chlorose. Son vin alcoolique est bon et franc de goût.

H. PAU,

Ingénieur agricole, professeur d’agriculture, Expert des tribunaux.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 420