Dans les canalisations, le coup de bélier se traduit par un
bruit sec, cinglant, instantané, que l’on dénommait autrefois « coup de
fouet ».
Il ne faut pas confondre ce bruit avec les vibrations
prolongées qui peuvent ébranler les conduits durant de longs espaces de temps
et dus, le plus souvent, au mauvais état d’un robinet.
Les coups de bélier se produisent chaque fois qu’il y a
variation brusque de vitesse de l’eau, et surtout lorsque le robinet qui
termine le branchement est d’un diamètre supérieur à ce dernier.
Il convient donc d’employer des canalisations du plus grand
diamètre pour obtenir le débit utile, les robinets de puisage ne devant avoir
comme section que celle nécessaire aux besoins.
Si, en principe, on ne peut s’opposer au phénomène du coup
de bélier, il est fort possible de réduire son intensité et limiter les risques
d’accidents qui peuvent atteindre les appareils.
Pratiquement, on peut agir sur deux facteurs : diminuer
la vitesse de l’eau et diminuer celle de fermeture des robinets.
Habituellement, on pique les branchements d’étages ou de
postes à desservir, sur des colonnes montantes. La vitesse de l’eau est
obligatoirement différente dans la colonne et les branchements, car ceux-ci
peuvent comporter des postes de puisage dont le nombre varie ainsi que le débit
— évier, baignoire, lavabo, etc. ; en outre, le nombre des puisages
simultanés est essentiellement variable ; c’est ce dernier élément qui
empêche toute précision dans les calculs.
En fait, à débit égal, la vitesse de l’eau augmente quand la
section de la conduite diminue, mais elle est aussi fonction de la pression,
qui tombe lorsqu’il se produit des puisages simultanés. Les pertes de charge
augmentent également, lorsque les canalisations présentent des parcours
différents et de sinuosité variable.
L’expérience montre qu’il faut des tuyauteries dont le
diamètre permet d’éviter une vitesse d’eau supérieure à deux mètres par
seconde. Les coudes doivent avoir le plus grand rayon possible et être
calibrés. Le changement de section sera donné par un cône assurant une
diminution régulière.
Il arrive que la pression de l’eau est trop forte à
certaines heures de la journée et à certaines époques de l’année, ce qui
accroît la vitesse dans les canalisations, donc l’intensité des coups de
bélier.
Dans certains cas, on peut équilibrer les canalisations en
créant des pertes de charge qui limitent la vitesse de l’eau ; mais ces
moyens ne sont pas toujours efficaces, de même que les réducteurs de pression
dont peu de modèles sont au point.
L’emploi d’une robinetterie bien étudiée et construite
sérieusement, dont l’obturateur assure avec suffisamment de lenteur l’arrêt de
la veine liquide limite dans une large mesure le phénomène. Le choix de cette
robinetterie est une question de prix.
S’il est souhaitable, dans l’étude d’une installation
nouvelle, de prévoir les canalisations et les appareils, il est fréquemment une
nécessité, dans les installations existantes, de neutraliser leurs effets afin
d’éviter la reproduction d’accidents.
Dans ce but, on s’efforcera, dans la limite des réparations
ou transformations possibles, de modifier l’installation pour faire disparaître
les causes de changements brusques de vitesse de l’eau. On rectifiera les
défectuosités de pose, on remplacera les coudes aigus ou aplatis par des coudes
de grands rayons. Au besoin, on devra même remplacer la robinetterie.
Dans de nombreux cas, les modifications s’avéreront
insuffisantes pour empêcher ou réduire la force des coups de bélier.
On sera alors amené à dériver la force de choc aux points
névralgiques, en la dirigeant vers un ou des appareils susceptibles de l’absorber ;
cet appareil se nomme anti-bélier et agit sur la veine liquide à la façon d’un
frein-ressort ou de l’air comprimé.
M. DELAFOSSE,
Architecte.
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